Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/04/2011

suspect

beaute-terminale-tentative - 89.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Renaud Camus est un homme courageux. C’est-à-dire suspect.

J’ai suivi ce matin l’émission de Finkielkraut, Répliques, discussion courtoise entre le propret Manuel Valls et Camus. Valls est sans doute un des liberaux-libertaires les moins bornés, les plus lucides, sur le monde tel qu’il va et, qui plus est, candidat à la présidence de la république (c'est dire...). On se souvient de ce court extrait vidéo le montrant traversant un marché dans sa circonscription (en banlieue parisienne), quasi-exclusivement peuplé d’africains, et disant à un adjoint de « mettre quelques blancs, quelques whites, quelques blancos ! » Histoire sans doute de montrer que la diversité chère à nos modernes ne se résume pas au marché de Bamako ou de Ouarzazate. Ce croyant en la religion du Progrès™, publie un livre parlant de « sécurité » semble-t-il. Et de fait, dans ce camp du Bien peuplé d’autruches progressistes et de blattes gestapistes, reconnaissons lui le mérite de sortir –parfois- la tête du sable.

Renaud Camus, président du Parti de l’In-nocence, également candidat à la magistrature suprême a pu développer –a minima- quelques convictions sur la décivilisation moderne faite de faillite scolaire, de contre-colonisation du continent européen par des peuples extra-européens, fait longtemps nié par la clique des vigilants de l’Immonde (comme disait le Général), de l’INED ou de Télérama (parmi d’autres) et aujourd’hui reconnue à demi-mot mais pour dire ipso facto qu’il est trop tard et qu’il n’ya pas, de toutes façons, d’alternatives sérieuses, hormis la crispation chafouine à petite moustache et pas de l’oie. Mais aussi de violence ordinaire, de déculturation des élites et de barbarie ambiante, bref d’oubli de toute civilité, de toute common decency, au profit du règne sans partage de la vulgarité marchande et de la transgression ordinaire et citoyenne étiquetée rebelle et vendue par les cuistres des Inrocks (persuadés d’incarner la nouvelle résistance à brassard FFI versus la terrible réaction cléricale, militariste et patriarcale en feldgrau…ha ha ! ils n’ont pas lu Marx et Murray, les poulets, zont pas compris –ou affectent de ne pas voir- que l’hubris marchande du Même/OneWorld est consubstantielle à l’hégémonie bourgeoise et qu’il n’ya de débat aujourd’hui qu’entre modernes anti-racistes en carton et modernes résistants en peau de lapin).

Un moment révélateur, vers la fin de l’émission lorsque le pauvre Valls (pauvre car empêtré dans ses contradictions irréductibles de progressiste qui ouvre un œil, on a presque de la peine pour lui à le voir réciter son credo métisseur) s’emporte sur cette idée de nocence et de civilité caractéristique de notre civilisation telle que vue par RC. Concept évidement suspect voire négationniste voire Faurissonien car conservateur et donc hérétique aux yeux des lemmings festifs échassés qui nous entourent. Et de déblatérer sur cette pitrerie de « vivre-ensemble », qu’il serait urgent de promouvoir afin d’«éviter la guerre civile » ! (comme pompier pyromane, on fait difficilement mieux) ha ha ha! mdr. Comme si ce genre de machin pouvait se décréter d’en haut et s’imposer partout. Comme si on parlait de taux d’imposition marginalou de verbalisation du port de bâche ! Comme si payer des baby-foot à des mecs qui te crachent à la gueule, ou recruter des médiateurs de kartché (en général des repris de justice, la logique même des kapos dans les camps) allait transformer des enculés en brebis! Valls, en pacifiste anti-raciste exemplaire aux fesses propres qu’il se veut, oublie que nombre de peuples qui colonisent, années après années, ce continent n’ont peut-être simplement pas le désir de vivre-ensemble avec des européens à face de Valls si étrangers à eux-mêmes et si matraqués d’ethno-masochisme ! Que, peut-être, ils lui pissent à la raie au vivre-ensemble! Comme disait Freund, Valls et ses pareils pourront dire ce qu’ils veulent et faire montre des meilleurs sentiments à l’égard des néo-européens, rien ne dit que ceux-ci ne le considèreront pas un jour comme un ennemi. Et ne viendront pas un soir chez lui lui faire la peau à coup de machettes citoyennes et festives!

« C’est l’ennemi qui vous désigne ! », bordel, combien de fois faudra-t-il le répéter!  Combien d’ennemis parmi les 350 000 migrants annuels qui s’installent dans ce pays depuis plusieurs décennies ? Et parmi les 300 000, 400 000 ou 500 000 clandestins ? Toujours la même impolitique compassionnelle de nains confits dans des valeurs pseudo-universelles et qui font rire le reste du monde qui, lui, ne méconnaît pas ce présupposé simple et fondateur du politique : l’antagonisme ami-ennemi.

« Freund rapporte ailleurs le commentaire critique fait par Raymond Aron (son directeur de thèse), lors de la réception qui suivit la soutenance, à propos de la réaction de Jean Hyppolite (un des maîtres de Freund qui avait refusé de diriger sa thèse au motif précisément que Freund faisait de cette relation ami-ennemi un des trois fondements du politique et qui avait ajouté que, si Freund avait raison, il ne lui restait plus qu’à se suicider…), auquel il avait déclaré : « Votre position est dramatique et typique de nombreux professeurs. Vous préférez vous anéantir plutôt que de reconnaître que la politique réelle obéit à des règles qui ne correspondent pas à vos normes idéales ! » (Taguieff, Julien Freund)

Autre point-clef mentionné par RC mais non relevé par Valls, le fait que les sociétés multi-culturelles et/ou multi-ethniques soit, contrairement au logos progressiste arc-en-ciel/oneworld/unitedcolors, les plus violentes qui soient ! Tout simplement parce que les hommes ne partageant pas les mêmes valeurs civilisationnelles ne peuvent vivrent en paix sur le même territoire, comme le rappelle Aristote-le-crispé dans son Livre Politique, à propos des tyrans de Syracuse…Mais le petit Valls, dans son for intérieur et son marché de merde colonisé par les blacks et les maghrébins et que les européens de souche ont fui, le sait au fond très bien. Pourquoi, alors, soutient-il précisément l’inverse de ce qu’il voit ? La double-pensée totalitaire… ie reconnaître la réalité est trop risqué politiquement pour sa petite carrière de bureaucrate du politiquement correct ou coûteux socialement (on passe de 843 amis sur FB à 2 en 4 jours)…mieux vaut adouber le discours politiquement correct et jouer du djembé, même s’il constitue la négation de ce que l’on pense. A rapprocher du double bind d’Asimov ou de Michéa : deux propositions contradictoires mais soutenues dans le même discours : « Je veux plus de diversité à paillettes et plus de sécurité à tonfa» ou bien « plus d’immigration et plus de vivre-ensemble ! » ouais, ok...

Enfin, il y a en filigrane dans le discours de Valls, la même antienne des modernes qui est : il faut que ça change, on ne peut pas ne pas changer ! (pourquoi? passque!) La même hubris progressiste parfaitement saisie par le jeune Marx :

« La bourgeoisie...partout ou elle a conquis le pouvoir, a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissaient l'homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du paiement au comptant. Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité naïve dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange ; elle a substituée aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. La bourgeoisie a dépouillée de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque là pour vénérables et qu'on considérait avec un sain respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré un voile de sentimentalité qui recouvrait les situations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent...[...] La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les conditions de la production, c'est-à-dire tous les rapports sociaux ; Tous les rapports sociaux, traditionnels et figés, avec leur cortège de conceptions et d'idées antiques et vénérables, se dissolvent ; ceux qui les remplacent vieillissent avant d'avoir pu s'ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés, enfin, d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s'implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations ; Par l'exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l'industrie sa base nationale, Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore tous les jours.» (Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, 1848)

Marx s’en réjouissait car cela était susceptible d’accélérer l’avènement de sa dictature du prolétariat (et en ce sens, sous-estimait-il la capacité remarquable, la résilience,  du Capital à surmonter tous les obstacles que dressent sur sa route hommes et cultures différenciés) mais sa critique de l’ordre marchand planétaire reste valide.

Kolakowski, lorsque il évoquait cette « puissante internationale qui n’existera jamais » (Comment être socialiste- conservateur- libéral), montrait l’impossibilité de toute posture conservatrice car hérétique au bougisme ambiant. Orwell, tout socialiste authentique qu’il fut (rien à voir avec nos Dray (juju la tocante) et le réjoui Hollande –je n’évoque pas le milliardaire DSK et sa grosse pouffe enfouraillée par charité chrétienne) avait compris que toute critique sociale doit comporter le souci d’une certaine conservation de conditions d’existence, de travail, de bien-être, de socialité, de civilité ordinaire, ce qu’il appelait common decency.

« Un jour, dans un tramway de Varsovie, Leszek Kolakowski entendit l'injonction suivante : « Avancez vers l'arrière, s'il vous plait ! » Quelque temps plus tard, en 1978 exactement, il proposa d'en faire « le mot d'ordre d'une puissante internationale qui n'existera jamais », dans un credo publié sous le titre : Comment être socialiste- conservateur- libéral. Il fallait un certain toupet pour retourner ainsi la disjonction en conjonction et mettre un trait d'union entre les trois grandes doctrines politiques de l'âge moderne. Et ce qui inspira à Kolakowski cet audacieux accouplement, c'est l'expérience du XXième siècle. Le conservateur, c'est l'homme qui accueille le donné comme une grâce et non comme un poids, qui a peur pour ce qui existe et qu'émeut toujours la patine du temps sur les êtres, les objets ou les paysages. Or, en exacerbant la passion révolutionnaire, le XXième siècle a fait du changement le mode privilégié de l'action politique au point d'oublier que toute innovation n'était pas nécessairement un bond en avant et que, quand bien même elle bondirait, « Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais dans la vie des hommes, d'améliorations qui ne soient payées de détériorations et de maux ». Sensibles à ces maux, incapable de tourner la page, le conservateur voit des mondes finir là où d'autres voient s'accomplir la fin de l'histoire. A l'optimisme démocratique de la révolution, il oppose son amour mélancolique du déjà-là et des vieilles traditions chancelantes. Il vit sous le regard des morts, il plaide pour la fidélité, il est celui qui regrette la lenteur quand tout s'accélère et qui trouve constamment trop cher le prix à payer pour ce qu'on appelle le progrès. Le conservateur refuse, en second lieu, d'accorder à la raison une confiance sans réserve. Les Lumières terrassant la superstition : cette intrigue lui parait trop sommaire pour rendre compte des phénomènes humains. Tout ce qui n'est pas rationnellement explicable ne relève pas nécessairement de la bêtise ou de l'obscurantisme. Le conservateur, autrement dit, perçoit comme une menace l'approche technicienne du monde symbolique. « Il croit fermement, écrit Kolakowski, que nous ne savons pas si diverses formes traditionnelles de la vie sociale -comme les rituels familiaux, la nation, les communautés religieuses- sont nécessaires pour rendre la vie ne société tolérable ou même possible. Cependant, il n'y a pas de raison de croire que, en détruisant ces formes, nous augmentons nos chances de bonheur, de paix, de sécurité et de liberté. Nous ne pouvons pas savoir de manière certaine ce qui se passerait si, par exemple, la famille monogamique était supprimée, ou bien si la coutume consacrée par le temps qui nous fait enterrer les morts était remplacée par un recyclage rationnel des cadavres à des fins industrielles. Nous serions bien avisés pourtant d'en attendre le pire ». La disposition d'âme du conservateur, sa tonalité affective dominante, c'est le pessimisme. Ce n'est pas que, pour lui, l'homme soit plutôt méchant que bon, c'est qu'il se refuse à voir dans le bien et le mal un pur problème social.. A ses yeux, l'imperfection de la vie n'st pas contingente. On peut remédier à certains aspects de la vie humaine, mais une part de notre misère est incurable. La encore, le XXième siècle lui a donné raison en poussant l'immodestie jusqu'à ses plus tragiques conséquences : « Le conservateur croit fermement que l'idée fixe de la philosophie des Lumières- à savoir que l'envie, la vanité, la cupidité et l'instinct d'agression ont toujours pour cause des institutions sociales défectueuses et disparaîtrons lorsque ces institutions auront été réformées- n'est pas seulement tout à fait invraisemblable et contraire à l'expérience mais extrêmement dangereuse. Comment toutes ces institutions ont-elles pu voir le jour si elles étaient totalement contraires à la nature profonde de l'homme ? Nourrir l'espoir que l'on pourra institutionnaliser la fraternité, l'amour, l'altruisme, c'est préparer, à coup sûr, l'avènement du despotisme. » Bref, l'épreuve totalitaire ratifie l'hostilité foncière du conservateur à la tentative de transformer l'approche de la réalité humaine en recherche prometteuse d'une solution définitive du problème humain. » (Alain Finkielkraut, Nous autres, modernes, 2005)

Bref, Renaud Camus ne sera pas au second tour. Ni même, peut être, au premier. Pas un hasard que de retrouver des minables comme Sarko, Hollande, Ségo, DSK, Morin, Lefevre et cie à ce niveau de responsabilité. Des affairistes foireux et sans envergure. des nuls. Comme dit Cioran.

(photo: vivre-ensemble et pyromanie)

addendum: des nouvelles des bisounours!

Commentaires

Superbe billet. Merci Hoplite.
Cela dit, si RC est candidat, il nous faudra réfléchir au vote plaisir et au vote utile. Car là, je ne crois pas qu'il y aura des primaires entre les candidats qui nous conviennent à peu près.
Mais on a encore le temps d'en parler.

Écrit par : Carine | 16/04/2011

D'accord avec Carine : choix difficile.

Cela dit, Manuel Valls m'a plutôt fait l'effet d'un type d'accord à 90 % avec les deux autres, mais qui se souvient constamment qu'il doit donner des gages à ses amis socialistes (auprès de qui il est déjà suspect de "droitisme") en ne pactisant pas avec l'ennemi. c'est au point qu'il n'ose pas, sauf à la fin, adresser directement la parole à Camus : il se comporte comme s'il n'était pas là, pas physiquement là.

Écrit par : Didier Goux | 16/04/2011

A mon avis, on ne peut pas faire de la politique et adopter une posture prophétique, comme Renaud Camus quand il emploie les termes de décivilisation, de grande déculturation, de grand remplacement, de contre-colonisation, etc. La politique, c'est l'art du possible, et on ne voit pas trop quelles solutions pacifiques on pourrait préconiser pour remédier aux maux qu'il dénonce. Face à une colonisation, il n'y a que la violence qui puisse être efficace. Du moins, si les mots ont un sens.

De sorte qu'il n'y a pas eu de dialogue entre Valls et Camus, c'est l'impression que j'ai gardée de cette émission. Ils se sont regardés en chiens de faïence, comme s'ils appartenaient à deux univers différents. Je ne donne pas cher de Renaud Camus dans cette présidentielle, si tant est qu'il puisse réunir les 500 signatures. Son discours est difficilement audible pour quelqu'un qui ne le connaîtrait pas. Sa candidature devrait être une candidature de témoignage.

Écrit par : Sébastien | 16/04/2011

le problème véritable réside dans la présence des petits laquais gouvernementaux et parlementaires de la haute finance apatride à la tête des Etats européens. La seule façon d’enrayer le processus de tiers-mondialisation de l’Europe enclenché par cette engeance parasitique est d’en finir avec une bonne fois pour toutes avec elle.

Analogiquement, l’estomac, c’est tout ce qui concerne l’économie, la tête, c’’est le politique.

Plus l’Europe s’enfonce dans les miasmes ténébreux de l’oligo-gynécocratie libéralo-communiste, plus le destin de l’Europe, pour citer Marx, est l’"économie".

Plus l’économie s’impose, plus la sévère dictature à fondement ethnique spartiate et la meilleure Rome, à fondement tout aussi ethnique, celle de Caton, celle de l’auctoritas et de l’imperium, qui refusa le luxe et lutta contre la finance apatride levantine, celle qui fit de l’autarchie une réalité, restent le seul point de référence pour une éventuelle reconstruction européenne

Sans un retour à l’État fort, il ne peut pas y avoir de retour à la normale. un Etat fort, à l’heure actuelle, c’est un Etat qui lutte contre les marchés et il existe des tas de moyens de lutter contre les marchés. Un État fort, c’est un État gouverné par de véritables chefs qui, du jour au lendemain, effacent la dette, arguant du fait qu’ils ne sont pas responsables de la traître irresponsabilité des bonimenteurs de foire qui ont amené le pays au bord de l’abîme ; qui, non seulement effacent la dette, mais saisissent immédiatement les avoirs des voleurs de grand chemin moderne que sont les banques et qui les forcent à rembourser ce qu’elles ont volé. Un État fort, c’est un Etat qui met les banques sous tutelle ; qui, au sens fort, les nationalise. Un État fort, c’est un État qui fait cesser immédiatement l’immigration extra-européenne, légale ou non et qui renvoie dans leurs pays d’origine les parasites de tout poil.

Écrit par : BL | 16/04/2011

Toujours un réel plaisir à vous lire.Encore un superbe billet.Sincèrement merci.

Écrit par : malko | 16/04/2011

@carine: merci. je trouve dommage qu'il n'y ait pas plus de personnes comme lui: la politique prendrait un autre sens et pourrait "mobiliser" beaucoup plus de monde. beaucoup de gens ne vote plus parcequ'ils ont en face d'eux des figures de fion comme sarko ou dsk: la peste ou le cholera.

@didier: oui, qui ne donne pas de gages disparait du radar médiatique. comme RC. quant à Valls, il se montre courtois contrairement au mélenchon de base, arrogant et violent.

@BL, le drame de notre époque: économisme et moralisme servis par des blattes tchékistes. ha ha! on attend les hommes qui nous sortiront de cette médiocrité.

@malko, merci.

Écrit par : hoplite | 17/04/2011

Démocratie ? Elections? Les fauves ont faim et le proie est appétissante. Les débats, les candidatures, les discours constituent un jeu virtuel truqué et ce n'est qu'ensuite qu'on prend le réel en pleine gueule (et qu'on est digéré).
Votre billet est excellent (bien que quelques participes soient passés à la trappe).

Écrit par : Boutros | 17/04/2011

Je me permets, moi aussi, de "+oyer" à cet excellent billet !
Il m'a d'ailleurs semblé y percevoir de la colère sinon de la rage, manifestations d'humeurs suffisamment rares dans les notes du hoplite pour être signalées, selon moi.

Écrit par : snake | 17/04/2011

Pour Juppé, qui m'a choqué quand je l'ai entendu hier, il n'a pas varié. Il proposait déjà de soutenir les islamistes en 1995 en Algérie après les élections ratées quand Pasqua voulait prendre le parti de l'armée algérienne.

Pour le reste, ça part en vrille.

Écrit par : daredevil | 17/04/2011

"...mieux vaut adouber le discours politiquement correct et jouer du djembé, même s'il constitue la négation de ce que l'on pense."

Pas d'illusions, les partis du vieux monde, les conservateurs de feu le mouvement ouvrier, sont irrémédiablement passé de l'autre côté de la barricade et ce, depuis le régicide de 1793, avec les péripéties rocambolesques et sanglantes bien connues, selon les époques.
Les Sarközy, Hollande, Royal, DSK, sans oublier les maîtres à penser à la sauce BHL, Morin, Parisot, Attali - une mention particulière pour cet agent trouble et double voire triple -, et leurs éternels supplétifs gauchistes... sont la base collabo de la dictature de l'oligarchie capitaliste mondialisée qui n'a pas, encore, besoin d'être sanglante pour s'imposer. On ne peut évidemment que les voir cesser de nuire et d'exister avec ceux qui les engraissent et les flattent, les media.

De mon point de vue, certaines personnalités égocentriques et monomaniaques... et tous les partis du vieux monde, sans une seule exception, ne servent à rien au stade où nous en sommes arrivés, sinon à distraire.

Je terminerai par cette citation savoureuse de Ferdinand, tirée de Mea Culpa, qui me fait toujours autant rire, car tellement vraie, tellement encore d'actualité.

Vive Pierre 1er! Vive Louis XIV! vive Fouquet! Vive Gengis Khan! Vive Bonnot! la bande! et tous les autres! Mais pour Landru pas d'excuses! Tous les bourgeois ont du Landru! C'est ça qu'est triste, irrémédiable, 93, pour ma pomme, c'est les larbins... larbins textuels, larbins de gueule! larbins de plume qui maîtrisent un soir le château, tous fous d'envie, délirants, jaloux, pillent, crèvent, s'installent et comptent le sucre et les couverts, les draps... Comptent tout!... Ils continuent... Jamais ils ont pu s'interrompre. La guillotine c'est un guichet... Ils compteront le sucre jusqu'à leur mort! Les morceaux, fascinés. On peut tous les buter sur place... Ils sont toujours dans la cuisine. Rien à perdre! On peut estimer pour du vent leur brelan d'intellectuels, impressionnistes confusionnistes à tendance, tantôt bafouilleux vers la gauche, tantôt sur a droite, au fond de leur putaine âme tous farouchement conservateurs, doseurs de fines arguties; tout farcis d'arrière-pensées. Ca suffit la vue du réglisse! Ils iront où l'on voudra, à l'odeur de la vache prébende, à la perspective du tréteau... C'est pas eux qui peuvent la racheter l'imbécillité titanesque, la crasse chromée du cheptel!... Putains de race ils découlent... A l'égout donc aussi l'engeance!... Qu'on nous en parle plus du tout!... Les pauvres en face, c'est du même, pénétrés, "redresseurs de torts" à 75.000 francs par an.
Se faire voir aux côtés du peuple, par les temps qui courent, c'est une "assurance-nougat". Pourvu qu'on se sente un peu juif ça devient une "assurance-vie". Tout cela fort compréhensible.

Écrit par : Danny | 17/04/2011

Manuel Valls, un libéral ?

De combien veut-il réduire les dépenses publiques ? Quels ministères prévoit-il de supprimer ? Combien de fonctionnaires prévoit-il de licencier ? Quand compte-t-il interdire la grève aux fonctionnaires ? Comment compte-t-il mettre la Sécurité sociale en concurrence ? Comment compte-t-il organiser la suppression de la retraite "par répartition" ? Combien de pages veut-il enlever au code du travail ? Quel est le bon taux de la "flat tax" selon lui ? Quelles modalités prévoit-il pour le référendum d'initiative populaire ? Quels niveaux de gouvernement prévoit-il de supprimer ? Etc, etc.

Écrit par : Robert Marchenoir | 18/04/2011

Sur le fameux "anthropomorphique" (!!!) de R. C. :

les jeunes ruraux chrétiens de l'Ancien Régime tuaient couramment à coup de gourdin les jeunes des villages voisins venant courtiser les filles de leur village, qu'ils estimaient leur être réservées. Donc, le cas Haroun n'est pas si "anthropomorphique" (resic) que cela.

Les Irlandais ont été caricaturés en brutes épaisses et en SINGES dans les journaux américains (vous trouverez facilement ces caricatures sur Internet) dans les années 1880 par ceux qui pensaient devoir défendre "the superior anglo-saxon stock", et se voyaient eux aussi en "libéraux et en patriotes"

De même dans les années 1924, les idéologues de la réaction contre les immigrants écrivaient que les Italiens étaient des envahisseurs, un ramassis de gangsters, et des gens inférieurs intellectuellement, car non anglo-saxons; cette image a poursuivi des années les Italiens, au point qu'on parle aux États-Unis "d'anti-italianism". Dès 1900, des sociétés de protection des travailleurs italiens ont été créées.


On pourrait ainsi multiplier les exemples (caricatures des juifs, des noirs, évidemment, et aussi femmes travailleuses, toutes personnes dont la participation à égalité à la main-d'oeuvre est régulièrement contestée). On retrouve à chaque fois les mêmes schémas mentaux et les mêmes simplifications des intellectuels et idéologues qui se portent au devant de la scène comme les "consciences nationales". Ces représentations sur les envahisseurs, les barbares, les étrangers non assimilables et indésirables ne sont pas vraiment originales. Au contraire, les clichés sont éculés, bien qu'ils paraissent toujours nouveaux à ceux ...qui y ont toujours cru.

Quant à Marx, que certains se permettent de convoquer ici et pas mal ces derniers temps voici ce qu'il écrivait sur la haine des travailleurs anglais à l'égard des travailleurs irlandais :

"Ce qui est primordial, c'est que chaque centre industriel et commercial d'Angleterre possède maintenant une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles : les prolétaires anglais et les prolétaires irlandais. L'ouvrier anglais moyen déteste l'ouvrier irlandais en qui il voit un concurrent qui dégrade son niveau de vie. Par rapport à l'ouvrier irlandais, il se sent membre de la nation dominante et devient ainsi un instrument que les aristocrates et capitalistes de son pays utilisent contre l'Irlande. Ce faisant, il renforce leur domination sur lui-même. Il se berce de préjugés religieux, sociaux et nationaux contre les travailleurs irlandais. Il se comporte à peu près comme les blancs pauvres vis-à-vis des nègres dans les anciens États esclavagistes des États-Unis. L'Irlandais lui rend avec intérêt la monnaie de sa pièce. Il voit dans l'ouvrier anglais à la fois un complice et un instrument stupide de la domination anglaise en Irlande.

Cet antagonisme est artificiellement entretenu et développé par la presse, le clergé et les revues satiriques, bref par tous les moyens dont disposent les classes dominantes. Cet antagonisme est le secret de l'impuissance de la classe ouvrière anglaise, malgré son organisation. C'est le secret du maintien au pouvoir de la classe capitaliste, et celle-ci en est parfaitement consciente."

Le mot "artificiel" ici étant essentiel.

Citer Marx à la télévision, devant des gens qui ne l'ont pas lu en compagnie de gens qui veulent absolument l'enterrer, en détournant totalement sa pensée est le genre de tour de passe-passe parfaitement prévisible, de la part de communiquants télévisuels comme Zemmour. Ce type tellement honnête qui fait régulièrement dire à Marx exactement le contraire de ce qu'il dit, sans que cela ne gêne quiconque.

Ceci étant, il est cocasse que Zemmour ait tellement besoin de se raccrocher à Marx comme à une bouée pour fonder son argumentaire de petit voyageur de commerce.

L'usage impropre du mot "anthorpomorphique" de R. C. est révélateur d'une faiblesse. R. C. doit savoir, intérieurement, qu'il reprend des clichés exactement identiques à ceux qui ont servi maintes fois dans l'histoire moderne, et que cette tentative est parfaitement vaine.

Écrit par : bs | 18/04/2011

@ bs

C'était une erreur du maître. Il voulait dire anthropologique.

http://www.in-nocence.org/public_forum/read.php?3,82154,82201#msg-82201

Rien à voir avec les lapsus de Rachida Dati.

Écrit par : Sébastien | 18/04/2011

L'"anthropomorphique" de R. C., c'est que les jeunes ruraux chrétiens de l'Ancien Régime tuaient couramment à coup de gourdin les jeunes des villages voisins venant courtiser les filles de leur village, qu'ils estimaient leur être réservées.


Les Irlandais ont été caricaturés en brutes épaisses et en singes dans les journaux américains dans les années 1880 par ceux qui s'estimaient être des "patriotes et des libéraux" et pensaient devoir défendre "the superior anglo-saxon stock".

De même dans les années 1924, les acteurs des mouvements de lutte contre les immigrants écrivaient que les Italiens étaient des envahisseurs, un ramassis de gangsters, et des gens inférieurs intellectuellement, car non anglo-saxons; et on pourrait ainsi multiplier les exemples, que l'on retrouve à chaque période de crise, ce qui fait que les représentations des plus récents immigrants comme des envahisseurs ne sont rien d'autre que du déjà-vu.

Quant à Marx, que vous vous permettez de convoquer ici, voici ce qu'il écrivait sur la haine des travailleurs anglais à l'égard des travailleurs irlandais :

"Ce qui est primordial, c'est que chaque centre industriel et commercial d'Angleterre possède maintenant une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles : les prolétaires anglais et les prolétaires irlandais. L'ouvrier anglais moyen déteste l'ouvrier irlandais en qui il voit un concurrent qui dégrade son niveau de vie. Par rapport à l'ouvrier irlandais, il se sent membre de la nation dominante et devient ainsi un instrument que les aristocrates et capitalistes de son pays utilisent contre l'Irlande. Ce faisant, il renforce leur domination sur lui-même. Il se berce de préjugés religieux, sociaux et nationaux contre les travailleurs irlandais. Il se comporte à peu près comme les blancs pauvres vis-à-vis des nègres dans les anciens États esclavagistes des États-Unis. L'Irlandais lui rend avec intérêt la monnaie de sa pièce. Il voit dans l'ouvrier anglais à la fois un complice et un instrument stupide de la domination anglaise en Irlande.

Cet antagonisme est artificiellement entretenu et développé par la presse, le clergé et les revues satiriques, bref par tous les moyens dont disposent les classes dominantes. Cet antagonisme est le secret de l'impuissance de la classe ouvrière anglaise, malgré son organisation. C'est le secret du maintien au pouvoir de la classe capitaliste, et celle-ci en est parfaitement consciente."

Le mot "artificiel" ici étant essentiel.

Citer Marx à la télévision, devant des gens qui ne l'ont pas lu en compagnie de gens qui veulent absolument l'enterrer, en détournant totalement sa pensée est le genre de tour de passe-passe parfaitement prévisible, de la part de communiquants télévisuels comme Zemmour. Ce type tellement honnête qui fait régulièrement dire à Marx exactement le contraire de ce qu'il dit, sans que cela ne gêne quiconque.

Ceci étant, il est cocasse que Zemmour ait eu absolument besoin de se raccrocher à Marx comme à une bouée, pour fonder son argumentaire de petit voyageur de commerce.

Écrit par : bs | 18/04/2011

R. Camus est en effet un maître pour certains, et un pontifiant raseur pour d'autres.

R. C. est en effet du genre à contraindre ses interlocuteurs à lui donner du "maître".

Écrit par : bs | 18/04/2011

"et on pourrait ainsi multiplier les exemples, que l'on retrouve à chaque période de crise, ce qui fait que les représentations des plus récents immigrants comme des envahisseurs ne sont rien d'autre que du déjà-vu."

certes, pour autant:
-les nouvelles invasions barbares que nous connaissons depuis le début des années 70 me semblent d'une nature fort différente par leur origine géographique, ethnique, religieuse, bref civilisationnelle. vous ne pouvez pas comparer un immigrant italien ou polonais et un immigrant malien ou maghrébin. cette question des origines culturelles ne peut être écartée d'un revers de bras au motif que l'Europe a connu des vagues migratoires précédemment et que les autochtones manifestèrent une certaine xénophobie. bien compréhensible, d'ailleurs.

"Le mot "artificiel" ici étant essentiel. " d'accord avec vous pour ne pas sous-estimer l'instrumentalisation du sentiment communautaire ou identitaire par les classes dominantes du moment. Pour autant, il faut être naïf pour penser que cette conscience identitaire ne se résume qu'à cela...ou bien communier dans l'internationalisme marxien. (autre forme de naïveté) bref, l'universel ne peut s'enraciner, se développe que dans le particulier, l'identité primitive, singulière et irréductible. vouloir enjamber ce genre de détail c'est se condamner à la violence, à la résurgence de marqueurs identitaires primitifs comme la race, la religion ou la culture.

vous parlez de Zemmour, je n'avais pas connaissance du fait qu'il cite Marx. tant mieux: je considère que sa critique de la Forme capital reste éminemment d'actualité. san sque cela fasse de moi un marxiste, bien sûr.

quant à RC, qu'il se fasse appeler maître ou tailler des pipes par jacob, peut importe, ce sont ses idées qui m'intéressent.

à vous lire.

Écrit par : hoplite | 18/04/2011

-"les nouvelles invasions barbares que nous connaissons depuis le début des années 70 me semblent d'une nature fort différente par leur origine géographique, ethnique, religieuse, bref civilisationnelle."


Mais justement, vous observerez que les idéologues et journalistes WASP dont je parle ont perçu et représenté exactement de la même manière les Irlandais, les Italiens et les juifs, et estimaient que leur origine géographique, ethnique, religieuse, bref civilisationnelle était radicalement différente de la leur, ce qui expliquait, selon eux, leur propension à la délinquance, à la paresse et à la criminalité violente.

Je ne vois pas ce qui vous permet de supposer ou de sous-entendre que les intellectuels nationalistes anglo-saxons de l'époque étaient plus cons que ceux d'aujourd'hui, ou que les intellectuels français qui écrivaient le même genre d'articles au sujet des Italiens ou des Espagnols et des juifs en France autour des années 1900-1930. Ils utilisent le même langage, les mêmes schémas, les mêmes représentations.

L'étranger italien, juif ou le subalterne noir ou femme étaient perçus par eux comme radicalement différents et inférieurs aux travailleurs anglo-saxons, et ils étaient persuadés qu'il fallait défendre un ordre ancien et des hiérarchies, qui étaient, pour eux, l'expression d'une civilisation et de traditions supérieures.

Et j'insiste : les promoteurs de ces discours prophétiques sur le déclin qu'entraînerait l'invasion étrangère ne se présentaient pas comme d'affreux xénophobes mais se voyaient comme de courageux patriotes et des libéraux.

Pour eux, les bienfaits du libéralisme devaient être exclusivement réservés au groupe de la même ethnie que les pères fondateurs.

Si de grands intellectuels de l'époque se sont trompés en voyant les Irlandais, les juifs et les Italiens comme des agresseurs et des profiteurs, pourquoi les intellectuels ou les journalistes d'aujourd'hui qui font appel à la même rhétorique ne se foutraient-ils pas le doigt dans l'oeil?

Je me permets de rappeler que même si les Irlandais, les juifs ou les Italiens étaient d'une autre culture que les Français d'origine maghrébine, la proportion de délinquants parmi eux étaient importante, et il était reproché également à ces travailleurs de vivre de la charité (en particulier les Irlandais) et de la magouille.

Les Italiens, encore aujourd'hui, subissent encore la caricature du maffioso.

Les sociétés de protection des travailleurs étrangers ont été établies, pour éviter que le groupe dominant, sous prétexte d'une délinquance en effet plus massive au sein des populations récemment immigrées d'Europe, punisse collectivement ces populations.

Autrement dit, ces réactions anti-immigration ne sont pas du tout exceptionnelles dans l'histoire moderne. AU contraire, ils sont l'une de ces caractéristiques, car la xénophobie, c'est ce que dit Marx, fait intrinsèquement partie du capitalisme lui-même, puisque ces populations n'entrent dans les pays "plus puissants économiquement qu'à une condition : accepter un salaire inférieur, ce qui ralentit fatalement leur ascension sociale et leur intégration. Et favorise, du Même coup, la délinquance d'une partie de la jeunesse issue de cette immigration.

Je vis au Québec et je peux vous dire que les phénomènes de gangs concernent presque exclusivement les Haïtiens et les jeunes latinos - c'est à dire - selon le critère de Zemmour - des "chrétiens - ce qui démontre que le critère religieux n'est pas pertinent.

À l'ouest du Canada, où l'immigration asiatique est dominante, on trouve pas mal de jeunes Vietnamiens et de jeunes Chinois dans ces gangds.

Là encore, l'explication "culture d'origine" ne marche pas.

Je termine en rappelant que la population carcérale de NY dans les années 20 était pour moitié composée de jeunes juifs d'Europe de l'Est, qui formaient par ailleurs les gros bataillons de militants communistes, syndicalistes et anarchistes.
Les luttes politiques, parfois, violentes, ont permis un ancrage dans le pays de ces populations d'immigrants, chose qui n'a tout bonnement pas été possible dans le cas des immigrants du Maghreb, arrivés à une période de reflux du syndicalisme militant, de désillusion et de dérision généralisée (chez les intellectuels) à l'égard de l'engagement politique.

Autrement dit, les intellectuels hautains, qui voulaient écarter la "populace" du politique, et ont été ravis de pouvoir transformer la politique en effet de manches médiatique, récoltent ce qu'ils ont semé.

N'oublions pas non plus qu'un grand nombre de travailleurs manuels de souche ou d'origine portugaise ou italienne, par exemple, ont pu employer des travailleurs manuels du Maghreb ou d'Afrique, et devenir ainsi des petits patrons. Leurs enfants ont pu profiter de l'expansion des universités et quitter l'univers du travail manuel auquel appartenaient leurs parents.

À cela, il faut ajouter le gel du recrutement des petits fonctionnaires et la disparition des emplois, y compris subalternes, à vie, qui ont permis aux immigrés italiens ou espagnols, par exemple, d'envisager relativement sereinement l'avenir, même s'ils n'étaient pas riches.

Pour revenir à l'exemple américain, le genre d'idéologie promu par les R. C. de l'époque a fini par dominer totalement le syndicalisme américain, dans les années 20 et 30, au point que les dirigeants juifs de certains syndicats ont eux-mêmes refusé d'accueillir les juifs fuyant le nazisme - et les autres étrangers par crainte de l'invasion de travailleurs étrangers. les dirigeants syndicaux ont souvent repris les discours des intellectuels de la WASPitude, ce qui montre bien le caractère récurrent des réactions chauvines et xénophobes, puisqu'elles réapparaissent, à l'identique, à chaque crise cyclique.

Écrit par : bs | 19/04/2011

bs,

"Je termine en rappelant que la population carcérale de NY dans les années 20 était pour moitié composée de jeunes juifs d'Europe de l'Est"

C'est intéressant ça, vous pourriez me donner une source de ces dires ?

Écrit par : Jean-Pierre | 19/04/2011

bs,

J'ai une autre question. Ne pensez vous pas qu'il existe néanmoins une différence importante avec les multiples exemples historiques que vous citez qui est l'ampleur du phénomène ?

L'ampleur des phénomènes migratoires d'aujourd'hui me semble tout de même d'un autre ordre de grandeur que ceux d'autrefois.

Ne fut-ce par exemple qu'en imaginant, et ce n'est qu'une hypothèse basse selon moi, que les proportions d'immigrés arrivant dans les pays accueillant fussent à peu de choses près les mêmes qu'autrefois, au vu de l'accroissement de la population mondiale cela signifie dans l'absolu un nombre bien plus important de personnes, et donc une réaction des autochtones bien plus tranchée qu'auparavant.

Afin de comparer ce qui est comparable, si l'on veut comparer la situation actuelle avec celle d'autrefois, il est nécessaire de faire de semblables accommodements dans le raisonnement.

Écrit par : Jean-Pierre | 19/04/2011

Cohen a écrit un bouquin qui s'appelle Tough Jews (dans la tradition un peu particulière des États-Unis, où beaucuiop d'Américains éprouvent une fascination pour le personnage du gangster (on trouve cela en France aussi, d'ailleurs, où l'on adore le cinéma noir américain et français : le personnage du gangster et héroïque, a sa propre morale mais généralement, il finit par "perdre" : la morale restant généralement sauve mais pas toujours).

Il y a aussi "But He Was Good to His Mother. The Lives and Crimes of Jewish Gangsters de Robert A. Rockaway (je pense qu'il ya plusieurs éditions : il faudrait prendre la première).

Je suppose qu'il y a en a pas mal d'autres autres sur ce même thème.

Daniel Boyarin a rédigé un bouquin Unheroic Conduct où il discute de diverses représentations des juifs (et de bien d'autres sujets).

Aux États-Unis, le mythe dominant des bouquins pour garçons étaient le cowboy, qui accroche fièrement sur sa porte son scalp d'Indiens - mythe de la conquête coloniale.

Les films ou les récits pour les journaux populaires donnaient aux Américains un sentiment de liberté, l'idée étant celle d'une espace géographique gigantesque aux ressources inépuisable. Les Américains adhéraient au double cliché, contradictoire, de la terre sans habitant (Terra Nullus en Australie) à conquérir et à mettre en valeur, que l'on retrouve dans tous les mouvements de colonisation de masse, et de l'autre côté au cliché de la présence menaçante de l'ennemi, les Indiens, ces peuples barbares et féroces, incapables d'exploiter la terre, qui ne vivent qu'en guerre et par la guerre.

(Aux États-Unis, un autre thème récurrent est celui du repris de justice qui fuit dans un autre État pour s'y refaire une vie et se réhabilite parfois - thème de la rédemption à l'Américaine).

Bref, une fois que le territoire des États-Unis a été entièrement colonisé, les motifs du cowboy et de l'espace grandiose ont perdu de son importance, pour être remplacés par celui du gangster et de la jungle urbaine.

Avec la fin du "Go West Young Man", c'est de la jeunesse immigrante des quartiers pauvres surpeuplés, que surgissent les "gangsters-aventuriers" qui vont s'engouffrer dans l'économie du proxénétisme, des casinos et de la contrebande d'alcoo au moment de la prohibition.

Bronfman, investisseur canadien, aujourd'hui mécène respecté et grand brasseur d'affaires est le descendant d'une famille de gangsters de l'époque de la prohibition.
Et il y a eu comme ça quelques dynasties.

Finalement, lorsque l'Amérique latine et l'Asie se sont transformées en plaque tournante du trafic de drogue, ce sont les Noirs et les Latinos, qui se sont engagés engagent dans le trafic, sans pour autant que les autres disparaissent totalement du paysage - ceux-là ont fait étudier le droit à leurs fils et filles.

Aux États-Unis ou au Canada, la répression est plus massive et sans merci : l'expérience historique est radicalement différente mais surtout la grandeur du territoire facilite des choses impossibles ailleurs comme la construction de vastes prisons, y compris de haute sécurité, dans des zones rurales plus pauvres et moins denses démographiquement. Les lieux où l'on construit les prisons sont aussi ceux où on expérimente les produits et où on se débarrasse des déchets urbains.

Autre méthode de la gestion américaine de la délinquance

L'armée américaine répartit ses recruteurs presque exclusivement dans les réginos et les quartiers pauvres : jeunes blancs des zones rurales déprimées, et jeunes latinos et noirs des ghettos urbains.

Le travail se fait sans doute également parmi les détenus auxquels on offre l'Iraq ou l'Afghanistan contre une réduction de peine.

Écrit par : bs | 19/04/2011

Jean-Pierre | 19.04.2011

C'est un point intéressant et qui se discute. Je l'examinerai plus en détail lorsque que j'aurai le temps.

En ce qui concerne New York, la ville est depuis longtemps la ville symbole de l'arrivée des immigrants de tous les pays. Une ville très peuplée voire "grouillante" selon les auteurs.

Avant la gentrification qui a été amorcée plus ou moins dans les 20 dernières années et qui est pratiquement complète, c'était une ville franchement pauvre : les classes moyennes et riches y travaillaient mais résidaient en banlieue (tout le monde sait qeu la banlieue évoque pour les Amerlos exactement l'inverse que ce qu'elle représente pour nous).

Écrit par : bs | 19/04/2011

Jean-Pierre | 19.04.2011

C'est un point intéressant et qui se discute. Je l'examinerai plus en détail lorsque que j'aurai le temps.

En ce qui concerne New York, la ville est depuis longtemps la ville symbole de l'arrivée des immigrants de tous les pays. Une ville très peuplée voire "grouillante" selon les auteurs.

Avant la gentrification qui a été amorcée plus ou moins dans les 20 dernières années et qui est pratiquement complète, c'était une ville franchement pauvre : les classes moyennes et riches y travaillaient mais résidaient en banlieue (tout le monde sait qeu la banlieue évoque pour les Amerlos exactement l'inverse que ce qu'elle représente pour nous).

Écrit par : bs | 19/04/2011

@bs, merci pour cette réponse argumentée.

plusieurs points:
-le point d'achoppement reste le gap culturel: lorsque celui-ci est trop important, il ne peut y avoir d'acculturation réciproque et c'est l'hostilité et le communautarisme qui prend le dessus. Lévi-Strauss a une métaphore trés éclairante dans son texte Race et Culture, celle de deux trains qui dans un premier cas, circulent parallèlement et dans lesquels les voyageurs peuvent se voir, se reconnaître, se saluer même et, dans un deuxième cas, deux trains qui se croisent et dont les voyageurs sont tellement éloignés qu'ils ne peuvent même se voir. cela illustre bien sûr la distance culturelle qui est l'élément clef.
Je veux dire par là qu’il existe un fond civilisationnel commun entre un italien, un polonais, un français, un grec et un anglais qui réduit ce gap culturel et facilite l’insertion/l’intégration/l’assimilation et réduit le risque de sécession des migrants en territoire étranger. Ce qui n’est pas le cas avec des musulmans maghrébins ou des africains sub-sahariens, chrétiens ou pas.
-jean-pierre a soulevé la question de l'importance des flux migratoire: le nombre! il est de bon ton, au moins en europe (je ne sais pas au Québec) de nier l'importance de ces flux migratoires et de minimiser le remplacement démographique à l'oeuvre en Europe depuis les années 70. Mais tous les européens qui ouvrent les yeux voient leur environnement humain se transformer à grande vitesse. les flux migratoires officiels (selon la démographe Tribalat font état de 300 000 à 400 000 migrants annuels (sans compter l'immigration illégale qui représenterait 400 000 à 500 000 personnes présentes sur le territoire/ on mesure le sérieux des "20 000 reconduites à la frontière"...). Les perspectives démographiques montrent toutes un basculement démographique vers 2050 avec des populations autochtones européennes/caucasiennes qui deviennent minoritaires par rapport aux populations d’origine extra-européenne, notamment africaine. C e ne peut pas être sans conséquence sur l’évolution d’une civilisation.
-ces mouvements de populations interviennent à un moment historique ou l’Europe, sous la pression idéologique anglo-saxonne et du capitalisme globalisé, a renoncé à toute assimilation des étrangers (A Rome on ne vit plus comme les romains mais comme les Carthaginois, les Nubiens ou les Parthes…). Ce nouveau paradigme anthropologique aboutit logiquement à la constitution d’enclaves étrangères en sécession par rapport aux populations autochtones, au rejet des cultures d’accueil.
-les réactions de rejet de l'Autre ("xénophobie" qui répond à la "xénophilie" inconditionnelle de nos modernes...) sont éminemment légitimes lorsqu'elles reflètent une inquiétude légitime de groupes humains se sentant menacés dans leur existence culturelle, sinon physique. Et au fond, hormis la responsabilité écrasantes des élites politico-financières (le Capital) occidentales de ces trente dernières années, les européens sont les premiers responsables de la décivilisation à l'œuvre, notamment par le non-renouvellement des générations: César, lorsqu'il combattait quelque peuple gaulois ou belge, prenait bien garde à faire en sorte que le territoire naturel de ces peuples ne reste pas inoccupé, la nature ayant horreur du vide...et par la faillite de la transmission de cette culture singulière.

"En ce qui concerne New York, la ville est depuis longtemps la ville symbole de l'arrivée des immigrants de tous les pays. Une ville très peuplée voire "grouillante" selon les auteurs."

bon exemple d'une machine à fabriquer des américains/autochtones, ce que l'Europe ne sait plus -ne veut plus- faire. Même si les immigrants US se regroupaient en communautés, ils avaient conscience d'être des américains et en étaient fiers. Quel rapport avec ces maghrébins qui se drapent dans les drapeaux algériens et sifflent la marseillaise?

complexe, ces questions. mais cruciales.

Écrit par : hoplite | 19/04/2011

"Un exemple d'une machine à fabriquer des américains/autochtones, ce que l'Europe ne sait plus -ne veut plus- faire. Même si les immigrants US se regroupaient en communautés, ils avaient conscience d'être des américains et en étaient fiers. Quel rapport avec ces maghrébins qui se drapent dans les drapeaux algériens et sifflent la marseillaise?"

C'est loin d'être aussi simple. Les juifs, les Italiens et les Irlandais se percevaient malgré tout comme des blancs, et donc situés à un échelon légèrement au-dessus de celui du Noir ou de l'Amérindien, même si les trois groupes ont été caricaturés en singes ou en "noirs".

La présence des Indiens et des Noirs a donc joué un rôle, dans le rapport ambigu noué entre ces groupes d'immigrants à l'Amérique WASP et entre les différents groupes de la hiérarchie racialo-culturelle américaine, donc dans leur capacité à s'assimiler progressivement.

Et il en va de même de toutes les immigrations "blanches" dans les pays blancs. (On pourrait faire d'autres comparaisons en se servant des cas du Brésil, de Cuba ou de l'Inde, où ces questions sont loin d'être "résolues").

Il semble donc que les éléments appartenant à un groupe incarnant précédemment l'étranger et perçu de ce fait comme inférieur ou "pas tout à fait" oui un peu bizarre, bref, ce que l'on voudra, mais pas de souche, lorsqu'un nouveau groupe le remplace et se retrouve à son tour en bas clairement désigné comme le seul et le véritable étranger. Il semble que cela soit la désignation d'un nouveau groupe étranger qui permette à l'ancien groupe "étranger" de s'assimiler. Vient évidemment se greffer à ce processus, la question raciale. (je sais, vous allez me parler de la communauté asiatique, qui, elle, réussit, ne pose pas de problème, etc. etc. : nous y viendrons plus tard).

L'ancien groupe "étranger" situé au-dessus du nouveau groupe subalterne s'assimile et se sent libre à l'égard de ses racines, "ou de la mémoire", qu'il décide de cultiver ou non.

Aux états-Unis, tous ces groupes ont des associations culturelles très actives; les Irlandais défilent chaque année aux États-Unis (et même à Montréal) en costume, et célèbrent officiellement les fêtes irlandaises; les juifs de même : ils ont un très grand nombre de synagogues, une multiplicité d'associations communautaires et d'organisations très puissantes de défense.

Les jeunes Italiens qui ont accédé en masse à l'université font aujourd'hui des recherches sur l'anti-italianisme, qui fait encore partie de la représentation médiatique, sous sa forme caricaturale.

Cette quête des racines et ce désir de réexaminer "leur" histoire de l'immigration s'est manifesté non à la première ou à la deuxième génération, mais à la troisième génération, lorsque la sécurité économique des parents a été assurée, ce qui a permis à la 3e génération et aux suivantes d'étudier, de façon décomplexée, les archives et ... de trouver du financement pour ces recherches.

B)
Les jeunes qui sifflent la Marseillaise ne la sifflent pas nécessairement TOUS par chauvinisme imbécile et admiration béate de leur pays d'origine ou par un refus raisonné et radical de "la France et des Français" et encore moins parce qu'ils haïraient TOUS les Français. C'est un peu simpliste, comme vision, bien que cette haine existe en effet parmi eux. Mais est-elle aussi généralisée que les faits divers présentés dans les médias nous le font croire?

Discutez avec les jeunes : pratiquement aucun jeune maghrébin n'est favorable aux élites de son pays d'origine ni à l'organisation sociale qui y existe)

C.
Vous savez aussi que de nombreux symboles ont été remplacés au cours de l'histoire par les États eux-mêmes, y compris dans nos manuels scolaires, lorsque ces symboles sont devenus "inutiles" à la lumière du présent, et que d'autres sont devenus "utiles".

Ces changements ne résultent pas de la présence importante des descendants du Magrheb : ils y en a toujours eu. Rappelons-nous de l'apparition de la figure de Jeanne D'arc ou de certains disparitions ou de la marginalisation de certains héros ou personnages historiques ou du recours à un traitement plus "pondéré" de ces personnages quasi divinisés autrefois : ex. Napoléon)

Lorsque des symboles nationaux sont surexploités et régulièrement utilisés à des fins idéologiques ou pire, électoralistes par les politiques et les États, il se trouvera toujours des contestataires pour en préférer d'autres ou au minimum, pour exprimer lassitude ou ironie à l'égard de l'abus de ces symboles dits "nationaux".

Vous pouvez le déplorer, mais je ne pense pas qu'on puisse l'empêcher dans une société démocratique.

Le récit national, au fil de l'histoire, sous sa forme transmise par l'école a été maintes fois revu, par les régimes successifs, à la lumière des nécessités du moment, et là encore, cette "révision" "éducation nationale" n'est pas propre à la France.

....

Écrit par : bs | 20/04/2011

"Discutez avec les jeunes : pratiquement aucun jeune maghrébin n'est favorable aux élites de son pays d'origine ni à l'organisation sociale qui y existe) "
Discutez, discutez… Vous arrivez à discuter avec eux, vous?
S'ils ne sont pas favorables aux élites de leurs pays ni à leur organisation sociale, pourquoi ne pas profiter des changements actuels pour construire une autre organisation sociale sur place ? Pourquoi vouloir au contraire nous imposer un système que vous leur supposez détester de ce côté-ci de la Méditerranée ?

Écrit par : Carine | 20/04/2011

bs,

Vous êtes universitaire ? Si oui dans quelle discipline ?

Écrit par : Jean-Pierre | 20/04/2011

Au Canada, pour une population bien moins nombreuses qu'en France, l'immigration est de 200 000 par an, c'est à dire l'équivalent ou plus peut-être.

Les stratèges de l'immigration tentent parfois de disperser ces immigrants vers les zones plus éloignées des métropoles, mais cela ne marche guère(sauf pour les médecins) puisqu'il y a un manque de travail dans ces zones et encore moins de services.

Écrit par : bs | 20/04/2011

Non pas vraiment. J'ai étudié le russe et l'anglais et je suis traducteur à la pige.
Je suis né en France, d'une famille "très mélangée" (russes, juifs convertis à l'orthodoxie, juifs algériens et on peut continuer allègrement dans les mélanges les plus variés, dans les générations suivantes).


J'ai aussi pas mal roulé ma bosse dans quelques pays et au Canada, trois villes et des quartiers différents. Immigrant, cela signifie zéro contacts et connaissances dans les milieux de travail.

Il faut dire que dans tous les pays avancés, 85 p. 100 des emplois ne se trouvent jamais sur les annonces, mais les recrutements sont en fait plus ou moins des "cooptations" par recommandation.

Ce qui signifie que les moins "branchés" se battent pour ce qui reste, soit 15 p. 100 des emplois "affichés" publiquement.

Écrit par : bs | 20/04/2011

Discutez, discutez… Vous arrivez à discuter avec eux, vous?

S'ils ne sont pas favorables aux élites de leurs pays ni à leur organisation sociale, pourquoi ne pas profiter des changements actuels pour construire une autre organisation sociale sur place ? Pourquoi vouloir au contraire nous imposer un système que vous leur supposez détester de ce côté-ci de la Méditerranée ?

Première question : je ne peux pas me prononcer sur la discussion avec "eux" car j'ignore qui est ce "eux", mais sur la discussion avec ceux que j'ai pu rencontrer à diverses occasions.

J'avoue que la formulation me rend perplexe et que je ne comprends non plus la suite de la question.

Qui est censé "profiter" de "quels changements" et de quelle manière?

Écrit par : bs | 20/04/2011

bs:
Mais il me semble pourtant que ma phrase était claire.
Je vous citais:
"Discutez avec les jeunes : pratiquement aucun jeune maghrébin n'est favorable aux élites de son pays d'origine ni à l'organisation sociale qui y existe) "
Donc mon "eux" recouvrait les "jeunes" (que vous caractérisez vous-même comme maghrébins).
Le reste de ma question me semble également assez clair.

Écrit par : Carine | 20/04/2011

Discutez, discutez… Vous arrivez à discuter avec eux, vous?

S'ils ne sont pas favorables aux élites de leurs pays ni à leur organisation sociale, pourquoi ne pas profiter des changements actuels pour construire une autre organisation sociale sur place ? Pourquoi vouloir au contraire nous imposer un système que vous leur supposez détester de ce côté-ci de la Méditerranée ?

Première question : je ne peux pas me prononcer sur la discussion avec "eux" car j'ignore qui est ce "eux", mais sur la discussion avec ceux que j'ai pu rencontrer à diverses occasions.

J'avoue que la formulation me rend perplexe et que je ne comprends non plus la suite de la question.

Qui est censé "profiter" de "quels changements" et de quelle manière?

Écrit par : bs | 20/04/2011

Je ne sais pas comment on fait pour discuter avec des "eux". Je ne crois pas que cela soit possible. Par contre, je discute souvent avec des personnes qui viennent de familles immigrantes, de toutes les origines, y compris de jeunes Français dont les parents venaient du Maroc ou de l'Algérie, ou des familles algériennes qui ont fui la guerre civile, et ont finalement immigré au Québec, mais jamais avec des "eux".

La deuxième partie de la question demeure incompréhensible pour moi.

Qui est qui, de quels changements parlez-vous? Et de quelle manière les "qui" une fois qu'on les aura définis, peuvent ils profiter de ces changements.

Écrit par : bs | 20/04/2011

@ BS:

Pour le Canada et ses 300 000 immigrants par an, vous oubliez de dire que le Canada veut officiellement une migration de population et qu'il cherche à augmenter sa population par le biais de l'immigration à raison de 1 % de la population par an. Le Canada n'a pas encore assez de monde pour peupler tout son territoire (3,66 hab/km2) p, ce qui est le parfait contraire de la France qui a son territoire entièrement recouvert (113 hab/km2).

Le modèle que vous donnez pour les Juifs et les Italiens n'est valable que pour les USA. La France assimile et ne reconnaît pas les communautés étrangères. Même si dans les premiers temps et par la force des choses, des communautés de Polonais se sont formés dans l'est de la France.

Écrit par : daredevil | 21/04/2011

Comme partout ailleurs, la population canadienne est très concentrée dans les centres urbains, et le chômage est pratiquement aussi élevé qu'en France - autant qu'on puisse le savoir dans la mesure où les statistiques officielles sur le chômage sont partout presque aussi crédibles que les statistiques de l'ex. URSS.

Et le chômage est encore plus massif dans les "dites" immensités rurales où les services sont de surcroît peu accessibles.
Les produits de première nécessité dans les régions éloignées sont également plus chers.

Ce n'est pas non plus en zone éloignée que vont résider les nouveaux arrivants mais massivement dans les grandes villes, sauf dix ou vingt réfugiés ici et là, que l'on répartit à l'occasion dans de plus petites villes situées loin des grands centres. à condition que ces petites villes le veuillent bien (ou plutôt qu'on leur offre des contreparties alléchantes).

Les nouveaux immigrants se retrouvent donc pratiquement tous à Vancouver, et surtout à Toronto et à Montréal, et se concentrent aussi dans les quartiers pauvres, avec certaines conséquences semblables, comme je l'ai expliqué au sujet des jeunes Haitiens et des Latinos, dont une partie a basculé dans la délinquance.

Il y a un tri opéré parmi les immigrants, tri qui se rattache toujours aux intérêts "nationaux-régionaux" - pas seulement économiques mais aussi géopolitiques. ex. Haïti ou la Jamaîque, pour des raisons de relative proximité, des raisons militaires (bases) et de paradis fiscaux (ex. le Canada appartient à l'Organisation des Étatst américains qui regroupent les pays d'Amérique latine - il serait plus exact de dire qu'il la domine, avec les États-Unis : si le Canada n'acceptait pas en masse des immigrants d'Amérique latine, ces pays seraient nettement moins désireux de signer des contrats avec les entreprises canadiennes ou américaines).

Au Québec, 37 p. 100 des nouveaux arrivants viennent depuis plusieurs années du Maghreb et d'Afrique.

Le point que je cherche à élucider avec vous est celui-ci : la culture du pays d'accueil et les caractéristiques supposées ou réelles des immigrants ou de leurs descendants expliquent-elles les réactions de l'intelligentsia contre les immigrants, en particulier, ceux des groupes les plus récents?

J'ai pris des exemples dans l'histoire des États-Unis, pays immense, pays d'immigration et "non assimilateur" selon "daredevil".

Cela n'a pas empêché l'intelligentsia patriote et libérale WASP de condamner en bloc les juifs, les Italiens et les Irlandais - tous de souche européenne, dans les MÊMES TERMES (c'est à dire "singes, êtres intellectuellement et moralement inférieurs à la souche anglo-saxonne, lie de l'humanité, malhonnêtes, délinquants, profiteurs, etc; invasion, hordes barbares et déclin culturel inéluctable) qu'utilise aujourd'hui une partie de l'intelligentsia française et de réclamer contre eux des sanctions collectives. Est-ce exact?

Autrement dit, même si l'Amérique n'est pas la France, n'assimile pas, même si c'est un territoire immense, ces intellectuels américains WASP des années 1880 et des années 1920 étaient convaincus - autant que R. C. aujourd'hui - que les Italiens, les Juifs et les Irlandais étaient collectivement mortels pour leur nation et leur culture et que le fait de les accueillir en masse condamnaient leur pays à l'anarchie et à la désintégration.

Ce qui montre, selon moi, que ni la taille ni la nature du pays "d'accueil", ni l'origine culturelle des immigrants n'expliquent ces réactions contre la totalité d'un groupe immigrant au sein de l'intelligentsia.

Ces Américains instruits voyaient les juifs, les Irlandais et les Italiens, exactement comme certains intellectuels français voient aujourd'hui les Maghrébins et leurs descendants. Chacun estimait incarner "la conscience nationale" anglosaxonne et tous pensaient devoir mobiliser les travailleurs anglosaxons "de souche" contre ces hordes de sous-hommes européens, pour les refouler définitivement dans leurs pays d'origine.

De la même manière, dans les années 20 et 30, un nombre incalculable de penseurs et d'intellectuels européens, et en particulier français ont rejeté les immigrants juifs, et là encore dans les mêmes termes : les juifs sont inassimilables, ils sapent le pays de l'intérieur, ce sont des proxénètes, ils agissent en douce, ils mettent le désordre, etc. Nous connaissons.

Au Québec, le rapport Durham est un texte très connu dans lequel les Québécois y étaient décrits comme des
brutes épaisses, tout juste faites pour vivre dans un quasi-servage. Les Québécois catholiques faisaient des tripotées d'enfants et étaient misérables, par leur faute.

(C'est ce texte qui a amené un auteur québécois à écrire son fameux Nègres blancs d'Amérique).

De très éminents intellectuels anglais ont tracé sans relâche un portrait des Irlandais : des culs-bénits, des catholiques bornés, incapables de faire quoi ce que soit d'autre que de procréer comme des lapins des dizaines et des dizaines de mioches. Mioches qu'ils étaient incapables de les nourrir, se contentant de végéter en misant sur la charité.

Bref, il semble que les intellectuels de souche des pays qui ont dominé le monde ou ont aspiré à le dominer aient eu ou aient souvent une forte propension à émettre des jugements catégoriques, définitifs et surtout, globalisants au sujet des immigrants ou des groupes de populations déplacées pour des raisons économiques.

Les États-Unis et la France, l'Allemagne ou l'Angleterre ont des cultures très différentes, mais à différentes époques, on retrouve les mêmes thématiques, la même mécanique discursive, que les populations aient été d'origine européenne ou non.
Comment expliquez-vous cette tendance d'une bonne partie des intellectuels "à statut" de ces pays à recourir aux mêmes théories globalisantes, à différentes époques?

C'est la question que j'essaye de poser mais auquel personne ne semble, jusqu'ici, pouvoir répondre.

Écrit par : bs | 21/04/2011

100% d'accord et rien à ajouter pour ma part... Merci pour la mention à Aron qu'il faut lire et relire, bien que je me dise souvent que les temps ne sont plus à la lecture, mais à l'apprentissage du tir à la carabine ou de l'utilisation des exploisifs (je n'ai aucune aptitude particulière, ni aucun goût pour ces matières, mais elles me semblent plus utiles que la fréquentation des livres de ma bibliothèque...)

Écrit par : iskander | 25/04/2011

Je pense que Camus et Finkielkraut, intellectuels aux mains blanches, ne comprennent pas grand chose à la realpolitik, à moins qu'ils fassent semblant de ne pas comprendre.

D'après ce que j'ai lu, les fleurons de l'industrie française - cac40, ne sont propriété français qu'à un tiers.
Les autres actionnaires sont donc d'autres pays : lesquels ... en le sachant vous aurez la réponse que vous cherchez (ou que vous faites mine de chercher - c'est selon) au sujet de l'immigration.

De sorte que comme partout dans le premier monde industrialisé, les investisseurs appartiennent à des États dits du Sud.

Ces États ne veulent pas voir le nombre de chômeurs plus élevé qu'il ne l'est et ont à présent tissé des liens "intimes" avec les industries et les banques des pays dits du Nord.

Il y a donc des échanges de bons procédés depuis longtemps :

Tu investis dans ma mégasociété et je facilite l'immigration; moi, j'investis dans ton pays où les salaires coûtent moins cher.


L'accueil des immigrants n'a aucun motif humanitaire : c'est un choix pragmatique bord à bord, motivé par les lois du marché.

Les investisseurs ne font jamais que des choix rationnels économiquement.

Ils financent aussi les partis directement ou indirectement afin que les décisions à tous les niveaux prennent en compte leurs intérêts.

Faute de quoi ils ont juste à menacer pour que tout rentre dans l'ordre.

J'ai eu l'occasion de me promener "dans le cadastre". J'ai constaté que les immeubles les plus chers dans les quartiers les plus convoités se répartissaient plus ou moins comme suit, d'après le nom des heureux propriétaires :

Autochtones - Anglophones 20- Québécois 10
International - population voyageuse, lieu de naissance/résidence d'origine/résidence permanente absolument impossibles à déterminer : 20
Chinois - 15
Russes - 10
Latino - 10
Inde/Pakistan 5
Autres - reste du monde.

Tirez-en les conclusions que vous voulez : les élites marchandes sont "intégrées" : côté résidentiel, leurs membres sont réellement des voisins.

Certains contrats se discutent "à la maison".

Peut-être devriez-vous tirer de cet exemple quelques conclusions.

Écrit par : bs | 27/04/2011

@bs, intéressante votre visite au cadastre!

"Peut-être devriez-vous tirer de cet exemple quelques conclusions."

lesquelles, selon vous?

Écrit par : hoplite | 27/04/2011

Les véritables classes dirigeantes (je ne parle pas des intellectuels sexagénaires et + qui s'identifient à une bourgeoisie nationale quasiment disparue et n'existant plus que dans leur imaginaire) sont déjà mondialisées économiquement et résidentiellement.

Pour le reste, à vous de bosser .. et amusez-vous bien. Et surtout ne vous énervez pas trop : "ça" investit dans l'or et dans la pierre, signes que tout est "sous contrôle" : non ?

Écrit par : bs | 29/04/2011

Les véritables classes dirigeantes (je ne parle pas des intellectuels sexagénaires et + qui s'identifient à une bourgeoisie nationale quasiment disparue et n'existant plus que dans leur imaginaire) sont déjà mondialisées économiquement et résidentiellement.

Pour le reste, à vous de bosser .. et amusez-vous bien. Et surtout ne vous énervez pas trop : "ça" investit dans l'or et dans la pierre, signes que tout est "sous contrôle" : non ?

Écrit par : bs | 29/04/2011

Les commentaires sont fermés.