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18/05/2008

Mauriac, Ségolène et l'eslavage

« En 1914, à la veille de la guerre, Barrès revenait d’un voyage au Proche Orient. Partout, il y avait admiré nos instituts et nos écoles prospères encore, mais les maîtres allaient manquer puisque les noviciats étaient interdits en France. Barrès alla donc trouver Jaurès : « Monsieur Jaurès, lui dis-je, je viens d’aller par terre de Beyrouth à Constantinople, après un arrêt à Alexandrie. Précédemment, j’avais visité la Grèce et l’Egypte. Savez-vous à quel point, dans tous ces pays, c’est notre esprit qui domine ? » Mais faute de recrutement, ces écoles étaient menacées de ruine. Il fallait que Jaurès aidât Barrès à rouvrir les noviciats de France, sinon l’Allemagne, dont la situation économique dans le Levant l’emportait déjà sur la nôtre, se substituerait à nous.

La réponse de Jaurès fût étonnante : « Monsieur Barrès, il est fatal et légitime que la prépondérance intellectuelle appartienne à celui qui possède la prépondérance économique. Je ne m’associerais pas à votre campagne. » »

 François Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, éditions du seuil, p.416.

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«Le cercle des économistes n'épargne pas Ségolène Royal

Après Éric Woerth, Didier Migaud et Valérie Pécresse, c'était au tour de Ségolène Royal d'être l'invitée, mardi, du Cercle des économistes, club d'une trentaine d'économistes réputés présidé par Jean-Hervé Lorenzi. Le dîner-débat, organisé à Paris dans le célèbre restaurant Chez Laurent, a tourné au vinaigre. Effarés par les assertions de l'ex-candidate à la présidentielle et par ses perpétuelles comparaisons des enjeux économiques mondiaux avec ceux de la Région Poitou-Charentes, les experts, de droite comme de gauche, ont voulu la pousser dans ses retranchements. À court d'arguments, Ségolène Royal a menacé de quitter la table, arguant qu'elle n'était pas venue «repasser le bac». «Mais il est bien question du bac ! Nous sommes tous profs à Polytechnique ou à l'université. Il y a effectivement erreur sur le niveau», s'est moqué l'un d'eux. »

Source : http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/05/16/01001-20080516ARTFIG00702-confidentiel-le-cercle-des-economistes-tacle-royal.php

Ma première réaction fut bien sûr de railler, publiquement qui plus est, la pintade du Poitou.1416701990.jpg Aprés coup, il est difficile de ne pas être consterné par la médiocrité de celle qui fût la candidate socialiste officielle aux dernières élections présidentielles Françaises, avec le bonheur que l’on sait, et qui ambitionne ouvertement à l’heure ou j’écris ces lignes, la direction du Parti Socialiste Français et une nouvelle candidature aux prochaines présidentielles. Mauriac qui toute sa vie plaida pour la constitution d’un grand parti de gauche, libéral et anti marxiste, et qui dénonça sans aménité la médiocrité, la corruption et l’amateurisme dramatique de nombreuses personnalités politiques de gauche comme de droite, certes dans un contexte politique et historique particulièrement tragique (guerres de décolonisation, expédition de Suez), n’aurait pas le recours en 2008 d’un Pierre Mendés France ou d’un Charles de Gaulle…

Il est devenu un lieu commun de prétendre que les Français ont les élites politiques qu’ils méritent. Je ne peux m’empêcher pourtant de penser qu’il existe, au sein des appareils politiques et voire au dehors, des hommes ou des femmes autrement plus brillants et respectables que nos leaders actuels, tous bords confondus. Leur invisibilité pose question.

*

S’il est toujours heureux de voir un homme d’état se pencher sur l’enseignement de l’histoire fait aux enfants et aux étudiants, il est permis de se demander, à la lecture de cet article du JDD (http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200819/l-esclavage-au-pro...), si ce n’est pas plutôt de mémoire dont il s’agit et, facteur aggravant, de mémoire communautaire.
"Assumons notre Histoire, a justifié Nicolas Sarkozy. Nous devons pouvoir tout dire".

D’accord, disons leur tout.

Apprenons donc aux enfants que la traite esclavagiste a été le propre de toutes les civilisations antiques, sans exception.

Disons-leur qu’avant que le premier homme blanc ne mette un pied sur le littoral Africain, il existait des royaumes noirs spécialisés dans la capture et la revente d’esclaves noirs (royaumes d’Abomey ou d’Oyo par exemple en Afrique de l’Ouest. Cf les travaux de J Heers et B Lugan pour ré information) représentant une traite esclavagiste noire intra Africaine. Disons-leur que l’Orient préislamique puis islamique constitua une filière esclavagiste majeure (traites trans saharienne, égyptiennes et zanzibarite, (cf. un post précédent : http://hoplite.hautetfort.com/tag/esclaves) durant des millénaires.

Disons-leur que c’est la colonisation Européenne en Afrique qui mit fin à la traite esclavagiste Africaine (abolition de la traite noire intra africaine et de la traite transatlantique occidentale sous l’influence de lobbys philanthropiques européens, chrétiens notamment, et interruption des routes esclavagistes musulmanes).

Disons leur qu’en 1962 existaient encore à la Mecque et au Yémen des marchés aux esclaves.

Disons-leur que c’est le christianisme qui mit fin à l’esclavage dans l’empire Romain d’Occident puis d’Orient lorsqu’il devint la religion officielle de l’empereur et de l’Empire.

Mais pour dire cela à nos enfants il faudrait des professeurs qui connaissent l’histoire de la traite esclavagiste et qui soient mus par la seule volonté de dire le vrai et non, jour après jour, d’instruire le procès à charge de l’Occident et de lui seul.

Gageons que notre président, dont la culture générale ne doit pas dépasser de loin celle de Mme Royal, ne dût pas résister longtemps aux pressions intéressées de quelques officines communautaires spécialisées dans la repentance nationale. Les sinistres lois Gayssot (qu’un apparatchik communiste puisse laisser son nom à ce genre de loi mémorielle est en soi assez éloquent) ou Taubira sont sans nul doute un exemple à suivre, n’en doutons pas.

1541687682.jpgEt cela n'est évidemment ni une apologie de la colonisation ni un plaidoyer pro domo, mais seulement une vision de l'histoire me paraissant plus honnête.

Bon dimanche quand même.