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17/02/2009

homo economicus et homo osmanus

« La conception de l’homme comme animal/être économique (l’homo économicus d’ Adam Smith et de son école) est le symbole, le signe même, qui connote à la fois le capitalisme bourgeois et le socialisme marxiste. Libéralisme et marxisme sont nés comme les deux pôles opposés d’un même système de valeurs économiques. L’un défend l’exploiteur, l’autre défend l’exploité –mais dans les deux cas, on ne sort pas de l’aliénation économique. Libéraux (ou néo-libéraux) et marxistes sont d’accord sur un point essentiel : pour eux, la fonction déterminante d’une société, c’est l’économie. C’est elle qui constitue l’infrastructure réelle de tout groupe humain. Ce sont visu1.jpgses lois qui permettent d’apprécier scientifiquement l’activité de l’homme et d’en prévoir les comportements. Dans l’activité économique, les marxistes donnent le rôle prédominant au mode de production ; les libéraux eux, le donnent au marché. C’est le mode de production ou le mode de consommation (économie de départ ou économie d’arrivée) qui détermine la structure sociale. Dans cette conception, le bien-être matériel est le seul but que consent à s’assigner la société civile. Et le moyen adapté à ce but est le plein exercice de l’activité économique. »

(...) Au fur et à mesure que le temps a passé, ces deux ensembles que formaient le peuple et l'aristocratie se sont trouvés séparés par un fossé de plus en plus en plus grand, et c'est dans ce fossé que s'est installée la classe bourgeoise. L'avènement de cette plèbe enrichie, aux yeux de laquelle le rang social n'est qu'une affaire de biens extérieurs à l'homme, a représenté par rapport aux sociétés européennes telles qu'elles s'étaient plus ou moins maintenues jusqu'à la Renaissance, un véritable renversement des valeurs: la classe qui, jusqu'alors, s'était essentiellement définie par le négoce des biens réclamait pour elle la fonction souveraine, à la quelle elle avait été auparavant strictement assujettie.

L'une des conséquences de la venue au pouvoir de la bourgeoisie, amorcée sous la monarchie, confirmée par la Révolution, institutionnalisée sous la République, a été la substitution, somme toute logique, et chaque fois qu'il a été possible, de l'économique au politique. Ce n'est pas sans raison que Max Weber reprochait à la bourgeoisie son esprit "non historique et non politique", et qu'il lui déniait toute capacité proprement politique. Le sentiment aristocratique conduit en effet à penser que toute activité économique possède un aspect politique, qui est le plus important. D'ou cette réflexion de Max Weber: "Le véritable fond du problème de politique sociale n'est pas une question qui concerne la situation économique des gouvernés, mais la qualification politique des classes dominantes et montantes".

 

Alain de Benoist, Les idées à l’endroit, Hallier, 1979.

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jellyfish-house-ottoman-quinze-milan.jpg« Considérer la Turquie telle qu’elle était au règne de François Ier, comme une puissance utile à notre politique, c’est retrancher trois siècles de l’histoire.

Prétendre civiliser la Turquie en lui donnant des bateaux à vapeur et des chemins de fer, en disciplinant ses armées, ce n’est pas étendre la civilisation en Orient, c’est introduire la barbarie en Occident ; des Ibrahims futurs pourront ramener l’avenir au temps de Charles Martel, ou au temps du siège de Vienne…Je dois remarquer que j’ai été le seul, avec Benjamin Constant, à signaler l’imprévoyance des gouvernements chrétiens : un peuple dont l’ordre social est fondé sur l’esclavage et la polygamie est un peuple qu’il faut renvoyer aux steppes des Mongols.

Il est bien difficile de prévoir quelle sera la conduite d’une race d’homme qui n’ont point les idées européennes. A la fois rusés comme des esclaves et orgueilleux comme des tyrans, la colère n’est jamais chez eux tempérée que par la peur.

En principe de grande civilisation, l’espèce humaine ne peut que gagner à la destruction de l’empire Ottoman : mieux vaut mille fois pour les peuples la domination de la croix à Constantinople que celle du Croissant…tous les germes de la destruction sociale sont dans la religion de Mahomet. On dit que le sultan actuel a fait des pas vers la civilisation…Depuis quand l’apprentissage machinal des armes est-il la civilisation ? C’est une faute énorme, c’est presque un crime, d’avoir initié les Turcs dans la science de notre tactique.

Vous ne voulez pas planter la croix sur Sainte Sophie ? Continuez de discipliner des hordes de Turcs, d’Albanais, de Nègres et d’Arabes, et, avant vingt ans peut-être, le croissant brillera sur Saint Pierre. Appellerez-vous alors l’Europe à une croisade contre des infidèles armés de la peste, de l’esclavage et du Coran ? Il sera trop tard. »

 

Chateaubriand, Mémoires d’outre tombe, Lettre à Madame Récamier, 1828.

Commentaires

Mais mais mais ... ce n'est pas Adriana ! Vous lui faites des infidélités ?

Au fait, merci pour Homère, la traduction que vous m'aviez conseillée (bien que par défaut) est effectivement bien meilleure que celle qui était en ma possesion.

Petit conseil donc : ne pas lire Homère dans la Pléiade.

Écrit par : Jean-Pierre | 17/02/2009

pas d'inquiétude, jp, adriana hante ce blog, comme junger...

le seul ouvrage de la pléiade en ma possession est la compilation des journaux de guerre de Junger, évidemment indispensable. pas très facile à lire, pour autant (je parle du format, pas de la prose de Junger...)

Écrit par : hoplite | 17/02/2009

Ce n'est pas très facile à lire, surtout pour le papier Bible, c'est insupportable. A chaque page on a peur de tout déchirer. Et quand bien même on ne déchire rien que les pages se chiffonnent de toute façon quand on les tourne.

Mais enfin bon, c'est la Pléïade n'est-ce pas...

Écrit par : Jean-Pierre | 17/02/2009

Vos choix d'extraits de livres sont lumineux et novateurs ! Pour le prochain forum du GRECE, je peux vous nommer modérateur auprès d'Ortolan si vous le désirez

Écrit par : Herode | 19/02/2009

Qui est cet Alain de Benoist ? Un pur génie ?

Écrit par : tartuffe | 19/02/2009

hérode, je ne pense pas avoir les qualités requises pour la tâche en question...ne connaissait pas même l'existence d'un forum du GRECE...c'est dire! (ne minore en rien l'intérèt que je porte à l'oeuvre d'ADB). merci herode

ADB est un philosophe injustement peu lu et peu médiatisé. cela n'est qu'une question de temps. la médiocrité de la vie intellectuelle française actuelle y est sans doute pour beaucoup.

Écrit par : hoplite | 19/02/2009

Les commentaires sont fermés.