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24/01/2012

toxine botulique et marketing philosophique

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- Revue Minuit: "Que penses-tu des « nouveaux philosophes » ?"
- Gilles Deleuze: "Rien. Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. D'abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l'ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d'importance, plus le sujet d'énonciation se donne de l'importance par rapport aux énoncés vides (« moi, en tant que lucide et courageux, je vous dis..., moi, en tant que soldat du Christ..., moi, de la génération perdue..., nous, en tant que nous avons fait mai 68..., en tant que nous ne nous laissons plus prendre aux semblants... »). Avec ces deux procédés, ils cassent le travail. Car ça fait déjà un certain temps que, dans toutes sortes de domaines, les gens travaillent pour éviter ces dangers-là. On essaie de former des concepts à articulation fine, ou très différenciée, pour échapper aux grosses notions dualistes. Et on essaie de dégager des fonctions créatrices qui ne passeraient plus par la fonction-auteur (en musique, en peinture, en audio-visuel, en cinéma, même en philosophie). Ce retour massif à un auteur ou à un sujet vide très vaniteux, et à des concepts sommaires stéréotypés, représente une force de réaction fâcheuse. C'est conforme à la réforme Haby : un sérieux allègement du « programme » de la philosophie.

- RM: Dis-tu cela parce que B.-H. Lévy vous attaque violemment, Guattari et toi, dans son livre Barbarie à visage humain?
- GD: Non, non, non. Il dit qu'il y a un lien profond entre L'Anti-‘dipe et « l'apologie du pourri sur fumier de décadence » (c'est comme cela qu'il parle), un lien profond entre L'Anti-‘dipe et les drogués. Au moins, ça fera rire les drogués. Il dit aussi que le Cerfi est raciste : là, c'est ignoble. Il y a longtemps que je souhaitais parler des nouveaux philosophes, mais je ne voyais pas comment. Ils auraient dit tout de suite : voyez comme il est jaloux de notre succès. Eux, c'est leur métier d'attaquer, de répondre, de répondre aux réponses. Moi, je ne peux le faire qu'une fois. Je ne répondrai pas une autre fois. Ce qui a changé la situation pour moi, c'est le livre d'Aubral et de Delcourt, Contre la nouvelle philosophie. Aubral et Delcourt essaient vraiment d'analyser cette pensée, et ils arrivent à des résultats très comiques. Ils ont fait un beau livre tonique, ils ont été les premiers à protester. Ils ont même affronté les nouveaux philosophes à la télé, dans l'émission « Apostrophes ». Alors, pour parler comme l'ennemi, un Dieu m'a dit qu'il fallait que je suive Aubral et Delcourt, que j'aie ce courage lucide et pessimiste.

(...)" source

Ce texte de Gilles Deleuze a été publié comme Supplément au n°24, mai 1977, de la revue bimestrielle Minuit.

Commentaires

Deleuze, c'est lui qui avait reussi a pousser un psychiatre a
menacer de se defenestrer, rien qu'en deconstruisant verbalement son baratin non ?
(il y a un enregistrement audio...)

Il aurait du essayer avec Bechamel...

Écrit par : JÖ | 24/01/2012

excellent

Écrit par : dimezzano | 24/01/2012

Hello World !

Écrit par : test | 24/01/2012

"articulation fine", "grosses notions dualistes":
il reproche à juste titre les grosses ficelles nazes des pseudo-philosophes, que je préfère appeler intellectuels, mais avec ses "articulations fines"il me fait bien rigoler ce monsieur de la dialectique du non sens et des mots ronflants et creux. Je n'ai jamais lu ce Deleuze, mais rien que son interview en dit long sur sa suffisance.
Je crois qu'il devrait d'abord comprendre qu'un bon philosophe se qualifie par l'humilité devant les concepts abordés, et surtout il devrait éviter de démonter un imbécile par des accusations imbéciles et redondantes comme le "dualisme", notion qui exaspère fondamentalement nos modernes adeptes du relativisme forcené sans nuance.

Écrit par : sonia | 24/01/2012

JÖ,

Vous pourriez nous en dire plus sur cet entretien entre Deleuze et un psychiatre ? Un nom peut être?

Écrit par : Jean-Pierre | 24/01/2012

Je n'arrive pas a retrouver.

Deleuze aurait fait une psychanalyse bidon avec un psy parisien reputé, tout en l'enregistrant en secret.
Quand il revèle au psy l'imposture et ridiculise son travail, le psy appelle au secour et menace de se jetter par la fenetre !

Entendu cet enregistrement il y a plus de 15 ans, je n'arrive pas a etre sur, ni a me rappeler des details...

Écrit par : JÖ | 24/01/2012

Merci Jö ; ça ne peut être que Miller ; je vais finir par trouver qqchose ; à demain

Écrit par : Sclavus | 24/01/2012

Cette coupe de cheveux "astro le petit robot" est vraiment ridicule...

Écrit par : S10 | 25/01/2012

Le crois que c'etait fin 60's ou debut 70's donc c'est pas Gerard Miller si vous pensez a lui , mais bien un psy reputé de la place parisienne de l'epoque...

Écrit par : JÖ | 25/01/2012

C'était peut être l'autre Miller ? Jacques-Alain Miller ?

Écrit par : Jean-Pierre | 26/01/2012

Incapable de me rappeler...

Écrit par : JÖ | 27/01/2012

Les commentaires sont fermés.