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29/03/2012

populisme vs compassion

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«  (…) La meilleure façon de comprendre les conflits culturels qui ont bouleversé l’Amérique depuis les années 60 est d’y voir une forme de guerre des classes, dans laquelle une élite éclairée (telle est l’idée qu’elle se fait d’elle-même) entreprend moins d’imposer ses valeurs à la majorité (majorité qu’elle perçoit comme incorrigiblement raciste, sexiste, provinciale et xénophobe), encore moins de persuader la majorité au moyen d’un débat public rationnel, que de créer des institutions parallèles ou « alternatives »dans lesquelles elle ne sera plus du tout obligée d’affronter face à face les masses ignorantes. »

«  (…) De nos jours, la croyance est largement répandue, du moins chez les membres de la classe charitable [éprise de l’idéologie de la compassion] que les normes sont, par essence, oppressive, que, bien loin d’être impersonnelles, elles exercent une discrimination contre les femmes, les Noirs et les minorités en général. On nous dit que les normes reflètent l’hégémonie culturelle des DWEM (dead white european males/ hommes européens blancs et morts). La compassion nous oblige à reconnaître l’injustice qu’il y a à les imposer à tous les autres.

Quand l’idéologie de la compassion mène à ce type d’absurdité, il est temps de la remettre en cause. La compassion est devenue le visage humain du mépris. Autrefois la démocratie sous-entendait l’opposition à toutes formes de normes inégales. Aujourd’hui nous acceptons les normes inégales –comme toujours elles anticipent la citoyenneté à deux vitesses- au nom du souci humanitaire. Comme nous avons renoncé à l’effort d’élever le niveau général de compétence, -ce qui était la signification ancienne de la démocratie- nous nous satisfaisons de l’institutionnalisation de la compétence dans la classe charitable, qui s’arroge la tâche de s’occuper de tous les autres.

Dans l’idée que je m’en fais, le populisme souscrit sans équivoque au principe du respect. C’est entre autres pour cette raison que l’on doit préférer le populisme au communautarisme, trop prompt au compromis avec l’Etat providence et à adhérer à son idéologie de la compassion. Le populisme a toujours rejeté une politique fondée sur la déférence aussi bien que sur la pitié. Il est attaché à des manières simples et à un discours simple et direct. Les titres et autres symboles d’un rang social éminent de l’impressionnent pas, pas plus que les revendications de supériorité morale formulées au nom des opprimés. Il rejette une « option préférentielle pour les pauvres » si cela signifie traiter les pauvres comme les victimes impuissantes des circonstances, les exempter de toute possibilité d’être tenus pour responsables, ou bien excuser leur faiblesse au motif que la pauvreté porte avec elle une présomption d’innocence. Le populisme est la voix authentique de la démocratie. Il postule que les individus ont droit au respect tant qu’ils ne s’en montrent pas indignes, mais ils doivent assumer la responsabilité d’eux-mêmes et de leurs actes. Il est réticent à faire des exceptions ou à suspendre son jugement au motif que « c’est la faute à la société ». Le populisme est enclin aux jugements moraux, ce qui, de nos jours, semble en soi péjoratif, marque suffisante de l’affaiblissement de notre capacité à juger de manière discriminante par le climat moral de « souci » humanitaire. »

Christopher Lasch, La révolte des élites, 1995.

 

Lire aussi ce billet de Drac, bien éclairant:

"(...) Commençons par rappeler que l’Union Européenne n’est ni unie, ni européenne. Elle n’est pas unie, et les tensions récentes entre ses membres ont bien montré que c’était plus un conglomérat d’intérêts cherchant péniblement à se coordonner qu’une union en bonne et due forme. Et elle n’est pas européenne, puisque ses instances dirigeantes sont, en pratique, conditionnées par une infernale industrie du lobbying dans laquelle excellent les principaux concurrents géostratégiques de l’Europe, c’est-à-dire les anglo-saxons.

En pratique, l’Union Européenne n’est, pour l’instant, que la courroie de transmission du mondialisme sous dominance anglo-saxonne. La mise sous tutelle des budgets nationaux signifierait concrètement que le Pouvoir, dans la sphère économique, achève d’échapper au suffrage populaire, et qu’il se concentre entièrement entre les mains des grandes multinationales, et principalement, en dernière analyse, entre les mains des acteurs les plus puissants de la haute finance occidentale. En gros, c’est la dictature des banques.

La solution réside dans la révolte des peuples. J’espère, pour notre avenir à tous, que cette révolte sera européenne, et pas simplement française. Mon analyse est que la clef de l’histoire se trouve en Allemagne : combien de temps les Allemands accepteront-ils, en gens trop disciplinés qu’ils sont, de marcher au pas vers l’anéantissement programmé de leur propre nation, et avec elle, de tout le continent européen ? Dans quelle mesure les élites allemandes sont-elles devenues incapables de penser un destin autonome face à leur conquérant anglo-saxon ? Voilà les questions que je me pose avant tout. Je l’avoue, je pense que si nous devons avoir une chance de changer le cours de l’histoire, en Europe, cela partira de France, de la révolte française… mais si cette révolte ne passe pas le Rhin, elle échouera. Voilà mon analyse.

Quant au protectionnisme, c’est évidemment nécessaire. Encore faut-il que cela soit fait autant que possible à la bonne échelle, qui est à mon avis européenne, et intelligemment, c’est-à-dire de manière coordonnée avec une Chine qui, au demeurant, est en train de développer, à présent, son marché intérieur. D’une manière générale, l’espoir aujourd’hui vient de l’Est. Le temps est passé, où l’Amérique était pour nous une solution, et l’Est une menace. Tout s’est inversé. Et tout restera inversé, à moins que le peuple américain ne parvienne à se débarrasser de la bande de dingues, de corrompus et de traîtres qui lui sert présentement de classe dirigeante."


podcast
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Invitation Printemps des bloggeurs.pdf

^^ on lit Hoplite à LCI...mais comme disait Debord:« Nous ne pouvons construire que sur les ruines du spectacle »...pas le moment d'y participer.

30/11/2009

faille

La Rapporteur spéciale de l'ONU pour la liberté de religion s'est montrée aujourd'hui «profondément inquiète» et elle a insisté sur le fait que le Comité des droits de l'homme a récemment prévenu la Suisse qu'une telle décision est contraire aux obligations de la Suisse en vertu du droit international dans le domaine des droits de l'homme.

En France, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'est déclaré lundi «un peu scandalisé». «J'espère que les Suisses reviendront sur cette décision assez vite», a-t-il ajouté parlant d'une «expression d'intolérance».

Son collègue du gouvernement, Hervé Morin, ministre de la Défense, a estimé «gênant» que le référendum devienne «un facteur de populisme». «Il y a d'abord un problème de forme parce que ce sont des questions compliquées qui n'appellent pas une réponse simple», a expliqué le président du Nouveau Centre.

Au PS, le porte-parole Benoît Hamon a déploré «une décision inquiétante».

Le chef de l'UMP, Xavier Bertrand, a estimé de son côté que la question de l'interdiction des minarets ne se posait pas en France.

Les protestants disent : « il est inadmissible que des minorités religieuses doivent maintenant s'attendre à une inégalité de traitement. »

Les catholiques précisent : « l'interdiction de la construction de minarets ne contribue pas à une saine cohabitation des religions et des cultures, mais au contraire la détériore. (...) la paix religieuse ne vas pas de soi, elle doit toujours être défendue ».

Ad lib.

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Ne cherchez pas, Christopher Lasch a déjà tout dit là-dessus :

« Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l'ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c'était la révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie. Dans une mesure inquiétante, les classes privilégiées -les 20% les plus riches de la population, pour prendre une définition large- ont su se rendre indépendantes non seulement des grandes villes industrielles en pleine déconfiture mais des services publics en général. Elles envoient leurs enfants dans des écoles privées, elles s'assurent contre les problèmes de santé en adhérant à des plans financés par les entreprises où elles travaillent et elles embauchent des vigiles privés pour se protéger contre la violence croissante qui s'en prend à elles. Elles se sont effectivement sorties de la vie commune. Les mêmes tendances sont à l'oeuvre dans le monde entier. En europe, les référendums qui se sont tenus sur la question de l'unification ont révélé une faille profonde et qui va en s'élargissant entre le monde politique et les membres plus humbles de la société qui redoutent que l'UE ne soit dominée par des bureaucrates et des techniciens dépourvus de tout sentiment d'identité ou d'appartenance nationale. Une Europe gouvernée de Bruxelles sera de leur point de vue de moins en moins sensible au contrôle des peuples. Le langage international de l'argent parlera plus fort que les dialectes locaux.

Ce sont ces peurs qui sont sous-jacentes à la résurgence des particularités ethniques en Europe, tandis que le déclin de l'Etat-nation affaiblit la seule autorité capable de maintenir le couvercle sur les rivalités ethniques. Par réaction, la renaissance du tribalisme renforce le cosmopolitisme chez les élites. » (Christopher Lasch, La révolte des élites, 1996)

14/09/2008

Lasch

« De nombreux militants de gauche s’insurgent encore contre la famille autoritaire, le moralisme anti sexuel, la censure littéraire, la morale du travail et autres piliers de l’ordre bourgeois, alors que ceux-ci ont déjà été sapés ou détruits par le capitalisme avancé. Ces radicaux ne voient pas que la personnalité autoritaire n’est plus le prototype de l’homme économique. Ce dernier a lui-même cédé la place à l’homme psychologique de notre temps -dernier avatar de l’individualisme bourgeois. »

(C. Lasch, La culture du narcissisme, éd climats, 2000, p 24)