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19/04/2015

combattere

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Quelques jours de répit au bord de l'océan. Passé par  Hossegor qui a du être un endroit sympa avant d'être bétonné et envahi par des hordes de bobos friqués roulant Cayenne et lisant l'immonde (pas de contradiction, pour les plus jeunes). Un peu plus loin, petit village estival quasi-déserté, des dunes, quelques blockhaus du mur, largement taggés, l'air du large, quelques maisons gentilles, des vieux qui taillent leur haies et qui lisent Ouest-France. La France d'Audiard. Ca fait du bien.

Je finis les mémoires de Laurent Boucher, quinze ans de légion étrangère un peu partout sur le globe. Voilà un truc qui m'aurait plu. L'impression d'être passé à côté. Il aurait pas fallu me pousser beaucoup. C'est comme ça, je ne regrette rien, j'adore mon métier et je ne vois pas trop ce que j'aurais pu faire d'autre en fait. Je me revois parfois dans les années 80 visiter l''école de commerce locale, cornaqué par un pitre encravaté genre Tapie...c'aurait pu être bien pire, en fait.

Au milieu du livre de Boucher (après 5 ans de légion, il raccroche et semble vouloir regagner la vie civile), je me suis fait la réflexion que c'était simplement pas possible. Causer ou bosser avec des bureaucrates sautillants après 5 ans de légion et ce qui va avec? no way. De fait, après avoir tenu quelques bars dans le pays Basque, ce gars-là reprend du service à Aubagne et refait 10 ans de Légion Etrangère sur tous les continents. Il semble qu'il assure aujourd'hui la sécurité de cargos sur des voies maritimes exposées:) le naturel..

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"Le 8 mai 45, à Bad Reichenhall, douze waffen SS de la Division Charlemagne furent fusillés par d'autres soldats français appartenant à la 2eme DB du général Leclerc. Quand Leclerc leur demande s'ils n'ont pas honte de porter l'uniforme allemand, l'un des prisonniers fait remarquer au libérateur de Paris qu'il porte bien, lui, l'uniforme américain. C'en est trop. Dans l'après-midi, ils seront fusillés dans une clairière proche de Bad Reichenhall, les corps sont abandonnés là et ne seront inhumés que trois jours plus tard par l'armée américaine. Les combats ont cessé la veille, la guerre était finie..." Gabriele Adinolfi , Années de plomb et semelles de vent", 2015.

OK, Adinolfi est fasciste. Mais, tonton Hoplite, c'était quoi le fascisme?

Emilio Gentile, universitaire italien considéré comme un des meilleurs spécialiste de la question répond ainsi :" Le fascisme est un phénomène politique moderne, nationaliste et révolutionnaire, antilibéral et antimarxiste, organisé en un parti milice, avec une conception totalitaire de la politique et de l’Etat, avec une idéologie à fondement mythique, viril et anti-hédoniste, sacralisée comme religion laïque, qui affirme la primauté absolue de la nation, entendue comme communauté organique, ethniquement homogène, hiérarchiquement organisée dans un état corporatif, avec une vocation belliqueuse, une politique de grandeur, de puissance et de conquête, visant à la création d’un ordre nouveau et d’une nouvelle civilisation. " (E Gentile, Fascisme, histoire et interprétation. Gallimard 2002)

Gentile définit ensuite l’idéologie fasciste comme une « idéologie anti idéologique » , en raison de son activisme et de son aversion pour les élaborations intellectuelles et idéologiques. Le mouvement fasciste est propre à l’Italie des années 20 comme le mouvement national-socialiste à l’Allemagne des années 30 ou le mouvement phalangiste espagnol à la même époque. Pourquoi dater ainsi ce mouvement intellectuel ? Parce qu’il est né au point de rencontre d’événements sans précédents et qui ne se retrouverons plus : le fascisme est né des traumatismes de la première guerre mondiale au sein de la jeune génération du front, qui connut l’horreur, mais aussi la camaraderie et la solidarité dans l’action. Il est né de la situation de détresse subie par des nations comme l’Italie ou l’Allemagne. Il est né aussi d’une réaction contre la menace bolchevique en Europe (bien réelle, il est de bon ton de l’oublier ou de la sous-estimer). Pourtant, comme le regretté F. Furet l’avait noté, « le fascisme n’est pas né seulement pour vaincre le bolchevisme, mais pour briser à jamais la division du monde bourgeois » (Furet, Le passé d’une illusion, Laffont, 1996).

Cette société libérale bourgeoise en crise au sortir des années 20 semble si obsolète face aux défis multiples de la modernité et des crises économiques, que les régimes autoritaires se répandent comme une épidémie en Europe : la Hongrie bascule des 1919, l’Espagne une première fois en 1923, la Pologne en 1926, , la Yougoslavie en 1929, le Portugal en 1932, l’Allemagne en 33, la Grèce et l’Espagne-une nouvelle fois- en 36, la Roumanie en 38, la France en 1940.

Tous sont établis sur le modèle classique des dictatures militaires conservatrices, mais sont distincts du fascisme Italien.

Le fascisme, alors n’est il qu’Italien ? Non répond encore E. Gentile, bien qu’il soit hostile à l’usage générique et aveugle du concept de fascisme en dehors de tout contexte temporel ou géographique. Le fascisme Italien a un fondement idéologique plus clair que le national-socialisme Allemand, reposant sur le mythe de la race supérieure. Il aurait-toujours d'après E. Gentile-une  structure idéologique plus complexe: celle de l'état totalitaire, solution unique pour toutes les nations civilisées d'Occident, contrairement au mythe de la race qui ne s'adresse qu'aux Allemands. Il est par ailleurs possible de considérer le fascisme, le nazisme et le bolchevisme comme trois arbres différents ayant des similitudes et non pas comme trois branches d'un même arbre.

Plus largement, le fascisme peut sans doute s’intégrer dans l’idéologie totalitaire, entendue au sens de mouvement révolutionnaire extrémiste aspirant au monopole du pouvoir. Le qualificatif "totalitaire" est original et apparait en Italie dans les années 1923-1925 pour désigner l'imposition du monopole du pouvoir politique par le parti fasciste qui se mettait alors en place. Le concept et le mot "totalitaire" s'appliquent donc historiquement seulement au fascisme Italien, alors qu'il recouvre actuellement des réalités différentes:  fascisme, bolchevisme ou nazisme, faisant disparaitre les spécificités de chacun de ces phénomènes et pouvant par extension représenter tout ce qui s'oppose à la démocratie libérale (théocraties musulmanes, tyrannies exotiques, etc.).

 Le point commun entre les trois phénomènes étant peut-être la négation de l'individu, avec des distinctions: pour le marxisme, héritier de la table rase des Lumières, l'individu est sans racines autres que sociales (homo oeconomicus, semblable à celui du libéralisme), pour le fascisme, l'individu est porteur d'un héritage complexe qui se confond avec celui de la nation. Deux conceptions antagonistes donc, qui fondent des projets politiques et sociaux radicalement différents.

Voilà.

Et là, on est en principe saisi par la similitude entre les idéaux de ce mouvement historique fasciste et  ceux de... Florian Philippot du FuN. lol! non, c'était pour rire.


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Commentaires

Billet très intéressant, merci.

Écrit par : UnOurs | 20/04/2015

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