27/02/2013
low cost
"Contexte : Les USA se dirigent vers un crash économique identique à celui que vous et votre famille avez connu [en Argentine].
Ferfal: J'ai eu peu ou pas de succès en essayant de prévenir mes amis et ma famille qui continuent de croire que leur vie va continuer de cette manière éternellement.
Question : Quels étaient pour vous les besoins/préoccupations les plus important(e)s dans les premiers jours après le crash, et quels conseils auriez-vous à nous donner ?
F: Bien, vos amis ont peut-être raison, peut-être que rien n'arrivera et leurs vies continueront comme si de rien n'était. La plupart des gens savent que parfois la vie vous joue un tour ou deux, chacun à sa propre histoire. Ce que vos amis doivent comprendre, c'est que ce qui est considéré comme la structure sociale "normale" est en fait un système sophistiqué, de ceux qui peuvent supporter quelques soubresauts mais au fur et à mesure les choses deviennent de plus en plus compliquées, parfois il atteint sa limite complètement et là vous vous apercevez à quel point la société moderne actuelle est fragile.
Je parle de longues pannes des centrales électriques (comment récemment à Barcelone, 3 jours sans électricité dans une grande métropole), de la distribution d'eau ou de tout autre service, quel qu'en soit la raison, accidents, sabotage, attaque terroriste, qui cassent cet équilibre délicat et la société souffre. Quelque chose d'aussi simple que la collecte des ordures est absolument essentiel. Une ville sans collecte d' ordures sentira relativement mauvais après quelques jours, les déchets s'amoncelant sur les trottoirs, deux semaines plus tard les rats dissémineront partout des maladies. Je n'invente pas ces chiffres. Une fois, nous n'avons pas eu de collecte des ordures pendant une semaine (grève), l'odeur était terrible dés que vous sortiez et les rats pouvaient être vus en pleine journée. Maintenant, si cela ne concerne que les services, une ville bien organisée résoudra les incidents mineurs en peu de temps, bien sur il y a des exceptions (grand tremblement de terre, tsunami, attaque terroriste NBC) mais même des incidents plus graves ne se soldent que par des problèmes de courte durée. Cela prendra peut être une semaine, un mois ou deux, mais finalement les choses reviendront à la normale. Maintenant, quelque chose comme ce qu'il s'est passé ici, un effondrement économique, cela change votre vie pour toujours.
Je parle d'une nouvelle manière de voir tous les aspects de la vie. Une bonne partie de l'humanité divise l'histoire du monde par rapport à la naissance du christ. Nous aussi, mais les argentins se référent aussi "à l'avant et l'après 2001" ou "avant et après la crise ou 1:1 (quand un peso valait un dollar), ce n'est pas des blagues, ce type de référence est utilisé quotidiennement dans les conversations courantes. Exemple:"Sympa la voiture ! Comment as-tu pu te l'offrir ?"
"Non, je l'ai achetée avant la crise de 2001."
"Es-tu déjà allé à Paris ?"
"Oui, c'est superbe !"
"Sincèrement, mec j'aimerai pouvoir y aller."
"Ouais, mais j'y suis allé avant 1:1"
C'est juste un exemple, qui montre comment ce type d'événement peux tout changer pour nous, à un niveau si terrifiant. L'économie est probablement le maillon le plus faible de notre société moderne. Elle n'est que nombres et données, rien de tangible, et la plupart des gens ignorent que notre système économique est basé sur la confiance.
Vous croyez que ce bout de papier que la banque vous a donné est équivalent aux économies que vous avez eu après des décennies de travail. Objectivement parlant, vous êtes le mec le plus fou de la planète, abandonnant les économies qui auraient pu être transformées en maisons, voitures, vêtements et nourriture, objets tangibles, pour un morceau de papier qui vaut moins de 0,1 cents. Mais c'est la manière de fonctionner de notre monde et nous ne pourrions l'avoir d'une autre manière. Ceci n'est possible que si vous avez une confiance aveugle dans vos institutions.
Hélas, que se passe-t-il quand ces institutions trahissent cette confiance ? Les gens ne croient pas que cela puisse arriver, même si cela c'est déjà produit, plusieurs fois dans l'histoire. Les banques se préoccupent peut être de leurs clients, mais elles se préoccupent d'elles même avant, puis leur clientèle d'"élite", puis du client lambda. Chaque banque dans ce pays, toutes les banques même de renommée mondiale, elles ont toutes volé les économies de leurs clients. Cela peut arriver, et le crime ou l'action légale n'est déterminée que par une signature à la fin d'une résolution mes amis. À période désespérée, mesures désespérées, nos droits constitutionnels à la propriété privée ont été effacés... Au moins jusqu'à ce que les hauts pouvoirs aient décidé que nous puissions les récupérer pour encore un temps.
Une seule banque sur la totalité du pays a rendu l'argent à ceux qui le voulait. Une petite banque de Patagonie (Santa Cruz, je crois) resta proche de ses clients, malgré que certains fermèrent leurs comptes, la plupart des clients décidèrent de laisser leur argent dans cette banque qui a prouvée qu'elle était digne de cette confiance ! C'est étrange mais c'est ce qu'il s'est passé. Bien sur cela ne se passe pas ainsi avec les grandes banques. Il y a toujours des spéculateurs et des gens puissants qui seront informés et partiront avec des sacs pleins d'argent, alors que le citoyen normal perdra tout (en fait, pas tout, approximativement 2/3 de l'argent fut détournée quelques temps plus tard, en convertissant les comptes du dollars en pesos, qui vaut 3 fois moins que le dollar). Donc j'ai dit que la chose la plus importante que vous devez savoir, avant et après la crise ; c'est comprendre que le gouvernement et les institutions privées n'en ont rien à faire de vous ou de votre famille, ils se préoccupent d'eux, gardant leur profit le plus élevé à n'importe quel coût, et les gouvernements en restant en place le plus longtemps possible pour continuer de se remplir les poches.
Même un gouvernement bienveillant (il y en a peu ces temps ci) vous sacrifiera ainsi que votre famille s'il estime que cela en vaut le coup. Il est difficile de définir un jour précis, à propos des "quelques jours après le SHTF (Shit Hit The Fan)". Il y eu un point de cassure lorsque le président a fait un discours odieux, les manifestants (“cacerolazo”)ont protesté devant le bâtiment du gouvernement et il a démissionné après cela. C'est plus un plus ou moins rapide glissement qu'un jour précis, cependant les événements peuvent plus tard être la cause de manifestations ou de pillages qui seront finalement considérés comme le début de la crise. Observez les signes de problèmes, degrés variés d'arrestations sociales, manque de réaction du gouvernement. De manière générale, observez les signes de ras le bol générale du citoyen lambda, personne symbolique de la classe moyenne. Personne n'est capable de prédire quand la crise va arriver, mais il peut observer les alarmes qui retentissent à droite et à gauche.Très souvent les hauts personnages du gouvernement cachent certaines informations au public par peur de créer une agitation sociale, la même chose se pratique dans les grandes sociétés. Écoutez vos amis qui travaillent dans ces endroits, collectez les rumeurs, les informations (attention, la majeure partie des grands médias sont censurés ou achetés par les pouvoirs en place) et dessinez vos propre conclusions. Pour répondre à la question:
"Quel fut votre plus important besoin ou souci dans les premiers jours après le SHTF, et quels conseils pouvez vous nous donner en rapport à votre réponse?
Primo, soyez sûr d'avoir assez de provisions (eau et nourriture) pour durer au moins deux semaines. Sinon, ruez-vous dans un supermarché et achetez-en en utilisant votre carte de crédit s'ils l'acceptent encore. Si vous avez assez de nourriture, restez à domicile et observez les événements par le biais de la télé. Ne sortez pas juste pour glander. Dans notre cas, la loi martiale et un couvre-feu à 20h00 furent instaurés, les gens ne pouvaient se rencontrer en groupe de plus de 2 à 3 personnes, donc être dehors n'était pas sûr. Néanmoins, peu obéissaient à ces régles, malgré tout elles restaient en vigueur, ainsi vous saviez ce que vous risquiez si vous étiez pris par la police.
Le besoin le plus indispensable lorsque les pillages commencèrent, fut le moyen de vous défendre. Peut être est ce pour cela que j'encourage tout le monde à inclure les armes dans leurs kits de préparatifs de base, au même titre que la nourriture, l'eau, l'argent, et les médicaments. Nous observions quotidiennement l'extension des pillages, et lorsque les foules de personnes en détresse se mirent à piller les maisons autant que les supermarchés et les magasins, alors les choses devinrent vraiment effrayante. J'ai observé une de ces foules passer à moins de 15 mètres de ma maison. Dans un premier temps, je n'ai entendu que les tambours (utilisés pendant les manifs) mais ces manifestants là faisaient aussi du pillage sur leur chemin. Le nombre de manifestant était énorme, couvrait l'intégralité de la rue et du trottoir, aussi loin que je puisse voir, longue d'au moins un pâté de maison. Donc, avoir les moyens de vous défendre est très important dans les premiers jours de même qu'après, une fois que le voile de la peur du "jugement pour crime" est enlevé de la société.
Les personnes qui semblent normales en temps "normal", relâchent l'animal qu'ils muselaient auparavant. Le mal parmi les gens normaux m'a surpris. Le citoyen lambda profite de la possibilité de piller sans risquer d'être puni pour cela dès qu'il en a la chance.. Putain, rien de ce que fera un être humain ne pourra me surprendre à présent. Puis, vint la nécessité de trouver du cash, qui avait disparu en quelques heures des distributeurs quand les banques fermèrent. Les panneaux "nous n'acceptons pas la CB" se multiplièrent. Seulement du cash. Et le cash devenait très dur à trouver. Beaucoup de supermarchés fermèrent leurs portes, craignant les pillages, et ceux qui restèrent ouverts, vinrent à manquer rapidement des ressources de base.Comme conseil je peux vous dire :
- gardez en permanence un montant suffisant d'argent liquide à la maison. Les métaux précieux sont aussi intéressants, mais vous aurez besoin de cash jusqu'à ce que les banques réouvrent et soient prêtes à vous les payer au prix juste. Vendre votre or à un prêteur sur gage sera une mauvaise affaire, il est fort probable qu'il cherchera à profiter de votre situation. En tout cas, ne le vendez pas tant que le marché n'est pas rétabli et qu'ils se remettent à payer le métal à sa vraie valeur, mais cela va prendre du temps.
- ayez une arme pour votre défense, et apprenez à l'utiliser. Si vous n'avez qu'une arme, faites en sorte que ce soit une arme de poing et une boite ou deux boîtes de munitions de qualité. Pourquoi une arme de poing et pas une arme longue ? Parce que ce sera très dangereux dehors et vous aurez besoin de protection, même en sortant le chien, en allant chercher le courrier, ou pour aller à la boutique du coin, vous ne pouvez faire cela avec une arme longue, et ce sera les moments où vous aurez le plus besoin d'être armé.
- ayez au moins un ou deux mois minimum de nourriture, d'eau, de médicaments (prescriptions de médicaments en rapport avec votre état), tout ce que vous utilisez chez vous, comme le savon, le shampoing, les pastilles du lave-vaisselle et le matériel de nettoyage. Une fois que vous avez cela, dirigez vous vers 6 ou 12 mois de stocks, surtout pour la nourriture. Pourquoi pas 2 à 3 ans ? Oui, pourquoi pas mais si vous voyez la période de crise s'étendre aussi longtemps, vous feriez mieux de déménager.
- ayez comme objectif une sécurité financière. De l'argent dans des comptes dans 2 ou 3 pays, de l'investissement immobilier, un portefeuille d'actions. Essayez de placer vos œufs dans différents paniers parce que comme j'ai dit précédemment vous ne pouvez pas vraiment avoir confiance en eux. L'immobilier est certainement la forme la plus sûre et facile d'investissement, cela a marché très bien pour ma famille, même durant la crise. Nous avons toujours nos bouts de terre avec les bâtiments dessus. Cela a perdu de la valeur mais cela s'ajustera au fil du temps à la réalité du pays, cela redeviendra une source de revenus.
- ayez des plans de secours pour tout. Des alternatives pour les moyens d'éclairage, les transports, combustible (pétrole ?), moyens de cuisson, mais plus que tout, ayez un autre endroit pour vous réfugier s'il n'est plus possible de rester dans le pays ou la région où vous êtes. C'est mon cas et je suis très content d'avoir des alternatives pour quitter mon pays. Je ne parle pas d'une cabane quelque part ou d'une retraite, quand les choses vont mal à ce point, vous feriez mieux de bouger et de vous installer ailleurs, une autre région voir même un autre pays. Vous n'êtes pas en mesure de vivre normalement lorsque le crime devient incontrôlable, comme tout le reste. Ayez vos papiers prêts (passeport, certificats de naissance,...)
- sachez qu'en période de troubles une maison, une retraite ou une cabane n'est d'aucune utilité tant qu'elle est habitée. En cas de réel caca, aucun bâtiment vide ne le reste longtemps, vous le retrouvez un jour avec une ou plusieurs familles déjà installées, et cela vous prendra longtemps pour expulser ces personnes par la voie légale.
- gardez profil bas. Exposer de l'argent et des vêtements de luxe, des belles voitures ou des bijoux sont de bons moyens pour devenir la cible des criminels.
- comprenez qu'en l'espace de quelques semaines les crimes commencent à augmenter de manière exponentielle lorsque une catastrophe de type effondrement économique arrive. Ce genre de situation met des années à s'inverser, ou parfois ne revient jamais à ce que c'était.
À 20 ans j'ai vécu dans un des premiers pays du monde, 8 ans après c'est un mélange de sites touristiques low-cost du tiers monde , un peu de l'architecture 1900 de bon goût, tout s'est transformé en enfer en moins d'une année à la louche. Le changement était étonnant pour n'importe qui s'en souciait. Des bibliothèques, églises, théâtres de ville, tous fermés et plus tard rouverts et remplacés par des bars, coffee house, boutique tout à 2 dollars, Bingos, casinos, les églises auto-proclamées beaucoup en lien avec les rituels Brésiliens d'Umbanda. Un exemple parfait du déclin dans notre société ces dernières années.
En espérant que cela vous aidera."
21:40 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ferfal
Commentaires
"Une fois, nous n'avons pas eu de collecte des ordures pendant une semaine (grève)"
Je suis à Marseille. Je suis déjà entrainé. J'ai connu bcp bcp plus long.
Écrit par : Cotuatos | 28/02/2013
L'angleterre des années 70 a connu aussi.
Sans la fuite en avant City/Wallmart, la merde aurait commencé definitivement bien plus tot...
Écrit par : JÖ | 28/02/2013
Sauf que la fuite en avant nous a mené beaucoup plus haut. Plus dure sera la chute...
Écrit par : Popeye | 28/02/2013
Se pose aussi la question : où aller si ça devient invivable ici ?
"mais plus que tout, ayez un autre endroit pour vous réfugier s'il n'est plus possible de rester dans le pays ou la région où vous êtes."
Ferfal, il y a dix ans envisageait de quitter l'Argentine pour l'Espagne. Si il est en Espagne aujourd'hui, ça ne doit pas être top...
Il est vraisemblable que l'effondrement sera mondial cette fois, même s'il est fait par paliers, avec des disparités.
Si un jour il n'y a plus de pétrole bon marché disponible, ce sera généralisé par exemple.
Écrit par : S10 | 28/02/2013
sachant que la fin du pétrôle bon marché mettra également un frein aux déplamcements longues distance et tout particulièrement intercontinentaux.
Écrit par : Popeye | 28/02/2013
A force de tourner la question dans tous les sens, j'en viens à penser que la priorité est la BAD (une fois celle-ci choisie) et donc l'enracinement.
Le déménagement, forcément dans l'urgence, l'évacuation pour utiliser le vocabulaire survivaliste, ne se fera qu'en cas de force majeure (catastrophe chimique, nucléaire, etc... comme l'évoque Volwest dans sa dernière video) et comme tu dis justement, Popeye, vers une destination relativement "proche" ou "facile" d'accès (clairement pas l'Australie, ou alors il faut le faire vite), encore que, je comprends que certains envisagent le voilier comme "roue de secours" possible, et je pense que le transport ferroviaire pourrait être le plus résistant à un effondrement économique.
Écrit par : S10 | 28/02/2013
comprends pas....
Mon frangin a visité l'Argentine pendant 6 mois en 2003 (et quelques pays limitrophes comme le Chili).
Je ne crois pas me souvenir qu'il en ait rapporté un image de coupe-gorges permanents même si certains endroits étaient à éviter (un peu comme en France...)
Je ne dis pas que Ferfal est un faussaire, mais est ce qu'il n'extrapole pas un peu à partir d'une situation certes dure, mais limitée dans le temps et peut-être dans l'espace (est ce que ça concernait toute l'Argentine ?)
Bien sur que si c'est la merde, le passant lambda peut se transformer en pilleur. et que nous ne sommes pas à l'abri de ce genre de réjouissance. C'est bien de prendre quelque précautions basiques, mais pour autant, est ce que c'est indispensable d'empiler les boites de conserve dans sa cave pour 3 ans ?
Il faudra bien les manger un jour....
Écrit par : SOPOTEC | 28/02/2013
Il faut stocker des aliments que tu manges (ça parait évident) et faire une rotation, c'est tout bête en fait :-)
Il y a des aliments à très longue durée de conservation, là pas de problème.
Les boîtes c'est souvent 1 an ou 2, parfois 3 à 4, c'est gérable.
Tout simplement je fais des rangées, et quand je consomme une boîte, j'en rachète une, de sorte que le stock est toujours plein et tourne.
Il y a des trucs éternels, comme le vin, mais là je ne comprends pas, je n'arrive pas à stocker longtemps ;-)
Le vrai survivaliste devrait avoir un an d'avance en cas de coup dur (pour la bouffe "classique", plus pour la bouffe "éternelle" - miel, vin, graines, etc - ), mais devrait surtout avoir un potager, des fruitiers, des poules, voir plus si possible.
Pour FerFal, le moment le pire c'était 2000 je crois, non ?
Écrit par : S10 | 28/02/2013
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