25/02/2009
Visite
«Mais ils ne continueront pas toujours, car leur folie devient évidente à tous.»
C’était il y a six mois environ. Petite chambre propre inondée par le soleil de septembre, quelques photos sur les murs et la table de nuit : une jeune femme jolie et souriante (sa petite fille, brillante. Quatre années à la Sorbonne, docteur !), un homme jeune, moustache et regard clair, en uniforme, la tête de côté, son mari. Madame rosa T, vieille patiente souriante qui attend mes visites en marquant quelques pages. Nous discutions de politique et d’histoire et, évoquant la Palestine, m’avait cité cette phrase de saint Paul tirée du Deuxième Épître à Timothée, que je connaissais déjà, sans avoir jamais lu Saint Paul, grâce à Philipe Murray et ses exorcismes spirituels…
Aujourd’hui, ce fut Dante : « En bas dans la fosse/ je vis des gens plongés dans des excréments/ qui semblaient venir de latrines humaines/ et pendant que des yeux j’examinais le fond/ j’en vis un dont la tête était si chargée de merde/ qu’on ne pouvait voir s’il était laïque ou bien clerc. » (Inferno, XVIII), passage évoquant les fosses pestilentielles ou Dante reconnaît flatteurs et adulateurs, nageant dans la merde…Censé évoquer au mieux sa propre condition ici-bas, dans cette vile maison de retraite à l’odeur de cantine et peuplée de spectres rasant les murs en déambulateurs ou assis, seuls, les yeux vides, avec une peluche dans les bras. La misère, quoi.
On a causé un moment, je l’ai examinée, je l’ai embrassée et voilà. Faut que je relise Dante, bordel.
20:47 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : philipe murray, dante, l'enfer