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14/09/2014

des baudruches aux semelles de vent

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" (...) Julien Freund: Sur cet universalisme fallacieux qui règne depuis la dernière guerre mondiale, Schmitt s'est exprimé dans les années vingt. Il écrit dans sa Notion de Politique que " le concept d'humanité est un instrument idéologique particulièrement utile aux expansions impérialistes " et que " sous sa forme éthique et humanitaire, il est un véhicule spécifique de l'impérialisme économique ". Bien évidemment les Américains traduisent leurs intérêts nationaux en langage internationaliste, exactement comme le font les Soviétiques. Mais vous le savez bien, si j'accepte de comparer ces deux puissances, ce n'est pas pour les confondre. Cependant, si le despotisme communiste venait à disparaître comme pourraient le laisser prévoir tous ces craquements à l'Est, l'Amérique pourrait être tentée par une hégémonie sans retenue.
En réponse à ces immenses défis, je suis frappé par le caractère routinier du débat européen.

L'Europe se construit d'une manière fonctionnaliste, par une suite d'enchaînements automatiques. Son fétichisme institutionnel permet de dissimuler notre maladie qui est l'absence d'objectifs affichés. Nous sommes par exemple impuissants à nous situer par rapport au monde. Etrange narcissisme ; on se congratule d'exister, mais on ne sait ni se définir, ni se circonscrire. L'Europe est-elle reliée à un héritage spécifique ou bien se conçoit-elle comme une pure idéalité universelle, un marchepied vers l'Etat mondial ? L'énigme demeure avec un penchant de plus en plus affirmé pour la seconde solution qui équivaudrait à une dissolution. Ce processus se nourrit par ailleurs, c'est transparent chez les Allemands, d'une propension à fuir le passé national et se racheter dans un sujet politique plus digne d'estime, une politie immaculée, sans contact avec les souillures de l'histoire. Cette quête de l'innocence, cet idéalisme pénitentiel qui caractérisent notre époque se renforcent au rythme que lui imposent les progrès de cette mémoire négative toute chargée des fautes du passé national. On veut lustrer une Europe nouvelle par les vertus de l'amnésie. Par le baptême du droit on veut faire un nouveau sujet. Mais ce sujet off-shore n'est ni historique, ni politique. Autant dire qu'il n'est rien d'autre qu'une dangereuse illusion.

En soldant son passé, l'Europe s'adosse bien davantage à des négations qu'à des fondations. Conçue sur cette base, l'Europe ne peut avoir ni objectif, ni ambition et surtout elle ne peut plus rallier que des consentements velléitaires. Le nouvel Européen qu'on nous fabrique est une baudruche aux semelles de vent. Les identités fluides, éphémères qu'analyse Michel Maffesoli ne peuvent en aucun cas tenir le rôle des identités héritées. Elles n'agrègent que de manière ponctuelle et transitoire, en fonction de modes passagères. Oui, ce ne sont que des agrégats instables stimulés par le discours publicitaire. L'orgiasme n'est pas une réponse au retrait du politique, car il exclut la présence de l'ennemi. Quand il se manifeste, l'ennemi, lui, ne s'adonne pas au ludisme dionysiaque. Si le politique baisse la garde, il y aura toujours un ennemi pour troubler notre sommeil et déranger nos rêves. Il n'y a qu'un pas de la fête à la défaite. Ces tribus là ne sont pas un défi à l'individualisme, elles en sont l'accomplissement chamarré...

Et puis, c'est une Europe de la sempiternelle discussion ... et toujours sur des bases économiques et juridiques, comme si l'économie et le droit pouvaient être fondateurs. Vous savez l'importance que j'accorde à la décision, or l'Europe est dirigée par une classe discutante qui sacrifie le destin à la procédure dans un interminable bavardage qui ne parvient guère à surmonter de légitimes différents. Ce refus de la décision est lié au mal qui frappe nos élites ; elles ne croient plus à la grandeur de notre continent ; elles sont gâtées jusqu'à la moelle par la culpabilité dont elles transmettent l'agent létal à l'ensemble des Européens. D'où cette dérive moralisatrice qui transforme l'Europe en tribunal, mais en tribunal impuissant.
Pierre Bérard: Il n'est pas toujours impuissant à l'égard des autochtones...
J.F. - Ca, c'est une autre affaire... Impuissant, car nous prétendons régir la marche du monde vers l'équité, mais nous refusons d'armer le bras de cette prétendue justice. La culpabilité névrotique inhibe l'action.Le problème, c'est que l'Europe est construite par des libéraux et par des socio-démocrates, c'est à dire par des gens qui croient dans l'économie comme instance déterminante. C'est pourquoi la neutralisation du politique est pour ainsi dire inscrite dans son code génétique.
P.B. - L'Europe n'est qu'un tigre de papier.
J.F. - Elle ne fait même pas semblant d'être un tigre ! Depuis plus de quarante ans, elle s'en remet aux Américains pour ce qui est de sa protection. Elle a pris le pli de la vassalité, l'habitude d'une servitude confortable. C'est ce que dévoilent d'ailleurs les choix budgétaires de tous ses gouvernements quelle qu'en soit la couleur : la portion congrue pour la défense, une part grandissante pour les dépenses sociales. En réalité, L'Europe ne peut se construire que sur un enjeu ultime... la question de la vie et de la mort. Seul le militaire est fédérateur, car dans l'extrême danger il est la seule réponse possible. Or ce danger viendra, car l'Europe vieillissante riche et apathique ne manquera pas d'attiser des convoitises. Alors viendra le moment de la décision, celui de la reconnaissance de l'ennemi... Ce sera le sursaut ou la mort. Voilà ce que je pense. M'exprimer de cette manière ne me vaut pas que des amis...(...)"

Conversation avec Julien Freund, Pierre Bérard.

28/06/2014

Les merguez, c'est maintenant! Apologie de la sécession.

Depuis que la gauche n’est plus socialiste et, dans son abandon de la critique sociale d’un monde désormais régi par les seules règles d’airain du capitalisme globalisé, s’est faite, sans trop d’efforts, l’ambulance de ce dernier, elle se condamne, années après années, à ne plus produire en fait de programme politique que quelques mesures sociétales parfaitement secondaires mais à même de faire tourner les moulins à prières du landernau médiatique et politique.

Ainsi, le spectacle politique n’est-il plus occupé, en général, que par des débats parfaitement secondaires tels la « dépénalisation » de telle ou telle drogue ou addiction, le « mariage homosexuel », l’ »homoparentalité » (cet oxymore), ou la parité « homme-femme » d’une classe politique toujours plus servile et abjecte, tendue vers le seul objectif de se payer sur le dos du peuple qu’elle est censée représenter.

Aux formidables avancées sociétales et/ou culturelles d’une gauche qui n’en est plus (et vécues comme des « résistances » à un ordre moral et symbolique patriarcal, clérical et militariste toujours plus évanescent) répondent les spectaculaires transgressions économiques d’une droite qui n’en est plus non plus car désormais ralliée à la seule défense de ses intérêts de classe depuis son adoption en bloc de la vulgate bourgeoise et son obsession de l’argent et de la représentation sociale. Dans cette seule perspective d’unification juridico-marchande de sociétés autonomes et auto-instituées, toute référence publique à des valeurs ou codes moraux, philosophiques ou religieux communs est désormais proscrit au profit du seul marché extensif (et ses malls climatisés peuplés de zeks) encadré du seul droit procédural (et ses cohortes d’avocats marrons toujours prompts à faire valoir les droits naturels et positifs de chacun contre les mêmes de son voisin dans une ambiance de guerre de tous contre tous très bien décrite dans le Léviathan de Hobbes, qui n’était pas précisément optimiste sur l’avenir de nos sociétés libérales.

Parmi ces questions sociétales secondaires si parfaitement mises en avant par le Spectacle afin de masquer l’abandon des vraies questions, figure le « vote des étrangers », que ne cesse d’agiter la chapelle progressiste, les uns (tendance Inrocks/Libé/Télérama) préoccupés de voir leur électorat populaire/ouvrier/prolétaire leur cracher à la gueule et pressés de se reconstituer un électorat de substitution, les autres (tendance La Tribune, Valeurs actuelles), impatients d’agiter quelques hochets traditionnels prompts à tromper les couillons dans une fiction d’alternance politique rejouée depuis quelques générations maintenant.

Or sans forcément remonter à Aristote (3) qui énonce clairement dans son livre politique les conditions de la paix civile (« partager des valeurs civilisationnelles communes), on peut s’arrêter à Castoriadis, fidèle d’Aristote et des Lumières, revenu de l’illusion léniniste et trotskyste mais nullement dupe de la forme envahissante de nos sociétés libérales qui mettait en garde contre les «bavardages sur la coexistence de n'importe quelle culture dans la diversité», estimant que le problème posé par l'immigration n'était pas (contrairement à la doxa libérale mais aussi marxiste) «économique», mais «profondément politique et culturel». Bong ! En outre, évoquant la «fermeture des sociétés islamiques» sous l'influence d'une «religion qui veut toujours régenter la société politique et civile au nom d'une loi révélée», et ne prenant pas plus de gants avec les intégristes qu'avec les staliniens ou les néolibéraux, il réfutait le victimisme musulman, qu'il sentait croître, comme une «mythologie grotesque» et antihistorique et il considérait que «les musulmans ne peuvent vivre en France que dans la mesure où, dans les faits, ils acceptent de ne plus être des musulmans sur une série de points (droit familial, droit pénal)». 

En considérant l’irruption massive de peuples étrangers nullement désireux de se dépouiller d’une partie d’eux-mêmes (et au contraire prompts à revendiquer toujours plus de privilèges  -lex privata- et d’ « accommodements raisonnables » en rupture avec la tradition républicaine d’égalité devant la Loi mais encouragés en toutes occasions par la même chapelle progressiste/libérale au nom d’une « laïcité ouverte ») dans nos sociétés d'abondance marquées par la «montée de l'insignifiance» liée à la «transformation des humains en machines à produire et à consommer» comme à la dépolitisation des existences individuelles ou à la soumission à un «conformisme généralisé» et à une marchandisation sans limites aboutissant à une «décomposition des sociétés occidentales» («la privatisation, l'apathie, l'inimaginable dégradation du personnel politique» (1)) on ne peut raisonnablement, à moins d’être croyant, imaginer meilleure fenêtre sur le chaos à venir.

Ainsi, que ce soit par calcul politique à court terme, par simple ignorance ou par soumission au credo progressiste enjoignant de déconstruire  tous les rapports sociaux, traditionnels et figés, avec leur cortège de conceptions et d'idées antiques et vénérables (2),nos modernes en arrivent à imposer, à ré-introduire dans le champ politique contre le simple bon sens mais aussi contre toute une tradition de la pensée du Politique, les conditions propres à toute guerre civile de religion. Le paradoxe étant que cette tradition philosophique libérale, (éminemment importante, nous sommes TOUS des libéraux sans avoir lu Constant de même que nous sommes tous également cartésiens sans avoir lu Descartes ou chrétiens sans croire ni pratiquer, nous autres européens de souche ou de tradition) est le propre de philosophes qui, après deux siècles de guerres de religions qui déchiraient le corps social jusqu’au sein des familles, voulaient absolument immuniser la société contre cette abomination.

(1) Une société à la dérive. Entretiens et débats 1974-1997, Cornelius Castoriadis.

(2) « La bourgeoisie...partout ou elle a conquis le pouvoir, a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissaient l'homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du paiement au comptant. Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité naïve dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange ; elle a substituée aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. La bourgeoisie a dépouillée de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque là pour vénérables et qu'on considérait avec un sain respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré un voile de sentimentalité qui recouvrait les situations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent...[...] La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les conditions de la production, c'est-à-dire tous les rapports sociaux ; Tous les rapports sociaux, traditionnels et figés, avec leur cortège de conceptions et d'idées antiques et vénérables, se dissolvent ; ceux qui les remplacent vieillissent avant d'avoir pu s'ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés, enfin, d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s'implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations ; Par l'exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l'industrie sa base nationale, Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore tous les jours.» Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, 1848.

(3) « L'absence de communauté nationale est facteur de guerre civile, tant que les citoyens ne partagent pas les mêmes valeurs de civilisation. Une cité ne se forme pas à partir de gens pris au hasard, et elle a besoin de temps pour se coaguler. C'est pourquoi, parmi ceux qui ont accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux, et pour les intégrer à la cité, la plupart ont connu des guerres civiles. Par exemple, les tyrans de Syracuse, en ayant naturalisé les immigrés, ont dû subir des révoltes. Citoyens et étrangers en sont venus à se combattre. » (Aristote, Politique, Livre V)

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"(...)  Julien Freund: "Comme je l'ai souligné dans ma Sociologie du conflit, il y a deux conditions pour qu'une crise dégénère en conflit. D'abord que s'affirme une bipolarisation radicale ; enfin, que le tiers s'efface. Tant que le tiers subsiste et parvient à affirmer son autorité, il n'y a guère de risque que la crise ne débouche sur un affrontement. Dans la société, la crise est une occurrence banale tant qu'il y a inclusion du tiers ; le conflit n'intervient qu'avec son exclusion. C'est cette exclusion qui est polémogène. Dans la situation présente du pays, le tiers est constitué par l'Etat et les différentes institutions qu'il patronne, comme l'école par exemple dont nous avons parlé, or non seulement l'Etat est frappé par la déshérence du politique, ce qui signifie qu'il se déleste de sa fonction cardinale qui est de pourvoir à la sûreté de chacun, mais les institutions subissent une sorte de pourrissement qui les rend de plus en plus inaptes à manifester leur vocation spécifique... Une distance culturelle qu'on ne parvient pas à combler entre l'immigration musulmane et le milieu d'accueil avec un danger de surchauffe violente, et un tiers en voie de dissolution ; cela, voyez-vous, me fait craindre le pire pour les années à venir.
Pierre Bérard. - Les libéraux pensent que c'est le marché qui est intégrateur.
J.F. - Le goulag en moins, ce qui n'est pas mince, c'est une utopie aussi dangereuse que celle des Léninistes.
P.B. - L'ignominie du communisme, c'est qu'il a fini par rendre le libéralisme désirable! (...) "

Conversation avec Julien Freund, Pierre bérard.

effacement du tiers..

30/05/2011

le prix à payer

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Je repense à ce regard pathologique, à cet ethno-masochisme occidental, celui que j'illustrais tantôt avec Sartre ou Badiou appelant à tuer les siens ou à la disparition de sa propre culture.

Il y a bien sûr cette singularité de la civilisation Occidentale consistant à décentrer son regard pour se voir soi-même ou pour voir les autres. Ce qui ne signifie pas que d'autres hommes appartenant à d'autres civilisations n'aient pas eu la même approche, mais de façon contingente, contrairement aux européens dont il me semble que c'est une constante. Hérodote, dans son Enquête, dans ce premier travail d'historien voyageant en Méditerranée Orientale et contant les guerres Médiques ou son voyage en Cyrénaïque ou, plus tard, Thucydide relatant factuellement la lutte à mort entre cités rivales grecques, ont ce regard excentré, cette curiosité envers l'Autre, envers le barbare.

« Hérodote d'Halicarnasse présente ici les résultats de son Enquête afin que le temps n'abolisse pas le souvenir des actions des hommes et que les grands exploits accomplis soit par les Grecs, soit par les Barbares, ne tombent pas dans l'oubli ; il donne aussi la raison du conflit qui mit ces deux peuples aux prises. ». Hérodote, Enquête.

Mais Hérodote comme Thucydide, bien qu'acceptant de décentrer leur regard et leur être, ne versent pas dans l'ethno masochisme d'un Badiou, d'un Sartre ou du journaliste progressiste moyen en Occident. Pourquoi les occidentaux sont-ils les seuls à ressasser les crimes commis par leurs ancêtres ? Pourquoi aucun africain, n'écrivit-il jamais l'histoire des royaumes négriers d'Oyo ou d'Abomey ? Pourquoi l'histoire de la traite esclavagiste Orientale n'a jamais été écrite par un arabo-musulman ? Pourquoi aucun maghrébin ne demande-t-il réparation aux arabes pour les avoir colonisés depuis quatorze siècles, et pourquoi nul chef d'état Espagnol n'a-t-il jamais demandé réparation pour sept siècles de colonisation Maure ? Génocides, meurtres de masse, gestes coloniales, écrasement de minorités, déportations, ethnocides sont le lot commun de toutes les civilisations depuis les origines mais seuls les occidentaux s'en soucient. Pourquoi seuls des Britanniques sont-ils capables de s'enchaîner et de demander pardon aux descendants de victimes de la traite triangulaire alors qu'ils n'y sont strictement pour rien ?

Curieusement, l'Europe est sans doute une des aires civilisationnelles qui accueille le plus d'étrangers (« migrants » dans la novlangue moderne) sur son sol et qui se montre la plus accueillante et généreuse pour ceux qui choisissent d'y vivre, mais ça n'est pas le terme de xénophilie qui est sur toute les lèvres mais celui de xénophobie. Comme un paradoxe, à mon avis. Nombre de contempteurs d'une europe occidentale soi disant xénophobe faisant d'ailleurs souvent référence au terme d'Europe citadelle, sous entendant une volonté et une politique (à mon avis imaginaire) de fermeture inconditionnelle de nos territoires aux étrangers. J'aimerais être plus érudit pour voir les choses de plus haut mais j'ai l'impression, au contraire que, pour le meilleur comme pour le pire, les européens et l'Europe -au sens culturel, civilisationnel- se distinguent donc au contraire par une ouverture, une curiosité sans pareille vis-à-vis de l'altérité ; d'Hérodote visitant le monde barbare, les Jardins de Babylone, à Neil Armstrong en passant par Marco Polo et Colomb. En bon lecteur de Jared Diamond, j'ai -aussi- tendance à considérer que plus une civilisation est riche et puissante, plus elle a tendance à produire des hommes aventureux, des bateaux pour naviguer loin et des armes pour asseoir leur domination...Il n'empêche, c'est le destin, le fatum, des occidentaux.

Or, pas besoin de lire Lévi-Strauss (c'est mieux quand même) pour comprendre  que, pour survivre, c'est-à-dire se conserver dans le changement, une culture a toujours recours à une certaine xénophobie, tout au moins un certain ethnocentrisme.

« (...) Nulle inconséquence, pourtant, ne saurait être reprochée à Lévi-Strauss. On ne voit pas par quel enchantement des hommes enfoncés chacun dans sa culture seraient saisis d'une passion spontanée pour les genres de vie ou les formes de pensées éloignées de leur tradition. Si, d'autre part, la richesse de l'humanité réside exclusivement dans la multiplicité de ses modes d'existence, si l'honneur d'avoir crée les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie, ainsi que l'écrit Lévi-Strauss et comme le disent en d'autres termes les grandes professions de foi de l'UNESCO, alors la mutuelle hostilité des cultures est non seulement normale mais indispensable. Elle représente le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leurs propres fonds, les ressources nécessaires à leur renouvellement. » (La défaite de la pensée, A Finkielkraut, 1987.).

« Le prix à payer »...Comment les européens ont-ils oublié cela ? Mystère.

Cette xénophilie européenne alliée à un certain ethno masochisme, me parait, avant tout, être le propre d'un ethno centrisme dévoyé, d'une croyance irrationnelle en la singularité -cette fois au sens de supériorité- de la culture occidentale Européenne; je m'explique : pétris d'universalisme, les européens sont sans doute les seuls au monde à considérer que mettre leur propre culture en retrait et survaloriser celle de l'étranger est la meilleur façon de transmettre (si cela est encore possible) et de faire vivre une tradition culturelle millénaire. Ils sont sans doute seuls au monde à considérer que faire venir sur leur sol des millions d'étrangers en leur enjoignant de ne point abandonner leur culture et de « vivre chez nous comme chez eux » et que, dans le même mouvement, stigmatiser toute manifestation d'une culture autochtone européenne, tout enracinement européen, puisse se terminer autrement qu'en guerre de tous contre tous. Mais peut-être est-ce une ruse de l'Histoire:

« C'est Nietzsche qui écrit dans La volonté de puissance que l'Europe malade trouve un soulagement dans la calomnie. Mais il se pourrait bien que le masochisme européen ne soit qu'une ruse de l'orgueil occidental. Blâmer sa propre histoire, fustiger son identité, c'est encore affirmer sa supériorité dans le Bien. Jadis l'occidental assurait sa superbe au nom de son dieu ou au nom du progrès. Aujourd'hui il veut faire honte aux autres de leur fermeture, de leur intégrisme, de leur enracinement coupable et il exhibe sa contrition insolente comme preuve de sa bonne foi. Ce ne serait pas seulement la fatigue d'être soi que trahirait ce nihilisme contempteur mais plus certainement la volonté de demeurer le précepteur de l'humanité en payant d'abord de sa personne. Demeurer toujours exemplaire, s'affirmer comme l'unique producteur des normes, tel est son atavisme. Cette mélodie du métissage qu'il entonne incessamment, ce ne serait pas tant une complainte exténuée qu'un péan héroïque. La preuve ultime de sa supériorité quand, en effet, partout ailleurs, les autres érigent des barrières et renforcent les clôtures. L'occidental, lui, s'ouvre, se mélange, s'hybride dans l'euphorie et en tire l'argument de son règne sur ceux qui restent rivés à l'idolâtrie des origines. Ce ne serait ni par abnégation, ni même par résignation qu'il précipiterait sa propre déchéance mais pour se confondre enfin intégralement avec ce concept d'humanité qui a toujours été le motif privilégié de sa domination... Il y a beaucoup de cabotinage dans cet altruisme dévergondé et dominateur et c'est pourquoi le monde du spectacle y tient le premier rôle... » (Pierre Bérard, entretien avec Julien Freund)

Sans doute peut-on retrouver dans cette idéologie égalitaire universaliste et cette xénophilie inconditionnelle la trace de l'eschatologie chrétienne (Babel) sécularisée, devenue religion laïque. En ce sens nombreux sont ceux qui, « attachés dans leur Eglise à tout ce dont celle-ci ne veut plus entendre parler, auront du mal à faire croire que le meilleur moyen d'endiguer la « subversion » est de batailler dans une croyance qui les a déjà abandonnés pour passer à l'ennemi. ». (Alain de Benoist, Droite, l'ancienne et la nouvelle, 1979) Le christianisme en effet, « après avoir été, nolens volens, la religion de l'Occident, après avoir été portée par un esprit, une culture, un dynamisme européens, qui l'avaient précédé de quelques millénaires, le christianisme, opérant un retour aux sources, redécouvre aujourd'hui ses origines. Pour assumer sa vocation universaliste et devenir la religion du monde entier, il entend se « désoccidentaliser ». (...) Nulle idée n'est plus odieuse aux chrétiens que l'idée de patrie : comment pourrait-on servir à la fois la terre des pères et le Père des cieux ? Ce n'est pas de la naissance, ni de l'appartenance à la cité, ni de l'ancienneté de la lignée, que dépend le salut, mais de la seule conformité aux dogmes. Dés lors, il n'y a plus à distinguer que les croyants des incroyants, les autres frontières doivent disparaître. Hermas, qui jouit à Rome d'une grande autorité, condamne les convertis à être partout en exil : « Vous, les serviteurs de Dieu, vous habitez sur une terre étrangère. Votre cité est loin de cette cité. »» (ibid)

Le meilleur, c'est donc bien cette curiosité envers ce qui n'est pas nous, cette ouverture aux autres cultures, aux hommes comme aux idées, cette adaptation permanente qui est un enrichissement et un gage de la survie d'une civilisation. Le pire c'est la disparition de toute conscience identitaire, sinon ethnique, la dissolution dans l'Autre ou le Même et la haine de soi.

« Et le lecteur méditatif songera que la tentation est forte, pour l'Européen lucide de se réfugier dans la posture de l'anarque. Ayant été privé de son rôle d'acteur historique, il s'est replié sur la position du spectateur froid et distancié. L'allégorie est limpide. L'immense catastrophe des deux guerres mondiales a rejeté les Européens hors de l'histoire pour plusieurs générations. Les excès de la brutalité les ont brisés pour longtemps. Comme les Achéens après la guerre de Troie, un certain nihilisme de la volonté, grandeur et malédiction des Européens, les a fait entrer en dormition. A la façon d'Ulysse, il leur faudra longtemps naviguer, souffrir et beaucoup apprendre avant de reconquérir leur patrie perdue, celle de leur âme et de leur tradition. » (Dominique Venner, Ernst Jünger, Un autre destin européen, 2009).

23/03/2010

Angsoc

Bon, qu'a dit Zemmour ?

-que «la plupart des délinquants sont Arabes et noirs » et, qu'incidement, il est logique que les flics les contrôlent plus souvent que les petits feujs à kippa ou que les catho tradis à la sortie de la messe. Juste une vérité, donc.

-regardez cet extrait d'émission chez Guillaume Durand où Zemmour est littéralement agressé par deux petits kapos misérables du politiquement correct. Ce petit Zemmour est impeccable de rigueur et de courage (il est seul, Durand est un lâche façon JF Kahn qui reconnait off des vérités qu'il niera farouchement devant les caméras, le public -comme toutes les assemblées de lemmings- est consternant de soumission à la doxa pseudo-antiraciste et festive, Bonnot et Miller transpirent la haine et l'envie de meurtre). Courage, oui. Ce mec est un des rares dans le Spectacle contemporain (et en fait partie à ce titre) à sortir quelques bonnes grosses vérités aujourd'hui indicibles tant le terrorisme intellectuel, que font régner ces minables petits zeks promus kapos, est puissant et tant toute liberté à son encontre se paye cher (Renaud Camus, Finkielkraut, etc.)

-Zemmour énonce depuis des années avec érudition et passion des faits et des concepts qui auraient valu à d'autres journalistes, écrivains, la mort sociale. J'ai la faiblesse de penser que le fait d'être d'origine juive lui confère une sorte d'immunité médiatique (chacun sait en effet, ou tout au moins a intériorisé, qu'un juif ne peut être raciste ou anti-sémite...là réside sans doute le fait que ce gars ait pu s'exprimer avec autant de liberté depuis quelques années. Un peu de la même façon qu'une Malika Sorel ou qu'un Dominique Sopo : i e seuls des français d'origine non -européenne sont autorisés à s'exprimer sur ces questions identitaires et pèse sur tout européen « de souche » (horresco referens), tout occidental en général, une espèce de présomption de culpabilité qui lui interdit -a priori- de porter un jugement négatif sur la figure de l'Autre, de l'étranger, de l'européen d'origine étrangère.

-Je crois qu'il y a deux choses dans cette pathologie du regard : la première est un fond d'ethno-masochisme (la haine de tout ce qui peut apparaître comme « français » ou « occidental » ) alimentée en permanence par le Spectacle médiatique (films Indigènes, La rafle, Welcome célébrant la nouvelle figure du dominé dans le spectacle de la critique de la domination chére à Finkie) et ses chiens de garde (BHL, Bonnot,Lindenberg , acteurs, talk-shows Canal plus, etc..) par des rappels incessants des « heures les plus sombres de notre histoire » comme Vichy, la geste coloniale française ou l'anti-dreyfusisme; la seconde, à la lumière de Freund, le refus de penser le monde en termes de conflictualité et de ne voir dans l'Autre qu'une chance de rédemption pour tout européen.

« Tuer un européen c'est faire d'une pierre deux coups, dit Sartre dans sa célèbre préface à Franz Fanon, abattre un oppresseur et libérer un opprimé! »

« Que les étrangers nous apprennent au moins à devenir étranger à nous-mêmes, à nous projeter hors de nous-mêmes, assez pour ne plus être captifs de cette longue histoire occidentale et blanche qui s'achève, et dont nous n'avons plus rien à attendre que la stérilité et la guerre. Contre cette attente catastrophique, sécuritaire et nihiliste, saluons l'étrangeté du matin.(...) » (Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom ? Lignes, 2007)

-Zemmour, à la fin de son dernier opus (Mélancolie Française), développe une vision pessimiste de l'avenir de nos contrées tempérées axée sur la sécession et la guerre civile (qui ne heurtera pas les lecteurs de ce blog..) arguant que la déconstruction moderne et « anti-raciste » du peuple français à coups de communautarisme militant, de « respect des différences », de « discrimination positive -ou négative selon où l'on se place», d'immigration de masse et de substitution démographique en sont les prémisses, des communautés ethniquement et culturellement trop dissemblables ne pouvant pas vivre sur le même territoire sans chercher à imposer leurs vues et à en prendre le contrôle.

eisenstaedt_alfred_joseph_goebbels_geneva_1933_11x14_L.jpg-Zemmour a -gravement -contrevenu à l'idéal multi-culturel et vivrensemblesque de nos modernes. Qu'il ait raison importe peu pour nos modernes apôtres du grand soir métissé et festif et grands admirateurs de Torquemada. Zemmour fait tomber le décor et montre que toute cette espèce d'ingénierie sociale destinée à fabriquer en série des Homo Festivus Metissus n'est qu'une gigantesque fraude utopique et dangereuse.

Ou quand les sentinelles de l'anti-fascisme se transforment en émules de Goebbels.(photo)

«  (...) Ceux qui sont visés, ce sont évidemment les gens d'extrême droite dans la mesure où ils entendent s'affirmer comme des compétiteurs dans le jeu démocratique... mais il se pourrait qu'à l'avenir des strates entières du petit peuple autochtone soient pour ainsi dire la proie de cette exclusion rageuse. En attribuant le racisme aux seuls Européens, l'antiracisme donne de plus en plus l'impression de protéger unilatéralement une partie de la population contre l'autre. Or, en abdiquant le révolutionnarisme lyrique au profit du capitalisme libéral, Mitterrand sacrifie cette clientèle de petites gens bercée jusqu'ici par le discours égalitariste. Vous comprenez, ils ont été habitués à une vision irénique de l'avenir. Et justement, ce sont eux les plus concernés dans leur vie quotidienne, les plus exposés à la présence étrangère. On sait, depuis Aristote, que l'étranger a toujours été un élément conflictuel dans toutes les sociétés. L'harmonie dans une société... disons " multiraciale " est, plus que dans toute autre, une vue de l'esprit. Or, ces gens dont nous parlons, ceux du bistrot, ici, ceux que je rencontre tous les jours à Villé, ils ne participent pas de la civilité bourgeoise. Ils ne subliment pas leurs affects. Leurs réactions sont plus spontanées, leur jactance moins étudiée. Affranchis des règles de la bienséance hypocrite, ils seront les premières victimes des censeurs de cet antiracisme frelaté qui rêve de placer la société sous surveillance. Traquenards, chausse-trapes, procédés de basse police, délations... ce sont ces malheureux qui seront bientôt les victimes de ce climat d'intolérance. L'empire du Bien est un empire policier ou l'on traque le faux-pas, le lapsus, le non-dit et même l'humour...

P.B. - Ils apprendront à se taire, à dissimuler...

J.F. - Ah, mon cher, je suis fils d'ouvrier et je vis dans un village... Ils ne se tairont pas. Il se peut qu'à force on fasse de ces braves gens des bêtes fauves... C'est ma crainte, je l'avoue... D'autant que les soi-disantes autorités morales cherchent à expier notre passé colonial en accoutrant l'immigré africain de probité candide et de lin blanc...

P.B. - C'est la version post-moderne du bon sauvage... que la méchanceté de notre passé doterait d'une créance inépuisable.

J.F. - Ah oui, cette histoire de la dette... c'est un thème sartrien. Mais c'est d'abord une victime qui doit pouvoir bénéficier de certaines immunités. En effet. De pareils privilèges, même symboliques - mais dans une société matérialiste les privilèges ne se contentent pas de demeurer symboliques - ne peuvent que renforcer les antagonismes et puis, surtout, comprenez bien ça, cela heurte l'évangile égalitaire dont les Français ont la tête farcie. En jouant simultanément l'antiracisme et Le Pen contre la droite, Mitterrand va provoquer la sécession de la plèbe. Cela paraît habile... Mitterrand le Florentin et que sais-je encore... mais c'est impolitique. Car, le politique doit toujours envisager le pire pour tenter de le prévenir. J'insiste : si l'étranger est reconnu comme un élément de désorganisation du consensus, il éveille un sentiment d'hostilité et de rejet. Un brassage de population qui juxtapose des origines aussi hétérogènes ne peut que susciter des turbulences qu'il sera difficile de maîtriser.

P.B. - Les rédempteurs de l'humanité sont indécrottables ?

J.F. - Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie ! »

Julien Freund, Conversation avec Pierre Bérard.

Addendum: Un magistrat confirme les propos controversés de Zemmour.

18/01/2010

Faut-il brûler Aubry?

apartheid.jpgJ'emprunte ce titre à l'article qui avait paru il y a des années dans l'Immonde (intitulé "Faut-il brûler Roland Barthes") et qui avait déclenché une polémique sévère (du temps ou il existait encore des écrivains, critiques et philosophes dignes de ce nom, contrairement à la clique BHL-Onfray-Sollers-Gluckman qui nous afflige sans répit) pour revenir deux secondes sur le projet de vote des étrangers (non-résidents de l'UE) aux élections locales, relancé par l'effroyable Aubry.

Cette question est intéressante car elle pose le problème de la dissociation entre citoyenneté et nationalité. Il existe aujourd'hui une citoyenneté européenne alors qu'il n'existe pas de nationalité européenne. Ainsi, les ressortissants de l'Union Européenne sont aptes à participer aux élections locales dans les pays membres où ils résident. De même pour les ressortissants du common wealth au Royaume Uni.

Sous-jacente à cette interrogation est la nature de notre modèle d' « intégration » des étrangers (non-européens) : la France, on le sait, affecte de s'accrocher à un modèle assimilationniste qui fit ses preuves et fabriqua, nolens volens, des générations de français patriotes essentiellement à partir d'immigrants européens. Ce modèle est aujourd'hui obsolète essentiellement en raison de l'abandon par nos élites (politiques, culturelles, économiques, etc.) de ce paradigme assimilationniste, par la destruction méthodique de TOUS les outils d'intégration (qu'étaient la langue, la famille, l'école, l'armée, la religion, le travail, les corporations, syndicats, etc.) et par la nature extra-européenne de la grande majorité des étrangers venant vivre en Europe et du gap culturel abyssal qui s'en suit.

Le nouveau modèle d'intégration promu, sans l'afficher, par nos élites est un modèle communautarien à l'anglo-saxonne qui permet aux communautés étrangères de faire l'objet d'une reconnaissance (ethno-culturelle) dans la sphère publique. Et cette politique communautarienne non assumée pourrait à terme se traduire par une dissociation de la citoyenneté et de la nationalité. Et pourquoi pas ? On pourrait très bien imaginer un véritable débat national, avec référendum à la clef, sur la volonté en la matière des français...Si les français sont d'accord...encore faut-il les consulter, ce qui n'est évidement pas le cas.

Bon, il ne fait aucun doute que ce genre de réflexion basique n'est évidemment pas venue à l'esprit d'Aubry, archétype de l'ogresse progressiste, leader d'un parti socialiste qui n'a plus de socialiste que le nom depuis qu'il s'est fait l'ambulance de la mondialisation capitaliste sous les habits neufs de la doxa libérale-libertaire et de l'(im)posture transgressive et nomade propre à nos modernes.

Aubry a fini par comprendre que les classes populaires (ouvriers, artisans) comme les classes moyennes (enseignants) ne votaient plus socialistes. Que la seule façon de survivre était de reconstituer un électorat de substitution, que la meilleure façon d'y parvenir, les français de souche étant perdus, était sans doute de gagner les suffrages de ces millions d'étrangers qui sont rentrés (légalement ou pas) dans ce pays depuis plusieurs décennies. Sorte d'armée de réserve du « socialisme »...Après la substitution ethnique des peuples européens, il parait naturel d'organiser la substitution de l'électorat traditionnel des partis de « gauche ». Sans, bien sûr, s'interroger sérieusement sur les raisons de la disparition de cet électorat populaire... (Réflexion sans doute trop inconfortable pour nos caciques socialistes).

Le peuple ne vote plus socialiste? Changeons-le !

Quitte à s'asseoir sur quelques principes de bases républicains tels que l'égalité devant la loi (discrimination positive) ou la non reconnaissance du fait communautaire (clientélisme outrancier).

Aubry et ses clones appuient souvent leur requête sur le fait que nombre d'étrangers travaillent (régulièrement ou non) et paient des impôts, conférant à ces derniers une sorte de « citoyenneté économique » et légitimant leur participation au vote local, accréditant une confusion essentielle entre deux champs distincts (politique et économique). Il est vrai que les mêmes qui évoquent cette citoyenneté économique sont les mêmes qui parlent de « citoyen du monde », abstraction évidente pour qui veut bien réfléchir deux secondes, le monde n'étant pas une entité politique à la quelle pourrait se référer la nature politique du concept de citoyenneté. Ie il n'existe pas plus de « citoyen économique » que de « citoyen du monde », la confusion étant bien sûr voulue. Freund aurait parlé d' « impolitique » pour ce genre de barbarisme syntaxique et idéologique.

Pour bien enfoncer le clou, Hollande, ce concentré de cuistrerie dérisoire et bien-pensante, affirmait tantôt lors de l'émission Mots croisés que ce type de réforme pourrait aboutir de façon référendaire ou parlementaire, suivant les variations de l'opinion, manière de confirmer sa volonté de passer outre la volonté populaire. Mais c'est une habitude chez nos modernes.

En résumé :

1-les socialistes n'en sont plus,

2-pour cette unique raison, ils ont perdu leur électorat naturel, passé à "droite", à "l'ultra-gauche" ou dans l'abstention ou le vote protestataire,

3-il est stratégiquement crucial pour ce conglomérat de malfaiteurs encravatés de se trouver un électorat de remplacement dans les rangs serrés des immigrés,

4-démagogie stratosphérique (vote des étrangers, déclaration inepte du genre « la France n'est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c'est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n'y a pas de Français de souche, il n'y a qu'une France de métissage » propre à faire mourir de rire n'importe quel Indien, Africain, Chinois ou Japonais...) et clientélisme effréné (finance islamique, privilèges vestimentaires, alimentaires, etc.) sont les axes principaux de cette stratégie de reconquête électorale.

5-tout cela finira sans doute en apartheid et/ou en guerre « civile ». Mais ils ne seront plus là. Ah ! ah !