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09/09/2014

europe

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" (...) - Franzose..., Franzose..., Franzose...

Bien sûr que j'arrive, Tovaritch ! Ils sont là, hirsutes, avec, encore, la trace récente de leurs épreuves et ils désignent une ferme dans le lointain. Qu'elle est grande, cette ferme ! En avant, en avant, elle se rapproche. La bande a des visages de bêtes fauves à la curée. Personne ne parle. Au diable la civilisation.

La police sera faite par nous. On arrive dans la cour de la ferme. Tout est calme. Un cercle se forme, on entend des revolvers qui s'arment. Un grand rire mélancolique et triste prend naissance. Les dents semblent vouloir retenir la colère. Deux coups à la porte, trois coups à la porte, quatre coups à la porte. Un signe. Kostia incline sa mitraillette, une rafale dans la serrure, une poussée d'épaules, un grand bruit, la porte cède et s'effondre. Des corps culbutent et s'engouffrent pêle-mêle avec des jurons infernaux. La voie est libre et la marée délirante afflue. La bande hésite alors, puis dans un calme spectral monte les escaliers. On distingue l'ondulationdes échines, c'est tout. Arrivés au premier étage, les portes sont fermées. A coups d'épaule, la bande les ouvre.

Dans une pièce se trouve la famille entière. Et parmi la bande, il y en a deux qui ont subi les mauvais traitements du patron : Michel et Fédor. Michel se souvient des lanières de cuir et de sa fille de trois ans, morte dans la baignoire remplie d'eau froide. Fédor n'oublie pas sa main brûlée à une tige de fer chauffée à blanc. Ce sont eux, eux seuls, qui vont procéder à l'exécution. La famille les regarde. Le père, la mère, la fille, la petite fille, l'oncle et la tante. Fédor et Michel ajustent leurs couteaux.

Un geste pour le père : au coeur. Il s'écroule avec un vomissement rouge, et son ventre tressaille et le parquet absorbe la salive écarlate.

Un geste pour la mère : au coeur aussi. Elle ouvre plus grand les yeux, les referme, puis s'abat, les bras cassés par l'agonie. La joue gauche se colle contre une commode. Le bas du rein se désarticule et s'affaisse progressivement.

Un geste pour la fille. Fédor la prend par les seins, le bout du téton disparaît dans ses doigts et Fédor serre, serre... La fille dodeline de la tête, son aisselle se cabre, mais Fédor s'abat sur elle et la possède sur une chaise. Leur étreinte se prolonge jusqu'au moment où la nuque de la fille se désagrège. Kostia arrive, repousse Fédor et prend livraison à son tour du corps qui ne réagit pas. Son rut fini, il referme tranquillement sa braguette d'un air satisfait. Un éclair. Fédor a réagi brutalement. Une tache rouge sur la tête de la femme, un jet de sang et la forme s'affaisse. Il faudrait Goya pour peindre cette scène. Contraste des couleurs et de la violence. Mon front me fait mal, je ne suis qu'un homme et ces visions commencent à me dépasser.

Un geste pour le fils, une croix est faite dans sa poitrine ; je ne sais pas où ces bougres prennent la force de couper les os avec une simple lame d'acier.

Un geste pour l'oncle. L'homme tend presque son visage. C'est en effet un trou ruisselant de cervelle caillée, qui le tue.

Un geste pour la tante. Elle est déjà évanouie. Oh, ça ne fait rien. C'est avec une hache que Kostia la décapite. Il s'acharne sur le cadavre. Au bout d'une minute, il n'existe plus qu'une bouillie informe de viande et de cartilage.

Un geste pour la petite fille : ah non, pas celle-là. Je me précipite. Fédor grogne. D'un coup de poing en pleine figure je l'envoie rebondir contre une chaise et je m'enfuis avec la gosse. Dieu que les escaliers sont longs à descendre... Et la plaine, je cours dans la plaine. La petite pleure. Loin de la ferme, je la prends mieux dans mes bras. Elle est gentille, cette gosse remplie de tâches de rousseur et que je console. Arrêt contre une pierre. Elle colle sa lèvre à ma poitrine. Je caresse ses cheveux, ses jambes et ses petits pieds.

Je suis Français et cette enfant est Allemande. (…)"

Jours francs, Jean Bradley, 1948.

Commentaires

Fichtre ! Sans vouloir jouer les festivus festivus, tu es en train de me filer un coup au moral de bon matin...

Tu as un mail au fait.

Écrit par : Calliclès | 10/09/2014

Si vous étiez d'humeur joyeuse avant ça :D

Hoplite, il va falloir un sacré paquet de bombasses de friday wear pour compenser...

Écrit par : S10 | 10/09/2014

La phrase ressortie tout le temps: "Je n'ai rien contre les -nationalité de votre choix-, c'est leur gouvernement, etc...".

Et bien ca ne marchera pas.

On est prevenus, et depuis longtemps.

(Glacant a lire...Et encore, il y la plupart du temps des reglements de compte directs...)

Écrit par : JÖ | 10/09/2014

Je suis en train de lire les mémoires de von Manstein. Il y écrit que dès les premières semaines de la guerre, les soldats allemands capturés et dont les corps étaient ensuite retrouvés, avaient été très fréquemment horriblement mutilés. Tandis que les soldats soviétiques capturés étaient globalement bien traités, à l'exception des commissaires politiques dont l'exécution systématique avait été ordonnée par le "grand Jules". Cependant, ces ordres n'étaient le plus souvent pas exécutés au niveau de la troupe (par exemple, dans le corps d'armée de von Manstein).

Un jolie photo pour témoigner de l'époque, d'une autre façon, un jeune soldat allemand, chapelain improvisé, qui lit son évangile de campagne pour l'ensevelissement d'une jeune femme russe:

http://i62.tinypic.com/m97jtc.jpg


P.S. je recommande aussi "La Campagne de Russie" de Degrelle, fort bien racontée.

Écrit par : UnOurs | 10/09/2014

Ca m impressionnera toujours la vitesse d arrive de fichier pdf sur iphone de plus le relais wifi doit etre a 1km env.
Hoplite,quelques lignes apres le paragraphe que vous mettez en ligne je lis ceci dans le livre pdf "bombes explosives"..une bombe est toujours explosive non?incendiaire ou je ne sais quoi elle explosera elle est faite pour ca.
Je reste perplexe a la lecture(abandon du dernier chapitre) se peut il que de frenetiques tueries comme decrites dans le livre soient vraies?et si oui combien de.
."victimes collaterales" dans tout le pays?Dans ce recit il y a un russe qui se fera executer par les amer_ricains,liberateurs de passage disait De Gaulle il me semble,ce russe avait mitrailler un groupe d allemand,ce qui me semble comprehensible comme vengeance,mais je ne la comprend que difficilement en lisant que cet autre allemand le tarif fut entre autres de lui couper le nez..obliger pensez vous!si vous voulez lui clouer la langue au front..

Écrit par : Dom | 10/09/2014

Ce qui est raconté c'est des rescapés de camps qui reglent leurs comptes.

Alors evidement...

Apres, pour les militaires, ca dependait aussi surement des unités non (Et puis d'un contexte de victoire ou de deroute) ?

Un allemand m'a raconté la facon dont son grand pere s'est comporté a l'est (Villages rasés, population executée)...Et comment il a fini (Au bout d'une corde).

Mais c'etait un SS.

Enfin bon, "de toute facon", c'etait la guerre.

Écrit par : JÖ | 11/09/2014

@UnOurs

Certes, mais... Vae Victis.

Écrit par : Calliclès | 11/09/2014

Jo cela se passe en 1948 trois ans apres la fin de la guerre..l exemple que vous racontez de pendaison,est "admissible";fusillade pendaison decapitation(coucou Anatole Deibler) mais ces jours francs..tortures raffinees s y exercerent!

Écrit par : Dom | 11/09/2014

Des mémoires de Von Manstein, je suis justement arrivé cet après-midi à ce passage:

http://i59.tinypic.com/oa7yuv.jpg

Sur le casernement en village, j'ai des centaines de photos dans ma collection montrant une cohabitation plus que tranquille entre russes et "doryphores". Ce que disait d'ailleurs Degrelle dans sa "Campagne de Russie", en parlant de la vieille "babouchka" qui priait pour son petit-fils, partisan dans la forêt et que Degrelle allait chasser la nuit et qui serrait Degrelle dans ses bras, au matin quand il revenait vivant de la patrouille.

Je crois qu'il faut arrêter de vouloir juger ces choses en noir et en blanc, il y a plutôt des tas de nuances de gris.

Écrit par : UnOurs | 11/09/2014

C'est pas evident quand on le lit (Attendez, vous avez des soldats allemands qui se rendent dans le recit, en 48 c'etait plié tout de meme !), et surtout en 1948 les occupants laissaient faire ?

Il n'y a pas de date citée dans le pdf qu'Hoplite a mis en lien (48 c'est la date des faits ou de parution ? Je crois que c'est parution).

L'exemple que je donne c'est un SS capturé par les resistants yougoslaves (Sais pas ou exactement) et qui a vu son sort expedié...

Écrit par : JÖ | 12/09/2014

Merci Hop ' !
Merci aussi pour le fichier.

Écrit par : carine | 12/09/2014

"Je crois qu'il faut arrêter de vouloir juger ces choses en noir et en blanc, il y a plutôt des tas de nuances de gris."

mm. ya longtemps que c'est mon credo..

"Merci Hop ' !"
de rien, la mouette!

Écrit par : hoplite | 12/09/2014

Sur un volume de plusieurs millions d'hommes engagés dans une guerre, évidemment qu'il y a de tout.

Écrit par : Three piglets | 12/09/2014

Mais Hoplite, je me trompe ou pas, ce recit, c'est bien un rescapé de camp qui regle ses comptes a sa liberation, dans une allemagne qui s'effondre tout juste ?

Écrit par : JÖ | 12/09/2014

oui, JO, c'est bien ça.

"Jean Bradley vint à moi au cours de l'année 1945, après la
consommation de la défaite allemande. Il portait une sorte
de message d'outre tombe. Un garçon avec lequel il avait souffert
toutes les souffrances des camps de concentration, et que
les supplices avaient tué, lui parlait souvent de moi comme
d'un camarade. Bradley me donna une petite photographie de
groupe, effacée, indistincte. Il était impossible d'y déchiffrer un
visage. Le nom du jeune mort n'était qu'un prénom, masque
habituel de la guerre clandestine et n'éveilla rien dans ma mémoire.
Je n'ai jamais su qui m'avait envoyé Bradley.
Lui-même était un tout jeune homme, long, émacié, à la
peau encore grise, et creuse et sans vie, avec de beaux yeux
singuliers que des lunettes sombres, dont il jouait selon son
humeur nerveuse, cachaient et découvraient tour à tour.
Il me raconta son histoire.
En juin 1940, quand il avait 17 ans, ses parents furent tués
sur les routes de l'exode par les avions qui fauchaient les colonnes
de réfugiés. Bradley revint à Paris. Un camarade lui
demanda s'il voulait héberger un soldat anglais. Il accepta
sans très bien comprendre la raison et la portée de ce qu’il
faisait. On ne refuse pas à un camarade...
Il fut dénoncé : dix-huit mois de cellule au Cherche-Midi,
dix-huit mois à Fresnes et deux années de camp. " Kessel

Écrit par : hoplite | 12/09/2014

Ça me rappelle à nouveau les anecdotes de mon grand père . Alors qu'avec ses zouaves il stationnait quelque part en Allemagne, il a vécu pas mal d'exactions envers les populations civiles allemandes par des soldats français. Mon grand père ne portait pas particulièrement les allemands dans son cœur, son père étant revenu complètement azimuté des tranchées et son parrain tué en champagne en 1915, pour autant il ne concevait pas non plus qu'on puisse s'en prendre gratuitement à des populations civiles. Il en a donc référé à ses supérieurs qui lui ont fait comprendre que tout le monde s'en foutait un peu. Et pour la petite histoire même certains de ses zouaves , qui n'étaient pas réputés pour être des tendres , étaient choqués par ce dont ils ont été témoins . Mais il n'a jamais voulu en dire plus.

Écrit par : Hugues capet | 14/09/2014

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