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18/01/2010

Faut-il brûler Aubry?

apartheid.jpgJ'emprunte ce titre à l'article qui avait paru il y a des années dans l'Immonde (intitulé "Faut-il brûler Roland Barthes") et qui avait déclenché une polémique sévère (du temps ou il existait encore des écrivains, critiques et philosophes dignes de ce nom, contrairement à la clique BHL-Onfray-Sollers-Gluckman qui nous afflige sans répit) pour revenir deux secondes sur le projet de vote des étrangers (non-résidents de l'UE) aux élections locales, relancé par l'effroyable Aubry.

Cette question est intéressante car elle pose le problème de la dissociation entre citoyenneté et nationalité. Il existe aujourd'hui une citoyenneté européenne alors qu'il n'existe pas de nationalité européenne. Ainsi, les ressortissants de l'Union Européenne sont aptes à participer aux élections locales dans les pays membres où ils résident. De même pour les ressortissants du common wealth au Royaume Uni.

Sous-jacente à cette interrogation est la nature de notre modèle d' « intégration » des étrangers (non-européens) : la France, on le sait, affecte de s'accrocher à un modèle assimilationniste qui fit ses preuves et fabriqua, nolens volens, des générations de français patriotes essentiellement à partir d'immigrants européens. Ce modèle est aujourd'hui obsolète essentiellement en raison de l'abandon par nos élites (politiques, culturelles, économiques, etc.) de ce paradigme assimilationniste, par la destruction méthodique de TOUS les outils d'intégration (qu'étaient la langue, la famille, l'école, l'armée, la religion, le travail, les corporations, syndicats, etc.) et par la nature extra-européenne de la grande majorité des étrangers venant vivre en Europe et du gap culturel abyssal qui s'en suit.

Le nouveau modèle d'intégration promu, sans l'afficher, par nos élites est un modèle communautarien à l'anglo-saxonne qui permet aux communautés étrangères de faire l'objet d'une reconnaissance (ethno-culturelle) dans la sphère publique. Et cette politique communautarienne non assumée pourrait à terme se traduire par une dissociation de la citoyenneté et de la nationalité. Et pourquoi pas ? On pourrait très bien imaginer un véritable débat national, avec référendum à la clef, sur la volonté en la matière des français...Si les français sont d'accord...encore faut-il les consulter, ce qui n'est évidement pas le cas.

Bon, il ne fait aucun doute que ce genre de réflexion basique n'est évidemment pas venue à l'esprit d'Aubry, archétype de l'ogresse progressiste, leader d'un parti socialiste qui n'a plus de socialiste que le nom depuis qu'il s'est fait l'ambulance de la mondialisation capitaliste sous les habits neufs de la doxa libérale-libertaire et de l'(im)posture transgressive et nomade propre à nos modernes.

Aubry a fini par comprendre que les classes populaires (ouvriers, artisans) comme les classes moyennes (enseignants) ne votaient plus socialistes. Que la seule façon de survivre était de reconstituer un électorat de substitution, que la meilleure façon d'y parvenir, les français de souche étant perdus, était sans doute de gagner les suffrages de ces millions d'étrangers qui sont rentrés (légalement ou pas) dans ce pays depuis plusieurs décennies. Sorte d'armée de réserve du « socialisme »...Après la substitution ethnique des peuples européens, il parait naturel d'organiser la substitution de l'électorat traditionnel des partis de « gauche ». Sans, bien sûr, s'interroger sérieusement sur les raisons de la disparition de cet électorat populaire... (Réflexion sans doute trop inconfortable pour nos caciques socialistes).

Le peuple ne vote plus socialiste? Changeons-le !

Quitte à s'asseoir sur quelques principes de bases républicains tels que l'égalité devant la loi (discrimination positive) ou la non reconnaissance du fait communautaire (clientélisme outrancier).

Aubry et ses clones appuient souvent leur requête sur le fait que nombre d'étrangers travaillent (régulièrement ou non) et paient des impôts, conférant à ces derniers une sorte de « citoyenneté économique » et légitimant leur participation au vote local, accréditant une confusion essentielle entre deux champs distincts (politique et économique). Il est vrai que les mêmes qui évoquent cette citoyenneté économique sont les mêmes qui parlent de « citoyen du monde », abstraction évidente pour qui veut bien réfléchir deux secondes, le monde n'étant pas une entité politique à la quelle pourrait se référer la nature politique du concept de citoyenneté. Ie il n'existe pas plus de « citoyen économique » que de « citoyen du monde », la confusion étant bien sûr voulue. Freund aurait parlé d' « impolitique » pour ce genre de barbarisme syntaxique et idéologique.

Pour bien enfoncer le clou, Hollande, ce concentré de cuistrerie dérisoire et bien-pensante, affirmait tantôt lors de l'émission Mots croisés que ce type de réforme pourrait aboutir de façon référendaire ou parlementaire, suivant les variations de l'opinion, manière de confirmer sa volonté de passer outre la volonté populaire. Mais c'est une habitude chez nos modernes.

En résumé :

1-les socialistes n'en sont plus,

2-pour cette unique raison, ils ont perdu leur électorat naturel, passé à "droite", à "l'ultra-gauche" ou dans l'abstention ou le vote protestataire,

3-il est stratégiquement crucial pour ce conglomérat de malfaiteurs encravatés de se trouver un électorat de remplacement dans les rangs serrés des immigrés,

4-démagogie stratosphérique (vote des étrangers, déclaration inepte du genre « la France n'est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c'est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n'y a pas de Français de souche, il n'y a qu'une France de métissage » propre à faire mourir de rire n'importe quel Indien, Africain, Chinois ou Japonais...) et clientélisme effréné (finance islamique, privilèges vestimentaires, alimentaires, etc.) sont les axes principaux de cette stratégie de reconquête électorale.

5-tout cela finira sans doute en apartheid et/ou en guerre « civile ». Mais ils ne seront plus là. Ah ! ah !

Commentaires

un pavé dans la mare.
tu viens quand à la pêche ?

Écrit par : jp | 18/01/2010

"1-les socialistes n'en sont plus,"
ça ne date pas d'hier...
Sinon, d'accord en tous points avec ton texte.

Écrit par : Marine | 19/01/2010

Les socialistes n'en sont plus. Mais qu'est-ce qu'un socialiste qui en est un ?
Pour vous lire souvent et avec le plus grand plaisir, je ne doute pas de votre réponse : le socialiste, c'est Orwell, l'homme qui "agit" selon ses convictions, s'interroge sur celles-ci, dénonce justement tous les totalitarismes et les combat de son bras et de sa plume, visite les bas-fonds prolétariens et en revient avec la certitude que le "pauvre" n'est pas forcément meilleur bougre parce qu'il est pauvre...
Mais cela, est-ce être socialiste ou être Orwell ?

L'impuissance d'Orwell à entrevoir ou à préconiser une solution politique alternative c'est à dire une solution "socialiste" sans les contraintes ou implications afférentes l'amène à prescrire, faute de mieux, la fameuse "décence commune", une forme de confiance dans les rapports sociaux guidés par le bon sens, la liberté et l'intelligence individuelle.
Je ne peux m'empêcher d'y voir une parenté avec les " règles de juste conduite" du père Hayek.
Cela dit, votre analyse est toute pertinente et j'adhère aux conclusions 2,3 et 4.
Merci.

Écrit par : Whig | 19/01/2010

@marine: c'est pas d'hier mais ça n'est quand même pas si ancien: à la fin des années 60, il y avait encore des responsables politiques, des philosophes, des penseurs capables d'analyser la question sociale et de porter un regard sur la mondialisation capitaliste (l'internationale...) que nous vivons. ajourdhui terminé. même les guignols soixante-huitards genre le clown dcb se sont ralliés à cette idéologie libérale-libertaire dominante et destructrice. La contestation du dystème ne vivote plus qu'aux marges (quelques verts un peu moins cons que les autres, quelques francs-tireurs dispersés...pas grand-chose en fait). d'ou la disparition programmée du PS en faillite doctrinale.

@whig: c'est la question clef: qu'était le socialisme pour Orwell? et sa common décency n'était-elle pas une utopie?
Sur ces points, l'analyse de Michéa me parait pertinente: la philosophie de cet empire du moindre que nous voyons se globaliser est une philosophie anthropologique pessimiste au sens ou nos libéraux considèrent que les hommes sont incapables de s'organiser positivement en vue de promouvoir le Bien commun, que toutes les tentatives de ce genre finissent en gyuerre civile et/ou en guerres de religion...Que donc seul un état axiologiquement neutre dans une société de droit axée sur le marché peut être viable.
Orwell croyait, au contraire, dans la capacité des hommes, à partir de valeurs simples et fondatrices de toute sociabilité (la triade de Mauss) à construire une société "décente". aux antipodes de la lutte de tous contre tous du paradigme libéral...
On peut se demander si le compromis trouvé dans l'aprés-guerre en Europe entre exigences sociales et stratégies financières (étatiques ou privées), la social-démocratie, ne s'en rapprochait pas. En tout cas cela nous parait bien loin aujourdhui.

Écrit par : hoplite | 19/01/2010

"Triade de Mauss" ?

Écrit par : Jean-Pierre | 19/01/2010

@jean-pierre: savoir donner, recevoir et rendre. (marcel Mauss)

http://www.journaldumauss.net/

Écrit par : hoplite | 19/01/2010

Un certain sens des responsabilités de la gauche existait encore dans les années 80, et pas que chez les socialos !
Dans l'Humanité du 6 janvier 1981, le bon G.Marchais écrivait : (extraits)
[...] " En raison de la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes[...].
[...] "La cote d’alerte est atteinte. C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. … Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle ET clandestine. … Il faut résoudre l’important problème posé dans la vie locale française par l’immigration.[...]
[... "Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela crée des tensions, et parfois des heurts entre immigrés des divers pays. Cela rend difficiles leurs relations avec les Français. … Quand la concentration devient très importante … la crise du logement s’aggrave ; les HLM font cruellement défaut et de nombreuses familles françaises ne peuvent y accéder. Les charges d’aide sociale nécessaires pour les familles immigrés plongées dans la misère deviennent insupportables pour les budgets des communes."

On croit halluciner, non ?
Mais voilà, l'incurie, l'archaïsme et le dogmatisme de la gauche l'a vidée de l'électorat de souche dont elle se contrefout. Et bien sûr, elle veut capter les nouveaux arrivants à tout prix, et merde aux intérêts des Français.
La ch'tite Aubry est l'archétype de cette gauche irresponsable et pour tout dire traitre à la Patrie..

Écrit par : Augustine | 24/01/2010

oui, c'est trés intéressant, augustine: c'était une époque ou les partis de gauche avaient encore un regard critique sur le capitalisme et se considéraient comme des représentants de la classe ouvrière; depuis le début des années 70 ces mêmes partis de gauche se sont converti à la doxa libérale (adoubement du capitalisme globalisé, abandon de la question sociale, abandon de la souveraineté nationale, nomadisme planétaire, etc. et ont reporté leur attention sur d'autres prolétariat, notamment les Tiers-monde opprimé et les immigrés en europe, voire la lutte contre toutes les discriminations...). Cela explique au passage que le FN soit devenu le premier parti populaire français, les classes populaires, abandonnées par la gauche allant vers le parti qui garde un discours identitaire et de défense de leurs intérêts versus l'étranger, ce prolétariat de réserve.

Écrit par : hoplite | 24/01/2010

Oui hoplite, la gauche bobo-caviar ayant goûté au pouvoir s'est convertie à la doxa libérale. D'où son besoin impératif de draguer les nouveaux pauvres, mais aussi de surenchérir en permanence sur les questions sociétâââles ! Les Espagnols, réalisant les dégâts que leurs gvts de gauche successifs ont produit dans ce dernier domaine, et à pas de géant, commencent enfin à dire "stop".

Écrit par : Augustine | 24/01/2010

"Les Espagnols, réalisant les dégâts que leurs gvts de gauche successifs ont produit dans ce dernier domaine, et à pas de géant, commencent enfin à dire "stop"."

le réveil des peuples? à suivre, comme le référendum Islandais: trés intéressant!

Écrit par : hoplite | 24/01/2010

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