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23/10/2013

spectateur

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Curieusement, l’Europe est sans doute une des aires civilisationnelles qui accueille le plus d’étrangers (« migrants » dans la novlangue moderne) sur son sol et qui se montre la plus accueillante et généreuse pour ceux qui choisissent d’y vivre, mais ça n’est pas le terme de xénophilie qui est sur toute les lèvres mais celui de xénophobie ! Comme un paradoxe, à mon avis. Nombre de contempteurs d’une Europe occidentale soi disant xénophobe faisant d’ailleurs souvent référence au terme d’Europe citadelle, sous entendant une volonté et une politique (à mon avis largement imaginaire) de fermeture inconditionnelle de nos territoires aux étrangers.

J’aimerais être plus érudit pour voir les choses de plus haut mais j’ai l’impression, au contraire que, pour le meilleur comme pour le pire, les Européens et l’Europe –au sens culturel, civilisationnel du terme- se distinguent au contraire par une ouverture, une curiosité sans pareille vis-à-vis de l’altérité ; d’Hérodote visitant le monde barbare et les Jardins de Babylone à Neil Armstrong en passant par Marco Polo et Christophe Colomb. En bon lecteur de Jared Diamond, j’ai -aussi- tendance à considérer que plus une civilisation est riche et puissante, plus elle a tendance à produire des hommes aventureux, des bateaux pour naviguer loin et des armes pour asseoir leur domination…Il n’empêche, c’est le destin, le fatum, des occidentaux.

A la fin du XVème siècle, les européens, portés par quelques marins portugais ou espagnols aventureux et financés par quelques états ou monarques visionnaires découvrent le nouveau monde et transfèrent le centre de gravité de l'Occident vers l'Ouest; à la même période, les monarques de la dynastie Ming, en Chine, détruisent leur flotte et construisent une imposante muraille au nord pour se protéger des invasions mongoles...eux qui avait montré en explorant les côtes indiennes, la péninsule arabique et là côte orientale de l'Afrique qu'ils valaient largement les occidentaux en termes de navigation et de curiosité pour l'étranger, renoncent à explorer le monde.

Mais il y a aussi une spécificité, pour ne pas dire une pathologie, de l’Occident dans cette ouverture inconditionnelle à l’autre, dans cette fascination envers l’Autre. Or pas besoin de lire Lévi-Strauss (c’est mieux quand même) pour comprendre que, pour survivre, c’est-à-dire pour se conserver dans le changement (ou "ne pas se défaire" suivant le mot de Camus), une culture a toujours recours à une certaine xénophobie, tout au moins un certain ethnocentrisme.

« (…) Nulle inconséquence, pourtant, ne saurait être reprochée à Lévi-Strauss. On ne voit pas par quel enchantement des hommes enfoncés chacun dans sa culture seraient saisis d’une passion spontanée pour les genres de vie ou les formes de pensées éloignées de leur tradition. Si, d’autre part, la richesse de l’humanité réside exclusivement dans la multiplicité de ses modes d’existence, si l’honneur d’avoir crée les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie, ainsi que l’écrit Lévi-Strauss et comme le disent en d’autres termes les grandes professions de foi de l’UNESCO, alors la mutuelle hostilité des cultures est non seulement normale mais indispensable. Elle représente le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leurs propres fonds, les ressources nécessaires à leur renouvellement. » (La défaite de la pensée, A Finkielkraut, 1987.).

Comment les européens ont-ils oublié cela ? J'y viens plus loin mais l'universalisme chrétien (et ses deux cités), cette anthropologie individualiste, nominaliste et finalement pessimiste des Lumières, deux guerres mondiales sur notre sol avec une extermination des européens d'Europe sans précédent, le refoulé colonial et la némésis de l'hubris nazie sont des explications. Parmi d'autres, certainement.

Or cette xénophilie européenne alliée à un certain ethnomasochisme (Faye), me parait, paradoxalement, être le propre d’un ethnocentrisme dévoyé, d’une croyance irrationnelle en la singularité –la supériorité- de la culture occidentale Européenne (qui fait injonction à tout étranger de devenir un européen au détriment de sa propre culture); je m’explique : pétris d’universalisme, les européens sont sans doute les seuls au monde à considérer que mettre sa propre culture en retrait et survaloriser celle de l’étranger est la meilleure façon de transmettre (si cela est encore possible) et de faire vivre une tradition culturelle millénaire. Ils sont sans doute seuls au monde à considérer que faire venir sur leur sol des millions d’étrangers en leur enjoignant de ne point abandonner leur culture et de « vivre chez nous comme chez eux » et que, dans le même mouvement, stigmatiser toute manifestation d’une culture autochtone européenne, tout enracinement européen, puisse se terminer autrement qu’en nouvelle Babel, ie en utopie tragique. Mais Bérard y voit une ruse de l'Histoire:

« C'est Nietzsche qui écrit dans La volonté de puissance que l'Europe malade trouve un soulagement dans la calomnie. Mais il se pourrait bien que le masochisme européen ne soit qu'une ruse de l'orgueil occidental. Blâmer sa propre histoire, fustiger son identité, c'est encore affirmer sa supériorité dans le Bien. Jadis l'occidental assurait sa superbe au nom de son dieu ou au nom du progrès. Aujourd'hui il veut faire honte aux autres de leur fermeture, de leur intégrisme, de leur enracinement coupable et il exhibe sa contrition insolente comme preuve de sa bonne foi. Ce ne serait pas seulement la fatigue d'être soi que trahirait ce nihilisme contempteur mais plus certainement la volonté de demeurer le précepteur de l'humanité en payant d'abord de sa personne. Demeurer toujours exemplaire, s'affirmer comme l'unique producteur des normes, tel est son atavisme. Cette mélodie du métissage qu'il entonne incessamment, ce ne serait pas tant une complainte exténuée qu'un péan héroïque. La preuve ultime de sa supériorité quand, en effet, partout ailleurs, les autres érigent des barrières et renforcent les clôtures. L'occidental, lui, s'ouvre, se mélange, s'hybride dans l'euphorie et en tire l'argument de son règne sur ceux qui restent rivés à l'idolâtrie des origines. Ce ne serait ni par abnégation, ni même par résignation qu'il précipiterait sa propre déchéance mais pour se confondre enfin intégralement avec ce concept d'humanité qui a toujours été le motif privilégié de sa domination... Il y a beaucoup de cabotinage dans cet altruisme dévergondé et dominateur et c'est pourquoi le monde du spectacle y tient le premier rôle... » (Pierre Bérard, entretien avec Julien Freund)

Relevons au passage la contradiction consistant à promouvoir un universalisme des droits de l’homme et du genre humain, cette idéologie du Même, et, dans le même temps, un droit à la différence et l’idéologie multiculturelle.

« Les sentinelles de l'antifascisme sont la maladie de l'Europe décadente. Ils me font penser à cette phrase de Rousseau persiflant les cosmopolites, ces amoureux du genre humain qui ignorent ou détestent leurs voisins de palier. La passion trépidante de l'humanité et le mépris des gens sont le terreau des persécutions à venir. Votre ami Alain de Benoist a commencé d'écrire de bonnes choses là-dessus. Dites-le-lui, il faut aller dans ce sens : la contrition pathologique de nos élites brouille ce qui fut la clé du génie européen ; cette capacité à se mettre toujours en question, à décentrer le jugement. Ceux qui nous fabriquent une mémoire d'oppresseurs sont en fait des narcissiques. Ils n'ont qu'un souci : fortifier leur image de pénitents sublimes et de justiciers infaillibles en badigeonnant l'histoire de l'Europe aux couleurs de l'abjection. Regardez ce qu'écrit Bernard-Henri Lévy sur Emmanuel Mounier... C'est un analphabète malfaisant. En 1942, j'étais avec Mounier à Lyon... en prison ! En épousant l'universel, ils s'exhaussent du lot commun ; ils se constituent en aristocratie du Bien... L'universel devient la nouvelle légitimité de l'oligarchie ! » (Julien Freund, ibid)

Comme si cette dernière n’était que le masque d’une homogénéisation planétaire des peuples et des cultures que l’on retrouve dans l’apologie réflexe du métissage (de quoi ?) chez nos modernes clercs.

Sans doute peut-on retrouver dans cette idéologie égalitaire universaliste et cette xénophilie inconditionnelle la trace de l’eschatologie chrétienne sécularisée, devenue religion laïque. En ce sens nombreux sont ceux qui, « attachés dans leur Église à tout ce dont celle-ci ne veut plus entendre parler, auront du mal à faire croire que le meilleur moyen d’endiguer la « subversion » est de batailler dans une croyance qui les a déjà abandonnés pour passer à l’ennemi. ». (Alain de Benoist, Droite, l’ancienne et la nouvelle, 1979) Le christianisme en effet, « après avoir été, nolens volens, la religion de l’Occident, après avoir été portée par un esprit, une culture, un dynamisme européens, qui l’avaient précédé de quelques millénaires, le christianisme, opérant un retour aux sources, redécouvre aujourd’hui ses origines. Pour assumer sa vocation universaliste et devenir la religion du monde entier, il entend se « désoccidentaliser ». (…) Nulle idée n’est plus odieuse aux chrétiens que l’idée de patrie : comment pourrait-on servir à la fois la terre des pères et le Père des cieux ? Ce n’est pas de la naissance, ni de l’appartenance à la cité, ni de l’ancienneté de la lignée, que dépend le salut, mais de la seule conformité aux dogmes. Dés lors, il n’y a plus à distinguer que les croyants des incroyants, les autres frontières doivent disparaître. Hermas, qui jouit à Rome d’une grande autorité, condamne les convertis à être partout en exil : « Vous, les serviteurs de Dieu, vous habitez sur une terre étrangère. Votre cité est loin de cette cité. »» (ibid)

Le meilleur, c’est donc bien cette curiosité envers ce qui n’est pas nous, cette ouverture aux autres cultures, aux hommes comme aux idées, cette adaptation permanente qui est un enrichissement et un gage de la survie d’une civilisation. Le pire c’est la disparition de toute conscience identitaire, sinon ethnique, la dissolution dans l’Autre ou le Même et la haine de soi. Et il n'est que trop évident à mes yeux que nombre de mes contemporains ont perdu cet ethnocentrisme nécessaire à la survie de leur culture, de leur civilisation*. Et il faudra sans doute beaucoup d'autres Léonardas, beaucoup d'autres vagues migratoires extra-européennes les renvoyant à leur identité, beaucoup de manifestations d'altérité hostile pour qu'ils retrouvent une part de cette conscience identitaire. Je ne doute pas une seconde qu'ils la retrouvent, une civilisation aussi singulière que la notre ne s'éteint pas en quelques décennies. Les espagnols ont finit par chasser les colons maghrébins islamisés. Mais sept siècles, c'est un peu long..

 « Et le lecteur méditatif songera que la tentation est forte, pour l’Européen lucide de se réfugier dans la posture de l’anarque. Ayant été privé de son rôle d’acteur historique, il s’est replié sur la position du spectateur froid et distancié. L’allégorie est limpide. L’immense catastrophe des deux guerres mondiales a rejeté les Européens hors de l’histoire pour plusieurs générations. Les excès de la brutalité les ont brisés pour longtemps. Comme les Achéens après la guerre de Troie, un certain nihilisme de la volonté, grandeur et malédiction des Européens, les a fait entrer en dormition. A la façon d’Ulysse, il leur faudra longtemps naviguer, souffrir et beaucoup apprendre avant de reconquérir leur patrie perdue, celle de leur âme et de leur tradition. » (Dominique Venner, Ernst Jünger, Un autre destin européen, 2009).

* J'écoutais hier soir avec incrédulité le pitre Olivier Duhamel interpeller A Finkielkraut sur RTL au sujet de son dernier livre (testament?) à propos des réserves qu'il fait sur cette nouvelle religion de l'Occident (anti-racisme+métissage+ouverture inconditionnelle aux autres): ces modernes (en l'occurrence moderne+kapo audiovisuel) sont des croyants, insensible au réel ni au discours rationnel. Même la botte souveraine du réel ne les changera pas. Ils mourront ainsi.

 

Commentaires

C'est un peu hors-sujet, mais je ne peux pas m'empêcher de remettre cette vidéo:
http://www.youtube.com/watch?v=ifx0Yx8vlrY
On sent toute la joie des mecs qui ont fait mieux que Marco Polo et Christophe Colomb...

Écrit par : Roberta Blancourt | 23/10/2013

Il va falloir reapprendre la modestie...

Écrit par : JÖ | 23/10/2013

Oh putain, pas encore ces conneries sur la Lune !

Écrit par : UnOurs | 23/10/2013

"Le pire c’est la disparition de toute conscience identitaire, sinon ethnique, la dissolution dans l’Autre ou le Même et la haine de soi. Et il n'est que trop évident à mes yeux que nombre de mes contemporains ont perdu cet ethnocentrisme nécessaire à la survie de leur culture, de leur civilisation."

Oui. Le confort matériel et la puissance technique SANS la discipline mentale nécessaire n'arrangent pas les choses, fabriquant des légions d'esclaves schizoides.

Un voeu: pas de confort technique sans se frotter d'abord à la nature (Jö a d'ailleurs mentionné la modestie), pas de pouvoir politique sans d'abord vraiment travailler.

Quant aux jean-foutres irrécupérables actuellement aux manettes... Pas besoin de commenter.

Écrit par : Gas | 23/10/2013

"Il va falloir reapprendre la modestie..."
ET l'estime de soi. et ça n'est pas paradoxal.

"Un voeu: pas de confort technique sans se frotter d'abord à la nature (Jö a d'ailleurs mentionné la modestie), pas de pouvoir politique sans d'abord vraiment travailler."

vu le cours des choses,on y va tout droit.

Écrit par : hoplite | 23/10/2013

"ET l'estime de soi. et ça n'est pas paradoxal."

Est ce que les gens arrogants se repectent ? Est ce qu'on est dans le respect quand on est dans l'hubris ?

Et c'est pas une excuse pour qu'on se fasse marcher dessus pour autant

Écrit par : JÖ | 23/10/2013

JO, je veux simplement dire que l'ethno-masochisme européen est vraiment une singularité tragique. qui n'existe nulle part ailleurs dans le monde. reconnaitre la part d'hubris présente dans notre civilisation technicienne et prométhéenne est une chose (la modestie dont vous parlez) mais ça ne doit pas conduire les européens à bénir leur disparition programmée.

Écrit par : hoplite | 23/10/2013

une de vos meilleurs publications !

Écrit par : Anonyme | 23/10/2013

Bien sur, vous avez raison, c'est le defi fondamental.

Mais je vois des signes interessants, y compris chez des gens bien moins radicaux qu'on pourrait le penser.

Reinventer une pensée qui permettent de garder nos atouts civilisationnels sans en etre les victimes.

Écrit par : JÖ | 23/10/2013

"ces modernes (en l'occurrence moderne+kapo audiovisuel) sont des croyants, insensible au réel ni au discours rationnel. Même la botte souveraine du réel ne les changera pas. Ils mourront ainsi."

Le jour où vous comprenez qu'il n'est pas question de sauver tout le monde vous dormez déjà mieux.
NI gagner, ni perdre mais croitre.

Écrit par : Cotuatos | 23/10/2013

HS, mais rigolo.

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/10/une-r%C3%A9union-de-la-manif-pour-tous-mise-sur-%C3%A9coute.html#comments

Salut la DCRI, mes respects au ministre.

Écrit par : Popeye | 23/10/2013

Vous avez d'excellentes lectures cher Hoplite et cet entretien entre Julien Freund et P. Bérard me laisse à chaque relecture pantois tellement les analyses qu'ils font sont d'une profondeur, d'une intelligence et d'une finesse rares.

Écrit par : Rogemi | 24/10/2013

Les moaïs : encore un coup des extraterrestres, ça c'est sûr !

Écrit par : Carine | 24/10/2013

fourres toi un peu de luke kelly dans le sang
ça alimentera ton manque en globules rouges

rien à foutre des idées qui dirigent toute la marde

la seule ambition
c'est la vie

Écrit par : jb | 24/10/2013

saigner est mieux qu'analyser

Écrit par : branleur | 24/10/2013

analyser, c'est le règne des toubibs qui vendent la mort
bébé

l'intelligence, c'est autre chose

ce qu'ils nous volent tous les jours.

Écrit par : job-art | 24/10/2013

l'analyse clinique est le contraire de l'imagination.

les voleurs de rêve

Écrit par : jjbb-jane | 24/10/2013

l'imagination est l'évolution.

la vie.

fier d'être resté fidèle à elle malgré les orduriers représentants de "l'ordre".

la bise à la petite

Écrit par : bordel ambiant + chiasse | 24/10/2013

Merci bordel ambiant.

Quand je me relis, effectivement, c'est bien mais on fait quoi?
On subit en silence les duhamel et les désir, les Sarko et les vals?

Bon, c'était une chtit bouffée lyrique. Je le refrais plus.

Écrit par : hoplite | 24/10/2013

ménon

le désespoir existe vraiment.

si tu l'as pas compris
ben reste à chanter aec les autres.

allé, bon espoir faux de cul en toi.
trace, au milieu de la meute exultante...

Écrit par : jp | 24/10/2013

chaque individu valable
"potentiellement"
comme ils disent
mot ordurier en soi
"potentiel"
reste perdu au sein
d'une société.

je ne peux plus parler à personne
sinon à quelqu'un
qui a décidé
d'exploser au sein de ce qui nous anihile
tous les jours....

vous.

je ne peux pas vivre sans liberté
sinon, je deviens un meurtrier.

Écrit par : jp | 25/10/2013

merci, pour cette merveilleuse synthèse.

Écrit par : Nocif | 25/10/2013

Nocif: thanks.

Écrit par : hoplite | 25/10/2013

Et l'absence d'éducation des jeunes Européens ?

Je me suis posé la question à maintes reprises : que m'ont transmis mes parents, mon père ?

Réponse : rien.

Écrit par : Calliclès | 25/10/2013

Je ne perds pas une occasion d'éduquer mes enfants, puisque j'ai eu la chance de me rendre compte qu'on ne m'a jamais éduqué.

Par l'exemplarité presque uniquement. Ils sont trop petits pour les leçons, alors je leur raconte des fables, des mythes, des historiettes, des contes de fées, il y a toujours une moralité, et elles est toujours pratique.

Et j'infuse certains messages : la solidarité familiale inconditionnelle (je serai toujours là pour eux, à moins qu'ils ne fassent un jour quelque chose de vraiment ignoble), l'amour du prochain et pas du lointain, notre culture, notre tradition et pas celles du voisin.

Ah oui, et tuer l'universalisme le plus vite possible : gentils seulement avec les gentils, méchants avec les méchants.

Rien de sourcilleux, ils sont toujours en train de rire et de chanter ^^

Ils seront plus forts que moi.

Écrit par : Calliclès | 25/10/2013

*elle est toujours pratique

Écrit par : Calliclès | 25/10/2013

"Je me suis posé la question à maintes reprises : que m'ont transmis mes parents, mon père ? Réponse : rien."

bonne question, Calliclès.

mes parents n'étaient pas trés cultivés, ne lisaient pas ou peu et ne m'ont donc pas transmis de culture livresque.
Mais, nolens volens, ils m'ont transmis une façon de voir le monde, une façon d'être au monde: plus j'y pense, plus je crois qu'ils ont été -eux aussi- de mauvais bourgeois: l'argent est secondaire, le carnet d'adresse aussi, avoir des amis sincères c'est bien, faire du mieux possible (l'excellence de Venner), faire ce qu'on doit faire et non ce que les autres attendent de nous, être en harmonie avec soi et avec son entourage (les hommes comme les lieux), respecter le monde.
mon père ne m'a jamais offert de livre mais un fusil pour chasser avec lui à 15 ans; je ne saurais dire le bonheur que fut le fait d'avoir mon arme et de courir aprés les lapins dans les garrigues ou d'attendre le passage des grives en fin d'aprés-midi dans les vignes (on dirait du Pagnol mais c'était bien ça). J'ai couru les rivières et les bois toute mon adolescence avec un oncle fin pécheur et chasseur qui m'a tout appris; quand je rentrais le soir à la maison, en vacances, ma mère me disait que je sentais la rivière..et pour cause. Tout cela vit en moi plus sûrement qu'autre chose. un fil rouge qui m'a conduit naturellement quand j'ai eu le temps de lire vers Venner, l'Iliade ou Junger (entre autres): pas possible que ce soit fortuit.

Calliclès, le fait d'être ce que vous êtes aujourdhui trouve certainement une explication, au moins partielle, dans la façon d'être de vos parents et leur manière de vous faire grandir. je ne peux croire qu'ils ne vous aient rien transmis. rien de livresque maybe mais tout n'est pas là. vous le savez.

"Ah oui, et tuer l'universalisme le plus vite possible : gentils seulement avec les gentils, méchants avec les méchants."

excellent principe. je fais de même.

Écrit par : hoplite | 25/10/2013

Joli commentaire, camarade Hoplite.

Je l'ai relu deux fois, rien que pour le plaisir.

Écrit par : Boreas | 25/10/2013

C'est le commentaire de Callicles qui a déclenché cette bouffee d'introspection. Je crois que nous sommes tous des héritiers. Pour le meilleur et le pire. C'est plutôt le meilleur qui nous réunit...et qui fait que les préoccupations de Callicles sont aussi les nôtres. Ave camarades.

Écrit par : hoplite | 25/10/2013

Ave !

Écrit par : carine005 | 25/10/2013

Voyez-vous, Hoplite, chez moi c'était l'inverse...

Des bouquins partout, mais de sens nulle part. J'ai beau essayer de me souvenir, pas de viatique, pas de guide, pas de chemin qui ait été balisé. Je ne me souviens pas avoir discuté sérieusement plus de quelques instants, ou passé une après-midi dans la nature en compagnie des miens.

J'ai eu une jeunesse d'un morne accablant.

Donc les livres, pendant l'adolescence, pas d'Internet dans les années 90. Ma connaissance du monde, à 20 ans, était livresque : d'où de très grosses déconvenues.

"Tu feras ce que tu voudras, l'important c'est d'être heureux. Tu es libre". Combien de fois ai-je entendu ça.

Alors je me suis fait tout seul, et donc lentement.

Écrit par : Calliclès | 26/10/2013

très intéressant et bien écrit, Hoplite, merci beaucoup pour vos efforts pour maintenir ce blog qui est toujours intéressant : mon principal point d'entrèe sur le web, plusieurs visites /jour (et je ne suis surement pas le seul) !

Écrit par : dimezzano | 26/10/2013

Idem que dimezzano.

Merci.

Écrit par : JÖ | 26/10/2013

Idem pour moi! Merci !

Écrit par : Carine | 27/10/2013

J'arrive en retard de mes forêts...merci à tous, vraiment. Il y a toujours une dimension narcissique dans le format blog..j'essaie de ne pas trop y sombrer en n'y mettant pas trop de moi. Mais savoir qui parle et d'où permet peut être de mieux comprendre ce qui est écrit.

Écrit par : hoplite | 31/10/2013

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