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23/01/2010

montée de l'insignifiance et camelote germanopratine

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"(...) On est capable en Occident, du moins certains d'entre nous, de dénoncer le totalitarisme, le colonialisme, la traite des Noirs ou l'extermination des Indiens d'Amérique. Mais je n'ai pas vu les descendants des Aztèques, les Hindous ou les Chinois, faire une autocritique analogue, et je vois encore aujourd'hui les Japonais nier les atrocités qu'ils ont commises pendant la Seconde guerre mondiale. La colonisation de certains pays arabes par les Européens a duré, dans le pire des cas, 130 ans: c'est le cas de l'Algérie, de 1830 à 1962. Mais ces mêmes Arabes ont été réduits à l'esclavage et colonisés par les Turcs pendant cinq siècles. La domination turque sur le Proche et le Moyen-Orient commence au XVe siècle et se termine en 1918. Il se trouve que les Turcs étaient musulmans - donc les Arabes n'en parlent pas. L'épanouissement de la culture arabe s'est arrêté vers le XIe, au plus le XIIe siècle, huit siècles avant qu'il soit question d'une conquête par l'Occident. Et cette même culture arabe s'était bâtie sur la conquête, l'extermination et/ou la conversion plus ou moins forcée des populations conquises. En Egypte, en 550 de notre ère, il n'y avait pas d'Arabes - pas plus qu'en Libye, en Algérie, au Maroc ou en Irak. Ils sont là comme des descendants des conquérants venus coloniser ces pays et convertir, de gré ou de force, les populations locales. Mais je ne vois aucune critique de ces faits dans le cercle civilisationnel arabe. De même, on parle de la traite des Noirs par les Européens à partir du XVIe siècle, mais on ne dit jamais que la traite et la réduction systématique des Noirs en esclavage a été introduite en Afrique par les marchands arabes à partir des XI-XIIe siècles (avec, comme toujours, la participation complice des rois et chefs de tribus noirs), que l'esclavage n'a jamais été aboli spontanément en pays islamique et qu'il subsiste toujours dans certains d'entre eux." (1)

"(...) Je ne dis pas que tout cela efface les crimes commis par les Occidentaux, je dis seulement ceci: que la spécificité de la civilisation occidentale est cette capacité de se mettre en question et de s'autocritiquer. Il y a dans l'histoire occidentale, comme dans toutes les autres, des atrocités et des horreurs, mais il n'y a que l'Occident qui a créé cette capacité de contestation interne, de mise en cause de ses propres institutions et de ses propres idées, au nom d'une discussion raisonnable entre êtres humains qui reste indéfiniment ouverte et ne connaît pas de dogme ultime."

"(...) L'écrasante majorité de la planète ne vit pas l'"égalisation des conditions", mais la misère et la tyrannie. Et, contrairement à ce que croyaient aussi bien les libéraux que les marxistes, elle n'est nullement en train de se préparer pour accueillir le modèle occidental de la république capitaliste libérale. Tout ce qu'elle cherche dans le modèle occidental, ce sont des armes et des objets de consommation - ni le habeas corpus, ni la séparation des pouvoirs. C'est éclatant pour les pays musulmans - un milliard d'habitants -, pour l'Inde - presque un autre milliard -, dans la plupart des pays du Sud-Est asiatique et d'Amérique latine. La situation mondiale, extrêmement grave, rend ridicules aussi bien l'idée d'une "fin de l'histoire" que d'un triomphe universel du "modèle démocratique" à l'occidentale. Et ce "modèle" se vide de sa substance-même dans ses pays d'origine."(2)

(1)  Cornélius Castoriadis, http://www.republique-des-lettres.fr/232-cornelius-castoriadis.php

(2)  C Castoriadis,  La montée de l'insignifiance, (Les carrefours du labyrinthe IV), Seuil.

Rappel : au premier trimestre 1979, une violente dispute médiatique opposa Cornelius Castoriadis ainsi que l'historien Pierre Vidal-Naquet à l'écrivain Bernard-Henri Lévy au sujet de nombreuses erreurs factuelles dans le livre de ce dernier, Le Testament de Dieu. Dans un article du Nouvel Observateur en date du 9 juillet 1979, Cornelius Castoriadis admettant sa perplexité devant le « phénomène BHL », écrivait : « Sous quelles conditions sociologiques et anthropologiques, dans un pays de vieille et grande culture, un "auteur" peut-il se permettre d'écrire n'importe quoi, la "critique" le porter aux nues, le public le suivre docilement - et ceux qui dévoilent l'imposture, sans nullement être réduits au silence ou emprisonnés, n'avoir aucun écho effectif ? » Optimiste, Castoriadis ajoutait néanmoins : « Que cette camelote doive passer de mode, c'est certain : elle est vouée, comme tous les produits contemporains, à obsolescence incorporée. »

Commentaires

Superbe ! Merci...

Écrit par : Didier Goux | 23/01/2010

Magistral...

Écrit par : M. Nice Guy | 23/01/2010

Terriblement juste...

Écrit par : ChristineB | 23/01/2010

C'est limpide, et la raison pour laquelle nos actuels colons peuvent se prévaloir du statut de victime, si confortable : la victime est fondée à réclamer toujours plus de ses bourreaux...en l'occurence toujours plus de place pour eux chez nous, toujours plus de droits, toujours plus de visibilité, d'aménagements raisonnables qui leur sont dûs au titre de nos péchés.
Un muslim, Metmati Maâmar, qui intervient régulièrement sur les forums musulmans comme oumma.com, et qui a créé sa propre maison d'édition pour diffuser ses brulôts (contre le CFCM qui pactise avec les mécréants, les musulmans tièdes etc), résume bien la situation : "en 732 Abd el Raman a échoué ; depuis 1999 les musulmans occupent Paris et le reste du territoire sans effusion de sang ni même une goutte de sueur.
Au lieu de frapper par l'épée, il suffisait de frapper à la porte".
Sans ce mortifère besoin de repentance nous n'en serions pas là.

Écrit par : Augustine | 24/01/2010

hoplite, je n'ai pas la possibilité de répondre sous "contre toute attente" (toujours le même problème Internet Explorer), je le fais ici.
La transition est facile : le sieur Maâmar pourra encore cracher son venin raciste. En revanche, des comms' dans le style des miens seront interdits ou poursuivis... Très bien, la boucle est bouclée, et l'endoctrinement totalitaire des âmes occidentales sera plus rapide. Au point où nous en sommes !
Je suis simplement surprise que l'impulsion vienne de F.Fillon, un des rares hommes politiques pour lequel j'ai une certaine estime. Je ne comprends pas la finalité de tout çà !

Écrit par : Augustine | 24/01/2010

j'ai pas lu ton truc mais te livre ça parce que quelque part, je t'aime bien, koaketifasse

bise

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est advenu

Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

Rutebeuf (1230-1285)
Adaptation en Français moderne
de la Griesche d'Hiver.

Écrit par : jp | 24/01/2010

@didier, de rien!
@christine, nice guy: je trouve aussi...
@augustine: cette "rationalité discutante", cette capacité à l'introspection qui est le propre de la culture européenne, "occidentale", est aussi son talon d'Achille. Et consitue pour certains, à l'inverse de juste contempteurs, matière à etnomasochisme et xénophilie inconditionnelle.
J'imagine bien les descendants de sarkosy ou hollande, dans quelques décennies, discuter des modalités d'instauration du califat de Seine-Saint Denis ou de celles de l'application de la lapidation dans le cadre du principe de précaution.
Le principe d'autonomie, la survalorisation du logos rationnel, la mise à l'écart de toute hétéronomie peut conduire aux excès de nos sociétés oligarchique occidentales: relativisme et anomie galopante des "élites", vis-à-vis lesquelles les peuples, encore archaÏques (au sens propres) sont hostiles. Pour combien de temps? et de toutes façons ils sont réduits au silence.
Il y a malheureusement des colonisations longues (éternelles?)
@jp: bravo poulet, je t'aime aussi.

Écrit par : hoplite | 24/01/2010

"J'imagine bien les descendants de sarkosy ou hollande, dans quelques décennies, discuter des modalités d'instauration du califat de Seine-Saint Denis ou de celles de l'application de la lapidation dans le cadre du principe de précaution."

Voilà qui est cynique à souhaite!
Je trouve cette neo-colonisation molle encore pire. J'aurais préféré que l'Occident soit vaincu et colonisé après bataille. Un peu d'honneur et de panache.
Là, nous assistons à un spectacle où notre peuple encourage le phénomène, réprimande celui qui se mettrait en travers.
J'ai bien peur que nous n'ayons plus aucune chance.

Écrit par : M. Nice Guy | 24/01/2010

@niceguy, la bataille est, avant tout, idéologique. et rien ne dit que l'"occident", malgré ses errements et son "insignifiance", comme le souligne Castoriadis, la perde. Tout dépend de ce que recouvre le terme victoire...
L'occident aujourd'hui n'est plus, à certains égards, qu'un vaste mall climatisé ou se promènent des cohortes d'individus anomiques, festifs, des consommateurs absolus et abrutis par une propagande invraisemblable, culpabilisante et coercitive, faite d'ethno-masochisme, de bon sentiments désincarnés, de xénophilie iréniste et d'une enveloppe juridique et contractuelle, tout ça définit nos sociétés oligarchiques libérales...

et sans doute est-ce ce que nos modernes conçoivent comme la fin de l'histoire. En ce qui me concerne, je crois que ce fatras de conneries bien-pensantes et festives est voué à se fracasser sur la réalité ethnique/culturelle et économique. L'espoir est permis.

Écrit par : hoplite | 24/01/2010

C'est quoi cette connerie ? Les Arabes réduits en esclavages par les Turcs ? Castoriadis, on savait qu'il aimait raconter des énormités, mais des comme celles-là c'est collector.

Écrit par : Titus | 24/01/2010

Que ce soit idéologiquement ou autrement, l'Occident aurait dû résister un minimum.

Nous sommes en pleine décadence, spectateurs de l'inéluctable. Et j'ai tout le mal du monde à croire à un revirement de situation. Je ne vois pas d'où cela pourrait venir alors même que la population est abrutie et servile un peu plus chaque jour.

Mais j'aimerais avoir votre espoir.

Écrit par : M. Nice Guy | 24/01/2010

@niceguy: il y a un truc qui se vérifie en permanence, c'est que l'Histoire c'est l'imprévu. la seule certitude que l'on puisse avoir c'est que ce que nous pensons aujourd'hui gravé dans le marbre sera oublié demain. mon espoir réside en ça.

@titus: pendant plusieurs siècles, la rive orientale de la méditerranée ne fut qu'une régence Ottomane...
et s'il y a des arabes dans le maghreb, c'est parce les autochtones maghrébins furent colonisés par les premiers...mais il est de bon ton de l'oublier, dirait-on.

Écrit par : hoplite | 24/01/2010

@Hoplite,

Oui colonisation impériale ottomane (sauf Maroc). Mais JAMAIS esclavage des Arabes comme l'affirme niaisement Castoriadis. Dans le système des millet (communautarisme) les Arabes étaient en haut de la pyramide avec les Turcs, les Bosniaques et les convertis ex-chrétiens. Dire qu'ils étaient des esclaves (comme l'étaient les Noirs ou les Slaves) est tout simplement faux et complètement erroné.

"et s'il y a des arabes dans le maghreb, c'est parce les autochtones maghrébins furent colonisés par les premiers...mais il est de bon ton de l'oublier, dirait-on."

Personne ne l'oublie. Mais ce ce que vous ne dites pas c'est que ces Arabes qui ont colonisé le Maghreb ou le Machrek se sont mélangés avec les populations autochtones et les ont arabisés. On peut parler d'Arabo-Berbères ou d'Arabo-Assyriens ailleurs. Comme la France est pays franco-celte. Certes de moins en moins...

Écrit par : Titus | 24/01/2010

@titus, le propos de Castoriadis est de pointer le fait que la culture arabe s'est bâtie sur la conquête, l'extermination et/ou la conversion des populations conquises, ni plus ni moins. Et ne peut en rien donner de leçons à l'occident sur sa geste coloniale. La posture d'"humiliation" permanente des arabo-musulmans me semble donc à cet égard une imposture, dont les bénéfices sont certes non négligeables en face d'un Occident porté à l'introspection et à la culpabilisation de son histoire.

"Personne ne l'oublie" vous non, trés bien! mais l'historiquement correct, si. là est le problème...

Écrit par : hoplite | 24/01/2010

Hoplite je n'ai pas dit le contraire ! J'ai juste tiqué sur l'affirmation de Castoriadis selon laquelle les Arabes avaient été réduits en esclavage par les Turcs, ce qui est complètement farfelu. Ils avaient été dominés militairement et politiquement (encore que les régions arabes se sont très vite "libérées" dans les faits...) mais pas réduits en esclavage , ça n'a pas de sens.

Pour le reste "l'historiquement correct"... Si on répondait à chacune de ses fadaises, on passerait son temps la bouche ouverte. En outre, il y a "victimisation" car il y a en amont une raison : la sacralisation de la victime, martyr, dans le judéo-christianisme. Quand on a détruit l'Eglise,ne restait plus que le message sans dogme, sécularisé. Il n'est ps étonnant que ce soit en Occident, terre anciennement chrétienne, que la victimisation et la martyrologie médiatique sont nées et sont actives... Il ne faut pas en vouloir aux autres peuples qui singent nos déviances, mais corriger nous-mêmes nos déviances. Nuance.

Écrit par : Titus | 24/01/2010

"Au lieu de frapper par l'épée, il suffisait de frapper à la porte"
Quand ce n'est pas par la porte, on entre par la fenêtre, quitte à la briser.
Quand ce n'est ni par la porte, ni par la fenêtre, on force la main de l'hôte, en débarquant sur une plage. Ou en étant débarqués, ce qui revient au même, puisqu'on ne peut fournir de papiers d'identité, c'est donc qu'on n'est pas des victimes.
Mais pourquoi on s'en priverait, puisqu'on sait qu'on sera accueillis, nourris, chauffés, logés, régularisés et discriminés "positivement". Ya pas à se gêner !

Écrit par : Marine | 24/01/2010

@titus: ok, je vous avais mal compris. vous avez raison sans doute pour la "sacralisation de la victime" et la sécularisation de l'eschatologie chrétienne. Le sacro saint culte du Progrès n'étant sans doute que la transposition moderne de la Parousie chrétienne. trés intéressant tout ça.

"Il ne faut pas en vouloir aux autres peuples qui singent nos déviances, mais corriger nous-mêmes nos déviances. Nuance."

peut-être, mais je crois, comme le dis trés bien Castoriadis, que les civilisations non-occidentales, encore largement traditionnelles, archaïques, méprisent l'Occident tel qu'il se montre depuis des lustres: anomie, culte du fric, destruction de l'environnement, ethno-masochisme, arrogance (et je ne pense même pas à l'impérialisme américain... mais seulement à la culture européenne: le mal est d'abord en nous)

@marine: oui, je te rejoins là-dessus, on ne respecte que ce qui est respectable et ne se méprise pas lui-même...

Écrit par : hoplite | 24/01/2010

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