10/12/2018
eurocalypse
"Ensuite, il y eut l'autre revanche, celle d'en-bas, celle de la rue, celle des gangs d'"immigrés de la quatrième génération", comme on disait à l'époque dans les provinces francophones de l'Union européenne. Ce fut la revanche des petits dealers de quatorze ans, des gamins qui vivaient la nuit et dormaient le jour, et qui n'avaient jamais rien connu de la vie que le béton, du shit, et le rap raciste anti-blanc qui résonnait à travers les quartiers nogo, tout le temps. Ce fut la revanche des paumés, la revanche des mecs qui n'étaient personne et qui n'étaient nés nulle part. Et cette revanche-là bien sûr, fut moins soyeuse que celle des Hindous en costards classieux. Ce fut la revanche au raz du bitume.
Ce qui se disait dans les halls, à l'époque, quand les Nordafs et les Afros parlaient des mecs de la mairie, c'était quelque chose comme:
"Connards de cocos, connards de bourgeois de gauche. Pendant un demi-siècle, vous nous avez tenus par les couilles, tas d'enflures. Vous jouez les potes avec nous, mais on est pas dupes.
"Vous n'êtes pas nos amis. Aucun enculé de Blanc n'est notre ami. Et nous allons vous le prouver. On est du côté du manche et ça va faire mal."
Et ouais, ça avait fait mal.
Le petit père Ahmed n'était pas un tendre. Pour entrer dans son crew de malade, fallait commencer par une baston avec un ancien, une explication velue à la batte de base-ball cloutée. Le principe était: le combat dure une minute, si tu es vivant à la sortie, tu rentres dans l'équipe. Pour tenir le choc, les mecs se sniffaient à la colle, juste avant. C'était ça le crew d'Ahmed, une vraie bande de fondus. Le jour où ces mecs-là se sont lâchés sur les connards de petits pédés de la mairie, fils de bourgeois un pouce dans le cul l'autre dans la bouche, qui jouaient à la gauche pour faire genre, eh bien ce jour-là ça a couiné sec. Les lopettes l'ont senti passer. Ces connards avaient organisé une manif contre l'implantation de l'usine de retraitement de déchets. Ils avaient organisé cette manif avec quelques centaines de mecs qu'ils tenaient par les couilles, des types qui devaient leur boulot ou leur logement à la mairie.
Mauvaise pioche, mauvaise pioche.
Des flics vinrent parler à Ahmed la veille du jour fatal.
"Demain, on compte sur toi pour éviter les ennuis, tous nos effectifs sont pris ailleurs."
Message reçu cinq sur cinq.
Ahmed et sa bande tombèrent sur la manif avec leurs battes de base-ball cloutées. Il y eut du connard de pédé de gauche éclaté. Ces branleurs suppliaient: "Nous frappez pas, on vous veut pas de mal, on manifeste pour le bien du quartier!"
Dans ta gueule enculé! Prends ça pour mon arrière-grand-père qui a été tué pendant la révolution contre les colons. Prends ça pour mon arrière-grand-père qui a trimé toute sa vie sur une chaine de montage pour que le tien puisse rouler dans sa caisse de bourge. Prends ça pour mon père qui n'a jamais pu trouver de boulot, qui a largué ma salope de mère, qui s'est fait flinguer il y a 10 ans pour une histoire de shit, du shit qu'il revendait aux enculés dans ton genre.
Du sang sur la chaussée. De la cervelle de petit pédé, éclatée, étalée sur le trottoir en couche épaisse.
Bienvenue en enfer, salauds de Blancs.
Après ça, on savait qui assurait l'ordre dans le quartier.
La suite? Du velours. Dés le lendemain, le maire est allé trouver les Frères du Renouveau. Ils l'ont envoyé paître, évidemment. Alors ce con de coco est allé trouver des pontes de son parti, à Paris. Ils l'ont envoyé chier idem. "Y a du pognon indien à récupérer, le quartier sera tenu, t'as fait ton temps". Voilà l'idée générale.
Exit le coco. Il est parti chanter l'Internationale dans une intrazone rurale, perdu dans ses rêves de révolution à la con. Le prolétariat immigré avait le choix entre la révolution et la revanche raciale, et le sous-prolétariat avait choisi à la place du prolétariat. Classique, tout cela. T'aurais dû t'y attendre, le coco.
Les Indiens installèrent leur usine dans la foulée. Et ainsi, depuis prés de trente ans, les affaires tournaient rond. De temps en temps, il y avait des accidents du travail, et les mecs crevaient. Y avait pas d'assurance, mais ça faisait partie du deal. En contrepartie les mecs avaient du boulot, de quoi manger et de quoi boire. Par rapport à ce qui se passait au même moment en Afrique, c'était le paradis sur terre."
Eurocalypse, Collectif Solon, Le retour aux sources/Scriptoblog, 2009.
NB: je remets en ligne ce post de décembre 2014, toujours bien d'actualité, voire prophétique. Merci 3P..
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