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26/01/2012

yes we can

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« Si l’universalisme de la gauche est d’abord l’héritier de celui de la philosophie des Lumières, on ne saurait pour autant oublier ses racines chrétiennes et, notamment, son origine Paulinienne (c’est un point sur lequel Alain Badiou a eu le grand mérite d’exister). ¨Pour Saint Paul, en effet, il n’existera plus, dans le Royaume de Dieu, « ni Juif ni Grec, ni esclave ni maître, ni mâle ni femelle » (Epitre aux Galates, 3-28) parce que alors tous ne feront plus qu’ « un dans le Christ ». Dans cette conception désincarnée (ou transgenre) de l’universel (que l’on retrouverait, de nos jours, aussi bien au principe de la lutte citoyenne « contre toutes les formes de discrimination » qu’à celui de ces royaumes de Dieu modernes que sont la « communauté européenne » ou le Marché mondial), toute détermination particulière –c’est-à-dire tout agencement symbolique concret supposé enfermer un sujet (qu’il soit individuel ou collectif) dans les limites d’un héritage historique ou naturel donné- doit être pensé comme un obstacle majeur à l’avènement d’un ordre juste et, par conséquent, comme une configuration politiquement incorrecte qu’il est indispensable d’éradiquer au plus vite.

Tel est bien, en fin de compte, le sens ultime de la croisade perpétuelle de la gauche et de l’extrême –gauche contemporaines contre tout ce qui pourrait impliquer une forme quelconque de filiation ou d’identité individuelle et collective –y compris sur le plan anatomique et sexuel (Judith Butler –figure emblématique de la gauche américaine moderne- tenant ainsi la drag queen pour le seul sujet politique révolutionnaire capable de remplacer efficacement l’ « ancien » prolétaire de la doctrine marxiste). Si donc la loi du progrès est celle qui doit inexorablement conduire des étouffantes « sociétés closes » à la merveilleuse « société ouverte » -qui oblige, en d’autres termes, l’ensemble des civilisations existantes (du monde islamique aux tribus indiennes d’Amazonie) à renoncer peu à peu à toutes ces limitations « arbitraires » qui fondaient leur identité contingente pour se dissoudre triomphalement dans l’unité post-historique –au sens ou l’entendait Fukuyama- d’une société mondiale uniformisée (unité dont le moteur ne saurait évidement être que le développement coordonné du libre-échange, des « droits de l’homme » et de la culture mainstream)- on comprend alors ce qui fait la cohérence philosophique de la gauche moderne. Pour cette dernière, en effet, c’est forcément une seule et même chose que de refuser le sombre héritage du passé (qui ne saurait appeler, par principe, que des attitudes de « repentance »), de combattre tous les symptômes de la fièvre « identitaire » (c’est-à-dire, en d’autres termes, tous les signes d’une vie collective enracinée dans une culture particulière) et de célébrer à l’infini la transgression de toutes le limites morales et culturelles léguées par les générations antérieures (le règne accompli de l’universel libéral-paulinien devant coïncider, par définition, avec celui de l’indifférenciation et de l’illimitation absolues).

Aux yeux de l’intellectuel de gauche contemporain, il va nécessairement de soi que le respect du passé, la défense de particularismes culturels et le sens des limites ne sont que les trois têtes, également monstrueuses, de la même hydre réactionnaire. »

JC Michéa, Le complexe d’Orphée, 2011.

photo: Judith Butler: la réponse est OUI, Judith! hu hu

Commentaires

La dra queen comme seule entité révolutionnaire ! Hoplite tu as du m'entendre rire, d'ici !

Écrit par : Robespierre | 26/01/2012

Un détournement de la pensée paulinienne un peu légère, et grave. Michéa aurait-il tendance à traiter de théologie comme de philosophie moderne? Sa lecture de st Paul manque totalement de transcendance et surtout d'esprit chrétien, tout simplement.
Je comprends mieux votre "universalisme chretien", qui n'a strictement rien a voir avec la vraie catholicité (c'est-à-dire universelle, n'est-ce-pas?)

Ma réponse à la question: oui, mais tout dépend dans quel sens...

Écrit par : sonia | 26/01/2012

Bonjour,

Ayn Rand était décidément prophétique lorsqu'elle écrivait ces mots repris dans nocountryforwhitemen (http://nocountryforwhitemen.wordpress.com/2012/01/22/detruire-lame-humaine/): "Tout ce que je viens de vous dire peut se résumer en un mot, le collectivisme. N’est-ce pas le dieu de notre siècle. Agir en masse, penser en masse, sentir en masse, s’unir, approuver, obéir." puis plus loin "Notre pays a fait sienne la doctrine que l’homme n’a aucun droit, que la collectivité les a tous. L’individu considéré comme un mal, la masse comme un dieu... Ca c’est une version. Il en existe une autre : le citoyen n’a aucun droit, l’État les a tous. L’individu est considéré comme un mal, la nation comme un dieu."

José Ortega y Gasset dans "La révolte des masses" (Les Belles Lettres) analyse fort bien ce phénomène.

Bonne journée

Écrit par : H. | 27/01/2012

Judith, je t'aime pas (litote)
Bon, ne soyons pas trop sévère, il a du mal à assumer.
Parce que, à le/la voir, comme ça, c'est un mec, non ? Et il ne prend pas la peine de se déguiser en femme.
Bon week-end Hoplite, à toi, ta tribu et tes lecteurs !

Écrit par : Carine | 28/01/2012

"Judith, je t'aime pas (litote)
Bon, ne soyons pas trop sévère, il a du mal à assumer.
Parce que, à le/la voir, comme ça, c'est un mec, non ? Et il ne prend pas la peine de se déguiser en femme."

tu es forte, carine, j'avais pas pensé à ça (je voyais plutôt iune identité sexuelle indécise (genre les chanteurs de la playlist de france inter, ha ha)
bon we à toi aussi!

Écrit par : hoplite | 28/01/2012

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