07/08/2009
fossiles
« Les cathédrales considérées comme des fossiles endormis dans nos villes comme sous des sédiments tardifs. Mais nous sommes fort loin de déduire de ces proportions la vitalité qui se conjuguait avec elles et qui les a formées.
Ce qui a vécu sous des apparences multicolores et ce qui les a crées, est plus loin de nous que les ammonites de la période crétacée ; et nous avons moins de peine à nous représenter un saurien d’après un os trouvé dans une carrière schisteuse.
On pourrait également dire que les hommes d’aujourd’hui regardent ces œuvres comme un sourd voit les formes de violons ou de trompettes. »
(Ernst Jünger, Jardins et routes, 1940)
21:29 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : ernst junger, cathédrales
Commentaires
ce cloitre ?
Écrit par : robespierre | 07/08/2009
J'ai toujours considéré que ce pauvre Ernst cherchait indûment à généraliser sa propre surdité, son propre aveuglement, son infirmité propre, cette incapacité de vivre au présent, d'aimer et d'être aimé. Il use et abuse du "nous", du "on", pour attribuer à ses lecteurs, voire à ses contemporains, sa vision désabusée du monde et de la vie. Cela peut avoir du charme, un certain moment, mais cela finit par lasser.
Non les cathédrales ne sont pas des fossiles, elles sont pierres vivantes...
Écrit par : Christine | 08/08/2009
christine,
"Non les cathédrales ne sont pas des fossiles, elles sont pierres vivantes..."
voilà une vision optimiste qui vous honore! mais ces magnifiques édifices sont aujourdhui vides, pour l'essentiel, dans un continent qui a congédié Dieu...
je crois que Junger est dans le vrai lorsqu'il considère l'incompréhension que peut ressentir l'homme moderne, même croyant, devant ces édifices magnifiques, autrefois colorés, peints, fruits d'une ferveur révolue.
par ailleurs, je ne trouve pas Junger désabusé. au contraire, dans un siècle chaotique, cet homme a toujours su -ses journaux en témoignent- porter un regard curieux et émerveillé sur les hommes mais aussi les insectes et les plantes.
et qui a lu ses journaux et la mention constante de son épouse, perpétua, et de ses fils, sait qu'il aimait et l'était des siens. les quelques lignes qu'il écrit, en pleine guerre, sur la mort de son fils, au front, sont terribles.
rob,
moissac!
cela dit, je ne suis pas objectif, car sous le charme de l'écriture et de l'esprit de cet homme, anarque s'il en fut.
à +
Écrit par : hoplite | 08/08/2009
Je n'ai jamais réussi à aimer Junger malgré de nombreuses tentatives ; pourtant j'ai un faible pour ses admirateurs et de nombreux amis parmi eux. Mais je ne peux me défaire d'un recul instinctif à chaque fois que je tente de m'y replonger.
Écrit par : Christine | 09/08/2009
christine, faites un dernier essai (si vous ne l'avez pas lu) avec Jardins et routes, première partie de son journal de la seconde guerre mondiale: mélange extraordinaire de considérations philosophiques, entomologistes et guerrières. c'est bouleversant; Junger est hostile au parti nazi mais fidèle à sa patrie et part à la guerre à presque 40 ans désabusé, déjà anarque.
Écrit par : hoplite | 10/08/2009
OK, je vais tenter à nouveau. Ce ne sont pas les accusations de nazisme qui m'arrêtent, c'est une amertume qui confine parfois au cynisme.
Écrit par : Christine | 15/08/2009
Les commentaires sont fermés.