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26/09/2014

Avancez vers l'arrière, s'il vous plait!

kolakowski,finkielkraut

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Un jour, dans un tramway de Varsovie, Leszek Kolakowski entendit l'injonction suivante : « Avancez vers l'arrière, s'il vous plait ! » Quelque temps plus tard, en 1978 exactement, il proposa d'en faire « le mot d'ordre d'une puissante internationale qui n'existera jamais », dans un credo publié sous le titre : Comment être socialiste- conservateur- libéral. Il fallait un certain toupet pour retourner ainsi la disjonction en conjonction et mettre un trait d'union entre les trois grandes doctrines politiques de l'âge moderne. Et ce qui inspira à Kolakowski cet audacieux accouplement, c'est l'expérience du XXième siècle.

Le conservateur, c'est l'homme qui accueille le donné comme une grâce et non comme un poids, qui a peur pour ce qui existe et qu'émeut toujours la patine du temps sur les êtres, les objets ou les paysages. Or, en exacerbant la passion révolutionnaire, le XXième siècle a fait du changement le mode privilégié de l'action politique au point d'oublier que toute innovation n'était pas nécessairement un bond en avant et que, quand bien même elle bondirait, « Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais dans la vie des hommes, d'améliorations qui ne soient payées de détériorations et de maux ». Sensibles à ces maux, incapable de tourner la page, le conservateur voit des mondes finir là où d'autres voient s'accomplir la fin de l'histoire. A l'optimisme démocratique de la révolution, il oppose son amour mélancolique du déjà-là et des vieilles traditions chancelantes. Il vit sous le regard des morts, il plaide pour la fidélité, il est celui qui regrette la lenteur quand tout s'accélère et qui trouve constamment trop cher le prix à payer pour ce qu'on appelle le progrès. Le conservateur refuse, en second lieu, d'accorder à la raison une confiance sans réserve. Les Lumières terrassant la superstition : cette intrigue lui parait trop sommaire pour rendre compte des phénomènes humains. Tout ce qui n'est pas rationnellement explicable ne relève pas nécessairement de la bêtise ou de l'obscurantisme. Le conservateur, autrement dit, perçoit comme une menace l'approche technicienne du monde symbolique. « Il croit fermement, écrit Kolakowski, que nous ne savons pas si diverses formes traditionnelles de la vie sociale -comme les rituels familiaux, la nation, les communautés religieuses- sont nécessaires pour rendre la vie ne société tolérable ou même possible. Cependant, il n'y a pas de raison de croire que, en détruisant ces formes, nous augmentons nos chances de bonheur, de paix, de sécurité et de liberté. Nous ne pouvons pas savoir de manière certaine ce qui se passerait si, par exemple, la famille monogamique était supprimée, ou bien si la coutume consacrée par le temps qui nous fait enterrer les morts était remplacée par un recyclage rationnel des cadavres à des fins industrielles. Nous serions bien avisés pourtant d'en attendre le pire ».

La disposition d'âme du conservateur, sa tonalité affective dominante, c'est le pessimisme. Ce n'est pas que, pour lui, l'homme soit plutôt méchant que bon, c'est qu'il se refuse à voir dans le bien et le mal un pur problème social.. A ses yeux, l'imperfection de la vie n'est pas contingente. On peut remédier à certains aspects de la vie humaine, mais une part de notre misère est incurable. La encore, le XXième siècle lui a donné raison en poussant l'immodestie jusqu'à ses plus tragiques conséquences : « Le conservateur croit fermement que l'idée fixe de la philosophie des Lumières- à savoir que l'envie, la vanité, la cupidité et l'instinct d'agression ont toujours pour cause des institutions sociales défectueuses et disparaîtrons lorsque ces institutions auront été réformées- n'est pas seulement tout à fait invraisemblable et contraire à l'expérience mais extrêmement dangereuse. Comment toutes ces institutions ont-elles pu voir le jour si elles étaient totalement contraires à la nature profonde de l'homme ? Nourrir l'espoir que l'on pourra institutionnaliser la fraternité, l'amour, l'altruisme, c'est préparer, à coup sûr, l'avènement du despotisme. » Bref, l'épreuve totalitaire ratifie l'hostilité foncière du conservateur à la tentative de transformer l'approche de la réalité humaine en recherche prometteuse d'une solution définitive du problème humain. »

Alain Finkielkraut, Nous autres, modernes, 2005.

 
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Commentaires

"Le fou regarde le doigt pas l'etoile"...

Écrit par : JÖ | 26/09/2014

Oui, c'est ce qui va arriver avant toute chose!

http://www.express.be/business/fr/economy/et-maintenant-ceci-un-defaut-semble-de-plus-en-plus-probable-en-ukraine/208063.htm

Écrit par : dizemanov | 27/09/2014

le royaume uni est pourri jusqu'à la moelle (ou au trognon ...)

http://www.pinknews.co.uk/2014/03/07/queen-praises-gay-rights-charitys-special-anniversary/

"In her 62-year reign of the UK and the Commonwealth, the 87-year-old monarch has never once visited or become a patron of an LGBT charity.

Prime Minister David Cameron said: “I would like to take this opportunity to congratulate the London Lesbian & Gay Switchboard on reaching its 40th anniversary."

le débris royal et son premier ministre chez les LBGT .....

Écrit par : dizemanov | 27/09/2014

Vous attendiez quoi de gens qui ont piqué leur hymne national aux francais ?

Écrit par : JÖ | 27/09/2014

Le lobby LGBT à la conquête du monde.

"Ukraine – EuroMaïdan : 4. Une révolution LGBT"
http://www.scriptoblog.com/index.php/blog/geopolitique/1545-ukraine-euromaidan-4-une-revolution-lgbt-par-lucien-cerise

Écrit par : Lucien Cerise | 28/09/2014

La situation de l'ex-Yougo n'est en rien comparable à celle de la France (n'en déplaise à In Memoriam). Les Bosniaques sont des Slaves islamisés, présents sur leur terre depuis des siècles, les Albanais du Kosovo ont aussi une certaine légitimité, alors que les cpfs n'ont aucune légitimité chez nous et seraient bien incapables de survivre si on leur filait l'indépendance de la Seine St Denis ou de Marseille et de ses environs, sans allocs et sans lien avec l'extérieur, infoutus qu'ils sont à produire quoi que ce soit. Sans parler du contexte politique de monter aux extrêmes des nationalistes serbes, croates, ...

Écrit par : Sven | 29/09/2014

"Heureux celui qui sait ne pas donner de raisons vaniteuses à ses défaites. Et encore plus heureux celui qui sait qu’il n’est pas de défaites."
MEDITATION POUR LES DERNIÈRES FOIS
(Extrait de : l’Assomption de l’Europe, Raymond Abellio, Paris, Flammarion, 1953).

Écrit par : dizemanov | 30/09/2014

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