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21/11/2006

L'autre 1936

 

De tous les grands conflits du XXeme siècle, la guerre d’Espagne est un de ceux qui ont le plus divisé l’opinion en Europe et aux Etats-Unis.

Les interprétations de la tragédie Espagnole sont aussi diverses que contradictoires : à gauche, l’histoire favorable au Frente Popular est majoritairement communiste, marxiste, mais elle est aussi anarchiste, trotskyste, ou social-démocrate ; A droite, l’histoire des vainqueurs a d’abord été Franquiste de façon unilatérale. Mais, au fil des ans, le bloc s’est lézardé, et la vision étroitement franquiste a cédé la place à pluralité de versions au sein du camp national  (monarchistes conservateurs, républicains libéraux ou phalangistes).

A l’étranger, au lendemain de la tragédie et encore aujourd’hui, on oppose de façon simpliste la légende noire du franquisme, à la légende dorée de la république.

 

 

Depuis la mort de Franco, en 1975, la transition démocratique Espagnole, reposait avec sagesse sur un consensus tacite, consistant à ne pas exploiter les souvenirs de la guerre à des fins partisanes.

Malheureusement, à partir de 1990, l’attitude du gouvernement socialiste, des medias et des milieux académiques s’infléchit notablement, avec un raz de marée culturel néo socialiste et post marxiste faisant resurgir une histoire manichéenne dominante. Gagnée par l’atmosphère « antifasciste », libérale ou marxiste qui règne un peu partout en Europe, les grands medias n’hésitent plus à reproduire les vieilles thèses caricaturales propagées par la gauche marxiste de l’après-guerre, y compris sous le gouvernement de droite d’Aznar et à fortiori actuellement avec Zapatero. Par exemple, le journaliste vedette d’El Pais, équivalent Espagnol du monde, Eduardo Haro écrivant : " Merci Staline pour tout,.pour l’aide a la république, pour les brigades internationales, pour l’accueil des petits enfants républicains qui fuyaient la guerre et le fascisme "!(El pais, 02 janvier 2005)

Plusieurs historiens de renom ont heureusement, par leur travaux, permis de corriger une vision manichéenne de la « guerra civil », sans marquer pour autant la moindre complaisance à l’égard de la dictature Franquiste : il faut citer Pio Moa (la guerre civile Espagnole ,Ed Tallandier, 2006), Stanley Peyne (universitaire Américain, grand spécialiste de l’histoire Espagnole contemporaine), et Bartolome Benassar dont la biographie du Caudillo fait référence.medium_guerra_espana_s22.jpg

Pour certains auteurs, dont Stanley Peyne et Pio Moa, le début de la guerre civile espagnole se situe, non pas en 1936, mais en 1934 avec la « révolution » des Asturies , soulèvement de mineurs misérables, instrumentalisés par une coalition de gauche en voie de radicalisation accelerée, et en réponse a un « danger fasciste » représente par une coalition de centre droit (Leroux-Robles), parfaitement constitutionnelle et respectueuse de la légalité républicaine. Le véritable enjeu était que la gauche avait perdu le pouvoir en 1933, après avoir gouverne 2 ans, et qu’elle n’admettait pas que ses adversaires puissent remettre en cause les reformes réalisées durant cette période. La réthorique « antifasciste » étant le moyen habituel, propre au Komintern, de stigmatiser l’adversaire. Un point clef également est la « bolchevisation » du mouvement socialiste Espagnol de l’époque  qui avait donc choisi clairement la voie revolutionnaire, au mépris de la légalité républicaine. L’insurrection de 1934 avait pour objectif l’instauration d’un régime excluant du système politique une grande partie de la société (conservatrice, catholique) et qui par un dirigisme massif aurait permis l’érection du socialisme triomphant.

 

medium_asturies.jpgGlobalement, cette courte période républicaine (1931-1936), succédant a la dictature du général Primo de Rivera (1923-1930), se caractérise par un climat insurrectionnel permanent mettant en cause la quasi –totalité des organisations politiques et syndicales (anarchistes en 1931 et 1932, putsch droitiste du général Sanjurjo en 1932, socialo communistes en 1934, nationalistes catalans et libéraux de gauche en 1936).

En février 1936, les élections se déroulèrent dans des circonstances anormales et violentes. Les droites et les gauches eurent sensiblement le même nombre de voix, mais en raison du système électoral, ces dernières obtinrent une majorité de sièges aux Cortes (députés et sénateurs). Devant la victoire de ceux qui avaient organisé l’insurrection de 1934, la panique s’empara de toutes les droites. Elles appuyèrent alors le secteur de gauche le moins extrémiste, que dirigeait le chef du gouvernement Azana, dans l’espoir qu’il pourrait freiner les révolutionnaires, ce qu’il ne fit pas. Dans la rue les partis « ouvriers » imposèrent leur loi et la violence. Au sommet Azana refusa d’appliquer la constitution et destitua, de façon illégale, le président de la république Zamora, centriste trop conservateur et perdant de fait toute légitimité En cinq mois, plus de 300 personnes moururent victimes d’attentats et de batailles de rue. Des centaines d’église, des dizaines de locaux politiques et de journaux de droite furent détruits. Les grèves sauvages se succédèrent tandis que les règlements de comptes entre socialistes et anarchistes faisaient rage, la police d’Azana poursuivant les membres des partis de droites, à l’exclusion des autres.

Dans ce climat insurrectionnel et de guerre civile, plusieurs groupes d’officiers conspiraient. Les uns, les plus nombreux, pour rétablir un ordre républicain, les autres souhaitant restaurer la monarchie.

Le chaos culmina avec l’assassinat de Calvo Sotelo, leader de droite charismatique et l’attentat raté contre l’autre grande figure conservatrice, Gil Robles : l’émotion fut immense et provoqua le soulèvement des officiers, dont Francisco Franco.medium_IgnacioIglesias.jpg

 

Si l’on s’en tient donc aux faits, il est clair qu’il n’y avait pas de menace fasciste en juillet 1936, mais une menace croissante de révolution violente, véritable cause de la guerre civile. Gravement ébranlée par l’insurrection de 1934, la république s’effondra entre février et juillet 36 ; Le Frente Popular s’auto proclama « republicain » pendant la guerre, mais pour des raisons de propagande, visant a faire passer le soulèvement militaire conservateur pour « fasciste ». En juin 36 la république n’était plus et avait cède la place à un régime marqué par l’influence croissante des communistes révolutionnaires, qui ne put se stabiliser en raison de sa défaite militaire, mais qui était très proche des « démocraties populaires » de l’Europe de l’Est d’après-guerre.