25/02/2010
le niveau monte
Xavier, instituteur dans le 9-3 : "On rackette pour un goûter"
"Dans mon école, on rackette pour un goûter, une trousse ou un stylo à plume. J'ai déjà retrouvé un poing américain dans un cartable, un pistolet à plombs dans un pupitre. Nous avons des enfants qui font l'objet de 25 ou 30 fiches de signalement pour violences. Un jour, c'est un élève qui tente d'étrangler son voisin, une autre fois un enfant qui balance son ardoise sur l'institutrice ou lui crache dessus. Il est souvent arrivé, après une bagarre dans la cour, que l'on doive appeler les pompiers en urgence.
Il y a quelques années, il a fallu quatre enseignants pour maîtriser un élève qui était en train de cogner la tête d'un autre contre le sol. Nous savons que certains d'entre eux sont sous calmants. J'ai des enfants de onze ans qui sont plus grands et plus costauds que moi. Nous gérons cette violence tant bien que mal, mais à quel prix ! Certains collègues sont en dépression, d'autres se sont mis en disponibilité. Heureusement, on se serre les coudes. Lorsque l'un de nous rencontre un problème dans sa classe, nous venons tous à la rescousse. Dès que les familles en ont la possibilité, elles déménagent ou mettent leurs enfants dans le privé. Du coup, nous concentrons les cas lourds. Nos écoles sont devenues des ghettos."
Pourquoi?
d'aprés Milner:
« Sait-on qu'il y a deux querelles scolaires et que la plus célèbre -séparant l'école publique de l'école privée- n'est ni la plus vraie ni la plus acharnée ? Sait-on qu'une autre querelle, traversant l'école publique elle-même, y oppose les amis du savoir à ceux qui, sous couvert de gestion, de pédagogie ou de dévouement, en réalité les haïssent ? Sait-on qu'il n'y a depuis 1945, qu'une seule et même Réforme et que les gouvernements, qu'ils se réclament de la droite ou de la gauche, ont tous la même politique : mettre en place cette Réforme unique et tentaculaire ? Sait-on que cette dernière est radicalement hostile à toute école et à tout savoir ? » (JC Milner, De l'école, 1984)
Une constante quand je discute avec des profs, quel que soit leur âge, c'est leur conscience du désastre scolaire. Je répète, leur conscience du désastre scolaire. Hormis quelques crétins enthousiastes ou incapables de déroger au politiquement correct, l'écrasante majorité des enseignants que je vois (et j'en vois beaucoup, qui se livrent à moi -je ne dois pas être un mauvais recorder) sont effarés par la dégradation de l'institution scolaire, l'ensauvagement des élèves et la déculturation de leurs collègues. Finalement, j'ai l'impression que ce constat est partagé par la quasi-totalité de mes contemporains hormis ques pitres du genre Bégaudeau ou Lang (les premiers à mettre leurs gamins à l'abri à l'école Alsacienne ou ailleurs).
Un exemple qui vaut ce qu'il vaut: le collège ou j'étudiais dans les années 80 et qui était alors relativement sélectif (la quasi-totalité des gars qui étaient avec moi ont fait des grandes écoles) dans un quartier de petite et moyenne bourgeoisie (fils d'enseignants, artisans, etc.) est aujourdhui à 99% marocain et s'est distingué il y a 3 ans en figurant parmi les collèges les plus violents du Languedoc-Roussillon.
Un autre exemple qui nous a bien fait marrer: j'ai fais refaire une plaque professionnelle récemment chez un gars qui a repris récemment l'activité de graveur d'un vieux que je connaissais, extrêmemnt pointilleux, professionnel jusqu'au bout des ongles qui fignolait son travail. La boutique de ce crétin moderne est une merveille décorée de plaques pro, annonces diverses comportant quasiment à chaque ligne au moins une faute d'orthographe; par exemple "aréoport" ou "cardiolodgie" ou "deuvis sans frais", etc...Je me rappelle avoir pensé au roman de SF écrit par Wells (C'était demain) ou un explorateur du temps écrase malencontreusement un papillon dans les temps préhistoriques et découvre à son retour que l'orthographe a changé radicalement; j'avais l'impression de débarquer d'un autre monde. (d'ailleurs c'est un sentiment assez fréquent pour le conservateur que je suis...).
"Les dirigeants réunis à San Francisco (Mikael Gorbachev, George H W Bush, Margaret Thatcher, Vaclav Havel, Bill Gates, Ted Turner, etc.) sont arrivés à la conclusion que l'arrivée de la dénommée Société 20/80 (basée sur le principe de la Loi de Pareto) est inévitable, celle dans laquelle le travail de 20% de la population mondiale sera suffisant pour soutenir la totalité de l'appareil économique de la planète. La population restante (80 %) s'avèrera superflue, et, ne disposant pas de travail ni d'aucune forme d'occupation, nourrira une frustration croissante.
Brzeziński proposât alors le tittytainment, un mélange d'aliment physique et psychologique, pour endormir les masses et contrôler leurs frustrations et protestations prévisibles. Brzeziński définit le tittytainment, comme une combinaison des mots anglais "tits" ("seins" en jargon américain) et "entertainment". Ce mot ne doit pas être appréhendé avec sa connotation sexuelle, il fait allusion à l'effet calmant, anesthésiant de l'allaitement maternel sur le bébé." (source)
Alors quoi?
La fin d'un cycle, assurément, le début d'autre chose. Autant le savoir.
21:19 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : en, école, milner, brzezinzki, tittytainment