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13/09/2009

Homo metis metis

L’ouverture inconditionnelle de la France (et du continent) à l’immigration et l’abolition des frontières se sont imposés au fil des ans comme les repères idéologiques majeurs d’une élite bien pensante.

Propagande.

CNCDH : commission nationale consultative des droits de l’homme. Elle réunit une centaine de personnalités françaises issues de quelques associations influentes (SOS racisme, croix rouge, LICRA, MRAP, Ligue des droits de l’homme, HALDE), des hauts fonctionnaires responsables de la presse écrite ou audio-visuelle, des écrivains, des avocats, des magistrats, des dirigeants politiques. Cette élite des élites à l’autorité morale incontestable se prononce sur toutes les grandes questions de société. Son discours sur l’immigration fait autorité, alors même que la nomination de ses membres échappe à tout contrôle du citoyen (contrôle civique).

Cette commission favorise un courant de pensée visant à imposer l’immigration comme un droit fondamental prévalant sur toute considération d’intérêt général et réclame le droit pour l’étranger à l’accès au territoire et le droit au séjour (http://www.cncdh.com). Cette propagande abondamment reprise par nos élites bannit évidemment toute notion de lien historique entre la nation et un territoire (l’idée de sol national étant par définition maudite), et impose l’idée que la France ne saurait être autre chose qu’un espace sans frontières, ouverte à toutes les migrations. Ecoutons Michel Tubiana, président de la Ligue des Droits de l’Homme : « Il faut comprendre que les gens peuvent et veulent se déplacer et s’établir. Le problème est : comment les accueille-t-on et selon quel calendrier ? » (1)

L’ensemble des relais d’opinion est en grande partie acquis à cette cause. Les média, la presse locale, et nationale, les milieux associatifs, les églises, les syndicats, le patronat, tous ont développé une éthique de générosité inconditionnelle envers tout ce qui se rapporte à l’immigration.

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Le culte du métissage.

L’obsession de l’ouverture et du droit inconditionnel à l’immigration débouche donc sur l’idéal d’une société nouvelle fondée sur le métissage culturel, « horizon inévitable et souhaitable » selon Bernard Stasi. Sous l’impact des flux migratoires, la société se transforme, se renouvelle et un peuple recomposé serait en train de naître.

La culture se définit principalement comme l’ensemble des aspects intellectuels propres à une civilisation, une nation (Petit Robert). Le multiculturalisme est dés lors, en principe, synonyme de la coexistence, dans une même communauté de sources multiples de connaissance, de pensée, de création. Quoi de plus positif en théorie?

Cette apologie de l’ouverture, qui imbibe le discours officiel sur l’immigration n’a pourtant de sens que dans une société capable de tracer une séparation claire entre respect de la personnalité des migrants et repli identitaire. Comment empêcher la pluralité de dégénérer en fragmentation, en sécession politique et territoriale? Comment concilier la tolérance et l’interdit (en principe) absolu de certaines pratiques, coutumes importées (polygamie, mutilation sexuelle, port imposé du voile, mariage imposé, soumission de la femme) ? La diversité ne se conçoit pas sans unité, sans valeurs partagées (sorte de code culturel), sans le sentiment d’un destin commun, sans ordre ni autorité. Sinon elle bascule dans l’atomisation et la haine, la guerre civile. Or derrière ce doux rêve du métissage culturel, c’est bien souvent le cauchemar de la fragmentation, de la balkanisation, qui se profile.

Nos élites (!) politiques et médiatiques (cette hyper classe, nomade et tolérante) se complaisent depuis des années dans la sublimation de la France black-blanc-beur. Le travail de persuasion- de propagande- est intense, massif et opiniâtre. Il est question non seulement de l’équipe black-blanc-beur, mais aussi de l’entreprise, de la télévision, de la culture, de la musique, de l’école, de la police black-blanc-beur ; « il y a encore beaucoup de travail à faire pour que la France black-blanc-beur soit une réalité au delà des grandes victoires du foot » déclare JF Coppé, ancien porte parole du gouvernement sur Radio J. (2) Cette hyper classe est une tribu trés puissante, la diversité, son totem.

Or, chose surprenante et ambigu, ce mythe du métissage culturel, qui se veut la parfaite antithèse du racisme, place la couleur de la peau (même mélangée, ie le métis) au centre de son identité, et non pas seulement une coexistence bien heureuse de cultures diverses.

Quand Foddé Sylla, ex président de SOS racisme, écrit dans Le Monde : « la République blanche, c’est fini » (3), non seulement il se trompe car la République, comme la France, n’a jamais été blanche, car elle ne reconnaît aucune « distinction d’origine, de race ni de religion », mais il exalte lui aussi la couleur de peau comme clef de l’identité culturelle. Concept éminemment raciste et ouvrant la voie à une structuration de la société Française sur la reconnaissance d’identité ethnique.

Diabolisation.

Quel journaliste, quel homme politique, quel écrivain pourrait déclarer sans conséquence (à tort ou à raison d’ailleurs) que l’immigration telle qu’on la conçoit dans ce pays n’est pas une chance (pour les autochtones comme pour les allochtones)? Ce thème est depuis longtemps tabou, sanctuarisé, placé au dessus de tout débat de fond. Sortir du credo immigration, clef de l’avenir, du renouveau, de la régénération" avec son corollaire de France black-blanc-beur, c’est s’exposer illico à un tir de barrage massif et destructeur et à la réductio ad Hitlerum, chère à Leo Strauss, qui identifie toute opinion déviante à l’extrême droite, donc au racisme (tout questionnement identitaire étant, par définition, xénophobe et raciste, en Europe mais nulle part ailleurs..). Démonisation et éviction de toute réflexion constructive.

Or cette question de l’immigration est le lieu privilégié d'un divorce entre les élites et la nation. Un forte proportion de Français voyant en effet dans l’immigration, non pas une chance, mais une menace, à rebours du matraquage opéré par les autorités nationales et européennes. (Dans Le Monde du 15 décembre 2005, la part de Français estimant le nombre d’étrangers trop important atteint 63% ; sondage TNS Sofres) Ce qui renforce bien sur la classe dirigeante dans sa mission de régénération de la Nation rebelle.

Ainsi voit-on la création d’un musée de l’Immigration, porte Dorée, dont la mission, financée par le contribuable, n’est pas culturelle mais bien de façonner l’opinion publique selon l’idéologie dominante.

Le matraquage et la stratégie de diabolisation de toute opinion déviante (de tout citoyen déviant/ cf. les affaire G Frêche, P Sevran, Hortefeux, etc.) semblent se retourner contre le message d’une immigration heureuse, comme si la conscience populaire, confrontée aux réalités de terrain (que fuient nos élites et leurs familles vivant dans quelques sanctuaires sécurisés et leucodermes), résistait obstinément à une œuvre de propagande maladroite et contre-productive.

Négation de l’autorité de l’Etat.

Deux réformes, la loi Debré du 24 avril 1997 et la loi Chevènement du 12 mai 1998, fruits de la crise des sans papiers (on remarquera l’intérêt de ce néologisme qui fait passer des migrants illégaux- donc sans papiers de séjour en règle- pour des victimes…), font basculer le système Français. Ces réformes mettent en place un dispositif de régularisation «de droit » pour les migrants clandestins et suppriment de facto l’obligation de demander un visa de long séjour dans un consulat de France, avant d’entrer en France à des fins d’immigration.

Le droit individuel à l’immigration, conformément à l’idéologie dominante, s’impose sur celui de l’Etat à maîtriser l’accès au territoire national, marquant ainsi la négation de l’autorité de l’Etat -donc du citoyen- sur toute politique d’immigration.


(1) L’Humanité, 5 mars 2003, cité par M Tandonnet, Immigration, sortir du chaos. Flammarion, p.28.

(2) Cité par M Tandonnet, op cité.

(3) Le Monde, 10 décembre 2005, archives.

Commentaires

Bien torché. Une question demeure : pourquoi ce projet prométhéen ? À quelles fins ? Qu'est-ce qui rassemble ces élites ? Qu'est-ce qui les motive ? Qu'est-ce qui les rassemble ?

Le dégoût de soi ? La haine de l'occident ? La haine des blancs ?

Écrit par : Hank | 14/09/2009

les idées, l'air du temps en occident qui commande cette survalorisation de l'autre et la mise en sommeil de notre culture.

d'un côté, effectivement, un certain ethnomasochisme, une détestation, au moins une méfiance, à l'égard de ce que nous sommes (guerres européennes du XXième, colonisation, esclavage, totalitarismes, etc.), d'un autre côté, l'héritage sécularisé et redoutable du christianisme européen (religion égalitaire, universaliste, accueil et amour inconditionnel de l'autre, sentiment de culpabilité originel, etc.). Enfin un mouvement de mondialisation -des hommes, de l'argent, des idées- inouï dans l'histoire humaine qui, dans un contexte d'autonomisation des sociétés, fait éclater les repères traditionnels (philosophiques, géographiques, stratégiques, politiques) des sociétés.

"prométhéen"..le mot est juste. persiste cette vision progressiste de l'histoire humaine (encore l'héritage chrétien sécularisé par nos modernes): l'histoire a un sens, demain ça ira mieux parce que demain, l'économie règlera tout, le politique est dépassé.

et la haine des blancs existe sans doute à l'intérieur d'une haine plus globale de l'occident (lire Badiou pour s'en convaincre)

Écrit par : hoplite | 14/09/2009

Les Français devront un jour comprendre que le "SYSTEME" regarde les immigrés avec les mêmes yeux humides que des mioches leur cadeau de noël au pied du sapin...

Écrit par : Dark Funeral | 14/09/2009

la rédemption de l'occident..

Écrit par : hoplite | 14/09/2009

Je me demande parfois si nous n'avons pas tendance à sous-estimer l'intelligence des promoteurs de ce suicide organisé.

J'ai souvent la désagréable impression que "la réacosphère" se contente d'une vision certes moins courte que celle officiellement "présentée" mais manquant tout de même d'une certaine hauteur en ressassant toujours un peu les mêmes constats entre révolte, cynisme et désespérance .

C'est difficile à argumenter, je l'admets, mais le sentiment demeure ( et même se renforce ).

Écrit par : snake | 14/09/2009

oui, je suis d'accord avec ça. pour autant, pour comprendre le monde, il faut en faire le constat, le décrypter. d'autres font sans doute le même constat avec des yeux émerveillés. peut-être est-ce une vision exagérément pessimiste. vaine.

"Je me demande parfois si nous n'avons pas tendance à sous-estimer l'intelligence des promoteurs de ce suicide organisé."

c'est-à-dire?

Écrit par : hoplite | 14/09/2009

"c'est-à-dire?"

J'avoue que c'est difficile à argumenter.

Sans tomber dans la conspirationnite aiguë, j'ai juste le sentiment que "certains" disposent d'éléments dont hélas nous n'avons ni n'aurons connaissance avant longtemps et qui impose une ligne de conduite politique à grande échelle, laquelle n'a absolument rien d'irrationnel.

De la realpolitik brute dont les tenants seraient à ce point inacceptables qu'ils pourraient, s'ils étaient présentés comme tels, probablement conduire à des comportements révolutionnaires massifs ( et je ne parle pas de révolutionnaire à pipe et à moustaches saccageant quelques commerces ou arrachant quelques malheureuses plantes ).

Par exemple, l'unanimisme ( malgré certaines divergences secondaires ou même cosmétiques ) quant à la politique tant intérieure qu'extérieure des pays européens, et cela même sans entrer dans les considérations d'ordre énergétique, a quelque chose de hautement suspect et dépasse à mon avis la simple "haine de soi" ( ce qui ne veut pas dire que cette triste disposition mentale n'entre pas en ligne de compte ). Cette dernière serait plutôt utilisée à des fins précises, comme par exemple de "sidération". Que toutes ces salades sur le "métissage", l'antiracisme ad nauseam et tutti quanti ne seraient que la couche extérieure d'une politique clairement déterminée suivant un agenda bien précis et les contorsions prévisibles d'une frange plus ou moins réactionnaire de la population semblent elles-mêmes entrer dans ce cadre finalement totalement contrôlé.

Ok, c'est confus, mais promis, je vais plancher là-dessus .

Écrit par : snake | 15/09/2009

pas si confus que ça. suis d'accord sur le fait que l'essentiel de la communication politique reste du spectacle à l'égard de consommateurs repus et festifs. Y compris les manifestations/contorsions "réactionnaires" d'une petite frange des populations, rétive et peut être plus lucide.

la vision que développe Michéa, parfois manichéenne, me parait particulièrement crédible: des organisations occidentales de leaders organisant un tittytainment destiné à faire tourner la machine économique et acheter la paix sociales (d'abord parce que les troubles sociaux ne sont pas favorables au business): une petite minorité de personnes éduquées, efficaces pour faire tourner la machine et diriger les affaires (des global leaders) et une écrasante majorité de masses incultes, anomiques, formatées au commerce globalisé et à ses campagnes promotionnelles planétaires, plongés dans l'aliénation d'une frénésie consumériste sans fin (l'écureuil dans sa cage). ça c'est le hardware. le soft ware c'est le spectacle "politique","démocratique", "citoyen","antiraciste" etc. qui permet de faire passer cette vision globalitaire de l'avenir.

"En septembre 1995, 500 hommes politiques et dirigeants économiques de premier plan s’étaient réunis à San Francisco sous l’égide de la Fondation Gorbatchev pour confronter leurs vues sur le monde futur. La plupart tombèrent d’accord pour affirmer que les sociétés occidentales étaient en passe de devenir ingérables et qu’il fallait trouver un moyen de maintenir par des procédés nouveaux leur sujétion à la domination du Capital. La solution retenue fut celle proposée par Zbigniew Brzezinski sous le nom de tittytainment. Par ce terme plaisant, il fallait entendre un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète. "

Alain de Benoist (6 juillet 2009)

La fondation Gorbatchev existe bien, comme le groupe Bildeberg, la Trilatérale, le Siècle, qui organisent à l'échelle planétaire cette "gouvernance mondiale dont rêve le cuistre Attali et qui répond bien à ce concept de tittytainment...

il est clair que cette vision du monde futur pourrait amener les masses abruties à se poser des questions voire à manifester quelque humeur...

Écrit par : hoplite | 15/09/2009

ce que je cherchais, merci

Écrit par : Nina_Tool | 20/09/2009

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