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01/05/2020

Anatomie du chaos n+1: extinction de gisements anthropologiques

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« (...) Castoriadis écrit en effet ceci : « Le capitalisme n’a pu fonctionner que parce qu’il a hérité d'une série de types anthropologiques qu’il n’a pu créer lui-même : des juges incorruptibles, des fonctionnaires intègres et weberiens, des éducateurs qui se consacrent à leur vocation, des ouvriers qui ont un minimum de conscience professionnelle, etc. Ces types ne surgissent pas et ne peuvent pas surgir d’eux-mêmes, ils ont été crées dans des périodes historiques antérieures, par référence à des valeurs alors consacrées et incontestables : l’honnêteté, le service de l’état, la transmission du savoir, la belle ouvrage, etc. Or nous vivons dans des sociétés où ces valeurs sont, de notoriété publique, devenues dérisoires, où seuls comptent la quantité d’argent que vous avez empoché, peu importe comment,  ou le nombre de fois où vous êtes apparu à la télévision. » D’où l’analyse de Michéa qui soutient que c’est parce que les conditions de l’égoïsme libéral n’étaient pas encore réalisées que le marché a pu conserver, un temps, équilibre et efficacité. Tout comme le mécanisme de la pendule est stabilisé par l’inertie du balancier, la dynamique du libéralisme fut longtemps canalisé par le stock de valeurs et d’habitus constitué dans les sociétés « disciplinaires » antérieures et que lui-même est par nature incapable d’édifier. Ce stock une fois épuisé, l’échange marchand ne connaît plus de frein et sombre dans l’hubris.

Le raisonnement de Castoriadis montre que le libéralisme n’est historiquement viable que si les communautés où son règne est expérimenté sont, sociétalement, suffisamment solides et vivantes pour en contenir les aspects dévastateurs. Cette solidité tient autant à l’enracinement des systèmes de limitations culturelles et symboliques depuis longtemps intériorisés qu’aux régulations politiques d’un Etat qui ne s’était pas encore résolu à n’être qu’une structure d’accompagnement « facilitatrice » des « lois du marché ». C’est ce qui explique, par exemple, que dans la France des années soixante (la France du Général De Gaulle) la « croissance » connaisse un rythme soutenu et génère une augmentation réelle et générale du bien-être, alors que, entre autres données sociologiques très parlantes, le taux de délinquance demeurait à son plancher. La prégnance des anciens modèles comportementaux était encore dominante, et c’est sur cette base qu’ont pu s’accomplir les « trente glorieuses ». Dans les années suivantes, quand s’estompe la préoccupation du collectif et que triomphent les « égos émancipés », promus tant par les doctrinaires libertaires que par les slogans publicitaires, tous ces anticorps commencent à se dissoudre.

La période actuelle constitue pour Michéa l’aboutissement ultime d’une logique libérale désormais sans ailleurs et donc livrée à sa propre démonie. D’un côté l’extension indéfinie de la sphère marchande et, de l’autre la multiplication des conflits nés du relativisme moral. Autant de luttes qui se traduisent par de nouvelles contraintes et l’établissement d’une société de surveillance aux mailles sans cesse plus serrées. »

Pierre Bérard, Eléments, Printemps 2008.

podcast

(photo: fonctionnaires weberiens, music:  Praise Ye Name The Lord - Kiev Seminary Choir)

Commentaires

Ce qui démonte quelque peu le raisonnement de "jeunes" pour qui tous nos malheurs viennent des "boomers" , une génération qui aurait donc profité honteusement etc etc .. qui vote "Macron" pour sauver son pognon (tombé du ciel évidemment?). Je fulmine contre les vieux cons électeurs de Macron ... et malheureusement s' il existe une jeunesse méritante , il a y en a une autre , trop nombreuse , de trouducs gauchiasseux, antifas, petits enculés traîtres à leur pays, à leur race, de petits merdeux lycéens bien nourris qui défilaient en 2002 sous les pancartes anti-Le-Pen-la-Haine, sous la conduite de prof gauchistes immigrationnistes en débraillé minable ! ils ont tous contribué à nous faire descendre toujours plus bas .

Écrit par : EQUALIZER | 01/05/2020

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Ceux qui ont manifesté contre Le pen en 2002 ne sont plus jeunes aujourd´hui et certains ont meme viré de bord parfois.

En fait l´equivalent jeune actuels de ces types la sont surtout 100 fois plus cons, mais réelement cons.
Leur pose est beaucoup plus difficile a tenir qu´en 2002.

Et des jeunes radicalement a l´inverse, ca se voit plus facilement aussi.
(Encore heureux quelque part)

Écrit par : JÖ | 02/05/2020

"À l'époque l'échelle des revenus n'avait pas atteint les sommets scandaleux que l'on connait de nos jours et si nous vivions dans un économie de marché, nous ne vivions pas encore dans une société de marché.
Le triomphe du libéralisme, l'immigration massive que nous connaissons depuis (et qui va avec tout naturellement) ont changé la donne. Certes le vers était dans le fruit, mais il n'avait pas eu le loisir de le pourrir davantage. D'où cette illusion de bonheur qui n'eut qu'un temps."

bien sûr. merci Pierre, portez vous bien!

" il a y en a une autre , trop nombreuse , de trouducs gauchiasseux, antifas, petits enculés traîtres à leur pays, à leur race, de petits merdeux lycéens bien nourris qui défilaient en 2002 sous les pancartes anti-Le-Pen-la-Haine"

c vrai et je les vois tous les jours et les ai croisés bien souvent dans les manifs gilet jaune sur la fin quand le mouvement a été récupéré par les les guchistes et les syndicats..

mais je croise aussi dans la vie et dans ma génération de bourgeois quinquas nombre d'imbéciles heureux formatés par les IEP et autres "écoles" de marchands (il fut une époque ou la consécration c'était Normale sup aujourd’hui c'est une école de commerce...on voit la fin d'une civilisation à ce genre de glissement anthropologique)

je vous engage à écouter l'interview de JD Michel, cet anthropologue suisse sans peur et bien armé intellectuellement.

bon dimanche à tous!

Écrit par : hoplite | 03/05/2020

Les trente glorieuses ,slogan repris sans réfléchir et pondu par Fourastié ce pseudo économiste et bien ça 'na pas existé ,c'est comme les années folles qui n'ont été profitables et joyeuses qu'au dessus du panier,on voit bien que celui qui écrit ne les a pas connu.Des tickets de rationnement jusque dans les années 50 du lait distribué dans les écoles suite à la misère et gràce à Mendès France,et des salaires de misère avec des heures de boulot que pas un éphèbe actuel n'accepterait de faire , Le bazare de 68 puis les crises pétrolières successives dès 73 et le chômage,l'entassement dans des barres d'immeubles a n'en plus finir et les oranges au pied de l'arbre de Noël pour ceux qui en avait un,on se moque de qui là ? c'était plutôt les trente merdiques et je les aient vécues

Écrit par : weingarten | 02/05/2020

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J'ai connu également le lait distribué dans les écoles primaire. J'ai 73 ans et je suis issu de cette classe moyenne qui ne mangeait pas de la viande tous le jours, sans s'en plaindre au demeurant. Pour nous, nulle sortie au théâtre ou à l'opéra, ni dans les musées, hélas. Nos distractions étaient la balade du dimanche dans la campagne environnante et, en saison, la cueillette des champignons. Mais il y avait en revanche des bribes de sentiment communautaire qui subsistaient et qui faisaient que la vie était souvent joyeuse à défaut d'être "riche". Ce que j'ai voulu dire dans cet article c'est que les "Trente glorieuses" ont été pour le peuple français en général une époque bénie. Les salaires grimpaient, et un matelas de lois sociales permettait au plus démunis d'espérer en l'avenir. À l'époque l'échelle des revenus n'avait pas atteint les sommets scandaleux que l'on connait de nos jours et si nous vivions dans un économie de marché, nous ne vivions pas encore dans une société de marché.
Le triomphe du libéralisme, l'immigration massive que nous connaissons depuis (et qui va avec tout naturellement) ont changé la donne. Certes le vers était dans le fruit, mais il n'avait pas eu le loisir de le pourrir davantage. D'où cette illusion de bonheur qui n'eut qu'un temps.
Merci à Hoplite dont je visite le site très régulièrement...

Écrit par : Pierre Bérard | 02/05/2020

Contribution "fondation bill et melinda gates" à l'OMS ( en page 9)324 654 317$
Contribution USA 401 108 929$
Contribution FR 13 498 014$

https://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/WHA71/A71_INF2-fr.pdf

vu sur le saker https://lesakerfrancophone.fr/valerie-bugault-interview-sur-sputnik

Les privés ont pris le controle de l'OMS, la corruption est de partout. Le pire c'est qu'il ne se cache même plus. Je lis un article du saker, je clique sur 3 ou 4 liens internet, et je tombe sur la corruption à l'OMS. C'est juste hallucinant, le pouvoir qu'a le secteur privé, est juste incommensurable... C'est grave, après je veux bien que le système soit dans ma tête, mais je me dis qu'il est aussi un peu à l'OMS :)

Écrit par : libherT | 04/05/2020

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c'est peut-être bien ça la mutation majeure du capitalisme hyper-concentré : la prise de contrôle totale des entités étatiques par le privé : Fed, OMS, etc. Au fond l'État au sens "classique" est un concept mort. Disons qu'il a encore une fonction comme théatre d'ombres et demain comme bouc émissaire...

Écrit par : Dia | 05/05/2020

Ca pourrait aussi etre un retour de la feodalisation.
Facon "dark ages" apres la chute d´empires et invasions barbares.

Il y a des paralleles.

Écrit par : JÖ | 05/05/2020

Une remarque comme ça... inspiré par la citation de Castoriadis : pendant longtemps notre famille politique a été honteusement incapable, je ne dis même pas de produire des analyses mais même seulement de nommer l'adversaire.
Lorsqu'il est devenu évident que le combat contre le "communisme" ne serait pas suffisant, il a encore fallu des décennies pour ne serait-ce que commencer à détester le bourgeois. Ce mutisme... On portait ça comme une tare : ne pas réussir à produire une analyse politique. Et bien sûr c'est hyper handicapant. Car aucune action politique sérieuse n'est possible qui ne s'adosse pas à une analyse. Quelque chose d'énorme nous arrivait (nous disparaissions) et on ne parvenait pas à le penser. On enviait la "vraie" gauche. Pour avancer, si peu, on lui a même emprunté ses penseurs : Clouscard, Debord, Michéa...

mais aujourd'hui, je regarde ça – cette impuissance à penser – autrement... face à un truc à ce point sidérant, face à tant de mauvaises fois et de mensonge assumés, face à cette opération des destruction des sociétés, si manifeste et si résolue, face aux agendas pharmaco-cyniques qui ne se cachent même plus, face à la connerie abyssale du "peuple" des crédules et des pigeons télévisés... il faut le dire : personne, plus personne, n'a d'analyse. Même à gauche regardez : ils ne disent plus rien. Motus. Pourquoi ? Réponse : On ne peut pas (encore) penser ça... cette mutation totalitaire, cette hyperbole psychiatrique du Capital financiarisé en orbite hadéocentrique. Le spectaculaire intégral ou l'apparaître du faux intégral sans substance. Que reste-t-il que nous puissions croire ? Qu'est-ce qui est "vrai" aujourd'hui en science ? en histoire ? en économie ? Qui peut observer sans rire un billet de banque, un livre d'histoire ? un documentaire d'Arte ? Un bulletin de vote ? un journal ? un policier, un préfet ? un juge ? Et tout ces médecins bac+10, qui ont benoîtement pris un rhume pour la peste noire. De quoi ont-ils l'air désormais ?

Écrit par : Dia | 06/05/2020

@dia

Pound l'avait pensé lui. L'argent a souillé jusque la vérité, ce qui veut dire, le fondement grec de note civilisation. Les sciences médicales ou historiques sont ses prostituées. Epstein était un vrai professeur d'université avant son véritable suicide. Per Usura...

Écrit par : Mistersmith | 06/05/2020

"mais aujourd'hui, je regarde ça – cette impuissance à penser – autrement... face à un truc à ce point sidérant, face à tant de mauvaises fois et de mensonge assumés, face à cette opération des destruction des sociétés, si manifeste et si résolue, face aux agendas pharmaco-cyniques qui ne se cachent même plus, face à la connerie abyssale du "peuple" des crédules et des pigeons télévisés... il faut le dire : personne, plus personne, n'a d'analyse. Même à gauche regardez : ils ne disent plus rien. Motus. Pourquoi ? Réponse : On ne peut pas (encore) penser ça... cette mutation totalitaire, cette hyperbole psychiatrique du Capital financiarisé en orbite hadéocentrique. Le spectaculaire intégral ou l'apparaître du faux intégral sans substance. Que reste-t-il que nous puissions croire ? Qu'est-ce qui est "vrai" aujourd'hui en science ? en histoire ? en économie ? Qui peut observer sans rire un billet de banque, un livre d'histoire ? un documentaire d'Arte ? Un bulletin de vote ? un journal ? un policier, un préfet ? un juge ? Et tout ces médecins bac+10, qui ont benoîtement pris un rhume pour la peste noire. De quoi ont-ils l'air désormais ?"

de débiles. au sens propre.

Écrit par : hoplite | 10/05/2020

Il reste que, dans mon entourage,ce sont les retraités aisés et les jeunes plein d'avenir qui ont voté pour Macron
Ce qui est désolant, bien sûr
Mais jouissif
Ma victime favorite est un voisin qui m'a confié avoir macronisé pour"éviter la fachysse"
Chaque fois que je le croise je lui demande, narquois, s'il se sent pas un peu cocu,les retraites, la confination, les impôts,toussa
Il rengracie, le malheureux, il renifle de travers en regardant ses pompes
Je bois du petit lait, à défaut d'ambroisie

Écrit par : Kobus van cleef | 09/05/2020

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Idem.

"Je peux plus voir Macron et pourtant j´ai voté pour lui"

Maintenant contre la "menace" (tu parles...) nationalisto facho etc, je suis pas sur qu´ils n´aient pas encore des reflexes.
Parce que brocarder l´incomptence et le je m´en foutisme corrompu ok, mais l´ideologie, alors la...

Mais l´age joue enormement.

Écrit par : JÖ | 09/05/2020

Certains électeurs de Macron dans mon entourage ont commencé à me dire que finalement les gilets jaunes avaient raison dans le fond... Le confinement et la gestion cataclysmique de cette grosse grippe auront finalement permis d'en réveiller certains .

Écrit par : Hugues capet | 09/05/2020

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et tant mieux
mais ca suffira pas je pense

Écrit par : hoplite | 10/05/2020

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