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03/01/2011

liquidation

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« Contrairement aux idées développées par une Wendy Brown (qui croit encore, en bonne disciple américaine de Foucault, que les valeurs « néoconservatrices » sont le complément spirituel logique d’une société capitaliste moderne), il apparaît en effet évident que l’accumulation du Capital (ou « croissance ») ne pourrait se poursuivre très longtemps si elle devait s’accommoder en permanence de l’austérité religieuse, du culte des valeurs familiales, de l’indifférence à la mode ou de l’idéal patriotique. Il suffit d’ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure pour constater, au contraire,  que la « croissance » ne peut trouver ses bases psycho-idéologiques réelles que dans une culture de la consommation généralisée, c’est-à-dire dans cet imaginaire « permissif », « fashion » et « rebelle » dont l’apologie permanente est devenue la principale raison d’être de la nouvelle gauche (et qui constitue parallèlement le principe même de l’industrie du divertissement, , de la publicité et du mensonge médiatique). Comme le souligne ainsi Thomas Franck (Pourquoi les pauvres votent à droite, Agone 2008), " c’est le monde des affaires qui, depuis les plateaux de télévision, et toujours sur le ton hystérique de l’insurrection culturelle, s’adresse à nous, choquant les gens simples, humiliant les croyants, corrompant les traditions et fracassant le patriarcat. C’est à cause de la nouvelle économie et de son culte pour la nouveauté et la créativité que nos banquiers se gargarisent d’être des « révolutionnaires » et que nos courtiers en bourse prétendent que la détention d’actions est une arme anti-conformiste qui nous fait entrer dans le millénaire rock’n’ roll."  C’est donc parce qu’ « une économie de droite » ne peut fonctionner durablement qu’avec une « culture de gauche », que les dictatures libérales ne sauraient jamais avoir qu’une fonction historique limitée et provisoire : celle, en somme, de remettre l’économie sur ses rails, en noyant éventuellement dans le sang les différents obstacles politiques et syndicaux à l’accumulation du Capital. A terme, c’est cependant le régime représentatif (dont l’ingénieux système électoral fondé sur le principe de l’alternance unique, constitue l’un des verrous les plus efficaces contre la participation autonome des classes populaires au jeu politique) qui apparaît comme le cadre juridique et politique le plus approprié au développement intégral d’une société spectaculaire et marchande ; autrement dit d’une société en mouvement perpétuel dans laquelle, comme l’écrivait Marx, « tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée et tout ce qui était sacré est profané . »

Jean-claude Michéa, La double pensée.

(photo: les fameuses HLPSDNH)

 

Commentaires

Pourquoi cette image avec ce texte ?

Écrit par : n. | 03/01/2011

"« une économie de droite » ne peut fonctionner durablement qu’avec une « culture de gauche »"
Certes, mais à mon sens l'inverse est vrai également : la Révolution [culture de gauche] n'est jamais qu'un parasite du Capital [économie de droite].
Aucun pays officiellement révolutionnaire [genre l'URSS] n'a jamais rien révolutionné, contrairement aux pays capitalistes qui ont opéré des mutations gigantesques à tous les niveaux de leur civilisation [technologie, art, religion, littérature, cinéma, musique, langage, sémiologie, politique,...].

Écrit par : fromageplus | 04/01/2011

@n, parceque l'imposture intellectuelle des partis progressistes est de faire passer leur adoubement du Spectacle marchand pour une transgression permanente d'un ordre moral qui n'existe que dans l'esprit dérangé des Joffrin et cie

Écrit par : hoplite | 04/01/2011

Cher hoplite,

grâce à vous j'ai découvert ces formidables aiguillons à la réflexion que sont Julien Freund, Lasch et JC Michéa. Merci.
Plus le temps passe, plus je suis impressionné par la qualité de la réflexion de Freund. Son essence du politique est réellement un oeuvre impressionnante. Quant à Lasch, il doit être lu dans l'ordre chronologique, sa réflexion était de plus en plus précise avec le temps. A contrario, si j'ai été favorablement surpris par Michéa, je trouve de plus en plus de lacunes à ses raisonnements.
En général, il commet le plus souvent des erreurs de type "cum hoc ergo propter hoc", comme dans l'exemple présenté ici.

Pour commencer, le capitalisme répond à la demande, c'est-à-dire aux désirs, en essayant de maximiser un profit. Peu importe ces désirs. Le capitalisme n'a pas plus besoin d'une société libertaire que conservatrice. Que des capitalistes tentent de créer des désirs pour augmenter leur profit, c'est indéniable. En conclure que le capitalisme a besoin de certains désirs et pas d'autres est une tarte à la crème.

"il apparaît en effet évident que l’accumulation du Capital (ou « croissance ») ne pourrait se poursuivre très longtemps si elle devait s’accommoder en permanence de l’austérité religieuse, du culte des valeurs familiales, de l’indifférence à la mode ou de l’idéal patriotique"
Bien sûr que si, les investissements seraient juste réalisés ailleurs. Bizarrement, quand quelqu'un dit "il est évident que" on a plus affaire à un prémisse qu'à une démonstration...

Il fait presque toutes les erreurs de Marx , la première d'entre elle étant le matérialisme pur; ce qui l'amène à une floraison de "cum hoc ergo propter hoc". Par exemple ici, pour lui, si "le monde des affaires" hystérise le désir de "rebellitude" c'est parce qu'il y a intérêt: Ca se passe au même moment donc ca s'explique ensemble...voir ils en tirent profit, donc ils l'ont fait exprès("post hoc ergo propter hoc"). Il ne lui vient pas à l'idée que ce "monde des affaires" pourrait très bien agir contre ses meilleurs intérêts à cause d'un Weltanschauung généralisé. Ou bien que ce "monde des affaires" est un sous-ensemble de l'ensemble complet du monde des affaires et que dans cet ensemble, certains auraient peut-être avantage à une non-rebellitude, par exemple les constructeurs d'église et de mosquée?
Ou bien qu'un sous-ensemble du "monde des affaires" agissent contre ses intérêts à cause de sa vision du monde, que cela change le fonctionnement de la société, et qu'un autre sous-ensemble, voyant des opportunités de profits, en profite a posteriori, façon Schumpeter.

Si Michéa présente l'intérêt d'un homme de gauche qui tente de réfléchir, et donc peut nous pousser à la réflexion, il commet trop d'erreurs de raisonnement.

Écrit par : Paul | 04/01/2011

"Certes, mais à mon sens l'inverse est vrai également "

bien sûr. c'est un couple obligé!

"mutations gigantesques "

oui, pour le meilleur et pour le pire.

Écrit par : hoplite | 04/01/2011

"C’est à cause de la nouvelle économie et de son culte pour la nouveauté et la créativité que nos banquiers se gargarisent d’être des « révolutionnaires »"

Je ne comprends pas en quoi la "créativité" est négative.
(Là je trouve ca un peu douteux)

Dans le cas des pays de l'Est, vous avez parfois eu une liberté/précocité sexuelle etonnante.
(Je pense à la DDR)
Il faut dire que c'etait une des seule possible.

Écrit par : JÖ | 04/01/2011

@ Paul, vous oublier que la suraccumulation du capital n'a que comme but unique d' enrayer la baisse tendancielle du taux de profit ; et que comme resultat son augmentation de fait. ... Etc.. Et bien sur que non le capitalisme ne répond pas à la demande!!! Voir Hegel etc.

Écrit par : Geargies | 04/01/2011

@Geargies
Le concept de suraccumulation, au sens absolu, du capital n'a pas de sens. Il peut bien entendu y avoir accumulation. Mais où est la sur-accumulation? Comment fixer le curseur entre assez d'accumulation et trop?

Marx lui considère qu'il y a sur-accumulation dans une entreprise lorsque l'augmentation de capital n'augmente pas le profit linéairement. Il pousse ce raisonnement abusivement à l'économie en générale.
Mais vous commettez une erreur sur le sens de la sur-accumulation au sens de Marx: ce n'est pas la sur-accumulation de capital qui a pour but d'enrayer la baisse tendancielle du taux de profit. C'est l'existence de la baisse tendancielle qui permet de faire sens au concept de sur-accumulation. C'est la dévalorisation d'une partie du capital qui permet pour Marx d'enrayer la baisse.
Or depuis Schumpeter au moins (mais les autrichiens l'avaient vu avant et cela doit plus ou moins trainer dans les têtes depuis bien avant), si le concept de sur-accumulation avait un sens pour l'économie générale, l'innovation empêche son apparition.

"Et bien sur que non le capitalisme ne répond pas à la demande!!! " Je vous conseille de créer une entreprise qui n'essaye pas de répondre à une demande. On se revoit après. Quand on est autant en désaccord sur la réalité objective, il ne reste plus que l'expérience pour espérer se réconcilier.
Soyons précis, je ne dis pas que les capitalistes y arrivent tous et à 100%, je dis que c'est leur but.

Et franchement, Hegel? Bon, en même temps je comprends mieux pourquoi nous sommes en désaccord sur la nature de la réalité objective.

Écrit par : Paul | 04/01/2011

Ouais, franchement Hegel... au moins et pas que. Et pat ailleurs, non il ne répond pas à la demande, il fait semblant puisque sa fonction est au contraire de la creuser à l'infini...

Écrit par : Geargies | 04/01/2011

"Et pat ailleurs, non il ne répond pas à la demande, il fait semblant puisque sa fonction est au contraire de la creuser à l'infini..."

Résumé de votre raisonnement complet:

1 - la croissance (ou plutôt la décroissance de la durée) a réduit le temps nécessaire à la survie.
2 - donc il reste du temps libre pour produire autre chose si quelqu'un le désir.
3 - quelqu'un crée donc un nouveau produit (au sens large).
4 - Quelqu'un l'achète.
5 - donc le premier a crée le désir du second.

cum hoc ergo propter hoc.

En réalité, et malheureusement pour le producteur, l'étape 4 n'est pas obligatoire: il est possible que personne n'achète. Le producteur aura passé du temps à créer un nouveau produit pour rien. Il n'y avait aucun désir pour ce produit et/ou service. Ceci se passe tous les jours.

Le fait est que les désirs des êtres humains sont en quantité illimité. Pas besoin des producteurs pour creuser la demande à l'infini. Le processus économique provient de cette dialectique entre moyen fini et désir illimité.

Écrit par : Paul | 04/01/2011

Paul, vous permettez que je vous appelle Paul?
1) non
2) ne m'attribuez pas ni des assertions que je n'ai pas dites, ni un système logique que je n'ai pas énoncé...
3) surtout pour ( me faire) dire des choses fausses...
4) Arretez de coller du latin partout ça fait cuistre ou au moins Trissotin..
5) tout ça manque d'infrastructures, de superstructures, d'unités dialectiques antagoniques ( ou pas) et du questionnement en terme de flux, du rapport des uns aux autres...Et je laisse de côté les interfaces du collectif dans l'individuel et le reste .. Les images par exemple...

Écrit par : Geargies | 04/01/2011

1) une tribu de chasseurs-ceuilleurs (max 80 personnes) met en environ 5h pour se nourrir. Tous les adultes sont nécessaires. Disons que les adultes représentent la moitié de la tribu. 2.5h pour nourrir une personne un jour.
Je dépense max 8€ pour me nourrir et je ne fais vraiment pas attention: 1h au smic.
Donc la croissance réduit le temps nécessaire à se nourrir.

Pour ce qui est du latin, ce n'est pas ma faute si la liste des erreurs logiques de base est dans cette langue. C'est juste la démonstration que cela fait longtemps que l'on a compris les règles de logique basique bien que nombreux soient ceux qui préfèrent les oublier. Pour ce qui est du système logique, j'utilise en général une version light du calcul de prédicats. Et vous?

Il paraît (voir Schopenhauer) que lorsqu'on est à court d'argument logique l'attaque ad hominem est pratique; leçon que vous semblez avoir retenu.

En conséquence, éclairez moi et dites moi si vous plaît où je n'ai pas respecter votre raisonnement interne pour en arriver à l'idée que le capitaliste crée la demande.

Pour ce qui est de la théorie marxiste (point 5), je n'ai pas à m'en servir, puisqu'elle est fausse déjà dans ses prémisses (e.g. théorie de la valeur par le travail) et ensuite dans ses expérimentations.

Vu que vous les prenez pour vrai, nous sommes en désaccord sur les faits et la logique, la discussion peut donc s'arrêter ici. Pour ce qui me concerne en tout cas.

Écrit par : Paul | 04/01/2011

Je crois que ce qui sépare Paul et Geargies, c'est probablement une génération avec pour l'un (ou l'une si on parle de génération) une incapacité à penser le capitalisme autrement que par la grille marxiste, ce qui est d'ailleurs sans doute aussi le cas pour le maître de ces lieux.

Écrit par : tzatza | 05/01/2011

Étant donnée la masse d'informations analytiques et théoriques qu'il faut comprendre et manier pour comprendre les théorisations économiques marxistes et post marxistes, je mettrais plutôt l'incapacité de penser de l'autre côté... C'est que la dialectique est un sport de haut vol...

Écrit par : Geargies | 05/01/2011

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