30/08/2008
Souvenir des Indes
« La vie du soldat est une vie très dure, parfois mêlée de réels dangers.. »
Les réactions extraordinaires, pour le moins excessivement compassionnelles, à la mort dramatique mais néanmoins peu surprenante de quelques soldats Français dans quelque pays exotique et dans la meilleure tradition coloniale, me rappellèrent instantanément cette assertion du pontifiant major Parker de l’état major du colonel Bramble durant la première guerre mondiale. Inutile d’en dire plus.
Du spirituel docteur O’Grady : « L’amour de l’humanité est un état pathologique d’origine sexuelle qui se produit fréquemment à l’époque de la puberté chez les intellectuels timides : le phosphore en excès dans l’organisme doit s’évacuer d’une façon quelconque. »
Le même major Parker décrivant la chasse à dos d’éléphant : « Vous êtes debout sur votre bête, solidement attaché par une jambe, et vous vous portez dans le vide tandis que l’éléphant galope : c’est vraiment très excitant.
-Je le crois sans peine, dit Aurelle.
-Oui, mais si vous l’essayez, dit le colonel à Aurelle avec sollicitude, n’oubliez pas de descendre par la queue aussi vite que vous pourrez si votre éléphant rencontre un terrain marécageux. Son mouvement instinctif, s’il sent le sol se dérober sous lui, est de vous saisir avec sa trompe et de vous déposer sur le sol devant lui pour s’agenouiller sur quelque chose de solide.
-J’y penserai, sir, dit Aurelle. »
Aurelle, le narrateur, dans son journal du 13 janvier 1917 : « Un petit téléphoniste anglais qui est venu réparer notre appareil me dit : « Les téléphones, Monsieur, c’est comme les femmes…au fond, personne n’y comprend rien…un beau jour, rien ne va plus…on cherche pourquoi, on ne trouve pas…puis on les secoue, on jure et tout va bien. » »
Le colonel Bramble lui-même, entre deux borborygmes : « Lorsque j’étais aux Indes, un vieux médecin militaire m’a donné pour toutes les maladies des remèdes dont je me suis bien trouvé : contre les battements de cœur, un grand verre de brandy ; contre les insomnies, trois ou quatre verres de porto après le dîner ; pour les maux d’estomac, une bouteille de champagne bien sec, à chaque repas. Et tant que l’on se porte bien, whisky and soda. »
17:56 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : les silences du colonel bramble, andré maurois
Commentaires
Savoureux ! Voilà qui donne envie de relire Maurois, découvert à 15 ou 16 ans et bien oublié depuis.
Écrit par : Didier Goux | 31/08/2008
n'est-ce pas?
Écrit par : hoplite | 31/08/2008
C'est commandé !
Écrit par : Didier Goux | 31/08/2008
didier, ce grand biographe qu'était Maurois à écrit une biographie de Lyautey d'une justesse extraordinaire. A lire absolument, si ce n'est déjà fait...
Écrit par : hoplite | 31/08/2008
Non, je n'ai lu que le livre qu'il a consacré à Proust.
Écrit par : Didier Goux | 01/09/2008
Je me vautre, depuis hier, dans les silences du colonel Bramble. Et, du coup, vous rends chez moi l'hommage que vous méritez...
http://didiergouxbis.blogspot.com/
Écrit par : Didier Goux | 04/09/2008
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