Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/11/2014

Anatomie du chaos (n+1) : la tradition congédiée ou l’homme sans racines

tumblr_l4apryzFEW1qzl7pko1_400.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Dans le système libéral, seule compte la dimension individuelle –assortie de son antithèse, l’« humanité » : toutes les dimensions intermédiaires, nations, peuples, cultures, ethnies, etc. tendent à être niées, disqualifiées (en tant que « produits » de l’action politique et historique et en tant qu’ « obstacles » à la liberté du commerce) ou considérées comme insignifiantes. L’intérêt individuel prime l’intérêt communautaire. Les « droits de l’homme » concernent exclusivement l’individu isolé ou « l’humanité ». Les individus réels sont perçus comme des reflets, des incarnations d’un concept abstrait d’Individu universel. La société, que la Tradition européenne regardait comme intégrant l’individu, (au sens où l’organisme intègre les organes qui le composent dans un ordre supérieur), se voit dépouillée de ses propriétés spécifiques : elle n’est plus qu’une somme de propriétés individuelles. La nation n’est plus rien d’autre que l’addition de ses habitants à un moment donné. (…)

A la conception organique de la société, dérivée de l’observation du monde vivant, se substitue une conception mécanique, inspirée d’une physique sociale. On nie que l’Etat puisse s’assimiler à la famille (Locke), on nie que la société soit un corps, etc. De fait, l’une des caractéristiques majeures de l’économie libérale est son indifférence et son irresponsabilité vis-à-vis des héritages culturels, des identités collectives, des patrimoines et des intérêts nationaux. La vente à l’étranger des richesses artistiques nationales, l’interprétation de l’ « utilité » en termes de rentabilité commerciale à court terme, la dispersion des populations et l’organisation systématique des migrations, la cession à des sociétés multinationales de la propriété ou de la gestion de secteurs entiers des économies ou des technologies nationales, la libre diffusion des modes culturelles exotiques, l’assujettissement des media à des façons de concevoir et de parler liées au développement des superpuissances politiques ou idéologiques du moment, etc. –toutes ces caractéristiques des sociétés occidentales actuelles dérivent logiquement de la mise en œuvre des principaux postulats de la doctrine libérale. L’enracinement, qui exige une certaine continuité culturelle et une relative stabilité des conditions de vie, ne peut que se heurter au leitmotiv du nomadisme permissif que résume le principe libéral : « Laisser faire, laisser passer ».

« (…) La tradition, ça n’est pas le passé : voilà ce qu’il ne faut pas cesser de dire et de redire. La tradition n’a ni plus ni moins à voir avec le passé qu’avec le présent et l’avenir. Elle est au-delà du temps. Elle ne se rapporte pas à ce qui est ancien, ce qui est derrière nous, mais à ce qui est permanent, à ce qui est au-dedans de nous. Elle n’est pas le contraire de la novation mais le cadre dans lequel doivent s’effectuer les novations pour être significatives et durables. Il faut d’ailleurs en finir avec cette conception linéaire de l’histoire où le passé, le présent et le futur, correspondent à trois moments séparés.

La tradition renvoie à ce qui vient d’au-delà de toutes les évidences et de tous les objets qui se définissent dans celles-ci. Elle renvoie à la continuité qui permet à la discontinuité des événements de notre passé de ne pas apparaître comme des « actes gratuits », des créations ex nihilo ou des positions dépourvues de sens. C’est grâce à elle que les événements dont se constitue notre histoire peuvent renvoyer à un même souci, s’inscrire dans une même structure, se laisser interpréter à la lumière d’un même attachement séculaire pour ce qui, parmi tous les actes de notre passé, nous parait digne d’être sauvé et, par suite, tiré vers le présent afin d’y être (ré)actualisé.

Ce lien obscur auquel renvoie la notion de tradition et par lequel se transmet l’héritage au présent, a toujours monopolisé la haine des adversaires de la tradition. Historiquement parlant, l’assaut contre les traditions remonte au XVIIIème siècle. C’est avec la philosophie des Lumières que le terme acquiert pour la première fois une résonance péjorative. Pour l’Aufklärung, la tradition n’est rien d’autre que la somme des préjugés particuliers et des comportements sociaux « irrationnels » auxquels s’oppose la prétendue « universalité de la raison ». Mais ce que dénoncent les philosophes des Lumières, ce n’est pas le simple rappel du passé ni l’évocation plus ou moins littérale de textes et d’évènements ayant déjà eu lieu, mais bien l’évocation, l’actualisation des pratiques sociales et des comportements collectifs inéluctablement liés à ces textes et à ces évènements dés lors que ceux-ci ne sont pas considérés comme des objets extérieurs ou indifférents, mais comme autant de témoignages sur l’héritage qui nous est propre. Bref, ce qui fait horreur aux tenants de l’Aufklärung, c’est la claire conscience de cette tradition par laquelle le regard posé sur le passé favorise l’enracinement et le sentiment d’appartenance à ce qui nous a précédés. »

« (…) Lorsque les traditions se perdent, on ne les fait pas renaître par un acte d’autorité. Ni par des lamentations. On ne peut qu’en créer de nouvelles ou faire revenir, sous d’autres formes, celles qui existaient à l’origine et qui ont disparu : le très ancien revient alors avec la force du très neuf. Mais, répétons-le, toute véritable tradition est un cadre dans lequel on doit innover constamment. Une tradition qui n’est pas sans cesse (ré)actualisée est une tradition morte et qui a mérité de mourir.. Il ne s’agit donc pas de restaurer ce qui est d’hier mais de donner une forme nouvelle à ce qui est de toujours. Il ne s’agit pas de retourner au passé, mais de se rattacher à lui. Imiter ceux qui ont fondé et transmis une tradition, ce n’est pas seulement retransmettre, c’est fonder à son tour.

Alain de Benoist, Les idées à l’endroit, mars 1979.

************************************************************************

"Tout ce qui peut interrompre une tradition oblige à repartir de l'origine. Et toute origine est sanglante." - Nicolás Gómez Dávila

Commentaires

En posant les enfants à l'école ce matin, discussion avec une mère famille. Trois homos qui vont recevoir trois bébés de trois mères porteuses différentes ? Elle ne voit pas où le problème... La GPA, pourquoi pas ?

C'est un combat "valeurs contre valeurs", ou plutôt "valeurs" contre cette fameuse "liberté individuelle" que tu évoques à travers de Benoist, il n'y a pas d'argumentation possible avec ces gens-là. Contre la rationalité purement instrumentale fondée sur le "plus de droits c'est mieux", il n'y a, presque, rien à faire.

A noter, pour aller dans le sens du texte que tu cites, que les personnes qui tiennent ce genre de discours, considérations sur la classe sociale mise à part, sont effrayantes d'inculture.

Hors-sol.

Écrit par : Calliclès | 13/11/2014

Avant l'effondrement il y a des étapes.
L'une d'elles, pour la raison qu'il n'y a (soit disant) plus d'argent dans les caisses, est celle qui consiste à couper le pays (et ses résidents) en deux parties, la partie reléguée, abandonnée, dans laquelle il n'y aura plus d'argent, de services publics et privés intéressants, etc, et l'autre, la partie préservée.
Pour les initiés, cette fracture vient d'être indiquée sous l'angle géographique, via une proposition au premier abord anodine, la loi sur les résidences secondaires.
Cela permet néanmoins de savoir où l'on se situe, dans les 1150 zones préservées ou dans les autres.
La liste :
http://fortune.fdesouche.com/361933-surtaxe-sur-les-residences-secondaires-la-liste-complete-des-1-150-villes-concernees

Écrit par : S10 | 13/11/2014

"Le mot "France" est devenu un épouvantail sans vie. La Gaule a encore ses montagnes, ses forêts, sa terre qu'on peut toucher avec les mains. Il suffirait que les terroirs réveillent les traditions locales, les croyances oubliées, nos dieux, nos protections, pour que le citoyen conscient et rebelle au système sache qu'il peut y puiser des forces, une ferveur digne des grands anciens. S'il devait y avoir une guerre de la fin, comme vous le dites, à cause des excès et des dérapages de la mondialisation, nous aurons sûrement besoin de ce retour aux forêts, sur le mode de la survie, mais aussi de l'organisation, car il ne s'agit pas de crever comme des rats mais de reconquérir ce qu'on nous a volé, une terre, une mémoire, une histoire. Que fait l'homme libre face à un despote ? Il lui promet le plus haute branche d'un chêne. C'est cet état d'esprit que nous avons perdu. Malgré tout le sang qu'ils ont sur les mains, on les voit venir parader à la télévision, impunis, comme dans le plus mauvais cauchemar. Il y a encore de solides branches dans nos forêts gauloises.
Car il s'agit bien de cela : une France cachée derrière la France... Kernunos, le seigneur des forêts gauloises, est sur le point de se réveiller tout à fait. Il saura bien déchiqueter tous les tenants de la modernité dissolvante, aussi bien ceux qui sont aux rênes de la "république" que les prétendus dissidents vociférateurs complotisto-puritains."
"Oui, nous avions des dieux, et ce n'est pas parce que le rouleau compresseur a tout écrasé qu'ils ont disparus. Il suffit de visiter certains sites mégalithiques, ou certains lieux rattachés à une légende, encore imprégnés de l'ancienne mémoire. La charge est intacte. On peut voir des ombres se déplacer, entendre des voix venues de la lointaine histoire."

Jean-Paul BOURRE "Le réveil de Kernunos"

http://youtu.be/DwbGskEL0Pg
http://youtu.be/rNeUbXtBeO0
http://youtu.be/T4QVTrx4I8s
http://youtu.be/1XEIvAlxEVI

Écrit par : dizemanov | 14/11/2014

Correction : deux homos.

Écrit par : Calliclès | 14/11/2014

Oui bon, il est sympa avec sa tradition l'Alain de chez Benoist, sauf que ce mot-là (mollah ^^) c'est un peu comme les jurons "libéralisme", "patrie", "communisme", "nation", "anarchisme", "État", "démocratie", "et j'en passe et des plus gavauldés, ma bonne d'âme".
Bref que des mots vides de sens à force d'être remplis des f(ph)antasmes de tout un chacun et en plus, dans toutes les langues (comme disait Jack - mais que devient-il ?), sans parler des frocs et des poches.
Alain de B donne t'il en exemple au moins une tradition occidentale qui soit un peu un gilet de sauvetage dans ce chaos naufrageux et cancéreux que nous n'avons pas fini de vivre les mecs ?
Moi, je sais que le moindre africain français ou pas que je croise tous les matins en me rendant à mon boulot vous dira avec le meilleure foi de l'humanité et du monde, voire de l'univers que la plus ancienne tradition est celle qui bouillonne dans ses couilles.
En vérité, je vous le dis : je ne saurai jamais quoi lui répondre d'intelligent.
Bien à vous.

Écrit par : Martin-Lothar | 15/11/2014

Martin-lothar, je comprends votre perplexité matineuse..ADB est un philosophe qui oublie souvent de revenir au réel, comme peut le faire un Michea, pour illustrer sa réflexion..la tradition c'est la façon de voir le monde et de vivre et qui fait que nous sommes des européens et pas des africains ni des asiatiques. Mais vous savez. Bon WE.

Écrit par : hoplite | 15/11/2014

Tiens, oui au fait, qu'est devenu Jean-Paul Bourre ?
Sa présence me manque plus que celle de Jack Lang, très bien payé comme président de l'institut du monde sémit... heu, arabe, où il invite son vieux pote de chambrée de marakch pierre gerbé.

Écrit par : S10 | 15/11/2014

Hoplite : tout à fait d'accord avec vous en ce qui concerne AdB et Michea qui sont des gens d'une grande culture et d'une lucidité, d'un doute et d'une intelligence "honnêtes" (une qualité de plus en plus rare chez les zintellos de tout azimut). Cela étant, si ce sont tous deux de "bons philosophes", ils ont encore et toujours les avatars des cet art : l'un est trop loin de la réalité quand l'autre s'y perd souvent à noyer son propre poisson... Et tous les deux en fait, ne veulent pas comprendre que nous vivons une époque sans précédent, un chaos, une mutation, pan-historique (ou post historique déjà largement flairée par ce fou de Nietsche du reste) où les anciens bons vieux pré-requis (traditionnels ^^) perdent de jours en jours toute leur signification. D'ailleurs, il n'y a plus grand monde pour les recevoir comme pour les émettre.
Gardons quand même à l'esprit dans ce cyclone que Sénèque, Marc-Aurele, Julien l'Apostat, Jünger, Cioran, Muray (au hasard ^^) comme tant d'autres furent tout, sauf des pessimistes ou des défaitistes. De vrais veilleurs, géniaux sans aucun doute. Mais ce n'est pas l'alarme qui éteint l'incendie...
Bien à vous.

Écrit par : Martin-Lothar | 16/11/2014

Sur le sujet, un peu de promo pour la nouvelle édition 2014, mise à jour et augmentée d'une préface inédite.
« Gouverner par le chaos - Ingénierie sociale et mondialisation »
http://www.amazon.fr/Gouverner-par-chaos-Ing%C3%A9nierie-mondialisation/dp/2315006112/ref=sr_1_4?ie=UTF8&qid=1411731781&sr=8-4&keywords=gouverner+par+le+chaos

Écrit par : Lucien Cerise | 16/11/2014

La peur s'installe! Excellent!

http://www.romandie.com/news/BNS-Un-oui-a-linitiative-serait-fatal-pour/537628.rom

ça concerne cela dont les merdias ne parlent quasiment pas chez nous :

http://initiative-or.ch/

http://www.admin.ch/ch/f/pore/vi/vis415.html

Écrit par : dizemanov | 16/11/2014

@ Martin-Lothar

"D'ailleurs, il n'y a plus grand monde pour les recevoir comme pour les émettre."

C'est là que réside précisément le déclin de l'Europe. Dans la faillite de l'éducation, de la transmission, de la tradition. Le terme grec de παιδεία avait d'ailleurs un sens total que ne recouvre pas, ou n'a jamais recouvert, notre éducation à nous, surtout pas cette bouse puante d'Educ'Naze.

Écrit par : Calliclès | 16/11/2014

Le respect envers l'animal dépasse en valeur celui que l'on doit à l'homme, car il est le signe du dépassement de son propre intérêt biologique, donc un accès à une haute spiritualité.
(C.B.)

Écrit par : dizemanov | 17/11/2014

Depuis le 3 Novembre l'overnight EURO est négatif...
Le système est en train d'imploser!
http://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_au_jour-le-jour

Regardez les projections à 5 ans de l'inflation en Europe... Mario a dit qu'il serait en panique en dessous de 2.00%... On est à 1.5%.... Il y a le feu en ce moment à la BCE car ils savent parfaitement que l'économie est en train de s'étouffer....
on rajoute un passif en plus... donc on aura en plus droit à une petite ponction ... Dans la finance, le scénario de la crise paraît certain; mais côté social, c'est explosif aussi. Les mesures de casse et de déréglementation dans la fonction publique ne passent pas. Il y a une probabilité élevée de montée en puissance du conflit, comme en 1995. Côté international, Porochenko menace de guerre ouverte. Et en France, tous les éléments d'une crise politique sont là .... pour sauver les meubles, faudrait lancer une vaste nationalisation pour sauvegarder des emplois et ne pas laisser tout partir... Mais vu les ultra-liberaux qui nous dirigent ... Ils ont fait les printemps arabes et vont se ramasser les printemps en Europe ... poussons à la roue !

Écrit par : Dizemanov | 17/11/2014

This is the End, beautiful friend!

http://monetary-metals.com/wp-content/uploads/2014/11/Japan-m0-1970.png

"C'est ainsi que se produit l'effondrement d'une monnaie. Par un effacement un total de la dette libellée dans cette devise. Puisque la monnaie elle-même est simplement une fraction de cette dette, la monnaie elle-même perd toute valeur. Bien qu'en apparence cela puisse sembler favorable aux débiteurs, il s'agit d'une terrible catastrophe. Celui qui a conscience du bilan humain ne peut se réjouir mais considère cela avec crainte.

Il est peut être trop tard pour les malheureux Japonais. J'espère qu'il n'est pas trop tard pour le reste du monde civilisé."

http://youtu.be/JSUIQgEVDM4
http://www.silverdoctors.com/a-signal-of-coming-collapse/

Écrit par : dizemanov | 17/11/2014

Les commentaires sont fermés.