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08/02/2014

anatomie du chaos, n+1

 

" (...) Ainsi aux États-Unis, on assiste à un film d’épouvante. On observe une réduction du revenu familial, on constate un abandon des services publics basiques comme l’éducation, une éducation publique qui fonctionne correctement, j’entends. On voit les classes populaires traquées en raison d’une supposée guerre contre les drogues dangereuses (war on dangerous drugs) qui n’est en fait qu’une guerre contre les pauvres, qui nous a fait devenir la plus grande prison de l’histoire de l’humanité, aussi bien du point de vue du nombre absolu de gens incarcérés dans des prisons américaines, qu’au niveau du pourcentage de détenus parmi la population. Aucun autre pays sur la surface du globe n’incarcère autant de gens, surtout au rythme où nous le faisons. Nous sommes devenus différents de l’idée que nous avions du rêve américain, tout cela à cause de notre incapacité à partager, à envisager ne serait-ce qu’une impulsion socialiste. (...)" David Simon, Ragemag.


Le mot « socialisme » est un mot sale dans mon pays. Je dois placer cet avertissement au début de chacun de mes discours : « Oh au fait, je ne suis pas marxiste vous savez. » J’ai vécu le XXe siècle. Je ne crois pas qu’une économie d’État puisse être aussi viable que l’économie de marché pour produire de la richesse à grande échelle. Je ne le crois pas. Je suis entièrement convaincu que le capitalisme doit, au siècle prochain, être la voie qui génère de la richesse à grande échelle. C’est dit. Mais l’idée que le capitalisme ne soit pas assorti d’un contrat social, l’idée que la façon dont les bénéfices de ce capitalisme vont être distribués n’inclura pas tout le monde, dans la société, dans une mesure raisonnable, voilà qui m’ébahit.

Et donc le capitalisme est en train de s’autodétruire. Voici la fin étonnante de cette histoire, à moins que nous ne renversions la donne. À moins que nous prenions en compte le diagnostic de Marx, si ce n’est le remède qu’il propose, parce qu’il a su voir ce qui arriverait si le capital triomphe sans équivoque, s’il a tout ce qu’il veut. Ce que veut le capital, pour sûr, c’est la diminution du travail. Il voudrait que le travail soit diminué car le travail est coûteux. Et si le travail est diminué, transposé en termes humains, cela signifie que les êtres humains ont moins de valeur. À partir de là, à moins que nous renversions la donne, l’être humain moyen aura moins de valeur sur la planète Terre. À moins que nous tenions compte du fait que peut-être que le socialisme et une impulsion socialiste devraient être envisagées à nouveau ; il faut le marier, comme il a été marié dans les années 1930, dans les années 1940 et même dans les années 1950, à cet engin qu’est le capitalisme.

Prendre le capitalisme pour un cadre normatif à partir duquel construire une société, c’est une idée dangereuse, dans le mauvais sens du terme. Le capitalisme est une machine remarquable pour produire des richesses. C’est un outil fabuleux à avoir dans votre boîte à outils si vous cherchez à construire une société et à la faire avancer. Sans lui, pas facile d’aller de l’avant. Mais ce n’est pas un cadre normatif sur la manière de construire une société juste. Il y a d’autres paramètres, à côté de ce rapport trimestriel du profit.

L’idée que le marché va résoudre des choses comme les préoccupations environnementales, nos divisions ethniques, nos distinctions de classe, nos problèmes pour éduquer et incorporer dans l’économie une génération de travailleurs après l’autre, alors que cette économie change ; l’idée que le marché va prendre en compte la dimension humaine tout en maximisant le profit est naïve. C’est une notion idiote et elle est encore et toujours défendue de manière passionnée dans mon pays, et nous sommes voués à l’échec. Cela me terrifie parce que je suis abasourdi de voir à quel point nous nous absolvons sans complexe de ce qui est, fondamentalement, un choix moral. Pourtant nous en pâtissons tous, n’est-ce pas ?

Si ces dernières années vous avez assisté à la débâcle et au combat sur quelque chose d’aussi élémentaire que la santé publique dans mon pays, imaginez l’inefficacité des Américains lorsqu’il s’agira de sujets vraiment compliqués, comme le réchauffement climatique. Nous ne pouvons même pas donner un système de santé de base à nos citoyens. Et l’argument se réduit à : « Au diable ce président socialiste ! Est-ce qu’il pense vraiment que je vais payer pour que les autres restent en bonne santé ? »

Vous pensez que c’est quoi, l’assurance maladie de groupe ? Vous savez, si vous posez la question à des gens : « Est-ce que vous avez une assurance santé là où vous travaillez ? » Et qu’ils répondent : « Oh oui, j’en ai une dans mon cabinet d’avocats… » Donc quand vous tombez malade, vous avez les moyens de payer un traitement. Vous avez accès au traitement parce qu’il y a assez de personnes dans votre cabinet d’avocats pour que vous puissiez avoir une assurance pour eux et qu’ils restent en bonne santé. Donc les tables actuarielles se mettent en marche, et vous tous, quand vous tombez malade, avez les ressources pour guérir parce que vous vous reposez sur la notion de groupe. Ouais. Et ils hochent la tête, et vous dites : « Mon frère, c’est du socialisme, vous savez que c’est ça. »

Et… vous savez lorsque vous leur dites, OK, nous allons faire ce que vous faites pour votre cabinet d’avocats mais nous allons l’étendre aux trois cents millions d’Américains, ce qui rendra le système accessible à tous. Eh oui, cela veut dire que vous allez payer pour les autres mecs de la société, de la même manière que vous payez pour les autres dans le cabinet d’avocats… Leurs yeux deviennent vitreux. Vous savez qu’ils ne veulent pas l’entendre. C’est trop. C’est trop pour eux d’envisager l’idée que le pays entier pourrait être, en fait, connecté. Donc je suis ébahi d’être là, de nos jours, à dire qu’on devrait peut-être retourner à ce Marx dont nous nous moquons, si ce n’est pour ce qu’il prescrit, du moins pour sa description de ce qui peut advenir si on ne tempère pas l’autorité du capitalisme, si nous n’embrassons pas d’autres valeurs pour l’entreprise humaine.

C’est de cela que parlait The Wire, en somme. Ça parlait de gens de peu de valeur, qui ne sont plus nécessaires, comme peut-être 10 ou 15 % de mon pays, à la marche de l’économie. Ça parlait d’eux, essayant de résoudre, car je ne trouve pas meilleur mot, une profonde crise existentielle. Dans leur inutilité, leur inutilité économique, ils étaient néanmoins toujours là, à occuper cet endroit qu’on appelle Baltimore, et ils allaient devoir vivre avec. C’est là un spectacle terrifiant. Qu’allons-nous faire de tous ces gens que nous avons marginalisés ? C’était moins problématique pour les autorités lorsqu’il ne s’agissait que d’une marginalisation ethnique, quand on faisait cela sur une base xénophobe et que c’était seulement les noirs des villes américaines qui rencontraient les taux les plus élevés de chômage, les taux les plus élevés d’addiction aux drogues, et qui avaient les systèmes éducatifs pourris et le manque d’opportunités.

Et il est assez intéressant, avec cette dernière récession, de voir l’économie hausser les épaules et commencer à mettre des personnes blanches, de classe moyenne, dans le même bateau. Ils sont devenus vulnérables à la guerre de la drogue, disons de la méthamphétamine, ou bien ils sont incapables de payer leurs frais d’université. Tout à coup, la foi des gens en la machine économique et en l’autorité économique de Wall Street, dans la logique de marché, a commencé à s’éroder. Ils se sont rendus comptes que tout cela n’est pas seulement dû à l’appartenance à un groupe ethnique particulier, mais à quelque chose de plus englobant. C’est dû à la classe. Êtes-vous tout en haut de la vague, ou dans son creux ?

Comment arranger les choses ? En 1932, on a redistribué les cartes, une logique commune induisait que personne ne serait laissé sur le carreau. Nous allons nous en sortir. Nous allons ouvrir les banques. Des tréfonds de la dépression, un pacte fut élaboré entre les travailleurs, entre le travail et le capital, et autorisa les gens à avoir un peu d’espoir. Quand les choses iront vraiment mal, nous ferons pareil, ou nous continuerons comme ça, jusqu’à ce que tellement de gens soient mis à l’écart que quelqu’un va saisir une brique, parce que vous savez, quand les gens sont à bout, il y a toujours une brique à portée de main. J’espère que nous choisirons la première option, mais je perds la foi.

Une autre chose existait en 1932 qui n’est plus là aujourd’hui : dans mon pays, la volonté populaire pouvait, du moins en partie, être exprimée à travers le vote. Le dernier exploit du capitalisme — après avoir gagné toutes les batailles contre le travail, après avoir acquis l’autorité ultime, presque l’autorité morale ultime sur ce qui est une bonne idée et ce qui ne l’est pas, sur ce qui a de la valeur et ce qui n’en a pas —, la dernière aventure pour le capital, dans mon pays, a été d’acheter le processus électoral, le seul moyen de réforme qu restait aux Américains. Aujourd’hui, le capital a réellement acheté le gouvernement, comme le montre la débâcle de la réforme du système de santé et les cinq cents quarante millions de dollars qui ont été propulsés au Congrès, la branche la plus infectée de l’institution gouvernementale, pour que la volonté populaire n’émerge jamais au cours de ce processus législatif.

Donc je ne sais pas quoi faire si nous ne pouvons pas vraiment contrôler le gouvernement représentatif qui est censé exprimer la volonté du peuple. Même si nous commençons tous à penser ce que j’ai dit ici, je ne suis pas sûr que nous puissions encore avoir un impact comme nous en avons pu en avoir lors de la Grande Dépression. Donc peut-être saisirons-nous la brique. Mais je n’espère pas.

David Simon, Ragemag.

Commentaires

Un americain qui parle de socialisme...

(roll eyes)

Écrit par : JÖ | 08/02/2014

Combien de pauvre bougres sont mort de froid au mois de janvier.
Combien d Américains vivent sous des tentes .
Combien ne font que survivre.

L Amerique a 10 ans d avance sur l Europe. La crise a déjà 6 ans, combien de temps va encore tenir la societé Française .....

L AVENIR EST POUR NOUS NE JAMAIS COURBER LA TETE, ET TOJOURS SE BATTRE

on les aura :)

Écrit par : libherT | 08/02/2014

Je commence vraiment par être extrêmement irrité par ceux qui, autour de moi, espèrent le retour de Sarko et de l'UMP et prétendent que le gouvernement actuel est nul et "sans boussole".

C'est vraiment, au mieux, avoir de la merde dans les yeux, au pire, faire le jeu de nos pires ennemis.

La boussole indique clairement NOUILLORQUE et TEL AVIV !

Qu'on se le dise, se le répète, et qu'on fasse entrer ça dans les cerveaux puérils de ceux qui prétendent que la GÔCHE est incompétente.

Non, la GÔCHE est compétente, elle est même encore plus efficace que l'UMP pour faire le sale boulot de traître à la France, de libéral, de mondialiste et aussi d'atlantiste sioniste.

Sarko peut aller se rhabiller face à Flamby !

Écrit par : dimezzano | 08/02/2014

Article perfide, évidemment.

On notera, sous la plume du journalope (et c'est tout un programme !) le ton méprisant avec lequel il met en regard, à l'avantage de la première, la "musique" pop anglo-saxonne, et ce malheureux Stravinski et "son" sacre du printemps.

Eh oui, quand on n'a pas la chance d'agiter les paillettes, les strass, la vulgarité, on se contente du génie !

Pauvre con !


http://sport24.lefigaro.fr/jeux-olympiques/sotchi-2014/actualites/les-jeux-celebrent-la-russie-eternelle-677554

Écrit par : dimezzano | 08/02/2014

Le texte de London est top. Merci Boreas, ça complète bien l'analyse de Simon. Bien honnête ce London.

Écrit par : hoplite | 08/02/2014

(Boreas, je connais Reed aussi...Il est meme enteré a Moscou. Pratiquez un americain moyen et dites "socialisme"...C'est un peu comme parler de communisme a un Wessie. Un Ossie souvent aussi remarquez...)

""son" sacre du printemps. ".

(...)

(Ca s'appelle le sens des valeurs...)

Écrit par : JÖ | 08/02/2014

Le problème pour se faire comprendre (je le constate aussi ici, au point de me faire parfois traiter de tous les noms), c'est que quand on a une pensée, je veux dire quand on a une idée un peu claire des choses et qu'on ne se contente pas de bondir sur le premier événement venu en reprenant la terminologie médiatique ou contre-médiatique qui l'accompagne, on devient parfois un peu elliptique dans l'expression.

Difficile de faire comprendre à quelqu'un qui n'a pas lu Michéa et/ou est intellectuellement infecté par les stéréotypes de l'Educ Naz, qu'il y a eu et qu'il y a toujours une convergence objective entre les Blancs et les Rouges :

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2012/04/05/la-vraie-droite-francaise-contre-le-capitalisme.html

Pour lui, en général, en transposant son inculture à aujourd'hui, les Blancs, ce sont, au mieux, des nostalgiques poussiéreux d'un monde féodal figé, rêvant au retour de privilèges indus et, au pire, des sales cons "réacs" (il ne sait pas non plus ce que ça veut dire, mais l'a entendu à la télé) potentiellement nazis (le sens de ce mot lui échappe tout autant). Quant aux Rouges, il n'y verra, au mieux, que les extrémistes tout aussi historiquement dépassés d'une généreuse idéologie marxiste et, au pire, les apologistes cinglés des massacres soviéto-chinois.

Comment un ignorant pareil pourrait-il saisir l'ellipse consistant à louer dans une même phrase le socialisme de Jack London (un Rouge) et le solidarisme des nationalistes révolutionnaires, ou encore les corporations de l'Ancien Régime (des truc de Blancs) ? Parlez-en à un adhérent du Front de Gauche, ou à un sympathisant de l'UMP, vous verrez.

Le point commun à ces ânes bâtés, c'est qu'ils sont, sans le savoir la plupart du temps, tous les deux des Bleus.

Les "camps" sont bien délimités, comme le dit @libherT sur mon blog : "le monde est plus simple, il y a les mondialistes et les anti mondialistes. Les uns veulent changer l'homme, les autres veulent changer la société".

C'est cela le positif dans cette histoire d'ignorance et de confusion : c'est que chacun, aujourd'hui, ne peut plus que choisir son camp, selon cette ligne de fracture de plus en plus évidente, même sans (presque) rien savoir du passé.

Écrit par : Boreas | 08/02/2014

Depuis des lustres, je pense avoir signalé ce qui est, â mon goût, l'oeuvre maîtresse de London, le Talon de fer.
Mais bon, je suis taguée définitivement groupie de l'educ naz ^^.
Marrer, ça me fait.

Écrit par : carine005 | 08/02/2014

"Les uns veulent changer l'homme, les autres veulent changer la société"."

Petite question: si on change l'homme c'est quand meme bien pour changer la societe aussi, non ?

Le type de droite (ou de gauche ) qui veut voter pour du candidat institutionnel (Le meme qu'il a viré il y a quelques années !) n'a pas integré qu'on avait changé d'epoque.

C'est aussi plus confortable, surtout si l'epoque en elle meme lui est confortable.

Écrit par : JÖ | 08/02/2014

Les "camps" sont bien délimités, comme le dit @libherT sur mon blog : "le monde est plus simple, il y a les mondialistes et les anti mondialistes.
++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

Où placer les "anti-mondialistes" estimant le fait ethnique pas ou peu pertinent ?

Écrit par : UnOurs | 08/02/2014

Tu parles de qui ?

Des "anti-mondialistes estimant le fait ethnique pas ou peu pertinent", il n'y en a pas des masses.

Écrit par : Boreas | 08/02/2014



"si on change l'homme c'est quand meme bien pour changer la societe aussi, non ?"

-----------------

Pas vraiment. En termes "sociétaux", comme dirait l'ennemi, oui.

Mais en termes sociaux (donc, de rapports de domination économique, notamment), non.

Explication à la marxiste : superstructure d'un côté, infrastructure de l'autre. ;-)

Écrit par : Boreas | 08/02/2014

"Où placer les "anti-mondialistes" estimant le fait ethnique pas ou peu pertinent ?"

Un Ours, critiquer ou s'opposer à la globalisation, c'est être un opposant à la modernité libérale qui, par définition parce que philosophie individualiste et nominaliste réduite à une vision juridico-marchande du monde, NIE le fait ethnique ou simplement culturel...

DONC un "anti-mondialiste" conséquent ne peut considérer le fait ethno-culturel comme "peu pertinent".

Sauf si c'est un "altermondialiste" en carton qui entend lutter contre le mondialisme en se réclamant des Lumières ou de la rationalité juridico-marchande dobt il combat les conséquences... (sortes de réformateurs qui n'ont pas compris que c'est d'une rupture d'avec la "forme-capital" (Alain de Bensoist) et d'un pluriversum qu'il s'agit et non pas d'accomodements a minima et de taxe tobin à deux balles.

bref.

Écrit par : hoplite | 08/02/2014

A propos d'"altermondialiste en carton" , on peut lire le numéro d'"Eléments" (AdB) qui vient de sortir

" Démondialisation : pourquoi les élites n’en veulent pas
• La mondialisation ou l’expansion du capital
• La mondialisation comme idéologie
• Misère de l’altermondialisme
• Démondialisation, de la théorie à la pratique

http://www.revue-elements.com/elements-Demondialisation--le-refus-des-elites.html

Écrit par : alain21 | 08/02/2014

"Explication à la marxiste : superstructure d'un côté, infrastructure de l'autre. ;-)"

Ha ok, je vois.

Cela dit une societé avec des rapports de dominations moderés peut etre, mais inexistants...

...A moins de "changer l'homme", justement, ca me semble très utopique.

Écrit par : JÖ | 08/02/2014

@unOurs

Où placer les "anti-mondialistes" estimant le fait ethnique pas ou peu pertinent ?"

il y a un article très intéressant repris de Marianne sur fortune. Michéa tente de sauver ses miches et de se démarquer de la droite sociale (il dit "socialisme neationaliste"). Il a un argument très marxiste donc intelligent mais illustré très faussement. Je cite quasi tout, c'est Michéa :


__"Bien entendu, en dehors de ce refus partagé des «robinsonnades» libérales (le mot est de Marx), tout, ou presque, séparait l’idéal socialiste d’une société sans classe dans laquelle (...) des conceptions alors défendues par la droite monarchiste et le «socialisme national». La première, parce que son intérêt proclamé pour les anciennes solidarités communautaires masquait d’abord son désir d’en conserver les seules formes hiérarchiques (le «principe d’autorité» de Proudhon). Le second, parce qu’en dissolvant tout sentiment d’appartenance à une histoire commune dans sa froide contrefaçon «nationaliste» il conduisait à sacrifier l’idéal d’autonomie ouvrière sur l’autel ambigu de l’«union sacrée». Comme si, en d’autres termes, un métallurgiste lorrain ou un pêcheur breton avaient plus de points communs avec un riche banquier parisien qu’avec leurs propres homologues grecs ou anglais."__


il faut noter tout de suite le choix de l'exemple de solidarité supra-nationale ici : pêcheur breton, homologues grecs. C'est une exemple efficace au premier abord. Mais n'est-il pas truqué ? Et d'abord trop "étriqué" ? Pourquoi Michéa ne choisit-il pas un pasteur nomade Burkinabé ? Réponse parce que son exemple ferait plouf.

S'il y a, s'il peut y avoir, devrait y avoir - en effet - solidarité de classe au dessus des appartenances nationales (et simplement "nationale" c'est à dire de papier) entre pécheur breton et ouvrier grec c'est parce qu'il y un éthos commun, des habitus partagées (les idiots disent aujourd'hui des "valeurs" communes - "valeur" comme si on pouvait les échanger et en changer). Il y a une communauté civilisationnelle - et ethnique d'ailleurs - préalable sur laquelle repose (en douce) tout le poids de l'exemple de Michéa.

Ajoutons que cette solidarité européene elle est très loin - par ailleurs - d'avoir été ingnorée par les "socialisme de droite".


http://fortune.fdesouche.com/328388-michea-face-la-strategie-godwin-2

Écrit par : Dia | 08/02/2014

Une hiérarchie fondée sur le mérite et non la naissance, avec une forte revalorisation de la rémunération du travail par rapport à celle du capital (gros travail à faire sur la rente et la taxation des héritages), sans "changer l'homme", ça ne me paraît pas utopique.

On peut s'inspirer, par exemple, de l'élitisme de la IIIe République et des réformes de Solon à Athènes.

Écrit par : Boreas | 08/02/2014

Dia

A mon avis, Michéa n'essaie pas "de sauver ses miches".

Il est prof de philo à la retraite (et malgré le haut niveau de sa pensée, il n'a jamais voulu intégrer le monde universitaire, ce n'est ni un ambitieux, ni un flatteur) et ne risque absolument rien.

Pourquoi truquerait-il quoi que ce soit ?

Un début de preuve :

“En Amérique Latine, contrairement à la gauche occidentale, les différentes gauches ont su conserver un rapport minimal avec la vieille tradition socialiste, dans laquelle la notion de patrie joue un rôle central.”

http://fortune.fdesouche.com/297138-jean-claude-michea-propos-du-deces-dhugo-chavez

Écrit par : Boreas | 08/02/2014

@fatigant

Titre : "Récemment associé à la galaxie lepéniste par un dossier du “Point”, le philosophe Jean-Claude Michéa, auteur d’”Impasse Adam Smith”, répond à ses détracteurs et SE DEFEND FACE à la tentative d’annexion de sa pensée antilibérale par l’extrême droite."

Marianne : "De plus en plus de figures de la droite dure, d’Eric Zemmour à Alain de Benoist, le directeur de la revue «pour la civilisation européenne», Eléments, se réclament de vous depuis deux ou trois ans. (...) "

Écrit par : Dia | 08/02/2014

@Sherlock

Donc, parce que Marianne affirme que Michéa "se défend", Michéa se défend ?

Écrit par : Boreas | 08/02/2014

@fatigant

mais eske c'est le sujet ? eske ta trollerie intéresse qqun ici ? Pourquoi n'ouvres-tu pas ton propre blog ?

Écrit par : Dia | 08/02/2014

Boréas
C'est ptet pas le vrai Dia.
Ya un faussaire qui se balade sur les blogs...

Écrit par : carine005 | 08/02/2014

Bah, c'est-à-dire qu'il faudrait alors que j'en ouvre un deuxième, puisque ton Alzheimer t'empêche de te souvenir que tu as déjà commenté sur l'actuel il y a plus de deux ans :

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/11/19/rien-a-attendre-des-droitards.html#c6999127

Sinon, j'ai comme l'impression que mes commentaires intéressent certaines personnes ici, notamment le taulier qui a mon lien dans sa blogroll...

Mais libre à toi de continuer à faire comme si, et à penser que Michéa "se défend" puisque Marianne le dit ; ça semble te convenir. Cela dit, pourquoi ne te répondrais-je pas ? On est là pour discuter, non ?

Écrit par : Boreas | 08/02/2014

Faut que Hop regarde les adresses mail de Dia et Dia.

Écrit par : carine005 | 08/02/2014

Je pense que c'est bien le vrai Dia.

Il a du caractère. :-)

Écrit par : Boreas | 08/02/2014

"Faut que Hop regarde les adresses mail de Dia et Dia"

vais pas faire mon Valls, les gars.
Carine,Boréas, TP,jean-pierre, Popeye, S10, JO, Dia, alain21, dimezzano, Sonia, etc. sont tous les bienvenus..pas mon genre d'aller fouiller les IP (sauf propos inconséquents:D) après vous vous démerdez entre vous, vais pas jouer les casques bleus.

"Je pense que c'est bien le vrai Dia."

je crois aussi..

Écrit par : hoplite | 09/02/2014

Une véritable bombe :

la publication des résultats de l’enquête annuelle publiée chaque année dans le Monde, menée par l’institut Opinionway et le Centre de Recherche Politique de Sciences Po, intitulé "Baromètre de la confiance politique".

C’est la 5e édition mais, pour la première fois cette année, le 13 janvier, la presse n’en a dévoilé que 41 pages sur 84.

Cela a mis la puce à l’oreille de Valeurs actuelles qui s’est demandé ce qu’ on voulait nous cacher, et s’est procuré les résultats de l’ enquête, qu’elle publie dans son n° 4026 (de Valeurs actuelles). http://valeursactuelles.com/tous-clignotants-au-rouge

Les résultats sont stupéfiants, c’est un séisme politique.

En voici le résumé fidèle :

75% des Français ne font plus confiance à l’Etat, ni à la république.
88% rejettent catégoriquement les partis politiques.
87% jugent que Hollande n’a pas l’étoffe d’un président, ça c’est moins étonnant.
61% sont prêts à manifester, alors qu’ils n’étaient que 30% en 2010 !!
71% ne font pas confiance aux syndicats.

Mais la stupeur :

50% ne croient plus à la démocratie et souhaitent avoir à la tête du pays "un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du parlement ni des élections".

Traduction en clair : un roi ou un dictateur, ou du moins un pouvoir personnel fort.

2% souhaitent même que l’armée dirige le pays !!

Cela c’est du jamais vu depuis 200 ans et ça montre la crise où ces gouvernements d’énarques coupés du pays réel, et d’hommes politiques profiteurs de droite ou de gauche ont plongé le pays.

Sans surprise :

67% pensent qu’il y trop d’immigrés en France,
50% sont pour le rétablissement de la peine de mort
(ils n’étaient que 35% en 2011).

Quelles que soient les réflexions que nous suggèrent ces résultats, on voit en tout cas à quel degré de crise profonde nous a mené la politique de ces dernières décennies.

Les Français ne veulent plus être gouvernés par les énarques, ils aspirent à un changement radical.

Écrit par : dimezzano | 09/02/2014

"Une hiérarchie fondée"

On se comprends bien.

Donc pas réelement un "changement de societe", parce que le modèle que vous defendez existe deja, il n'est pas nouveau, il s'agit plutot d'essayer de regler son disfonctionnement.

La "revolution" c'est l'accès au pouvoir, et c'est tout.

Dimezzano, c'est très surprenant votre lien.
(Je l'ai entendu parfoit très directement ce "besoin de changement. Pas chez le bobo, meme pas chez des gens de "droite". Mais chez des gens qui ont encore une conscience d'eux meme et de leur pays, plus qu'une conscience politique elaborée. Ca existe encore.)

(Pas le moindre doute sur le fait que ce soit le vrai dia. C'est suffisement precis et sur les themes qu'il affectionne...)

Écrit par : JÖ | 09/02/2014

Comment ne pas être d'accord avec David Simon? Comment est-il possible que les Etats-Unis en soient arrivés là sans révolte? Comment est-il possible que dans ce pays où les armes sont partout, personne n'ai pris non une "brique" comme il le dit, mais un fusil? Comment les 1% d'exploiteurs peuvent-ils encore être vivants et parader ?
Peut-être parce que justement le capitalisme actuel secrète un poison mortel qui se nomme l'individualisme?
C'est le culte du Moi qui conduit la masse des citoyens à la résignation collective. Il faut sans doute un minimum de cohésion sociale pour une révolte populaire efficace. Comment l'imaginer dans un pays où une partie importante des citoyens refuse aux exclus de plus en plus nombreux le simple droit à la santé?
Cela dit nous ne sommes sans doute pas très loin de la même situation en Europe...

Écrit par : Aramis | 09/02/2014

Il y a quand meme des communautés aux etats unis. de plus d'apres le lien d'Hoplite, c'est plus une solidarité corporatiste qui est acceptée (Fonctionnement pas uniquement reservé aux States), quelque chose liée a un etat centralisé ne passe pas.

Non, un truc "americain global dans tout le pays" (Un continent) suis pas sur, ca n'est pas dans l'esprit du pays, la reaction dans un etat federal, c'est la secession et il y a des gens qui y pensent.

Écrit par : JÖ | 09/02/2014

"67% pensent qu’il y trop d’immigrés en France,"

Ai-je mauvais esprit si je me pose des questions quant aux origines des 33% restant ?

Grand Remplacement ?

Écrit par : Jean-Pierre | 09/02/2014

"Peut-être parce que justement le capitalisme actuel secrète un poison mortel qui se nomme l'individualisme?"

oui, c'est une explication. il y en a d'autres: tittytainment, storytelling et realitybulding qui font que les masses n'identifient pas leur ennemi principal systémique mais se perdent dans des combats de bois (républicains vs democrates par ex), contrôle social et répression des mouvements politiques réellement dérangeants (OWS et 99%)

et comme dit JO, l'esprit de sécession progresse. mais dans une optique individu vs état fédéral..

"Ai-je mauvais esprit si je me pose des questions quant aux origines des 33% restant ?"

non bien sûr. mais je ne mettrais pas ma main à couper sur l'origine ethnique de ces 33%: à mon avis plus de bobos leucodermes que de maghrébins. mais bon, à confirmer.

Écrit par : hoplite | 09/02/2014

" à mon avis plus de bobos leucodermes que de maghrébins. mais bon, à confirmer."

Oui je sais c'était plus une boutade qu'autre chose. Mais quand même...

Écrit par : Jean-Pierre | 09/02/2014

Les américains (du peuple) sont "comme nous", ils n'ont pas beaucoup de possibilités.
La masse (80% ?) se laisse faire, les autres ne peuvent pour le moment que subir en essayant de se démerder (le "survivalisme" est au départ un truc d'américains).
La clef, c'est chez eux encore plus qu'ailleurs, une reprise du pouvoir par une partie encore patriote, "charnelle", des gens proches du pouvoir, des sortes de "corps constitués" d'élite.
La terre entière aurait à y gagner à ce qu'une "élite" américaine patriote chasse l'actuelle "élite" mondialiste qui se sert des USA comme bras armé.
Qu'on le veuille ou non, le patron c'est jusqu'à preuve du contraire, toujours le plus fort, et le plus fort militairement, techniquement, ce sont les USA.
Peut importe au fond que le dollar soit une monnaie de singe.

Écrit par : S10 | 09/02/2014

Il y a aux USa, la possibilité de disposer d'un pouvoir individuel enorme.
(Connaissait un type marié a une femme qui possedait une montagne...Avec un hotel dessus. Mais une montagne entière...)

Si vous y ajoutez un peu de sens communautaire, les americains ont de bonnes bases.

Beaucoup considerent le pouvoir federal comme une marionnette pour lobbies et se foutent de la politique. Il s'occupent de leur interet propre, et que l'etat se melent pas de leurs affaires.

Mentalité aux antipodes de la France, mais c'est possible (Pas facile, mais possible) la bas.

Écrit par : JÖ | 09/02/2014

Bonjour à tout ceux qui cherche un prêt avec une personne de confiance, sur et honnête; avec qui j'ai réussir à obtenir un prêt de 92500 euros en toute sécurité pour acheter mon Appartement et une voiture pour pouvoir déposer mes enfants à l'école et aussi faire mes courses. C'est une femme en qui vous pouvez avoir toute confiance et sans vous souciez de rien. Elle réside en plus en France et plus précisément à Bobigny en Île-de-France.
Alors si vous cherchez un prêt désormais, je vous conseille de prendre contacte avec cette personne : nathaliecesarin@clubmember.org qui pourra surement vous aidez; afin de vous évitez d'être arnaquer.
Bonne journée à vous tous.

Écrit par : Evelyne | 10/02/2014

Bonjour à tout ceux qui cherche un prêt avec une personne de confiance, sur et honnête; avec qui j'ai réussir à obtenir un prêt de 92500 euros en toute sécurité pour acheter mon Appartement et une voiture pour pouvoir déposer mes enfants à l'école et aussi faire mes courses. C'est une femme en qui vous pouvez avoir toute confiance et sans vous souciez de rien. Elle réside en plus en France et plus précisément à Bobigny en Île-de-France.
Alors si vous cherchez un prêt désormais, je vous conseille de prendre contacte avec cette personne : nathaliecesarin@clubmember.org qui pourra surement vous aidez; afin de vous évitez d'être arnaquer.
Bonne journée à vous tous.

Écrit par : Evelyne | 10/02/2014

@Evelyne

Un peu de patience Evelyne
le troll-chomeur Boreas va vous répondre longuement

Écrit par : Mistersmith | 10/02/2014

"Mistersmith", encore un de ces pseudos anglo-saxons pour patriotes en carton.

Écrit par : Boreas | 10/02/2014

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