21/03/2010
ennemi
"(...) L'explication de la notion d'ennemi politique comme une collectivité qui met en question l'existence politique d'une autre collectivité nous a permis de mettre en évidence un élément essentiel : dès que la morale ou l'idéologie prennent le pas sur la puissance, le diplomate ou le guerrier disparaissent derrière le justicier. Cela signifie, comme nous l'avons vu, que la tentation de faire de l'autre un ennemi absolu est la conséquence de l'intervention de la morale, de la religion ou de l'idéologie dans l'activité politique, car du point de vue strictement politique il n'y a point d'ennemi absolu ou total. Il ne saurait pas y en avoir, puisqu'il n'y a pas non plus d'amitié politique ou d'alliance absolue."
21:30 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : julien freund
Commentaires
Dans un monde de gens sensés, il y aurait de la place pour une multiplicité d'opinions. Mais le monde est ainsi fait qu'une personne ou un groupe pensant différemment est perçu comme l'ennemi à abattre. C'est un manque d'estime de soi qui suscite ce genre de comportement d'opposition systématique.
Mon éditorial du dimanche... ;)
Écrit par : Trader | 21/03/2010
édito supérieur à celui du Monde de ce jour, cher trader. tu devrais envisager une reconversion...
Écrit par : hoplite | 22/03/2010
La plupart des peuples différencient deux types d'ennemis : les ennemis qui appartiennent à une même humanité et les ennemis à exterminer ; les lois de la guerre s'adaptant en conséquence. Par exemple, des tribus amazoniennes - dont le nom m'échappe à l'instant - utilisaient des armes empoisonnées contre les ennemis étrangers à leur aire culturelle. Tandis que dans les combats entre tribus ethniquement et culturellement proches ces armes n'étaient pas employées. Le sens du combat était différent. Dans le premier cas il s'agit d'utiliser tous les moyens pour annihiler un corps étranger, dans le second on se combat entre membres d'une même famille sur le plan cosmogonique, ce qui conduit à limiter la portée de la guerre en évitant qu'elle ne devienne trop cruelle.
Il n'y a pas nécessairement besoin de recourir à des conceptions morales, idéologiques, religieuses pour se découvrir un ennemi absolu, il suffit par exemple que deux peuples convoitent la même terre. On tombe alors dans un combat à mort.
Écrit par : VV | 22/03/2010
@VV, je ne sais pas si Freund fait ce type de distinction. Je reviens à l'auteur
Freund:
« La diabolisation de l’ennemi est le prix à payer par ceux qui méconnaissent l’opposition ami-ennemi. D’où les guerres d’extermination qui, visant des ennemis réduits à des incarnations du diable, sont conduites au nom de fins sublimes (paix perpétuelle, fraternité universelle, etc.) »
(in Julien Freund : Au coeur du politique, Pierre-André Taguieff,p. 54)
Écrit par : hoplite | 22/03/2010
C'est bien là que dans l'idéologie matérialisée du Spectacle,ses sectateurs désignent toute opposition politique réelle comme ennemi total .Bref,on a quitté le champ de la pensée et donc du dialogue s.s.
Misère!!!Comment s'en sortir ?
Écrit par : Aubin | 22/03/2010
Le Procès de Nuremberg ou le premier grand sacrement de la guerre sainte contre la bête immonde.
Mises en perspective, les paroles de Freund vont très loin.
Écrit par : Goklayeh | 22/03/2010
La démultiplication des ennemis en politique.
C'est Churchill qui faisait une confidence à un politicien conservateur débutant. Il lui disait de se méfier davantage de ses collègues de parti que des opposants du parti adverse.
Churchill est connu pour ses épisodes de PMD mais, quelque part, on dirait qu'il y a quelque chose de vrai dans tout ça. L'ennemi n'est pas juste un opposant sur le plan idéologique mais aussi sur le plan des ambitions...
Écrit par : Trader | 22/03/2010
@aubin,
"Misère!!!Comment s'en sortir ?"
à mon avis, suffit d'attendre...ces pitres vont pas tarder à prendre dans la gueule le réel qu'ils passent la journée à refouler (et nous avec , sans doute, c'est dommage)
@goklayeh,
"Le Procès de Nuremberg ou le premier grand sacrement de la guerre sainte contre la bête immonde."
je crois qu'il y a là (l'extermination des juifs d'europe), effectivement, un crime fondateur au sens où on ne mesure sans doute pas à quel point aujourdhui tout se juge à l'aune de la shoah. Toute politique intérieure et extérieure , en particulier en France, me parait sous-tendue en permanence, et avec la complicité de clercs sectaires genre BHL ou Miller, par la question juive.
@trader,
"C'est Churchill qui faisait une confidence à un politicien conservateur débutant. Il lui disait de se méfier davantage de ses collègues de parti que des opposants du parti adverse."
un homme sage ou expérimenté, ou les deux, pour sûr!
Écrit par : hoplite | 23/03/2010
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