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13/03/2011

97%

L’ancien dissident soviétique Vladimir Boukowsky n’a pas hésité à comparer l’Union Européenne à l’ancienne URSS : « Comme l’Union soviétique, l’Union européenne porte en elle les germes de sa propre perte, déclarait-il récemment. Quand elle s’écroulera, elle laissera derrière elle une immense destruction ». (Alain de Benoist, Junge Freiheit, juin 2008)

C’est sans doute ce que démontre l’extraordinaire vote, passé inaperçu, qui s’est déroulé au parlement de Strasbourg le 21 février 2008, lorsqu’un amendement présenté par Ricard Corbett et Íñigo Méndez de Vigo, qui se bornait à proposer que l’Union européenne « s’engage à respecter le résultat du référendum irlandais », a été rejeté par 499 eurodéputés contre 129. Un Parlement s’engageant démocratiquement à ne pas respecter un vote démocratique, événement stupéfiant, encore jamais vu, qui pourrait d’ores et déjà constituer un bel objet d’étude pour les spécialistes de science politique!

Bon. On pouvait avoir de sérieux doute sur la légitimité démocratique de cette technocratie Bruxelloise, véritable Nouvelle classe politico médiatique, arrogante et toute puissante, mais le scénario Irlandais est définitivement éclairant sur le mépris total de nos élites à l’égard de toute manifestation populaire, fut-ce un vote démocratique, et sur le caractère despotique de cette Union Européenne.

L’Irlande est le seul pays de l’UE que sa constitution oblige à soumettre à référendum la ratification du traité de Lisbonne, adopté partout ailleurs en Europe à la seule initiative des gouvernements ou des parlements –souvent à rebours du verdict des peuples européens, théoriquement souverains. Les Irlandais ont voté NON le 12 juin 2008. Dans toute structure véritablement démocratique, ce seul vote aurait du bloquer le processus de ratification du traité de Lisbonne et entraîner une crise politique débouchant sur la réécriture d’un Traité de Constitution Européenne conforme aux attentes des peuples concernés.

Il n’en est rien.

Non content de mépriser le vote d’un peuple (et d’autres) européen, nos élites organisèrent dans un silence médiatique et politique ahurissant un second vote pour le peuple Irlandais, sommé de dire OUI, cette fois-ci. Finalement, il est assez extraordinaire que pareille forfaiture, illustrant parfaitement le caractère essentiellement anti-démocratique de cette entité supra nationale, ne fasse pas plus de bruit. Pour une raison simple : politiciens, journalistes, faiseurs et relais d’opinions, lobbys, partis politiques et parlementaires sont en grande majorité d’accord là-dessus : les peuples européens sont incapables de penser par eux-mêmes et la priorité des priorités reste d’éviter absolument –sauf, malheureusement en cas d’impératif constitutionnel- de lui donner la parole.

Durant l’année 2008, une étude de l’Observatoire de l’Europe a fait apparaître que le groupe PPE-DE, majoritaire, qui rassemble les partis de centre-droit en Europe (dont l’UMP pour la France) et le groupe PSE (socialistes) ont voté dans le même sens sur 97% des votes finaux par appel nominal (rapports, résolutions) examinés par le Parlement européen. La convergence des votes du PPE et du PSE exprimées en pourcentages était de 97%. Constatant déjà la convergence de leurs politiques au plan national, l’historien progressiste Max Gallo avait un jour résumé ceci en disant qu’ « ils se chamaillent sur le perron pour faire oublier qu’ils se partagent la maison ».

Pour qui veut bien ouvrir les yeux, l’Europe que l’on nous vend aujourd’hui se construit contre les peuples européens, pour le bénéfice d'une minorité et ne dispose d’aucune légitimité démocratique réelle. Une hyperclasse politico médiatique nomade et arrogante a pris le pouvoir et entend, avec la complicité de l’essentiel des relais d’opinions nationaux, le garder, par tous les moyens.

L'histoire n'est pas écrite. Les peuples européens, les européens conscients d'être les héritiers et les courriers d'une civilisation millénaire singulière et précieuse savent bien que celle-ci n'est en rien réductible à ce mall festif continental, ce barnum consumériste et multiculturel, cette Babel totalitaire qui se construit sous nos yeux.

« Et puis, c'est une Europe de la sempiternelle discussion ... et toujours sur des bases économiques et juridiques, comme si l'économie et le droit pouvaient être fondateurs. Vous savez l'importance que j'accorde à la décision, or l'Europe est dirigée par une classe discutante qui sacrifie le destin à la procédure dans un interminable bavardage qui ne parvient guère à surmonter de légitimes différents. Ce refus de la décision est lié au mal qui frappe nos élites ; elles ne croient plus à la grandeur de notre continent ; elles sont gâtées jusqu'à la moelle par la culpabilité dont elles transmettent l'agent létal à l'ensemble des Européens. D'où cette dérive moralisatrice qui transforme l'Europe en tribunal, mais en tribunal impuissant.( …)... Impuissant, car nous prétendons régir la marche du monde vers l'équité, mais nous refusons d'armer le bras de cette prétendue justice. La culpabilité névrotique inhibe l'action. Le problème, c'est que l'Europe est construite par des libéraux et par des socio-démocrates, c'est à dire par des gens qui croient dans l'économie comme instance déterminante. C'est pourquoi la neutralisation du politique est pour ainsi dire inscrite dans son code génétique. » (Julien Freund)

listen to Nigel Farage!

08/09/2009

Europe mon amour

1470354968.jpgL’ancien dissident soviétique Vladimir Boukowsky n’a pas hésité à comparer l’Union Européenne à l’ancienne URSS : « Comme l’Union soviétique, l’Union européenne porte en elle les germes de sa propre perte, déclarait-il récemment. Quand elle s’écroulera, elle laissera derrière elle une immense destruction ». (Alain de Benoist, Junge Freiheit, juin 2008)

C’est sans doute ce que démontre l’extraordinaire vote, passé inaperçu, qui s’est déroulé au parlement de Strasbourg le 21 février 2008, lorsqu’un amendement présenté par Ricard Corbett et Íñigo Méndez de Vigo, qui se bornait à proposer que l’Union européenne « s’engage à respecter le résultat du référendum irlandais », a été rejeté par 499 eurodéputés contre 129. Un Parlement s’engageant démocratiquement à ne pas respecter un vote démocratique, événement stupéfiant, encore jamais vu, qui pourrait d’ores et déjà constituer un bel objet d’étude pour les spécialistes de science politique!

Bon. On pouvait avoir de sérieux doute sur la légitimité démocratique de cette technocratie Bruxelloise, véritable Nouvelle classe politico médiatique, arrogante et toute puissante, mais le scénario Irlandais est définitivement éclairant sur le mépris total de nos élites à l’égard de toute manifestation populaire, fut-ce un vote démocratique, et sur le caractère despotique de cette Union Européenne.

L’Irlande est le seul pays de l’UE que sa constitution oblige à soumettre à référendum la ratification du traité de Lisbonne, adopté partout ailleurs en Europe à la seule initiative des gouvernements ou des parlements –souvent à rebours du verdict des peuples européens, théoriquement souverains. Les Irlandais ont voté NON le 12 juin 2008. Dans toute structure véritablement démocratique, ce seul vote aurait du bloquer le processus de ratification du traité de Lisbonne et entraîner une crise politique débouchant sur la réécriture d’un Traité de Constitution Européenne conforme aux attentes des peuples concernés.

Il n’en est rien.

Non content de mépriser le vote d’un peuple (et d’autres) européen, nos élites organisèrent dans un silence médiatique et politique ahurissant un second vote pour le peuple Irlandais, sommé de dire OUI, cette fois-ci. Finalement, il est assez extraordinaire que pareille forfaiture, illustrant parfaitement le caractère essentiellement anti-démocratique de cette entité supra nationale, ne fasse pas plus de bruit. Pour une raison simple : politiciens, journalistes, faiseurs et relais d’opinions, lobbys, partis politiques et parlementaires sont en grande majorité d’accord là-dessus : les peuples européens sont incapables de penser par eux-mêmes et la priorité des priorités reste d’éviter absolument –sauf, malheureusement en cas d’impératif constitutionnel- de lui donner la parole.

Durant l’année 2008, une étude de l’Observatoire de l’Europe a fait apparaître que le groupe PPE-DE, majoritaire, qui rassemble les partis de centre-droit en Europe (dont l’UMP pour la France) et le groupe PSE (socialistes) ont voté dans le même sens sur 97% des votes finaux par appel nominal (rapports, résolutions) examinés par le Parlement européen. La convergence des votes du PPE et du PSE exprimées en pourcentages était de 97%. Constatant déjà la convergence de leurs politiques au plan national, l’historien progressiste Max Gallo avait un jour résumé ceci en disant qu’ « ils se chamaillent sur le perron pour faire oublier qu’ils se partagent la maison ».

Pour qui veut bien ouvrir les yeux, l’Europe que l’on nous vend aujourd’hui se construit contre les peuples européens, pour le bénéfice d'une minorité et ne dispose d’aucune légitimité démocratique réelle. Une hyperclasse politico médiatique nomade et arrogante a pris le pouvoir et entend, avec la complicité de l’essentiel des relais d’opinions nationaux, le garder, par tous les moyens.

L'histoire n'est pas écrite. Les peuples européens, les européens conscients d'être les héritiers et les courriers d'une civilisation millénaire singulière et précieuse savent bien que celle-ci n'est en rien réductible à ce mall festif continental, ce barnum consumériste et multiculturel, cette Babel totalitaire qui se construit sous nos yeux.

« Et puis, c'est une Europe de la sempiternelle discussion ... et toujours sur des bases économiques et juridiques, comme si l'économie et le droit pouvaient être fondateurs. Vous savez l'importance que j'accorde à la décision, or l'Europe est dirigée par une classe discutante qui sacrifie le destin à la procédure dans un interminable bavardage qui ne parvient guère à surmonter de légitimes différents. Ce refus de la décision est lié au mal qui frappe nos élites ; elles ne croient plus à la grandeur de notre continent ; elles sont gâtées jusqu'à la moelle par la culpabilité dont elles transmettent l'agent létal à l'ensemble des Européens. D'où cette dérive moralisatrice qui transforme l'Europe en tribunal, mais en tribunal impuissant.( …)... Impuissant, car nous prétendons régir la marche du monde vers l'équité, mais nous refusons d'armer le bras de cette prétendue justice. La culpabilité névrotique inhibe l'action. Le problème, c'est que l'Europe est construite par des libéraux et par des socio-démocrates, c'est à dire par des gens qui croient dans l'économie comme instance déterminante. C'est pourquoi la neutralisation du politique est pour ainsi dire inscrite dans son code génétique. » (Julien Freund)

 

wow, it's late!

16/12/2008

Say NO! (and FUCK the pedagogy)

Le « non » irlandais (Alain de Benoist, 14 juin 2008, Junge Freiheit)

 

En 1987, un citoyen irlandais nommé Raymond Crotty avait fait valoir devant la Cour

suprême de son pays qu’étant donné que toute modification des traités européens exigeait un

amendement à la Constitution irlandaise, et que tout amendement à cette Constitution devait

être approuvé par référendum, il en résultait nécessairement que tout changement d’un traité

européen devait être lui aussi être approuvé par référendum. La Cour suprême lui avait donné

raison. C’est donc grâce à Raymond Crotty que les Irlandais ont pu, le 12 juin, se prononcer

sur le traité de Lisbonne. Avec le résultat que l’on connaît : 53,8 % pour le « non ».

L’histoire retiendra donc que le seul peuple qui a pu s’exprimer directement sur le traité de

Lisbonne a dit « non ». Mais elle retiendra surtout que les autres peuples s’en sont vu dénier la

possibilité, alors que les sondages ont révélé que 75 % des Européens auraient voulu pouvoir

le faire.

Les causes du refus que les Irlandais ont opposé à un texte jugé « incompréhensible » sont

évidemment multiples. Les préoccupations liées à l’immigration ont joué un rôle, tout comme

celles concernant l’agriculture, le chômage ou l’avenir des services publics. Les Irlandais

tiennent en outre beaucoup à la neutralité de leur pays, effective depuis la proclamation de la

République en 1937 (ils ne sont pas membres de l’OTAN) et craignent une obligation

d’augmenter les dépenses militaires dans le cadre européen et de participer éventuellement à

des guerres lointaines, comme celle qui se déroule aujourd’hui en Afghanistan. C’est

d’ailleurs la raison pour laquelle, afin de ne pas conforter les Irlandais dans leurs craintes, le

Livre blanc sur la défense et la sécurité définissant les grandes orientations stratégiques de la

France pour les quinze prochaines années n’a pas été rendu public avant le 12 juin !

« C’est une immense déception », a déclaré le Taoiseach (Premier ministre) irlandais Brian

Cowen, qui n’en a pas moins reconnu que « le peuple s’est prononcé ». « Les peuples refusent

de se laisser dissoudre dans une Europe à la fois technocratique et antisociale », a constaté,

plus réaliste, l’ancien ministre français de la Défense Jean-Pierre Chevènement.

Que va-t-il se passer maintenant ? Nous l’avons déjà dit (JF, 6 juin) : tout va être fait pour

ne pas tenir compte du vote des Irlandais, dont on assure déjà un peu partout qu’il n’est pas un

obstacle « insurmontable ». Au Parlement européen, dès février dernier, 499 députés avaient

déjà voté contre une motion promettant simplement de tenir compte du référendum irlandais !

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, dans une déclaration conjointe, ont donc tout

naturellement appelé à poursuivre le processus de ratification. On leur dit d’arrêter, donc ils

continuent ! Simultanément, certains pensent déjà à négocier avec l’Irlande des dérogations

(opt-out) sur certains points – comme on l’avait fait avec le Danemark lorsque celui-ci avait

en 1992 rejeté le traité de Maestricht – avec l’intention avouée de faire repasser les Irlandais

aux urnes sur la base d’un texte « aménagé ». Mais qui garantit que les Irlandais accepteront

de revoter et, s’ils le font, qu’ils modifieront leur vote comme ils l’avaient fait en octobre

2002 à propos du traité de Nice ? Que se passerait-il s’ils disaient à nouveau « non » ?

Dans l’immédiat, il est clair que l’Union européenne se trouvé en réalité confrontée à une

nouvelle crise de grande ampleur, et que celle-ci va peser lourdement sur la présidence

française, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet et apparaît d’ores et déjà comme la première

victime du vote irlandais. Le Luxembourg a été le premier à dire que le traité de Lisbonne ne

pourra pas entrer en vigueur au 1er janvier prochain. La République tchèque, présidée par

l’eurosceptique Vaclav Klaus, pense même qu’il est mort-né.

Le Français Nicolas Dupont-Aignan n’a pas eu tort de déclarer que « les Irlandais

aujourd’hui, comme les Français et les Néerlandais en 2005, ne sont pas hostiles à l’Europe ».

L’opposition au traité de Lisbonne n’est pas en effet seulement le fait des « souverainistes »,

hostiles à toute forme de supranationalité. Elle provient aussi de ceux qui ont beaucoup espéré

de l’Europe, et qui croient même toujours à la nécessité d’une Europe politiquement unifiée,

mais qui constatent que l’Union européenne, présentée comme une solution pendant des

décennies, est aujourd’hui devenue un problème.

Ces derniers veulent une Europe qui soit à la fois une puissance autonome et un creuset de

culture et de civilisation capable de jouer un rôle de régulation par rapport au processus de

globalisation dans un monde resté multipolaire. Ils constatent que l’Union européenne,

soumise à une idéologie purement fonctionnaliste, ne s’est dotée d’aucune souveraineté

politique, économique ou militaire, qu’elle est incapable de mettre en oeuvre une politique

indépendante et qu’elle se pose de plus en plus en simple zone de libre-échange alignée sur

Washington. Ils veulent une Europe qui soit à l’écoute des peuples et qui les protège. Ils ont

une Union européenne sans légitimité démocratique, qui interdit aux peuples de s’exprimer,

les rend plus vulnérables et adhère sans aucune esprit critique à un système néolibéral qui les

réduit à l’état de marchandises.

Le grand enseignement du vote irlandais est qu’il révèle une fois de plus l’ampleur

significative du fossé qui sépare le peuple de la classe politico-médiatique toutes tendances

confondues. Comme en France en mai 2005, non seulement le gouvernement de Brian

Cowen, mais tous les grands partis de droite et de gauche, ainsi que tous les grands syndicats

liés aux partis, s’étaient prononcés en Irlande pour le « oui ». Et pourtant, ce sont les partisans

du « non » qui l’ont emporté.

Mais il y a aussi d’autres leçons à en tirer. La première tient dans le constat que le vote

d’un petit peuple de quatre millions d’habitants (moins de 1 % de la population européenne) a

suffi à bloquer l’imposante machine bruxelloise. Il est vrai que le peuple irlandais a résisté

pendant sept siècles à la puissance anglaise ! C’est la métaphore du grain de sable. L’autre

leçon, c’est qu’en Irlande voici quelque jours, toujours comme en France en 2005, un « non

de droite » n’aurait pas été plus capable de l’emporter à lui seul qu’un « non de gauche ». La

victoire du « non » n’a été rendue possible que par l’addition des refus de droite et des refus

de gauche. C’est une consécration supplémentaire des nouveaux clivages transversaux qui

tendent aujourd’hui, sur un nombre croissant de problèmes, à se substituer au vieux clivage

droite-gauche.