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04/12/2009

super classe, mon amour

(…) Werner Sombart oppose ainsi l’idéal-type du bourgeois à celui du seigneur (de l’aristocrate) : le bourgeois est celui qui compte, qui calcule, qui épargne et prend son profit ; le seigneur est celui qui donne (y compris sa vie) et qui dépense sans compter, qui méprise l’argent, car ses principes ne sont pas de l’ordre du matériel mais du spirituel (sens de l’honneur, du devoir, de la lignée). Le bourgeois cherche à optimiser l’intérêt personnel : il est « la mesure de lui-même » ; l’aristocratie repose, au contraire, sur le dépassement et le don de soi (l’esprit de service et de sacrifice). Le bourgeois a des droits, l’aristocrate des devoirs (« Noblesse oblige »).

D’après Sombart, l’esprit capitaliste résulte de la combinaison de trois forces : l’appât du gain (la passion de l’or), l’esprit d’entreprise et l’esprit bourgeois. C’est la combinaison de l’appât du gain et de l’esprit d’entreprise qui explique la naissance de l’entreprise capitaliste. Mais l’esprit bourgeois a évolué. A l’origine il était marqué par l’épargne et la tempérance.

Au XIXème siècle apparaît une nouvelle race d’entrepreneurs qui tiennent à la fois du flibustier et du calculateur : le but est alors d’étendre les affaires et les profits sans limite, d’obtenir des gains de plus en plus rapides, de prendre d’assaut le client et d’obtenir la suppression de ce qui fait obstacle à la course au gain (d’où la formulation d’un libéralisme de plus en plus radical, qui culmine aujourd’hui dans le mondialisme libre-échangiste). C’est la mutation culturelle du capitalisme qu’a analysée au XXème siècle le sociologue Daniel Bell.

Marx a, de son côté, mis en lumière comment la bourgeoisie avait, aux XVIIIème et XIXème siècles, contribué à rompre avec l’ordre ancien : en particulier, comment elle détruisait les institutions traditionnelles comme la famille et la nation, en substituant la logique contractuelle à celle des liens naturels. L’évolution de l’idéologie des droits de l’homme – création de la petite bourgeoisie au XVIIIème – confirme la pertinence de cette analyse, puisque la revendication de ces « droits » est devenue aujourd’hui un moyen de dissoudre les droits de la citoyenneté, de la nationalité et les identités, perçus comme autant d’obstacles au triomphe du marché (ce qui explique pourquoi les grandes entreprises s’y rallient (comme pour la discrimination positive, par exemple). Il a aussi mis en lumière que la tendance profonde du capitalisme à la concentration et à la financiarisation sapait la propriété et la liberté individuelles, qui étaient pourtant les ressorts initiaux du système.

(...) Donoso Cortes définissait la bourgeoisie comme une « classe discutante », c’est-à-dire qui discutait, contestait toute autorité autre que la sienne. La Superclasse mondiale (SCM) est, elle, une « classe méprisante », qui n’a que mépris pour son prochain, réduit à l’état de ressource (humaine). Il suffit de voir comment les membres de cette oligarchie parlent de leurs concitoyens (les gens, les français, …) ou traitent leurs opposants.

La SCM est ainsi atteinte de démesure : depuis la chute du fascisme, du communisme et la marginalisation du catholicisme, elle croit à son élection historique sinon divine. Elle croit qu’elle a le droit de faire le bonheur des gens malgré eux, et de tout bouleverser (elle dit « moderniser ») pour que son règne arrive.

(source)

Je ne saurais trop vous conseiller la lecture édifiante de ce passionnant article de Michel Geoffroy, chez Polémia.