14/01/2014
NSAgate/ Snowdengate
"Il y a six mois, je suis sorti de l’ombre de l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA) pour me placer devant la caméra d’un journaliste. J’ai partagé avec le monde entier des preuves montrant que certains Etats travaillent à la mise en place d’un système mondial de surveillance permettant d’espionner comment nous vivons, ce que nous disons et à qui nous le disons.
Je suis allé devant cette caméra en parfaite connaissance de cause, conscient que cette décision allait me couper de ma famille et de mon foyer et mettre ma vie en danger. Ce qui m’y a poussé, c’est la conviction que les citoyens du monde méritent de comprendre le système dans lequel ils vivent. Ma plus grande crainte était que personne n’écoute cette mise en garde. Jamais je n’ai été aussi heureux de m’être trompé. Les réactions dans certains pays se sont révélées particulièrement encourageantes pour moi, et parmi ces pays figure sans conteste le Brésil.
Quand j’étais à la NSA, j’ai assisté avec une inquiétude croissante à la mise sous surveillance de populations entières, sans qu’aucun soupçon d’acte criminel ne la justifie : cette surveillance constitue la plus grave attaque contre les droits de l’homme de notre temps. La NSA et les autres agences de renseignements nous expliquent que c’est au nom de notre propre “sécurité” – pour la “sécurité” de Dilma [Rousseff, la présidente du Brésil], pour la “sécurité” de Petrobras [compagnie pétrolière publique brésilienne] – qu’elles ont aboli notre droit au respect de la vie privée pour nous épier en permanence. Et tout cela sans même demander l’autorisation au peuple d’aucun de ces pays, pas même du leur.
Aujourd’hui, si vous vous promenez à São Paulo avec un téléphone portable en poche, la NSA a les moyens de savoir où vous vous trouvez, et elle ne s’en prive pas : elle procède ainsi, chaque jour, à raison de cinq milliards de localisations d’individus dans le monde. Quand quelqu’un, à Florianópolis, se rend sur un site Internet, la NSA enregistre à quelle heure et ce qu’y a fait cet internaute. Quand une mère de Porto Alegre appelle son fils pour lui souhaiter bonne chance à un examen, l’enregistrement de l’appel peut être conservé par la NSA pendant cinq ans au moins.
L’agence conserve ainsi des preuves de liaison extraconjugale, ou de fréquentation de sites pornographiques, pour le cas où elle aurait besoin plus tard de salir la réputation de ceux qui la gênent. Les sénateurs américains nous disent que le Brésil n’a pas à s’inquiéter : il ne s’agit pas de “surveillance”, mais de “collecte de données”, et tout cela a pour seul but d’assurer la sécurité des personnes. Ils se trompent.
La différence est énorme entre un programme légal, un espionnage légitime, une action politique justifiée, dans lesquels des individus sont surveillés en raison de soupçons raisonnables et identifiés pesant sur eux, et ces systèmes de surveillance de masse qui, pour mettre en place tout un réseau de renseignement, placent des populations entières sous une surveillance permanente et en conservent pour toujours les traces.
Ces systèmes n’ont jamais eu pour motivation la lutte contre le terrorisme : l’espionnage économique, le contrôle de la société et la manipulation diplomatique, en somme la soif de pouvoir, sont leurs motivations. De nombreux sénateurs brésiliens partagent cette conviction, et ils m’ont sollicité pour les aider dans leurs investigations sur les crimes qui auraient pu être ainsi commis à l’encontre de citoyens brésiliens.
Comme je l’ai dit, je suis prêt à apporter mon aide dès lors qu’elle est jugée nécessaire et dans un cadre légal. Malheureusement, le gouvernement des Etats-Unis s’évertue à limiter ma capacité à le faire, allant même jusqu’à contraindre l’avion présidentiel d’Evo Morales à atterrir pour m’empêcher de me rendre en Amérique latine ! Tant qu’un pays ne m’aura pas accordé l’asile politique permanent, le gouvernement américain s’évertuera à m’empêcher de m’exprimer.
Il y a six mois, j’ai révélé que la NSA voulait mettre le monde entier sur écoute. Aujourd’hui, c’est le monde entier qui tend l’oreille, et qui prend la parole. Et tout cela n’est pas doux à l’oreille de la NSA. L’acceptation de la surveillance de masse à l’échelle mondiale, mise à nu lors de débats publics et par des enquêtes de fond sur tous les continents, cède désormais du terrain.
Il y a tout juste trois semaines, la Brésil a été le promoteur à la Commission des droits de l’homme des Nations unies d’une résolution, inédite dans l’Histoire, reconnaissant que le droit à la vie privée ne s’arrête pas là où commencent les réseaux numériques et que la surveillance systématique d’innocents constitue une violation des droits de l’homme [une résolution qui affirme "le droit à la vie privée à l'ère numérique" adoptée par les Nations unies le 26 novembre 2013] .
Le vent a tourné, et nous pouvons enfin imaginer un avenir dans lequel sécurité et vie privée sont conciliables. Nous ne pouvons tolérer que nos droits soient limités par quelque organisation secrète, ni que les autorités américaines puissent interférer sur les libertés des citoyens brésiliens.
Même les partisans de la surveillance de masse, ceux-là qui sans doute ne sont pas convaincus que les technologies de surveillance enfreignent dangereusement l’exigence de contrôle démocratique, s’accordent aujourd’hui à dire qu’en démocratie la surveillance de la population doit être débattue par la population. Mon acte de conscience débutait par la déclaration suivante : “Je refuse de vivre dans un monde où tout ce que je dis, tout ce que je fais, tous ceux avec qui je parle, toutes les expressions de créativité, d’amour ou d’amitié peuvent être enregistrés. C’est un système que je ne suis pas prêt à cautionner, ni à construire, ni dans lequel je veux vivre.”
Quelques jours plus tard, j’apprenais que le gouvernement de mon pays avait fait de moi un apatride et voulait me jeter en prison. Ma prise de parole m’a coûté mon passeport, mais je le referais s’il le fallait : je ne fermerai pas les yeux sur le crime au nom de mon confort politique. Je préfère vivre sans patrie que sans voix. Si le Brésil ne doit entendre qu’une seule de mes paroles, que ce soit celle-ci : quand nous serons tous unis contre les injustices et pour la défense de la vie privée et des droits de l’homme les plus fondamentaux, alors nous serons capables de nous défendre contre les plus puissants des systèmes."
Lettre ouverte du grand Edward Snowden aux Brésiliens, du 17/12/2013
21:04 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : nsa, snowden
Commentaires
NOS CIBLES SONT LES RESEAUX DU GRAND PUBLIC.
(parlant de la doctrine de la DGSE, Bernard Barbier qui vient de quitter le poste de Directeur Technique de la DGSE pour "pantoufler" à la SOGETI)
Secret, Bernard Barbier n'a pris que deux fois la parole en public depuis sa prise de fonction à la tête de la DGSE, en 2006. En septembre 2010, il expliquait devant l'Association des réservistes du chiffre et de la sécurité informatique qu'Internet avait signifié une "transformation énorme" de son métier :
"Nos cibles principales, aujourd'hui, n'utilisent plus le chiffrement gouvernemental ou militaire, mais plutôt de la cryptographie grand public, car nous travaillons à 90 % sur l'antiterrorisme. (…) Nos cibles sont les réseaux du grand public."
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20140114trib000809373/la-ssii-sogeti-recrute-l-ex-directeur-de-la-dgse.html
http://www.fr.sogeti.com/
Écrit par : dimezzano | 14/01/2014
Jakubowicz (LICRA) : "La prochaine étape, c'est Internet !"
Jakubowicz sur Judaïques FM le samedi 11-01-2014, 10h
"Journaliste Olivier Issembert [à propos des tweets et de Youtube] : Faut-il engager des mesures coercitives ?
Jakubowicz - Il y a des mesures coercitives, mais il y a un certains nombres de choses qui sont faites, et je peux vous dire que la LICRA accomplit un travail considérable là-dessus. Nous avons créé d’ailleurs Licranet, avec des spécialistes du net, nous avons maintenant des équipes pour cela, nous avons besoin du soutien de vos auditeurs … du soutien militant et financier, tout cela coûte de l’argent, et malheureusement dans le contexte actuel, c’est extrêmement difficile pour des associations comme le nôtre, nous avons besoin d’aide… […]
O. I. - Parce que c’est cela la prochaine étape, c’est ce combat sur internet, la prochaine étape...
A. J. - Mais nous on l’a déjà anticipé vous savez, on est dans ce combat, je ne veux pas vous dévoiler les actions que nous menons, mais bon, un certain nombre de vos auditeurs pourront vérifier que certaines vidéos ne sont plus visibles aujourd’hui, voilà, j’en dis pas plus, j’en dis pas plus parce que je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en dire plus, mais je peux vous dire que ce combat-là, dans le cadre légal évidemment, nous le menons parce que la loi ne permet pas que l’on continue à visionner des vidéos dont les propos sont attentatoires à la dignité et constitutives de délits. Pour certaines d’entre elles d’ailleurs, ces vidéos reprennent des propos qui ont été condamnés par la justice, donc ces vidéos doivent être supprimées et ne doivent plus être accessible, et évidemment nous accomplissons à cet égard le travail qui doit être le nôtre, qui est celui d’une association comme la LICRA, nous accomplissons ce travail."
un exemple tout récent ? :
http://www.youtube.com/attribution_link?a=1VUZaWparL4&u=/watch%3Fv%3DgHvLutQnGko%26feature%3Dem-subs_digest
Écrit par : dimezzano | 15/01/2014
Bull et Amesys : la boite de Pandore que le gouvernement de François Hollande n’ouvrira pas
http://reflets.info/bull-et-amesys-la-boite-de-pandore-que-le-gouvernement-de-francois-hollande-nouvrira-pas/
Écrit par : dimezzano | 15/01/2014
merci Dimezzano, trés intéressant++
mais qui est donc Jaku...???
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Qui-est-Alain-Jakubowicz-22664.html
tout est dit, je crois.
Écrit par : hoplite | 15/01/2014
"L’Opération Tiberius ouvre un nouveau chapitre de l’évolution autodestructrice du Système, qui est l'introduction dans les structures fondamentales mêmes des pays les plus avancés du bloc BAO des mêmes évolutions de désordre et de de déstructuration-dissolution qu’on trouve dans nombre de régions sensibles, dans les systèmes de coopération transnationaux, dans les structures financières transnationales, dans l’évolution des mœurs sociétaux, etc. L’évolution de la structure de sécurité intérieure du Royaume-Uni selon-Tiberius ressemble aussi bien à l’évolution des marchés financiers dont on connaît la structure criminelle prédominantes, qu’à certaines situations déstabilisées comme celles du Moyen-Orient, où le crime organisé prend une part de plus en plus importante dans les activités terroristes. Mais dans ce cas extrême du Royaume-Uni, il s’agit de la corruption spectaculaire et dramatique des structures pérennes, l’effacement accéléré des activités dépendantes de la dimension régalienne des plus vieilles nations de notre civilisation (devenue contre-civilisation, et ceci expliquant cela), la disparition des notions de souveraineté, de légitimité et d’autorité dans ces États. Il est difficile d’envisager les conséquences de cette sorte d’évolution de complète perversion des principes sur lesquels se sont fondées ces nations, mais on aura de la difficulté à ne pas être très pessimiste. "
http://www.dedefensa.org/article-le_royaume-uni_tat-voyou__13_01_2014.html
Écrit par : hoplite | 15/01/2014
HS, cadeau pour le taulier
http://fr.pourelles.yahoo.com/kate-upton-d%C3%A9collet%C3%A9-90e-50-ans-sports-illustrated-093500026.html
Écrit par : Popeye | 15/01/2014
wow! thanks Popeye!
Écrit par : hoplite | 15/01/2014
Suisse : mise en place d'un nouveau système d'écoutes téléphoniques ..... C'est l'entreprise israélienne Verint, partenaire privilégié des services secrets américains à travers la NSA, qui est charchée d'élaborer la deuxième version de l'Interception System Schweiz (ISS).
http://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/22500857
Écrit par : dimezzano | 16/01/2014
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