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14/02/2011

You're looking at it, sugar!

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“ (Reuters) - Not long ago, if you wanted steak for lunch at the Texan Restaurant, less than two minutes drive from the Nexteer Automotive assembly plant, you had to be in the door by 11 o'clock in the morning. If you arrived any later, you joined a long line with other laggards and waited for a table to open up. With noon fast approaching on a recent day, however, only a handful of customers sat in one of the restaurant's two sections and the other was closed.

Asked how the decline in the U.S. auto industry has affected the local economy, Tammy Maynard, a waitress here since 1988, waved a hand around at the empty tables and said: "You're looking at it, sugar.” source

La chute...même Reuters, peu suspect d’anti-américanisme, se pose la bonne question avec un contenu édifiant, la question étant déjà en soi la réponse. Les millions d’américains qui ne mangent plus au resto ont par contre découvert les banques alimentaires, pour la première fois de leur vie :

"Food Emergency: Millions of Americans Are Heading to Foodbanks for the First Time in Their Lives

As middle class family budgets are getting pushed to the breaking point, pressure on food banks is building. The good news is there's no reason anyone should ever starve to death in America. The bad news is more and more working Americans, many earning what were once middle class incomes, are spending their time and scarce money to find their next meal. " source

Mais la Cité sur la colline des Pères Fondateurs illustre parfaitement le chemin de croix –à venir- de l’Occident dans sa globalité : destruction d’emploi, paupérisation générale, déclassement de millions de personnes des classes moyenne et populaire dans une tiers-mondisation rapide et violente avec son cortège inévitable de révoltes, de violence, de grève, de hausse tous azimuts de la criminalité, de guerre de tous contre tous, notamment des jeunes générations (outsiders) versus les baby-boomers (insiders).

A ce chaos social sans précédent depuis 1945 se superpose une instabilité politique inédite, notamment aux USA ou l’administration Obama a fait la preuve de son impuissance à corriger toutes les aberrations qui ont conduit à la crise de 2008, notamment via sa soumission aux financiers de Wall Street, premiers bailleurs de fonds des campagnes électorales des camps républicain et démocrate. Il est possible de voir dans la faillite programmée de l’ISAF en Afghanistan et dans la chute des régimes arabes pro-occidentaux la dislocation du leadership planétaire US.

En France, la faillite de l’administration Sarkozy et sa défaite prévisible en 2012 (fuite de l’électorat populaire, fuite de l’électorat centriste, fuite de l’électorat souverainiste/Gaulliste) ouvrant la voie à un affrontement MLP/DSK au second tour, illustre à perfection le fait que le débat oppose désormais –pas seulement en France mais partout en Europe-  d’une part, un camp protectionniste, hostile à la mondialisation néo-libérale et d’autre part, l’establishment mondialiste auquel appartient la quasi-totalité des « élites » politiques, médiatiques, culturelles, nationales et européenne. Rendant de plus en plus évident le côté « village Potemkine » du Spectacle politique d’une soi-disant opposition droite/gauche : quelle différence programmatique réelle entre Sarkozy ou DSK ? Entre Coppé ou Moscovici ? Entre Hollande ou Fillon ? Etc. Aucune évidement.

La fin d’un monde, celui du dollar-roi, celui du leadership planétaire US, la fin du cycle de domination (politique, géo-stratégique, économique, culturelle) de l’Occident (de quoi réjouir Badiou…), sans doute le début d’autre chose, peut-être de ce plurivers dont parlait Schmitt dans son Nomos de la terre. Mais d’abord le chaos propre à tous les changements de grande ampleur ou à toutes les chutes d’empires…

De la mort de cette Amérique-monde il est permis d’espérer la mort de ses avatars les plus toxiques. J’y reviendrai.

« Le Sud est un vaste domaine dont on pourrait parler indéfiniment. Je n’en ai pas dit grand-chose et pourtant le Sud –et le Sud-ouest qui est un monde totalement différent- sont deux régions de l’Amérique qui me touchent profondément. Le vieux Sud est plein de champ de batailles, c’est une des premières choses qui vous y frappent. Le Sud ne s’est jamais remis de sa défaite. C’était une défaite purement militaire, les plus dures à supporter. L’homme du Sud a un rythme à lui, une attitude à lui devant la vie. Rien ne le convaincra qu’il avait tort ; au fond, il a un souverain mépris pour l’homme du Nord. Il a son propre panthéon d’idoles, guerriers, hommes d’Etat, écrivains, dont nulle défaite n’a affaiblit la gloire ni la renommée. Sur tous les plans, le Sud demeure solidement hostile au Nord. Il mène un combat sans espoir, très semblable à celui que l’Irlandais mène contre l’Angleterre.

Si vous êtes du Nord, cette atmosphère vous affecte étrangement. Vous ne pourrez vivre longtemps dans le Sud sans finir par être miné. Le climat, les paysages, les mœurs, les coutumes, le doux parler dégagent un charme auquel il est difficile de résister. Ce monde du Sud est plus proche que tout le reste des Etats-Unis de la vie de rêve dont parlent les poètes. Peu à peu ce monde de rêve est envahi et contaminé par l’esprit du Nord. Le Sud croule sous les pas du conquérant. De Rome à Savannah, au long des vieilles pistes, on peut retracer la marche de Sherman vers la mer. C’est la route du vandale, la route du soldat qui a dit que la guerre était un enfer et qui l’a démontré par le fer et par le feu. Le Sud ne pardonnera jamais à Sherman, jamais.

Henry Miller, Le cauchemar climatisé, 1945.

NB : petite précision utile, je connais un peu le continent nord-américain pour y avoir séjourné et voyagé souvent (pas aussi bien que Miller, mais souvent) ; c’est un continent extraordinaire, des peuples attachants, de jolies barmaids et de bonnes bières : pas d’anti-américanisme chez Hoplite.

Commentaires

Le problème c'est d'avoir une idée precise de l'etat de l'amerique quand on ne connait pas precisement quelqu'un sur place.
(En fait je ne connais que des expatriés, et pas réelement des proletaires)

Parce que le niveau réel de dégradation est difficile a evaluer.

Écrit par : JÖ | 14/02/2011

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