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15/06/2007

Roman

 En 1066, après la bataille de Hastings, il ne reste en Angleterre aucun édifice entier datant de la période saxonne et très peu d’églises antérieures à 1066 subsistent sur le continent. Les Normands qui débarquèrent en Angleterre apportèrent avec eux un style de construction très évolué qui s’était récemment formé en Normandie et ailleurs. Les nouveaux maîtres de l’Angleterre, seigneurs laïcs et ecclésiastiques, affirmèrent bientôt leur puissance en faisant construire des abbayes et des églises. Le style de ces constructions est connu en Angleterre sous le nom de style normand et, sur le continent, sous le nom de style roman. Il fleurit pendant plus d’un siècle à dater de l’invasion normande.

Il n’est guère facile d’imaginer aujourd’hui, dans le fracas de notre monde moderne, tout ce que représentait une église pour les hommes de cette époque lointaine. Seuls, quelques vieux villages du fin fond de la campagne peuvent nous en donner une idée. L’église était souvent l’unique édifice de pierre à des kilomètres à l’entour, c’était le seul édifice important de toute une région et sa tour guidait de loin les voyageurs ou les pèlerins. Chaque dimanche, tous les habitants de la localité s’y réunissait pour les offices ; le contraste entre le haut édifice et les habitations primitives ou ces gens passaient leur vie devait avoir quelque chose d’écrasant. Rien d’étonnant si toute la communauté s’intéressait à la construction de l’église et tirait orgueil de sa décoration. Même au point de vue économique, la construction d’un sanctuaire, qui durait des années, devait transformer la ville entière. L’extraction et le transport des pierres, l’installation des échafaudages, l’embauche d’artisans itinérants, qui apportaient avec eux des récits de régions lointaines, tout cela devait être, en ces temps reculés, un événement exceptionnel.

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Des siècles d’obscurité -relative- n’avaient pas effacé le souvenir des églises primitives, les basiliques, et des formes d’architecture employées par les Romains. Le plan adopté était généralement le même : une nef centrale conduisant à une abside ou chœur, flanqué de deux ou quatre bas-côtés. Parfois, certaines adjonctions venaient enrichir la simplicité de ce plan. L’idée plut à certains architectes de construire des églises en forme de croix, et c’est ainsi qu’ils ajoutèrent, entre le chœur et la nef, ce que l’on nomme un transept. Malgré la parenté du plan, l’impression générale produite par une église romane ou normande est bien différente de celle d’une basilique. Dans les basiliques primitives,  des colonnes classiques portent un entablement horizontal. Dans les églises romanes et normandes, on rencontre le plus souvent des arcs en plein cintre reposant sur des piliers massifs. L’impression d’ensemble, à l’intérieur comme à l’extérieur,  est celle d’une force tranquille. Peu de décors, peu de fenêtres, de solides murs pleins et des tours qui font penser aux forteresses contemporaines.

Ces puissantes masses de pierre élevées par l’Eglise, presque comme un défi, dans des pays d’agriculteurs et de guerriers récemment convertis, sont comme un véritable symbole de l’Eglise militante. Elles rappellent qu’en ce monde, le devoir de l’Eglise est de combattre les puissances de ténèbres, jusqu’à l’heure du jugement dernier.

 

(photo: abbaye de Durham, Angleterre)