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15/04/2015

Welcome™

 L'immigration clandestine pour les bobos lecteurs de Télérama et autres activistes clandestinophiles:

et pour les européens en prise avec le réel..


 

25/03/2015

populisme nauséabond

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« Pour ne prendre qu’un seul exemple, il y a bien peu de chances que le mot d’ordre « Volem viure al païs », qui fut, comme on l’a peut-être oublié, l’étendard des paysans du Larzac, soit désormais perçu par un jeune téléspectateur autrement que comme un appel Poujadiste à rejoindre la bête immonde. Pour comprendre comment on a pu en arriver là, il est donc nécessaire de rappeler quelques faits.  C’est en 1983-1984 –comme on le sait- que la Gauche française dut officiellement renoncer  (car, dans la pratique, ce renoncement lui était, depuis longtemps, consubstantiel) à présenter la rupture avec le capitalisme comme l’axe fondamental de son programme politique. C’est donc à la même époque qu’elle se retrouva dans la difficile obligation intellectuelle d’inventer, à l’usage des électeurs, et tout particulièrement de la jeunesse, un idéal de substitution à la fois plausible et compatible avec la mondialisation, maintenant célébrée, du libre-échange. Ce sera, on le sait, la célèbre lutte « contre le racisme, l’intolérance et toutes les formes d’exclusion », lutte nécéssitant, bien sûr, parallèlement à la création sur ordre de diverses organisations antiracistes, la construction méthodique des conditions politiques (par exemple, l’institution, le temps d’un scrutin, du système proportionnel) destinées à permettre l’indispensable installation  d’un « Front National » dans le nouveau paysage politique. C’est donc précisément dans cette période très trouble et très curieuse –pour tout dire très Mitterrandienne- que les médias officiels furent amenés progressivement à donner au mot de populisme- qui appartenait jusque là à une tradition révolutionnaire estimable- le sens qui est désormais le sien sous le règne de la pensée unique. »

(JC Michéa, L’enseignement de l’ignorance, Climats 2000, p.49)

« Elue par la mondialisation, une Nouvelle Classe politique médiatique s'est mise en place, qui associe dans un même élitisme de la richesse et du paraître, dirigeants politiques, hommes d'affaires et représentants des médias, tous intimement liés les uns aux autres (hors caméra, ils se tutoient et s'appellent par leurs prénoms) tous convaincus de la « dangerosité » des aspirations populaires. Alexandre Zinoviev, pour désigner cette Nouvelle Classe parlait de « supra-société ». Confrontée à un peuple qu'elle redoute et qu'elle méprise à la fois, elle constitue une autorité oligarchique qui s'emploie avant tout à préserver ses privilèges et à réserver l'accès du pouvoir à ceux qui émanent de ses rangs. Ce mépris du peuple s'alimente bien entendu de la critique d'un « populisme » assimilé désormais à n'importe quelle forme de démagogie ou d'  « irrationalisme » de masse. Qui parle aujourd'hui du peuple s'expose par là même au reproche de « populisme ». Devenu une injure politique, le populisme est présenté comme une sorte de perpétuelle « maladie infantile » de la démocratie, dans une perspective à la fois péjorative et disqualifiante. Le recours au « populisme » fournit ainsi à la mise à l'écart du peuple une justification théorique, sinon savante. »

(Alain de Benoist, Krisis 2008)

« Il faut toujours rappeler qu'il y a peu de temps encore, le terme de « populisme » était employé de façon tout à fait positive pour désigner certains mouvements révolutionnaires issus des traditions russes et américaines de la deuxième moitié du XIXème siècle. Ce n'est que depuis quelques années que Le Monde et les autres médias officiels se sont employés, avec beaucoup de cynisme, à conférer à ce terme (en lui-même irréprochable pour un démocrate) le sens infâmant qui est maintenant le sien) ; cela à seule fin, bien sûr, de pouvoir diaboliser comme « fasciste » ou « réactionnaire » toute inquiétude ou perplexité du peuple à l'endroit des décisions qui modifient sa vie, et que prend l'oligarchie régnante dans le silence de ses bureaux, après consultation de ses prétendus « experts ».

(Jean Claude Michéa, Les intellectuels, le peuple et le ballon rond, Climats 1998)

«  (…) La meilleure façon de comprendre les conflits culturels qui ont bouleversé l’Amérique depuis les années 60 est d’y voir une forme de guerre des classes, dans laquelle une élite éclairée (telle est l’idée qu’elle se fait d’elle-même) entreprend moins d’imposer ses valeurs à la majorité (majorité qu’elle perçoit comme incorrigiblement raciste, sexiste, provinciale et xénophobe), encore moins de persuader la majorité au moyen d’un débat public rationnel, que de créer des institutions parallèles ou « alternatives »dans lesquelles elle ne sera plus du tout obligée d’affronter face à face les masses ignorantes. »

«  (…) De nos jours, la croyance est largement répandue, du moins chez les membres de la classe charitable [éprise de l’idéologie de la compassion] que les normes sont, par essence, oppressive, que, bien loin d’être impersonnelles, elles exercent une discrimination contre les femmes, les Noirs et les minorités en général. On nous dit que les normes reflètent l’hégémonie culturelle des DWEM (dead white european males/ hommes européens blancs et morts). La compassion nous oblige à reconnaître l’injustice qu’il y a à les imposer à tous les autres. Quand l’idéologie de la compassion mène à ce type d’absurdité, il est temps de la remettre en cause. La compassion est devenue le visage humain du mépris. Autrefois la démocratie sous-entendait l’opposition à toutes formes de normes inégales. Aujourd’hui nous acceptons les normes inégales –comme toujours elles anticipent la citoyenneté à deux vitesses- au nom du souci humanitaire. Comme nous avons renoncé à l’effort d’élever le niveau général de compétence, -ce qui était la signification ancienne de la démocratie- nous nous satisfaisons de l’institutionnalisation de la compétence dans la classe charitable, qui s’arroge la tâche de s’occuper de tous les autres.

Dans l’idée que je m’en fais, le populisme souscrit sans équivoque au principe du respect. C’est entre autres pour cette raison que l’on doit préférer le populisme au communautarisme, trop prompt au compromis avec l’Etat providence et à adhérer à son idéologie de la compassion. Le populisme a toujours rejeté une politique fondée sur la déférence aussi bien que sur la pitié. Il est attaché à des manières simples et à un discours simple et direct. Les titres et autres symboles d’un rang social éminent de l’impressionnent pas, pas plus que les revendications de supériorité morale formulées au nom des opprimés. Il rejette une « option préférentielle pour les pauvres » si cela signifie traiter les pauvres comme les victimes impuissantes des circonstances, les exempter de toute possibilité d’être tenus pour responsables, ou bien excuser leur faiblesse au motif que la pauvreté porte avec elle une présomption d’innocence. Le populisme est la voix authentique de la démocratie. Il postule que les individus ont droit au respect tant qu’ils ne s’en montrent pas indignes, mais ils doivent assumer la responsabilité d’eux-mêmes et de leurs actes. Il est réticent à faire des exceptions ou à suspendre son jugement au motif que « c’est la faute à la société ». Le populisme est enclin aux jugements moraux, ce qui, de nos jours, semble en soi péjoratif, marque suffisante de l’affaiblissement de notre capacité à juger de manière discriminante par le climat moral de « souci » humanitaire. »

Christopher Lasch, La révolte des élites, 1995.


podcast

12/11/2014

Anatomie du chaos (n+1) : la tradition congédiée ou l’homme sans racines

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« Dans le système libéral, seule compte la dimension individuelle –assortie de son antithèse, l’« humanité » : toutes les dimensions intermédiaires, nations, peuples, cultures, ethnies, etc. tendent à être niées, disqualifiées (en tant que « produits » de l’action politique et historique et en tant qu’ « obstacles » à la liberté du commerce) ou considérées comme insignifiantes. L’intérêt individuel prime l’intérêt communautaire. Les « droits de l’homme » concernent exclusivement l’individu isolé ou « l’humanité ». Les individus réels sont perçus comme des reflets, des incarnations d’un concept abstrait d’Individu universel. La société, que la Tradition européenne regardait comme intégrant l’individu, (au sens où l’organisme intègre les organes qui le composent dans un ordre supérieur), se voit dépouillée de ses propriétés spécifiques : elle n’est plus qu’une somme de propriétés individuelles. La nation n’est plus rien d’autre que l’addition de ses habitants à un moment donné. (…)

A la conception organique de la société, dérivée de l’observation du monde vivant, se substitue une conception mécanique, inspirée d’une physique sociale. On nie que l’Etat puisse s’assimiler à la famille (Locke), on nie que la société soit un corps, etc. De fait, l’une des caractéristiques majeures de l’économie libérale est son indifférence et son irresponsabilité vis-à-vis des héritages culturels, des identités collectives, des patrimoines et des intérêts nationaux. La vente à l’étranger des richesses artistiques nationales, l’interprétation de l’ « utilité » en termes de rentabilité commerciale à court terme, la dispersion des populations et l’organisation systématique des migrations, la cession à des sociétés multinationales de la propriété ou de la gestion de secteurs entiers des économies ou des technologies nationales, la libre diffusion des modes culturelles exotiques, l’assujettissement des media à des façons de concevoir et de parler liées au développement des superpuissances politiques ou idéologiques du moment, etc. –toutes ces caractéristiques des sociétés occidentales actuelles dérivent logiquement de la mise en œuvre des principaux postulats de la doctrine libérale. L’enracinement, qui exige une certaine continuité culturelle et une relative stabilité des conditions de vie, ne peut que se heurter au leitmotiv du nomadisme permissif que résume le principe libéral : « Laisser faire, laisser passer ».

« (…) La tradition, ça n’est pas le passé : voilà ce qu’il ne faut pas cesser de dire et de redire. La tradition n’a ni plus ni moins à voir avec le passé qu’avec le présent et l’avenir. Elle est au-delà du temps. Elle ne se rapporte pas à ce qui est ancien, ce qui est derrière nous, mais à ce qui est permanent, à ce qui est au-dedans de nous. Elle n’est pas le contraire de la novation mais le cadre dans lequel doivent s’effectuer les novations pour être significatives et durables. Il faut d’ailleurs en finir avec cette conception linéaire de l’histoire où le passé, le présent et le futur, correspondent à trois moments séparés.

La tradition renvoie à ce qui vient d’au-delà de toutes les évidences et de tous les objets qui se définissent dans celles-ci. Elle renvoie à la continuité qui permet à la discontinuité des événements de notre passé de ne pas apparaître comme des « actes gratuits », des créations ex nihilo ou des positions dépourvues de sens. C’est grâce à elle que les événements dont se constitue notre histoire peuvent renvoyer à un même souci, s’inscrire dans une même structure, se laisser interpréter à la lumière d’un même attachement séculaire pour ce qui, parmi tous les actes de notre passé, nous parait digne d’être sauvé et, par suite, tiré vers le présent afin d’y être (ré)actualisé.

Ce lien obscur auquel renvoie la notion de tradition et par lequel se transmet l’héritage au présent, a toujours monopolisé la haine des adversaires de la tradition. Historiquement parlant, l’assaut contre les traditions remonte au XVIIIème siècle. C’est avec la philosophie des Lumières que le terme acquiert pour la première fois une résonance péjorative. Pour l’Aufklärung, la tradition n’est rien d’autre que la somme des préjugés particuliers et des comportements sociaux « irrationnels » auxquels s’oppose la prétendue « universalité de la raison ». Mais ce que dénoncent les philosophes des Lumières, ce n’est pas le simple rappel du passé ni l’évocation plus ou moins littérale de textes et d’évènements ayant déjà eu lieu, mais bien l’évocation, l’actualisation des pratiques sociales et des comportements collectifs inéluctablement liés à ces textes et à ces évènements dés lors que ceux-ci ne sont pas considérés comme des objets extérieurs ou indifférents, mais comme autant de témoignages sur l’héritage qui nous est propre. Bref, ce qui fait horreur aux tenants de l’Aufklärung, c’est la claire conscience de cette tradition par laquelle le regard posé sur le passé favorise l’enracinement et le sentiment d’appartenance à ce qui nous a précédés. »

« (…) Lorsque les traditions se perdent, on ne les fait pas renaître par un acte d’autorité. Ni par des lamentations. On ne peut qu’en créer de nouvelles ou faire revenir, sous d’autres formes, celles qui existaient à l’origine et qui ont disparu : le très ancien revient alors avec la force du très neuf. Mais, répétons-le, toute véritable tradition est un cadre dans lequel on doit innover constamment. Une tradition qui n’est pas sans cesse (ré)actualisée est une tradition morte et qui a mérité de mourir.. Il ne s’agit donc pas de restaurer ce qui est d’hier mais de donner une forme nouvelle à ce qui est de toujours. Il ne s’agit pas de retourner au passé, mais de se rattacher à lui. Imiter ceux qui ont fondé et transmis une tradition, ce n’est pas seulement retransmettre, c’est fonder à son tour.

Alain de Benoist, Les idées à l’endroit, mars 1979.

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"Tout ce qui peut interrompre une tradition oblige à repartir de l'origine. Et toute origine est sanglante." - Nicolás Gómez Dávila

02/06/2014

anarchist tory

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"Avant d’être une idéologie, l’écologie est d’abord une science, fondée en 1859 par le naturaliste allemand Ernst Haeckel pour étudier les relations entre les êtres vivants et leur milieu naturel. La notion d’« écosystème » a été créée en 1935 par l’Anglais Arthur Tansley. En tant que préoccupation politique, l’apparition de l’écologisme est beaucoup plus tardive. Il a d’abord fleuri à droite, car la droite n’a jamais été fâchée avec la notion de « nature ». Laquelle ne s’est développée à gauche qu’à partir d’une mise en cause de l’idéal productiviste héritée de la pensée des Lumières. Aujourd’hui, on peut dire que l’écologie est à la fois conservatrice et révolutionnaire : conservatrice parce qu’elle vise à préserver des équilibres naturels menacés, révolutionnaire parce que cette préservation implique une rupture radicale avec le modèle de « développement » dominant.

L’ampleur du problème peut être difficilement contestée. Au-delà des polémiques stériles sur les causes, anthropiques ou non, du réchauffement climatique, la réalité est là : pollutions systématiques des paysages et des nappes phréatiques, fonte des banquises, déforestation de l’Amazonie, continents de déchets dérivant sur des océans de plus en plus acides, poissons nourris aux œstrogènes et aux matières plastiques, extinction des espèces, destruction de la chaîne alimentaire, etc. Il faut être d’une extraordinaire inconscience pour ne pas voir que la Terre devient une immense poubelle, et que c’est là une menace gravissime pour l’avenir.

On a longtemps cru que les réserves naturelles étaient inépuisables et gratuites. Elles n’étaient ni l’un ni l’autre. Les combustibles fossiles représentent plus de 80 % de l’approvisionnement énergétique de l’humanité. Or, le pétrole est en passe d’atteindre le « pic » au-delà duquel il ne pourra plus être extrait qu’à rendement décroissant, tandis que la demande ne cesse d’augmenter (elle sera, en 2035, de cinq milliards de tonnes par jour). Autrement dit, il en faudra toujours plus et il y en aura toujours moins, ce qui se traduira par une explosion des prix. La moitié seulement du pétrole étant disponible à l’achat par les pays qui n’en ont pas, une baisse de 20 % de la production dans vingt ans, conjuguée avec l’augmentation de la consommation intérieure des pays producteurs, se traduira mécaniquement par une diminution de 50 % de la part disponible pour les pays non producteurs, à commencer par la France, dont la facture énergétique est déjà de l’ordre de grandeur du déficit de sa balance commerciale. Compte tenu de la relation étroite existant entre la consommation d’énergie fossile et l’activité économique, c’est là un redoutable défi. D’autant que le « développement durable » ne fait que reculer les échéances et que les énergies dites renouvelables (éolienne, photovoltaïque, etc.) sont absolument incapables de prendre le relais.

La vérité est que, la Terre étant un espace fini, elle ne peut être le théâtre d’une croissance matérielle infinie : les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ! Et, n’en déplaise aux défenseurs de la « vie », il en va de même de la population, qui a déjà quadruplé au XXe siècle et augmente aujourd’hui d’un million d’habitants tous les quatre jours et demi, ce qui devrait nous faire passer de 7,2 milliards de bipèdes à plus de 11 milliards en 2100. Si l’on raisonne en termes d’« empreinte écologique », laquelle est égale au nombre d’habitants multiplié par la demande en ressources et en énergie, les États-Unis sont d’ailleurs actuellement le pays le plus peuplé de la planète…(...)" Alain de Benoist, 2014

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13/03/2014

anatomie du chaos, n+1

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« La droite a été la grande vaincue de l’histoire, puisqu’elle a pratiquement perdu tous les combats dans lesquels elle s’est engagée. L’histoire des deux derniers siècles est celle de ses défaites successives. Une telle succession d’échecs donne à penser que la supériorité de ses adversaires s’est surtout nourrie de ses faiblesses. A l’origine, qu’est-ce que la droite possédait en propre de meilleur ? Je dirai, pour faire bref, un système de pensée anti-individualiste et anti-utilitariste, doublée d’une éthique de l’honneur, héritée de l’Ancien Régime. Elle s’opposait par là frontalement à l’idéologie des Lumières, dont le moteur était l’individualisme, le rationalisme, l’axiomatique de l’intérêt et la croyance au progrès. Les valeurs dont elle se réclamait étaient à la fois des valeurs aristocratiques et des valeurs populaires. Sa mission historique était de réaliser l’union naturelle de l’aristocratie et du peuple contre leur ennemi commun : la bourgeoisie, dont les valeurs de classe trouvaient précisément leur légitimation dans la pensée des Lumières. Mais cette union ne s’est réalisée que pendant de très brèves périodes, par exemple au lendemain de la Commune de Paris, jusqu’au moment où les délires antidreyfusards vinrent mettre un terme aux espoirs qu’avait fait naître le boulangisme à ses débuts. La droite tient que l’homme est naturellement social. Cependant, elle n’a jamais développé une théorie cohérente de la communauté ou du lien social. Elle n’a jamais exploré sérieusement l’opposition entre les idéaltypes du soi-propriétaire (l’homme défini par le droit de jouissance de ce dont il est propriétaire, tel que le pose l’individualisme libéral) et le soi lié-à-autrui. Elle n’a jamais été capable non plus de formuler une doctrine économique véritablement alternative du système de la marchandise.
Jean-Pierre Maxence parlait aussi, très justement, de « défaut de contacts populaires » : « On se proclamait “homme du peuple” mais on pensait, plus on sentait, en petit-bourgeois ».


Au lieu de soutenir le mouvement ouvrier et le socialisme naissant, qui représentait une saine réaction contre l’individualisme qu’elle critiquait elle-même, la droite n’a que trop souvent défendu les exploitations humaines les plus affreuses et les inégalités les plus politiquement insupportables. Elle s’est rangée du côté des classes possédantes, participant objectivement de la lutte de la bourgeoisie contre les « partageux » et les « classes dangereuses ». Il y a eu des exceptions, mais rares. Et les théoriciens n’ont que trop souvent été à la remorque de leur public (qu’on pense aux écrits du jeune Maurras en faveur du socialisme et du fédéralisme et à la dérive conservatrice de l’Action française). Défendant la nation, la droite a rarement compris que la nation, c’est avant tout le peuple. Elle a oublié la complémentarité naturelle des valeurs aristocratiques et des valeurs populaires. Au moment du Front populaire, on l’a vu tonner contre la « culture des congés payés ». Elle a toujours préféré l’ordre à la justice, sans comprendre que l’injustice est un suprême désordre, et que l’ordre n’est lui-même bien souvent qu’un désordre établi. Elle aurait pu, comme Herder, développer une philosophie de l’histoire fondée sur la diversité des cultures et la nécessité d’en reconnaître la valeur universelle, ce qui l’aurait amenée à soutenir les luttes en faveur de l’autonomie et de la liberté des peuples, à commencer par les peuples du Tiers-monde, premières victimes de l’idéologie du progrès. Au lieu de cela, elle a défendu le colonialisme, qu’elle avait pourtant à juste titre condamné dans un premier temps (ce qui ne l’empêche pas de se plaindre à l’occasion d’être « envahie » ou « colonisée » à son tour). La droite a oublié que son seul véritable ennemi est l’argent, et qu’elle devait de ce fait s’éprouver comme l’alliée objective de tout ce qui conteste le système de l’argent. Elle est passée par paliers du côté de ce système. Elle était mieux placée que quiconque pour défendre, en les reformulant, des valeurs anti-utilitaristes de gratuité et de désintéressement. Peu à peu, elle s’est convertie à l’axiomatique de l’intérêt et à la défense du marché. Parallèlement, elle est tombée dans l’ordre moral, le militarisme, le nationalisme, qui n’est qu’un individualisme collectif que les premiers contre-révolutionnaires avaient condamné comme tel. Le nationalisme l’a fait tomber dans la métaphysique de la subjectivité, maladie de l’esprit systématisée par les modernes, lui faisant du même coup perdre de vue la notion de vérité. Elle aurait dû être le parti de la générosité, de la « common decency », des communautés organiques ; elle n’est que trop souvent devenue le parti de l’exclusion, de l’égoïsme collectif et du ressentiment. Bref, la droite s’est trahie elle-même quand elle a commencé à accepter l’individualisme, le mode de vie bourgeois, la logique de l’argent, le modèle du marché. »

 
Alain de Benoist, Entretien sur les droites françaises, ici.

02/03/2014

stéréotypophobie

"MAUVAIS GENRE -

Je découvre avec stupéfaction les racines très concrètes de la fumeuse théorie du genre popularisée dans les années 90 aux Etats-Unis par la philosophe Judith Butler qui ne cache pas l’inscription de sa pensée dans la lignée déconstructiviste de Foucault, Deleuze-Guattari et Derrida.

En 1966, les époux Reimer consultent le docteur John Money (1921-2006), sexologue et psychologue néo-zélandais spécialiste de l’hermaphrodisme à l’université américaine Johns Hopkins. Cet homme affirme depuis 1955 que l’identité sexuelle biologique du mâle ou de la femelle ne suffit pas à constituer le genre sexuel du garçon ou de la fille – la thèse cardinale de la Théorie du Genre.  Le problème des Reimer ? La circoncision de David pour des raisons médicales, un phimosis, l’un de leurs jumeaux, a raté : la cautérisation électrique a brûlé le pénis, la verge est calcinée.

Le Docteur Money saisit l’occasion pour prouver expérimentalement la validité de ses hypothèses théoriques. Il invite les parents à éduquer David comme une fille. David devient Brenda. Il subit un traitement hormonal. Quatorze mois plus tard, on lui retire les testicules. Elle est habillée en fille, traitée comme telle. A six ans, il semble devenu une fille. John Money publie des articles et des livres pour défendre la théorie du genre avec ce qui est devenu dans la littérature spécialisée « le cas John / Joan ».

Or David/Brenda grandit douloureusement. Sa voix mue à l’adolescence ; il est attiré par les filles. Le médecin veut lui imposer une vaginoplastie ; il refuse. Money contraint les deux jumeaux à simuler des relations sexuelles pour stimuler le désir de David. A treize ans, David menace de se suicider si ses parents continuent à lui imposer les visites à Money. A quinze ans, le jeune homme  arrête son traitement hormonal et se fait prescrire de la testostérone. Il subit une mastectomie et deux opérations de phalloplastie. Ses problèmes identitaires le détruisent. Il boit. Il suit un traitement médical pour schizophrénie.

Devant sa détresse ses parents lui révèlent enfin la vérité. Brenda redevient ce qu’il était : David. Il épouse une femme. Mais ne trouve ni la paix, ni la sérénité. Il se suicide en 2002 par une overdose de médicaments. Son frère Brian met fin lui aussi à ses jours en 2004. Silence de Money qui avait publié Homme & Femme, Garçon & Fille en 1972 en racontant l’histoire qui prouvait selon lui la validité de ses hypothèses. Précisons qu’il défendait par ailleurs la pédophilie et stigmatisait l’hétérosexualité comme une convention à déconstruire…

En 1997, Milton Diamond, professeur d’anatomie et de biologie reproductrice de l’université de Hawaï, découvre la falsification et la dénonce. Money réplique et dénonce… une conspiration de l’extrême-droite et des mouvements anti-féministes ! Ses partisans épousent son délire : les vrais souvenirs de David sont présentés comme relevant du « syndrome des faux souvenirs »… Autrement dit : le menteur dit vrai ; l’homme qui dit vrai, ment – mais ne le sait pas ! Effet de l’inconscient… Dénégation du réel une fois de plus chez cet homme qui croyait plus juste ses délires que la réalité qui, si la raison ne l’avait pas déserté, lui prouvait pourtant la nature délirante de ses théories.

Judith Butler fait le tour du monde en défendant ces délires. La presse de la bienpensance française de gauche lui ouvre largement ses colonnes. De la même façon que le réel a montré les erreurs de Marx & de Lénine, de Freud & de Lacan, mais qu’il y a toujours des marxistes & des freudiens, le réel a montré en 2002 que la théorie du genre était une fiction dangereuse, mais  quantité de gens souscrivent à cette nouvelle déraison – dont Najat Valaud-Belkacem. Un jour viendra où l’on fera le compte des ravages effectués par cette sidérante idéologie post-moderne. Quand ? Et après quels considérables dommages ?"

La chronique mensuelle de Michel Onfray | N° 106 – Mars 2014


Entretien avec Alain de Benoist sur la théorie... par kontrekulture

21/12/2013

anatomie du chaos (n+1)


Pierre Yves Rougeyron Qui veut la peau de l... par webtele-libre

"Dans la mesure où ses interventions visent à compenser les effets destructeurs du marché, l'Etat-Providence joue d'une certaine manière un rôle de « démarchandisation » de la vie sociale. Cependant, il ne peut pas se substituer intégralement aux formes de protection communautaire qui se sont effondrées sous l'effet du développement industriel, de la montée de l'individualisme et de l'expansion du marché. Par rapport à ces anciennes formes de protection sociale, il présente en effet des caractéristiques qui sont autant de limitations des bénéfices qu'il peut apporter. Alors que les anciennes solidarités reposaient sur un échange de prestations mutuelles qui impliquait la responsabilité de tous, il pousse à la déresponsabilisation et transforme les sociétaires en assistés. Alors que les anciennes solidarités s'inscrivaient dans un réseau de relations concrètes, il se présente comme une machinerie abstraite, anonyme et lointaine, dont on attend tout en pensant ne rien lui devoir. La substitution aux anciennes solidarités, immédiates, d'une solidarité impersonnelle, extérieure et opaque, est donc loin d'être satisfaisante. Elle est au contraire à la source même de la crise actuelle de l'Etat-Providence qui, de par sa nature même, semble voué à ne pouvoir metttre en oeuvre qu'une solidarité économiquement inefficace parce que sociologiquement inadaptée. Comme l'écrit Bernard Enjolras, « dépasser la crise interne de l'Etat- Providence suppose, en conséquence, de retrouver les conditions de production d'une solidarité de proximité », qui sont aussi « les conditions d'une refondation du lien économique, afin de restaurer le synchronisme entre production de richesses et production du social ».

« Tout l'avilissement du monde moderne, écrivait Péguy, c'est-à-dire toute la mise à bas prix du monde moderne, tout l'abaissement du prix vient de ce que le monde moderne a considéré comme négociables des valeurs que le monde antique et le monde chrétien considéraient comme non négociables »29. Dans cet « avilissement », l'idéologie libérale porte une responsabilité majeure, dans la mesure où elle se fonde sur une anthropologie irréaliste et en déduit une série de conséquences erronées." Alain de Benoist, Critique du libéralisme.

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21/08/2013

socialisme introuvable

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"Ce serait une grave erreur de croire que le socialisme (terme employé pour la première fois, dans son sens moderne, par Pierre Leroux en 1831) n’avait pour but, à l’origine, que de réagir contre l’abominable exploitation des masses prolétariennes que la révolution industrielle avait jetées dans les grandes villes et soumises à des conditions de travail bien souvent inhumaines. Les premiers socialistes dénonçaient bien entendu cette exploitation, protestaient contre leurs conditions de travail et exigeaient l’instauration de la justice sociale.

Mais en se dressant contre la classe bourgeoise, ils se dressaient aussi contre le système des valeurs dont celle-ci était porteuse. Toutes les sociétés traditionnelles ont tenu les valeurs économiques et marchandes (caractéristiques de la « troisième fonction » au sens dumézilien du terme) pour des valeurs inférieures ou subordonnées, raison pour laquelle l’économie ne devait surtout pas devenir autonome par rapport à la sphère sociale, à la société globale. L’économie était « encastrée » (embedded, comme le disait Karl Polanyi) dans le social, et le social ne se réduisait évidemment pas à l’économie. C’est à la bourgeoisie, en tant que classe porteuse de valeurs qui lui étaient propres, que revient le « mérite » d’avoir, en même temps qu’elle s’imposait elle-même, et précisément pour pouvoir s’imposer, érigé la sphère économique en sphère autonome d’abord, dominante ensuite. Toute l’histoire européenne peut de ce point de vue se lire comme une histoire de la montée de la bourgeoisie, à la faveur de laquelle se sont progressivement imposés les thèmes dont elle était porteuse : individualisme (contre le sens de l’être-ensemble), culte de l’efficience et de l’utilité (contre l’éthique de l’honneur), axiomatique de l’intérêt (contre le désintéressement).

La bourgeoisie s’est historiquement enfoncée comme un coin dans la structure sociale, rejetant d’un même mouvement les valeurs aristocratiques (qu’elle s’efforçait en même temps de singer sans en comprendre le soubassement, à savoir l’honneur et le désintéressement) et les valeurs populaires (au premier rang desquelles la « décence commune » évoquée par Orwell et dont nous reparlerons). La montée de la bourgeoisie a mis fin à tout ce qui pouvait demeurer de biens communs dans l’existence quotidienne, c’est-à-dire de biens qui n’étaient pas encore assujettis à l’appropriation individuelle, d’espaces de vie qui pouvaient faire l’objet d’une jouissance partagée. En Angleterre, par exemple, le mouvement des enclosures a converti les champs ouverts et les pâturages communs en territoires séparés, possédés individuellement par quelques uns, ce qui a contribué à encourager la rivalité dans le monde rural et donc la désintégration sociale des communautés. Parallèlement, la bourgeoisie s’est employée à monétiser tout ce qui échappait encore auparavant à l’évaluation monétaire. C’est ce que Karl Marx avait déjà constaté dans un célèbre passage du Manifeste du parti communiste, qu’on ne se lasse toutefois pas de citer : « La bourgeoisie là où elle est arrivée au pouvoir a détruit tous les rapports féodaux, patriarcaux, idylliques. Elle a déchiré sans pitié la multiplicité colorée des liens féodaux qui attachaient l’homme à ses supérieurs naturels et elle n’a laissé subsister d’autre lien entre l’homme et l’homme que l’intérêt nu, que le froid “argent comptant”. Elle a noyé dans les eaux glacées du calcul égoïste les frissons sacrés de la piété exaltée, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise. Elle a réduit la dignité personnelle à la valeur d’échange et, à la place des innombrables libertés reconnues par écrit et chèrement conquises, elle a mis la liberté unique et indifférente du commerce. Elle a, en un mot, remplacé l’exploitation déguisée sous les illusions religieuses et politiques par l’exploitation ouverte, cynique, directe, brutale ».

Dans Le Capital, Marx constate aussi qu’« au fond du système capitaliste, il y a la séparation radicale du producteur d’avec les moyens de production ». Le capitalisme est en effet foncièrement séparateur, le mode de production capitaliste reposant sur une double séparation : la séparation des producteurs entre eux et leur « séparation radicale d’avec les moyens de production ». Cette double séparation engendre et généralise, d’une part, le rapport marchand entre les hommes, la société n’étant bientôt plus conçue que sur le modèle du marché, et d’autre part le travail salarié, le salariat étant la forme d’exploitation du travail qui contraint objectivement les travailleurs à se soumettre aux détenteurs du capital et aux propriétaires des moyens de production. Une telle évolution est généralement représentée comme résultant à la fois des « lois de l’histoire » (la nécessité historique dans la version historiciste de l’idéologie du progrès), et d’une « nature » revisitée sous l’angle d’une idéologie oublieuse de ce qui la constitue en propre (le marché est présenté comme la forme « naturelle » de l’échange social, alors qu’il fut en réalité institué à une date relativement récente, l’harmonie économique censée résulter de l’ajustement « spontané » de l’offre et de la demande étant elle aussi présentée comme « naturelle » dans l’apologétique bourgeoise), ce qui permet à l’idéologie dominante, dit encore Marx, de « proclamer comme vérités éternelles les illusions dont le bourgeois aime à peupler son monde à lui, le meilleur des mondes possibles ».

Le libéralisme est fermé à toute perspective sociale, dans la mesure où, fidèle à son réductionnisme intrinsèque, il ne peut analyser la société qu’à partir de l’individu et ne la conçoit que comme une somme d’individus et d’utilités individuelles. La notion de bien commun, c’est-à-dire d’un bien dont la jouissance se situe en amont même de toute possibilité de partage, est vide de sens à ses yeux. « La société n’existe pas », disait Margaret Thatcher. Tout ce que le libéralisme reconnaît, c’est une diversité d’aspirations égoïstes et intéressées, dont il affirme à la fois que le libre mouvement aboutit paradoxalement, par le jeu de la « main invisible », à l’harmonie générale et au « bonheur » de tous, et qu’elle ne saurait se concilier avec l’adhésion collective à une idée partagée de la vie bonne. Du point de vue libéral, il n’y a que des valeurs individuelles, pas de valeurs collectives, pas de projet collectif qui puisse légitimement s’articuler sur elles. Le libéralisme ne voit jamais le caractère collectif des difficultés et des misères individuelles, qu’il a toujours tendance à rabattre sur des circonstances hasardeuses ou sur la psychologie privée. Quant à la politique, elle ne se conçoit dans cette perspective que sous la forme d’une neutralité procédurale, réduite à l’expertise technique et à l’administration gestionnaire « rationnelle », processus de neutralisation qui équivaut à méconnaître et supprimer l’essence même du politique, à savoir qu’une bonne décision politique revient toujours à trancher entre plusieurs possibles au nom de valeurs qui s’incarnent dans un peuple." suite

Alain de Benoist, 2009.

photo: exemple de pseudo-combat de la gauche moderne/libérale (variante: défense des minorités, des clandestins ou de l'homoparentalité, autant de trucs qui n'intéressent personne en fait)

NB: suis en vacances à Cancun avec Julien Dray, je ré-édite donc des posts anciens.

09/07/2013

retour aux sources ou la course vers Haïti


A Lampedusa, le pape exprime sa solidarité avec... par lemondefr

"Le pape François ne va passer que quelques heures sur cette île sicilienne, située à environ 100 km des côtes nord-africaines et 200 km du reste de la Sicile. Alors que son avion s'est posé aux alentours de 9 heures sur l'île, il doit en repartir vers 12h45. Ce déplacement intervient moins d'une heure après le débarquement de 166 migrants d'un bateau secouru par les garde-côtes italiens. Pour cette matinée, François a un programme chargé. De façon très sobre, il jettera une couronne de fleurs à la mer et présidera une messe en hommage aux victimes, muni d'une croix faite de débris des embarcations de fortune des migrants. La cérémonie sera célébrée dans le petit stade local, où furent à une époque accueillis les migrants «dont personne ne voulait ni en Italie ni dans le reste de l'Europe», a indiqué le curé de Lampedusa, à l'origine de la venue de Jorge Bergoglio. source/Figaro

"Pour son premier déplacement hors de Rome, le pape François a choisi de se rendre lundi 8 juillet à Lampedusa, petite île italienne située entre la Tunisie et la Sicile. Il a profité d'une homélie pour exprimer publiquement sa solidarité avec les dizaines de milliers de migrants qui débarquent chaque année sur l'île : "L'Eglise est avec vous dans votre quête d'une vie plus digne pour vous et vos familles."source/Le Monde

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« Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie ! » ( (Pierre Bérard, entretien avec Julien Freund))

«L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie ! »...

Sans doute peut-on retrouver dans cette idéologie égalitaire du Même et cette xénophilie inconditionnelle la trace de l'eschatologie chrétienne sécularisée, devenue religion laïque. En ce sens nombreux sont ceux qui, « attachés dans leur Eglise à tout ce dont celle-ci ne veut plus entendre parler, auront du mal à faire croire que le meilleur moyen d'endiguer la « subversion » est de batailler dans une croyance qui les a déjà abandonnés pour passer à l'ennemi. ». Le christianisme en effet, « après avoir été, nolens volens, la religion de l'Occident, après avoir été portée par un esprit, une culture, un dynamisme européens, qui l'avaient précédé de quelques millénaires, le christianisme, opérant un retour aux sources, redécouvre aujourd'hui ses origines. Pour assumer sa vocation universaliste et devenir la religion du monde entier, il entend se « désoccidentaliser ». (...) Nulle idée n'est plus odieuse aux chrétiens que l'idée de patrie : comment pourrait-on servir à la fois la terre des pères et le Père des cieux ? Ce n'est pas de la naissance, ni de l'appartenance à la cité, ni de l'ancienneté de la lignée, que dépend le salut, mais de la seule conformité aux dogmes. Dés lors, il n'y a plus à distinguer que les croyants des incroyants, les autres frontières doivent disparaître. Hermas, qui jouit à Rome d'une grande autorité, condamne les convertis à être partout en exil : « Vous, les serviteurs de Dieu, vous habitez sur une terre étrangère. Votre cité est loin de cette cité. »» (Alain de Benoist, Droite, l'ancienne et la nouvelle, 1979)

Add: comme l'écrit l'excellent Ivane sur son blog, il faut bien écouter ce que nous dit le "chef des veilleurs", le pape François, "cosmopolite amoureux du genre humain" par nature...

"A Lampedusa, les veilleurs auraient rencontré le Pape François… Ils  auraient pu l’entendre… Ils auraient pu méditer ses fortes paroles, les veilleurs… ils auraient appris - mais nous savons, vous comme moi, que les veilleurs et militants du mariage des pédés qui s’enculent, ils connaissent parfaitement la position de l’Eglise sur ces questions… - que "La culture du bien-être nous rend insensibles aux cris d'autrui (...) et aboutit à une globalisation de l'indifférence" Les Veilleurs auraient entendu leur chef appeler à ce que change cette attitude vis-à-vis des envahisseurs… Nous parlons là d’envahisseurs à la mode Raspail, qui prennent littéralement d’assaut le vieux continent qui ne veut pas se défendre… et pour cause…"

Vraiment compliqué de nos jours, d'être à la fois "chrétien" et "identitaire"...Qu'en pense-t-on urbi et orbi? Le dernier mot à Ferdinand:

"La France hait d’instinct tout ce qui l’empêche de se livrer aux nègres. Elle les désire, elle les veut. Grand bien lui fasse ! qu’elle se donne ! par le Juif et le métis toute son histoire n’est au fond qu’une course vers Haïti. Quel ignoble chemin parcouru des Celtes à Zazou ! de Vercingétorix à Gunga Diouf ! Tout y est ! Tout est là ! Le reste n’est que farces et discours…"
Louis-Ferdinand Céline

04/05/2013

un peuple?

 

« (...) Analyse [le tittytainment de Zbigniew Brzezinski*] ou l’on retrouve sans trop de peine la représentation cynique et méprisante que les élites intellectuelles et médiatiques se font spontanément des gens ordinaires (de cette « France moisie » comme dirait l’élégant Sollers) : un monde peuplé de beaufs et de Deschiens, cible quotidienne des dessins de Cabu ou des Guignols de l’info. On notera ici l’étonnante puissance de récupération du système : au XIXème siècle, le Guignol était l’une des quelques armes dont disposait encore le petit peuple pour brocarder ses maîtres. Il est devenu aujourd’hui l’artillerie lourde que l’élite emploie pour se moquer du peuple. On peut imaginer ce qu’il adviendra de Robin des bois le jour où, pour des raisons d’audimat, Vivendi demandera à ses employés de lui donner à nouveau une existence télévisée. » JC Michéa, L’enseignement de l’ignorance, 1999.

"A la recherche d’un substitut de prolétariat, l’extrême gauche s’est fixé pour but de trouver un sujet historique qui ne soit surtout pas le peuple. Difficile ici de ne pas évoquer le problème de l’immigration. Comme hier le chômage conjoncturel, l’immigration représente en effet d’abord une armée industrielle de réserve du capital, exerçant une pression à la baisse sur les salaires et accroissant d’autant le taux de profit, la prédication « antiraciste » interdisant, parallèlement, que l’on critique les substitutions de population auxquelles procède le capital pour éteindre les traditions révolutionnaires des peuples européens, en exilant le prolétariat indigène de sa propre histoire. Il ne fait aucun doute que l’« antiracisme » contemporain, formulé à partir des années 1980 par des organisations comme SOS-Racisme, a été formulé avant tout pour remplacer l’anticapitalisme et dissimuler l’abandon par la gauche de ses anciens idéaux. Le danger, désormais, c’était « Le Pen », et non plus le capital. Mieux encore, en « combattant Le Pen », on faisait le jeu d’un capitalisme trop content de trouver dans l’immigration un nouveau gisement de main-d’oeuvre à bon marché, malléable, corvéable à merci et ignorant tout des traditions révolutionnaires du prolétariat français. Tout cela n’avait évidemment rien à voir avec la nécessaire lutte contre le racisme. Ceux qui, aujourd’hui, se consacrent à la défense inconditionnelle des clandestins et du « sans-papiérisme » continuent en réalité à « offrir à la classe capitaliste l’armée de réserve soumise à bon marché dont celle-ci a besoin à mesure qu’elle entend se débarrasser des vieilles contestations ouvrières européennes »13. Les Besancenot et autres gauchistes, adeptes du néopopulisme incantatoire, qui ne parlent au nom du peuple que pour mieux le faire taire, ne constituent aujourd’hui rien d’autre que l’aile gauche de l’appareil politique du capital.(...)" Alain de Benoist, 2009.

* "En septembre 1995, 500 hommes politiques et dirigeants économiques de premier plan s’étaient réunis à San Francisco sous l’égide de la Fondation Gorbatchev pour confronter leurs vues sur le monde futur. La plupart tombèrent d’accord pour affirmer que les sociétés occidentales étaient en passe de devenir ingérables et qu’il fallait trouver un moyen de maintenir par des procédés nouveaux leur sujétion à la domination du Capital. La solution retenue fut celle proposée par Zbigniew Brezinski sous le nom de tittytainment. Par ce terme plaisant, il fallait entendre un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète. " (Alain de Benoist (6 juillet 2009)

12/11/2012

lutte des classes

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« Le jour où la merde vaudra de l’or, le cul des prolétaires ne leur appartiendra plus » (Henry Miller).

"La crise ? Quelle crise ? La grande crise financière de 2008 a seulement montré aux banques et aux grandes sociétés qu’en cas de difficultés, les fonds publics seront toujours là pour les dépanner. Pour les plus riches, à qui l’Etat a sauvé la mise, les profits n’ont jamais cessé. Aux Etats-Unis, aucun responsable de la faillite des crédits immobiliers (les fameux subprimes) n’a été sanctionné. Les rares qui ont été poursuivis ont été acquittés et, grâce à leurs réseaux, les « barons » de Wall Street sont déjà retombés sur leurs pieds. Aujourd’hui comme hier, les profits des sociétés d’assurance et des établissements bancaires qui n’ont dû leur survie qu’à l’intervention massive des pouvoirs publics, continuent à s’envoler.

En avril dernier, on apprenait ainsi que les gérants des fonds spéculatifs (hedge funds) ont touché des sommes records en 2009, les cinq premiers ayant gagné chacun plus d’un milliard de dollars. Le leader du classement était l’Américain David Tepper, du fonds de placement Appaloosa Management, qui a perçu quatre milliards de dollars – du jamais vu dans ce secteur –, le second de la liste étant le financier américain d’origine hongroise George Soros, qui a gagné 3,3 milliards de dollars. Au total, les vingt-cinq dirigeants de fonds spéculatifs les plus payés au monde ont perçu 25,3 milliards de dollars, soit le double de ce qu’ils avaient gagné en 2008. Ce qui signifie que, « sur les fonds publics prêtés au cours de l’année 2009, soit à très bas taux, soit à taux zéro, pour sauver le système économique mondial de la déconfiture totale, les gérants et propriétaires des hedge funds les plus importants ont réalisé, pendant une crise qui dure toujours, des bénéfices sans précédent. Ils ont tout simplement pris les bénéfices des intérêts et des services produits par l’argent public »"

Eléments 03/2011-Alain de Benoist/source et suite

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"Le 25 mai 2005, Mr Warren Buffett déclara sur la chaîne de télévision CNN : “ Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner.”" source/wiki

15/09/2012

radicalité?

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(...) Dans l’espace politique laissé libre par le PS et le PC, une nouvelle radicalité « de gauche » cherche à s’installer, mais elle vaut rarement mieux que les réformistes auxquels elle prétend s’opposer. Au lieu de défendre le peuple, l’extrême gauche s’oriente en effet vers des luttes marginales, de l’aide aux clandestins et aux sans-papiers au mariage homosexuel, en passant par le néoféminisme égalitaire, l’extension du droit à l’avortement, la légalisation des drogues douces, la dénonciation du harcèlement sexuel, le soutien aux « révoltes des banlieues » (les « quartiers difficiles ») ou la défense de l’« art contemporain », toutes causes dont le peuple se contrefiche complètement et auxquelles il est parfois même tout à fait allergique. Ce faisant, elle se situe dans la filiation d’un Mai 68 dont on ne rappellera jamais assez qu’à côté d’un aspect véritablement contestataire (critique de la société du spectacle, rejet des valeurs marchandes, désir de servir le peuple, la plus grande grève ouvrière de l’histoire de France, etc.), il comprenait une composante purement infantile, hédoniste et permissive, et donc profondément libérale, qui est aussi celle qui l’a emporté. Ceux qui voulaient il y a quarante ans « jouir sans entraves » n’ont pas tardé à comprendre que c’est le capitalisme libéral et la société de marché qui leur permettraient le mieux de réaliser cet idéal. Ils disaient : « Sous les pavés, la plage », ils ont eu Paris-plage. Cette extrême gauche rejoint ainsi une gauche sociale-démocrate ou « bobo », désormais aussi libérale sur le plan des moeurs que sur le plan économique, et pour laquelle les « problèmes de société », les questions « sociétales » et « citoyennes », importent visiblement plus que les principes et les exigences politiques.

Le grand mérite de Jean-Claude Michéa est d’avoir montré la congruence entre les différentes formes de libéralisme, et l’incohérence de l’attitude consistant à s’affirmer libéral sur le plan des moeurs tout en ne l’étant pas sur le plan économique. Les deux finissent toujours par se rejoindre. Le libéralisme économique et le libéralisme politico-culturel, écrit Michéa, constituent « les deux versions parallèles et (ce qui est le plus important) complémentaires d’une même logique intellectuelle et historique », ce qui explique pourquoi la plupart des tenants, pseudo-libertaires, du libéralisme des moeurs ont « fini par voir dans l’économie de marché le complément naturel de leurs axiomes idéologiques initiaux »12. Les héritiers de Mai 68 ont voulu faire croire que la « libération des moeurs » était le principal acquis du mouvement, et encore aujourd’hui ils se refusent à comprendre que cette « libération », loin de s’inscrire en faux contre le monde bourgeois, était en réalité parfaitement conforme à l’esprit même du libéralisme, et correspondait très exactement à ce que l’on a pu décrire comme « le simple stade suprême de l’impérialisme de l’avoir et du faux, l’étape supérieur de la colonisation du sexe par la libre circulation fétichiste de l’échange et du vide ». Ils ont cru saper l’ordre en place en multipliant des « transgressions » de toutes sortes, sans voir que ces transgressions qui les fascinent ne faisaient que laisser le champ libre à la logique de la consommation, que les défis à l’« ordre moral » ouvraient la voie à la pensée unique et qu’elles ne permettaient de s’émanciper de la tradition que pour mieux se soumettre aux diktats publicitaires et aux modes. Rien d’étonnant à ce qu’ils défendent aujourd’hui la cause de ces « jeunes de banlieues » dont le seul regret – et le vrai motif de colère, lorsqu’ils deviennent « casseurs » et brûleurs des voitures de leurs voisins – est de ne pas pouvoir profiter aussi vite et aussi massivement qu’ils le voudraient des objets de la production marchande.

A la recherche d’un substitut de prolétariat, l’extrême gauche s’est fixé pour but de trouver un sujet historique qui ne soit surtout pas le peuple. Difficile ici de ne pas évoquer le problème de l’immigration. Comme hier le chômage conjoncturel, l’immigration représente en effet d’abord une armée industrielle de réserve du capital, exerçant une pression à la baisse sur les salaires et accroissant d’autant le taux de profit, la prédication « antiraciste » interdisant, parallèlement, que l’on critique les substitutions de population auxquelles procède le capital pour éteindre les traditions révolutionnaires des peuples européens, en exilant le prolétariat indigène de sa propre histoire. Il ne fait aucun doute que l’« antiracisme » contemporain, formulé à partir des années 1980 par des organisations comme SOS-Racisme, a été formulé avant tout pour remplacer l’anticapitalisme et dissimuler l’abandon par la gauche de ses anciens idéaux. Le danger, désormais, c’était « Le Pen », et non plus le capital. Mieux encore, en « combattant Le Pen », on faisait le jeu d’un capitalisme trop content de trouver dans l’immigration un nouveau gisement de main-d’oeuvre à bon marché, malléable, corvéable à merci et ignorant tout des traditions révolutionnaires du prolétariat français. Tout cela n’avait évidemment rien à voir avec la nécessaire lutte contre le racisme. Ceux qui, aujourd’hui, se consacrent à la défense inconditionnelle des clandestins et du « sans-papiérisme » continuent en réalité à « offrir à la classe capitaliste l’armée de réserve soumise à bon marché dont celle-ci a besoin à mesure qu’elle entend se débarrasser des vieilles contestations ouvrières européennes »13. Les Besancenot et autres gauchistes, adeptes du néopopulisme incantatoire, qui ne parlent au nom du peuple que pour mieux le faire taire, ne constituent aujourd’hui rien d’autre que l’aile gauche de l’appareil politique du capital.(...)"

Alain de Benoist, 2009.


podcast

05/12/2011

low cost

alain de benoist
























"En 1973, peu de temps avant sa mort, le président Pompidou reconnaissait avoir ouvert les vannes de l’immigration à la demande d’un certain nombre de grands patrons, tel Francis Bouygues, désireux de bénéficier d’une main-d’oeuvre docile, bon marché, dépourvue de conscience de classe et de toute tradition de luttes sociales, afin d’exercer une pression à la baisse sur les salaires des travailleurs français, de réduire leurs ardeurs revendicatrices, et subsidiairement de briser l’unité du mouvement ouvrier. Ces grands patrons, soulignait-il, en « veulent toujours plus ». Quarante ans plus tard, rien n’a changé. A un moment où plus aucun parti de gouvernement ne se risquerait à demander qu’on accélère encore le rythme de l’immigration, seul le patronat se prononce en ce sens, tout simplement parce que c’est toujours son intérêt. La seule différence est que les secteurs économiques concernés sont désormais plus nombreux, dépassant le secteur industriel ou la restauration pour s’étendre à des professions autrefois épargnées, telles que les ingénieurs ou les informaticiens.


La France, on le sait, a fait massivement appel à l’immigration dès le XIXe siècle. La population immigrée représentait déjà 800 000 personnes en 1876, 1,2 million de personnes en 1911. D’abord centre d’attraction des émigrations italienne et belge, l’industrie française a par la suite attiré les Polonais, puis les Espagnols et les Portugais. « Cette immigration, peu qualifiée et non syndiquée, va permettre à l’employeur de se soustraire aux contraintes croissantes du droit du travail ». En 1924, une Société générale d’immigration (SGI) est même créée à l’initiative du Comité des houillères et des gros exploitants agricoles du Nord- Est. Elle ouvre des bureaux de placement en Europe, qui fonctionnent comme une pompe aspirante. En 1931, on comptera 2,7 millions d’étrangers en France, soit 6,6 % de la population totale. La France affiche alors le plus fort taux d’immigration du monde (515 pour 100 00 habitants). « Un bon moyen pour toute une partie du patronat de faire pression à la baisse sur les salaires […] Dès cette époque, le capitalisme cherche à mettre en concurrence la force de travail en faisant appel à des armées de réserve salariales ».


Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, les immigrés vont de plus en plus fréquemment venir des pays du Maghreb, Algérie d’abord, puis Maroc. Des camions affrétés par les grandes entreprises (surtout dans le secteur automobile et le bâtiment) viennent par centaines les recruter sur place. De 1962 à 1974, près de deux millions d’immigrés supplémentaires vont ainsi gagner la France, dont 550 000 recrutés par l’Office national d’immigration (ONI), organisme géré par l’Etat, mais contrôlé en sous-main par le patronat. Depuis lors, la vague n’a cessé de s’amplifier. « Quand il y a pénurie de main-d’oeuvre dans un secteur, explique François-Laurent Balssa, de deux choses l’une, soit on augmente les salaires, soit on fait appel à la maind’oeuvre étrangère. C’est généralement la seconde option qui restera privilégiée par le Conseil national du patronat français (CNPF), puis, à partir de 1998, par le Mouvement des entreprises (Medef) qui prend sa succession. Choix témoignant d’une volonté de profits à court terme, qui devait retarder d’autant l’amélioration des outils de production et l’innovation en matière industrielle. Dans le même temps, en effet, l’exemple du Japon montre que le refus de l’immigration au profit de l’emploi autochtone a permis à ce pays d’accomplir sa révolution technologique avant la plupart de ses concurrents occidentaux».


L’immigration a donc au départ été un phénomène patronal. Elle continue de l’être aujourd’hui. Ceux qui veulent toujours plus d’immigration, ce sont les grandes entreprises. Cette immigration est conforme à l’esprit même du capitalisme, qui tend à l’abolition des frontières (« laissez faire, laissez passer »). « Obéissant à la logique du dumping social, poursuit François-Laurent Balssa, un marché du travail “low cost” s’est ainsi créé avec des “sans-papiers” peu qualifiés faisant office de bouche-trou. Comme si les grands patrons et l’extrême gauche s’étaient donné la main, les uns pour démanteler l’Etat-social, à leurs yeux trop coûteux, les autres pour abattre l’Etat-nation, trop archaïque ». C’est la raison pour laquelle le parti communiste et la CGT – qui ont radicalement changé d’orientation depuis – ont combattu jusqu’en 1981 le principe libéral de l’ouverture des frontières, au nom de la défense des intérêts de la classe ouvrière. (...)" suite

Alain de Benoist, 2011

30/08/2011

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« Elue par la mondialisation, une Nouvelle Classe politique médiatique s'est mise en place, qui associe dans un même élitisme de la richesse et du paraître, dirigeants politiques, hommes d'affaires et représentants des médias, tous intimement liés les uns aux autres (hors caméra, ils se tutoient et s'appellent par leurs prénoms) tous convaincus de la « dangerosité » des aspirations populaires. Alexandre Zinoviev, pour désigner cette Nouvelle Classe parlait de « supra-société ». Confrontée à un peuple qu'elle redoute et qu'elle méprise à la fois, elle constitue une autorité oligarchique qui s'emploie avant tout à préserver ses privilèges et à réserver l'accès du pouvoir à ceux qui émanent de ses rangs. Ce mépris du peuple s'alimente bien entendu de la critique d'un « populisme » assimilé désormais à n'importe quelle forme de démagogie ou d'  « irrationalisme » de masse. Qui parle aujourd'hui du peuple s'expose par là même au reproche de « populisme ». Devenu une injure politique, le populisme est présenté comme une sorte de perpétuelle « maladie infantile » de la démocratie, dans une perspective à la fois péjorative et disqualifiante. Le recours au « populisme » fournit ainsi à la mise à l'écart du peuple une justification théorique, sinon savante. » (Alain de Benoist, Krisis 2008)

« Il faut toujours rappeler qu'il y a peu de temps encore, le terme de « populisme » était employé de façon tout à fait positive pour désigner certains mouvements révolutionnaires issus des traditions russes et américaines de la deuxième moitié du XIXème siècle. Ce n'est que depuis quelques années que Le Monde et les autres médias officiels se sont employés, avec beaucoup de cynisme, à conférer à ce terme (en lui-même irréprochable pour un démocrate) le sens infâmant qui est maintenant le sien) ; cela à seule fin, bien sûr, de pouvoir diaboliser comme « fasciste » ou « réactionnaire » toute inquiétude ou perplexité du peuple à l'endroit des décisions qui modifient sa vie, et que prend l'oligarchie régnante dans le silence de ses bureaux, après consultation de ses prétendus « experts ». (Jean Claude Michéa, Les intellectuels, le peuple et le ballon rond, Climats 1998)

ohh i need a dirthy w


podcast



09/02/2011

krisis

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« (…) Il importe donc, quand on parle de la « crise de la représentation », de bien saisir qu’au départ la représentation a surtout été un moyen d’empêcher le peuple de s’exprimer directement, et que la « crise » en question résulte apparemment de ce que le peuple commence à s’en apercevoir. C’est ce que constate Jacques Rancière quand il écrit : « La représentation n’a jamais été un système inventé pour pallier l’accroissement des populations. Elle n’est pas une forme d’adaptation de la démocratie aux temps modernes et aux vastes espaces. Elle est, de plein droit, une forme oligarchique, une représentation des minorités qui ont titre à s’occuper des affaires communes […] L’évidence qui assimile la démocratie à la forme du gouvernement représentatif, issu de l’élection, est toute récente dans l’histoire. La représentation est dans son origine l’exact opposé de la démocratie. Nul ne l’ignore au temps des révolutions américaine et française. Les Pères fondateurs et nombre de leurs émules français y voient justement le moyen pour l’élite d’exercer en fait, au nom du peuple, le pouvoir qu’elle est obligée de lui reconnaître, mais qu’il ne saurait exercer sans ruiner le principe même du gouvernement […] La “démocratie représentative” peut sembler aujourd’hui un pléonasme. Mais cela a d’abord été un oxymore ».

Parallèlement au ralliement d’une grande partie de la gauche à l’économie de marché, sinon au réformisme libéral, la montée d’une culture de gauche d’inspiration hédoniste-libertaire (dite « bo-bo ») est l’un des facteurs qui ont le plus contribué à couper les partis de gauche des couches populaires, lesquelles ont assisté avec stupéfaction à l’émergence, puis à l’installation médiatique d’une gauche mondaine et arrogante plus portée à défendre l’« homoparentalité », les sans-papiers, l’« art contemporain », les droits des minorités, le discours sur les « genres », le « politiquement correct », les phobies corporelles et la surveillance permanente du comportement d’autrui, qu’à renouveler le langage de la classe ouvrière en se plongeant si nécessaire les mains dans le cambouis28. Ayant laissé aux libéraux le champ libre dans l’ordre économique et social, la « gauche caviar », c’est-à-dire la grande bourgeoisie libérale de gauche, d’autant plus permissive en matière de moeurs qu’elle est indifférente en matière sociale, se tient à distance de milieux populaires dans lesquels elle ne se reconnaît plus. « La gauche caviar, géographiquement, vivait éloignée des classes pauvres, écrit Laurent Joffrin. Par un étrange processus, elle décida, de surcroît, de s’en couper politiquement. Et cela à travers une opération culturelle et idéologique d’une tragique frivolité : l’escamotage du peuple ».

Les « people » ont ainsi remplacé le peuple. Elue par la mondialisation, une Nouvelle Classe politique-médiatique s’est mise en place, qui associe dans un même élitisme de la richesse et du paraître dirigeants politiques, hommes d’affaires et représentant des médias, tous intimement liés les uns aux autres (hors caméra, ils se tutoient et s’appellent par leurs prénoms), tous convaincus de la « dangerosité » des aspirations populaires. Alexandre Zinoviev, pour désigner cette Nouvelle Classe, parlait de « supra société ». Confrontée à un peuple qu’elle redoute et qu’elle méprise à la fois, elle constitue une autorité oligarchique qui s’emploie avant tout à préserver ses privilèges et à réserver l’accès du pouvoir à ceux qui émanent de ses rangs.

Ce mépris du peuple s’alimente bien entendu de la critique d’un « populisme » assimilé désormais à n’importe quelle forme de démagogie ou d’« irrationalisme » de masse. Qui parle aujourd’hui du peuple s’expose par là même au reproche de « populisme ». Devenu une injure politique, le populisme est présenté comme une sorte de perpétuelle « maladie infantile » de la démocratie, dans une perspective à la fois péjorative et disqualifiante. Le recours au « populisme » fournit ainsi à la mise à l’écart du peuple une justification théorique, sinon savante.

Le ralliement au Front national d’une large partie de l’ancienne classe ouvrière a joué à cet égard un rôle décisif. Il a en effet permis à une large partie de la gauche de répudier le peuple au prétexte qu’il « pensait mal », tandis qu’un antiracisme convenu, mais affiché hautement, lui permettait de masquer ses propres dérives idéologiques. L’antilepénisme s’est ainsi substitué à l’anticapitalisme, précieux alibi qui justifiait qu’on relègue à l’arrière-plan la question sociale au moment même où celle-ci resurgissait avec une force perdue depuis l’époque des « Trente glorieuses ». (…) »

Alain de Benoist, Krisis, 2008.



Alain Soral dans ce soir ou jamais 17 janvier 2011
envoyé par ERTV. - L'info internationale vidéo.

15/06/2010

le silence des agneaux

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Qu'est-ce qui fait que le même journal -par le truchement d'un de ses petits flics de la pensée les plus insignifiants (Orwell aurait parlé de « gramophone de la pensée »)- puisse d'une main célébrer la Chorba pour tous et de l'autre, dans une reductio ad hitlerum réjouissante dont nos lemmings progressistes ont le secret, présenter un apéro saucisson-pinard bien innocent comme le retour des HLPSDNH (les heures les plus sombres de notre histoireTM) ?

Qu'est-ce qui fait que le cuistre Delanoë, célèbre clown invertébré à roulettes, tolère la fermeture hebdomadaire à la circulation d'une rue Parisienne pour cause de culte musulman et s'inquiète d'éventuels « débordements identitaires » alors même qu'il les cautionne chaque vendredi ?

Qu'est-ce qui fait qu'un philosophe français, professeur à l'Ecole Normale Supérieure puisse déclarer: "Que les étrangers nous apprennent au moins à devenir étranger à nous-mêmes, à nous projeter hors de nous-mêmes, assez pour ne plus être captifs de cette longue histoire occidentale et blanche qui s'achève, et dont nous n'avons plus rien à attendre que la stérilité et la guerre. Contre cette attente catastrophique, sécuritaire et nihiliste, saluons l'étrangeté du matin." (Alain Badiou, De quoi Sarkosy est-il le nom ? Lignes, 2007)

Réponse : une même pathologie du Moi européen oscillant entre ethno-masochisme et oubli de soi; comme le fait remarquer Finkielkraut, bon nombre d'Européens -et en premier leurs « élites » politiques, intellectuelles et médiatiques- ont intégré le commandement qui leur est fait de n'être plus rien. D'abandonner toute préoccupation culturelle, identitaire, d'oublier toute verticalité historique, philosophique ou civilisationnelle, pour s'effacer devant l'Autre, se désencombrer de soi, se « désoriginer », dans un éther indifférencié, un rêve d'indistinction mortifère. Oublier tout ce qu'il y a de singulier, de spécifique, de saillant, de violent même, en eux pour devenir cette cire molle sur laquelle ce nouveau clergé progressiste imprime jours après jours cette religion victimaire des droits de l'homme et de l'antiracisme dogmatique : « Tel est le secret de l'Europe. Nous ne sommes rien »

Or paradoxalement, l'Europe est sans doute une des aires civilisationnelles qui accueille le plus d'étrangers (« migrants » dans la novlangue moderne) sur son sol et qui se montre la plus accueillante et généreuse pour ceux qui choisissent d'y vivre, mais ça n'est pas le terme de xénophilie qui est sur toutes les lèvres mais celui de xénophobie ! Nombre de contempteurs d'une europe occidentale soi disant xénophobe faisant d'ailleurs souvent référence au terme d'Europe citadelle, sous entendant une volonté et une politique de fermeture inconditionnelle de nos territoires aux étrangers.

Pour le meilleur comme pour le pire, les Européens et l'Europe -au sens civilisationnel- se distinguent au contraire par une ouverture, une curiosité sans pareille vis-à-vis de l'altérité, de l'étranger ; d'Hérodote visitant le monde barbare ou les Jardins de Babylone, à Neil Armstrong et son « petit pas pour l'homme » en passant par Marco Polo et Colomb. En bon lecteur de Jared Diamond, j'ai -aussi- tendance à considérer que plus une civilisation est riche et puissante, plus elle a tendance à produire des hommes aventureux, des bateaux pour naviguer loin et des armes pour asseoir leur domination...Il n'empêche, c'est le destin, le fatum, des occidentaux.

Si le cuistre Marcelle était un peu moins haineux de lui-même, il pourrait saisir, ne serait-ce qu'en relisant Lévi-Strauss que, pour survivre, c'est-à-dire se conserver dans le changement, une culture a toujours recours à une certaine xénophobie, tout au moins un certain ethnocentrisme.

« (...) Nulle inconséquence, pourtant, ne saurait être reprochée à Lévi-Strauss. On ne voit pas par quel enchantement des hommes enfoncés chacun dans sa culture seraient saisis d'une passion spontanée pour les genres de vie ou les formes de pensées éloignées de leur tradition. Si, d'autre part, la richesse de l'humanité réside exclusivement dans la multiplicité de ses modes d'existence, si l'honneur d'avoir crée les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie, ainsi que l'écrit Lévi-Strauss et comme le disent en d'autres termes les grandes professions de foi de l'UNESCO, alors la mutuelle hostilité des cultures est non seulement normale mais indispensable. Elle représente le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leurs propres fonds, les ressources nécessaires à leur renouvellement. » (La défaite de la pensée, A Finkielkraut, 1987.).

Comment les européens ont-ils oublié cela ?

Pierre Bérard et Julien Freund voient dans cette xénophilie européenne alliée à un certain ethno masochisme, le propre d'un ethno centrisme dévoyé, d'une croyance irrationnelle en la singularité -la supériorité- de la culture occidentale Européenne; je m'explique : pétris d'universalisme, les européens sont sans doute les seuls au monde à considérer que mettre sa propre culture en retrait et survaloriser celle de l'étranger est la meilleur façon de transmettre (si cela est encore possible) et de faire vivre une tradition culturelle millénaire. Ils sont sans doute seuls au monde à considérer que faire venir sur leur sol des millions d'étrangers en leur enjoignant de ne point abandonner leur culture et de « vivre chez nous comme chez eux » et que, dans le même mouvement, stigmatiser toute manifestation d'une culture autochtone européenne, tout enracinement européen, puisse se terminer autrement qu'en nouvelle Babel. Mais peut-être est-ce une ruse de l'Histoire:

« C'est Nietzsche qui écrit dans La volonté de puissance que l'Europe malade trouve un soulagement dans la calomnie. Mais il se pourrait bien que le masochisme européen ne soit qu'une ruse de l'orgueil occidental. Blâmer sa propre histoire, fustiger son identité, c'est encore affirmer sa supériorité dans le Bien. Jadis l'occidental assurait sa superbe au nom de son dieu ou au nom du progrès. Aujourd'hui il veut faire honte aux autres de leur fermeture, de leur intégrisme, de leur enracinement coupable et il exhibe sa contrition insolente comme preuve de sa bonne foi. Ce ne serait pas seulement la fatigue d'être soi que trahirait ce nihilisme contempteur mais plus certainement la volonté de demeurer le précepteur de l'humanité en payant d'abord de sa personne. Demeurer toujours exemplaire, s'affirmer comme l'unique producteur des normes, tel est son atavisme. Cette mélodie du métissage qu'il entonne incessamment, ce ne serait pas tant une complainte exténuée qu'un péan héroïque. La preuve ultime de sa supériorité quand, en effet, partout ailleurs, les autres érigent des barrières et renforcent les clôtures. L'occidental, lui, s'ouvre, se mélange, s'hybride dans l'euphorie et en tire l'argument de son règne sur ceux qui restent rivés à l'idolâtrie des origines. Ce ne serait ni par abnégation, ni même par résignation qu'il précipiterait sa propre déchéance mais pour se confondre enfin intégralement avec ce concept d'humanité qui a toujours été le motif privilégié de sa domination... Il y a beaucoup de cabotinage dans cet altruisme dévergondé et dominateur et c'est pourquoi le monde du spectacle y tient le premier rôle... » (Pierre Bérard, entretien avec Julien Freund)

Pointons au passage la contradiction consistant à promouvoir un universalisme des droits de l'homme et du genre humain, cette idéologie du Même, et, dans le même temps, un droit à la différence et l'idéologie multiculturelle.

« Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie ! » (Julien Freund, ibid)

«L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie ! »...

Sans doute peut-on retrouver dans cette idéologie égalitaire du Même et cette xénophilie inconditionnelle la trace de l'eschatologie chrétienne sécularisée, devenue religion laïque. En ce sens nombreux sont ceux qui, « attachés dans leur Eglise à tout ce dont celle-ci ne veut plus entendre parler, auront du mal à faire croire que le meilleur moyen d'endiguer la « subversion » est de batailler dans une croyance qui les a déjà abandonnés pour passer à l'ennemi. ». Le christianisme en effet, « après avoir été, nolens volens, la religion de l'Occident, après avoir été portée par un esprit, une culture, un dynamisme européens, qui l'avaient précédé de quelques millénaires, le christianisme, opérant un retour aux sources, redécouvre aujourd'hui ses origines. Pour assumer sa vocation universaliste et devenir la religion du monde entier, il entend se « désoccidentaliser ». (...) Nulle idée n'est plus odieuse aux chrétiens que l'idée de patrie : comment pourrait-on servir à la fois la terre des pères et le Père des cieux ? Ce n'est pas de la naissance, ni de l'appartenance à la cité, ni de l'ancienneté de la lignée, que dépend le salut, mais de la seule conformité aux dogmes. Dés lors, il n'y a plus à distinguer que les croyants des incroyants, les autres frontières doivent disparaître. Hermas, qui jouit à Rome d'une grande autorité, condamne les convertis à être partout en exil : « Vous, les serviteurs de Dieu, vous habitez sur une terre étrangère. Votre cité est loin de cette cité. »» (Alain de Benoist, Droite, l'ancienne et la nouvelle, 1979)

Une contrition pathologique secondaire pour Finkielkraut et Venner aux "horreurs du XXième siècle" :

« Nous ne sommes rien ; en effet, aux horreurs du XXième siècle, nos démocraties ont répondu par la religion de l'humanité, c'est-à-dire par l'universalisation de l'idée du semblable et la condamnation de tout ce qui divise ou sépare les hommes. (...) Cela signifiait que, pour ne plus exclure qui que ce soit, l'Europe devait se défaire d'elle-même, se « désoriginer », ne garder de son héritage que l'universalisme des droits de l'homme. Tel est le secret de l'Europe. Nous ne sommes rien. » (Alain Finkielkraut, entretien au Monde des 11 et 12/11/2007)

« Et le lecteur méditatif songera que la tentation est forte, pour l'Européen lucide de se réfugier dans la posture de l'anarque. Ayant été privé de son rôle d'acteur historique, il s'est replié sur la position du spectateur froid et distancié. L'allégorie est limpide. L'immense catastrophe des deux guerres mondiales a rejeté les Européens hors de l'histoire pour plusieurs générations. Les excès de la brutalité les ont brisés pour longtemps. Comme les Achéens après la guerre de Troie, un certain nihilisme de la volonté, grandeur et malédiction des Européens, les a fait entrer en dormition. A la façon d'Ulysse, il leur faudra longtemps naviguer, souffrir et beaucoup apprendre avant de reconquérir leur patrie perdue, celle de leur âme et de leur tradition. » (Dominique Venner, Ernst Jünger, Un autre destin européen, 2009).

Il est peut-être temps de dire merde à ce petit clergé bien-pensant et haineux. Il est peut-être temps de s'émanciper de ces mythes incapacitants (colonisation, affaire Dreyfus, Vichy, Shoah, totalitarismes, islamophobie, etc.) savamment instrumentalisés pour réduire les européens au silence et à la contrition. Il est peut-être encore temps -pour certains- de redevenir des hommes.

Voilà, je voulais faire festif et ça dérape, bordel!

05/06/2010

DON'T WORRY

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« L'immigration est née de l'obligation faite à des hommes de se déraciner, par un système économique désireux de faire appel à une main d'ouvre bon marché, système fondé sur le profit, qui transfère les hommes comme on transfère les marchandises ou les capitaux. Fruit de l'idéologie de la rentabilité (à courte vue), elle est une forme moderne de déportation et d'esclavage. Un adversaire de l'esclavage n'est pas un adversaire des esclaves. L'immigration est condamnable parce qu'elle porte atteinte à l'identité de la culture d'accueil aussi bien qu'à la culture des immigrés. Le mot d'ordre n'est pas « contre les immigrés », mais bien « «avec les immigrés contre les forces et les idéologies qui aboutissent à la destruction de leur personnalité, comme de la nôtre. »

Alain de Benoist, Eléments, printemps 1983.

« Prenez garde, ouvriers européens : les mêmes qui vous ont submergés de dizaines de millions de musulmans pour écraser vos revendications peuvent vous exciter demain à vous battre contre ces mêmes musulmans devenus combattants. On vous dira qu'on s'est trompé (qui est "on" ?), que ces hommes n'ont pas su profiter de l'évolution qu'on leur proposait. Ne tombez pas dans le piège. J'ai dénoncé plus clairement que quiconque les bases pathologiques des religions du désert, marxisme inclus. Je suis bien loin de me laisser gagner par les mirages infantiles de l'islam. Mais si la crapulocratie s'en prend à l'islam, ce n'est pas à cause de ses dogmes infantiles, ni à cause des tchadors d'écolières manipulées. C'est parce que l'islam reste la seule force anticapitaliste, la seule capable de faire échouer le chancre mondial de la société de consommation. La guerre civile mondiale, à la fois raciale, culturelle et sociale ne sera pas évitée. Mais les hommes libres n'y ont aucune place. Ne vous laissez pas entraîner dans le tourbillon de folie et ne vous battez qu'en cas d'absolue nécessité, si vous êtes personnellement attaqués. »

Robert Dun, « Camarade, ne te trompe pas d'ennemi ! », L'Homme libre, fils de la terre, juin 1995.

J'ajouterai que la distance nécessaire pour considérer ces phénomènes dans leur globalité (et les vrais responsables) ne doit pas amener à négliger ce front intérieur désormais constitué par la menace bien réelle de sécession ethnique/culturelle et territoriale que fait peser l'installation définitive (dans un mouvement concerté (?) de substitution ethnique à grande échelle) de peuples entiers, partageant des valeurs civilisationnelles différentes voire hostiles, sur notre sol.

09/04/2010

le danger populiste

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« Le modèle européen ne peut survivre sans une croissance économique plus forte et l'Europe ne peut jouer un rôle dans le monde sans plus de robustesse économique », déclare M. Van Rompuy, selon ses propos traduits de l'espagnol. Or « le grand danger c'est le populisme régnant et par conséquence le manque d'engagement européen. Le populisme rend difficile de prendre les mesures qu'il faudra adopter pour le futur de l'Europe. Quand je vois l'agenda économique, les défis budgétaires... je vois que nous serons obligés de prendre des mesures impopulaires dans les prochaines années », ajoute-t-il. « On ne pourra pas échapper à des réformes impopulaires dans les prochaines années », poursuit M. Van Rompuy, sans préciser lesquelles. (photo)

« Le grand danger » qu'évoque ce triste pitre au nez jaune n'est évidemment pas :

-le dumping fiscal et social organisé au sein même de l'UE depuis ses origines,

-ni les politiques bancaires de prêts insolvables, d'assurances inrecouvrables et de fragmentation (titrisation) sous formes d'investissements « en or » de tels actifs pourris à des clients crédules désormais ruinés,

-ni le report sur des états, c'est-à-dire nous, de faillites bancaires hautement prévisibles et coupables,

-ni la collusion coupable de politiciens et de responsables économiques de haut vol, alternant responsabilités politiques et économiques (tels Clinton, Obama, Geithner, Goldman, Sachs ou Strauss-Kahn),

-ni le fait que des agences de notation, genre Fitch mon fion, qui soutinrent jusqu'au bout AIG ou Lehman Bros, fassent aujourd'hui tomber des états massivement renfloués par leurs contribuables et dont les comptabilités furent truquées (Grèce) par quelques enflures en cols blancs (Goldman-Sachs) toujours bien en cour...

Non.

« Les mesures impopulaires » de Mr serpillière humide, créature du Bilderberg, on croit un peu les connaître :

-tailler à la hache dans tous les régimes sociaux,

-fabriquer du papier en forme de billets,

-augmenter massivement les prélèvements,

-déréguler tous les systèmes de protection sociale et salariale,

-amplifier une immigration de masse induisant une déflation salariale partout dans la zone euro,

-s'aligner sur le moins disant social planétaire, détruire toutes « les rentes de situations », ces « avantages acquis » ou ces « corporations » qui ne sont souvent que l'expression et le résultat de luttes séculaires d'occidentaux pour l'amélioration de leurs conditions d'existence,

-organiser la lutte de tous contre tous pour le bénéfice de quelques uns et le malheur du plus grand nombre,

-délégitimer par avance toute contestation populaire de ce gosplan néo-libéral en assimilant populisme et contestation sociale.

kitler4367.jpgTt tt ! Nonnn, le danger, c'est le terrible « populisme » à petite moustache et bras levé (photo) qui nous rappelle les Heures Les Plus Sombres De Notre Histoire (HLPSDNH)...

« Elue par la mondialisation, une Nouvelle Classe politique médiatique s'est mise en place, qui associe dans un même élitisme de la richesse et du paraître, dirigeants politiques, hommes d'affaires et représentants des médias, tous intimement liés les uns aux autres (hors caméra, ils se tutoient et s'appellent par leurs prénoms) tous convaincus de la « dangerosité » des aspirations populaires. Alexandre Zinoviev, pour désigner cette Nouvelle Classe parlait de « supra-société ». Confrontée à un peuple qu'elle redoute et qu'elle méprise à la fois, elle constitue une autorité oligarchique qui s'emploie avant tout à préserver ses privilèges et à réserver l'accès du pouvoir à ceux qui émanent de ses rangs. Ce mépris du peuple s'alimente bien entendu de la critique d'un « populisme » assimilé désormais à n'importe quelle forme de démagogie ou d'  « irrationalisme » de masse. Qui parle aujourd'hui du peuple s'expose par là même au reproche de « populisme ». Devenu une injure politique, le populisme est présenté comme une sorte de perpétuelle « maladie infantile » de la démocratie, dans une perspective à la fois péjorative et disqualifiante. Le recours au « populisme » fournit ainsi à la mise à l'écart du peuple une justification théorique, sinon savante. » (Alain de Benoist, Krisis 2008)

« Il faut toujours rappeler qu'il y a peu de temps encore, le terme de « populisme » était employé de façon tout à fait positive pour désigner certains mouvements révolutionnaires issus des traditions russes et américaines de la deuxième moitié du XIXème siècle. Ce n'est que depuis quelques années que Le Monde et les autres médias officiels se sont employés, avec beaucoup de cynisme, à conférer à ce terme (en lui-même irréprochable pour un démocrate) le sens infâmant qui est maintenant le sien) ; cela à seule fin, bien sûr, de pouvoir diaboliser comme « fasciste » ou « réactionnaire » toute inquiétude ou perplexité du peuple à l'endroit des décisions qui modifient sa vie, et que prend l'oligarchie régnante dans le silence de ses bureaux, après consultation de ses prétendus « experts ». (Jean Claude Michéa, Les intellectuels, le peuple et le ballon rond, Climats 1998)

La Grèce n'est que le premier domino, les gars.

26/12/2009

Ezéchiel de drugstore

« « Il y a deux types de communautés, déclarait Bernard-Henri Lévy au Quotidien de Paris (16 janvier 1981). Les communautés de fait, d'abord. C'est-à-dire de « race », de »terre », de « terroir », de « région », de nation, que sais-je encore, toutes ces communautés incarnées (...) dont l'horizon me parait toujours être l'enfermement, la violence et finalement la barbarie. Et puis il y a les autres. Les communautés de verbe, de loi, de papier, d'idée, d'idéal. Des communautés sans ancrage, des rassemblements sans frontières, des identités cosmopolites et toujours transgressives ». Pour nous qui, contrairement à l'Ezéchiel de drugstore, n'avons pas choisi les « communautés de papier », la France constitue l'une de ces communautés « incarnées » dans lesquelles s'enracine notre vue-du-monde et sans lesquelles les idées que nous nous efforçons de promouvoir ne serait plus que des mots vides de sens. »

(Alain de Benoist, Eléments printemps 1981)

En passant, grand merci à mon frère d'avoir exhumé quelques n° d'Eléments qui n'ont rien perdu de leur acuité en ces temps de confusion et de terrorisme intellectuel. Ces « communautés de papier » me rappellent furieusement cette notion de « nationalité de papier » constamment promue par nos amis cosmopolites (de l'extrême-gauche (non la gauche radicale) au camp libéral/progressiste), sorte de nationalité hors-sol désincarnée et vide de sens.

On retrouve ici en une phrase, et de façon saisissante, la quintessence de la doctrine BHLTM :

-transgression érigée en dogme,

-haine de tout enracinement physique, culturel ou historique,

-apologie du cosmopolitisme, nomadisme d'individus sans passé, sans attachement, sans histoire et donc, sans avenir, hormis celui de l'aliénation marchande et festive promue par nos modernes Ezéchiels de drugstore » ! ah, ah !

 

05/09/2009

xénophilie

babel.jpgC’est toujours pareil. Je voyageais paisiblement entre la Citadelle intérieure de Marc Aurèle, d’un grand secours cet homme, et les récits de la Kolyma de Chalamov en écoutant d’une oreille distraite le concerto n°1 de Rachmaninov par V Ashkenazy (tu vois, je me cultive..), lorsque mon esprit fut envahi par cet article du monde, débile –au sens propre- et malhonnête. Et par ce concept de xénophilie.

Curieusement, l’Europe est sans doute une des aires civilisationnelles qui accueille le plus d’étrangers (« migrants » dans la novlangue moderne) sur son sol et qui se montre la plus accueillante et généreuse pour ceux qui choisissent d’y vivre, mais ça n’est pas le terme de xénophilie qui est sur toute les lèvres mais celui de xénophobie ! Comme un paradoxe, à mon avis. Nombre de contempteurs d’une europe occidentale soi disant xénophobe faisant d’ailleurs souvent référence au terme d’Europe citadelle, sous entendant une volonté et une politique (à mon avis imaginaire) de fermeture inconditionnelle de nos territoires aux étrangers. Qui nous ramène à ce grand empereur stoïcien…

J’aimerais être plus érudit pour voir les choses de plus haut mais j’ai l’impression, au contraire que, pour le meilleur comme pour le pire, les Européens et l’Europe –au sens culturel, civilisationnel- se distinguent au contraire par une ouverture, une curiosité sans pareille vis-à-vis de l’altérité ; d’Hérodote visitant le monde barbare, les Jardins de Babylone, à Neil Armstrong en passant par Marco Polo et Colomb. En bon lecteur de Jared Diamond, j’ai -aussi- tendance à considérer que plus une civilisation est riche et puissante, plus elle a tendance à produire des hommes aventureux, des bateaux pour naviguer loin et des armes pour asseoir leur domination…Il n’empêche, c’est le destin, le fatum, des occidentaux.

Je crois qu’il y a une spécificité, pour ne pas dire une pathologie, de l’Occident dans cette ouverture inconditionnelle à l’autre, dans cette fascination envers l’Autre. Pas besoin de lire Lévi-Strauss (c’est mieux quand même) pour comprendre que, pour survivre, c’est-à-dire se conserver dans le changement, une culture a toujours recours à une certaine xénophobie, tout au moins un certain ethnocentrisme.

« (…) Nulle inconséquence, pourtant, ne saurait être reprochée à Lévi-Strauss. On ne voit pas par quel enchantement des hommes enfoncés chacun dans sa culture seraient saisis d’une passion spontanée pour les genres de vie ou les formes de pensées éloignées de leur tradition. Si, d’autre part, la richesse de l’humanité réside exclusivement dans la multiplicité de ses modes d’existence, si l’honneur d’avoir crée les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie, ainsi que l’écrit Lévi-Strauss et comme le disent en d’autres termes les grandes professions de foi de l’UNESCO, alors la mutuelle hostilité des cultures est non seulement normale mais indispensable. Elle représente le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leurs propres fonds, les ressources nécessaires à leur renouvellement. » (La défaite de la pensée, A Finkielkraut, 1987.). Comment les européens ont-ils oublié cela ? Mystère.

Or cette xénophilie européenne alliée à un certain ethno masochisme, me parait, avant tout, être le propre d’un ethno centrisme dévoyé, d’une croyance irrationnelle en la singularité –la supériorité- de la culture occidentale Européenne; je m’explique : pétris d’universalisme, les européens sont sans doute les seuls au monde à considérer que mettre sa propre culture en retrait et survaloriser celle de l’étranger est la meilleur façon de transmettre (si cela est encore possible) et de faire vivre une tradition culturelle millénaire. Ils sont sans doute seuls au monde à considérer que faire venir sur leur sol des millions d’étrangers en leur enjoignant de ne point abandonner leur culture et de « vivre chez nous comme chez eux » et que, dans le même mouvement, stigmatiser toute manifestation d’une culture autochtone européenne, tout enracinement européen, puisse se terminer autrement qu’en nouvelle Babel. Mais peut-être est-ce une ruse de l'Histoire:

« C'est Nietzsche qui écrit dans La volonté de puissance que l'Europe malade trouve un soulagement dans la calomnie. Mais il se pourrait bien que le masochisme européen ne soit qu'une ruse de l'orgueil occidental. Blâmer sa propre histoire, fustiger son identité, c'est encore affirmer sa supériorité dans le Bien. Jadis l'occidental assurait sa superbe au nom de son dieu ou au nom du progrès. Aujourd'hui il veut faire honte aux autres de leur fermeture, de leur intégrisme, de leur enracinement coupable et il exhibe sa contrition insolente comme preuve de sa bonne foi. Ce ne serait pas seulement la fatigue d'être soi que trahirait ce nihilisme contempteur mais plus certainement la volonté de demeurer le précepteur de l'humanité en payant d'abord de sa personne. Demeurer toujours exemplaire, s'affirmer comme l'unique producteur des normes, tel est son atavisme. Cette mélodie du métissage qu'il entonne incessamment, ce ne serait pas tant une complainte exténuée qu'un péan héroïque. La preuve ultime de sa supériorité quand, en effet, partout ailleurs, les autres érigent des barrières et renforcent les clôtures. L'occidental, lui, s'ouvre, se mélange, s'hybride dans l'euphorie et en tire l'argument de son règne sur ceux qui restent rivés à l'idolâtrie des origines. Ce ne serait ni par abnégation, ni même par résignation qu'il précipiterait sa propre déchéance mais pour se confondre enfin intégralement avec ce concept d'humanité qui a toujours été le motif privilégié de sa domination... Il y a beaucoup de cabotinage dans cet altruisme dévergondé et dominateur et c'est pourquoi le monde du spectacle y tient le premier rôle... » (Pierre Bérard, entretien avec Julien Freund)

Pointons donc au passage la contradiction consistant à promouvoir un universalisme des droits de l’homme et du genre humain, cette idéologie du Même, et, dans le même temps, un droit à la différence et l’idéologie multiculturelle.

« Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie ! » (Julien Freund, ibid)

Comme si cette dernière n’était que le masque d’une homogénéisation planétaire des peuples et des cultures que l’on retrouve dans l’apologie réflexe du métissage (de quoi ?) chez nos modernes clercs.

Sans doute peut-on retrouver dans cette idéologie égalitaire universaliste et cette xénophilie inconditionnelle la trace de l’eschatologie chrétienne sécularisée, devenue religion laïque. En ce sens nombreux sont ceux qui, « attachés dans leur Eglise à tout ce dont celle-ci ne veut plus entendre parler, auront du mal à faire croire que le meilleur moyen d’endiguer la « subversion » est de batailler dans une croyance qui les a déjà abandonnés pour passer à l’ennemi. ». (Alain de Benoist, Droite, l’ancienne et la nouvelle, 1979) Le christianisme en effet, « après avoir été, nolens volens, la religion de l’Occident, après avoir été portée par un esprit, une culture, un dynamisme européens, qui l’avaient précédé de quelques millénaires, le christianisme, opérant un retour aux sources, redécouvre aujourd’hui ses origines. Pour assumer sa vocation universaliste et devenir la religion du monde entier, il entend se « désoccidentaliser ». (…) Nulle idée n’est plus odieuse aux chrétiens que l’idée de patrie : comment pourrait-on servir à la fois la terre des pères et le Père des cieux ? Ce n’est pas de la naissance, ni de l’appartenance à la cité, ni de l’ancienneté de la lignée, que dépend le salut, mais de la seule conformité aux dogmes. Dés lors, il n’y a plus à distinguer que les croyants des incroyants, les autres frontières doivent disparaître. Hermas, qui jouit à Rome d’une grande autorité, condamne les convertis à être partout en exil : « Vous, les serviteurs de Dieu, vous habitez sur une terre étrangère. Votre cité est loin de cette cité. »» (ibid)

Le meilleur, c’est donc bien cette curiosité envers ce qui n’est pas nous, cette ouverture aux autres cultures, aux hommes comme aux idées, cette adaptation permanente qui est un enrichissement et un gage de la survie d’une civilisation.

Le pire c’est la disparition de toute conscience identitaire, sinon ethnique, la dissolution dans l’Autre ou le Même et la haine de soi.

Souhaitons que les européens puissent trouver en eux les ressources nécessaires à la survie de leur culture singulière.

« Et le lecteur méditatif songera que la tentation est forte, pour l’Européen lucide de se réfugier dans la posture de l’anarque. Ayant été privé de son rôle d’acteur historique, il s’est replié sur la position du spectateur froid et distancié. L’allégorie est limpide. L’immense catastrophe des deux guerres mondiales a rejeté les Européens hors de l’histoire pour plusieurs générations. Les excès de la brutalité les ont brisés pour longtemps. Comme les Achéens après la guerre de Troie, un certain nihilisme de la volonté, grandeur et malédiction des Européens, les a fait entrer en dormition. A la façon d’Ulysse, il leur faudra longtemps naviguer, souffrir et beaucoup apprendre avant de reconquérir leur patrie perdue, celle de leur âme et de leur tradition. » (Dominique Venner, Ernst Jünger, Un autre destin européen, 2009).

Bon WE !