10/08/2014
Levi-Strauss et les barbares
"L'avènement de la barbarie n'amène pas la fin d'une civilisation. Ce que vous désignez sous le terme de barbarie, du point de vue d'une civilisation, est civilisation. C'est toujours l'autre qui est barbare."
Il n'y aurait donc pas de barbarie en soi? La distinction entre barbarie et civilisation ne serait donc que conventionnelle? Le journaliste conduisant l'interview a du mal à cacher son étonnement et fait remarquer à Levi-Strauss: "Ici, il s'agit de l'hitlérisme..."
Levi-Strauss répond alors: "Ils (les Hitlériens) se considéraient comme la civilisation. Imaginez qu'ils aient gagné. Il en aurait résulté un ordre que nous appellons barbare et qui, pour eux, aurait été une grande civilisation. (...) Même si les Juifs avaient été éliminé de la surface de la terre -je me place dans l'hypothèse du triomphe de l'Hitlérisme-, est-ce que ça compte au regard des centaines de millénaires ou des millions d'années? (...) Si l'on regarde cette période avec la curiosité d'un ethnologue, il n'y a pas d'autre attitude que de se dire; "une catastrophe s'est abattue sur une fraction de l'humanité dont je fait partie.""
Cité par Jean Brun, Les promesses du temps, Stock 1990, p346.
photo: forme(s) de civilisation contemporaine
21:00 | Lien permanent | Commentaires (67) | Tags : levi-strauss, barbares, bombasses
17/05/2009
prix à payer
« Ce sont les formes de culture qu’adoptent ici ou là les hommes, leurs façons de vivre telles qu’elles ont prévalu dans le passé ou prévalent encore dans le présent, qui déterminent dans une très large mesure, le rythme de leur évolution biologique et son orientation. Loin qu’il faille se demander si la culture est ou non fonction de la race, nous découvrons que la race –ou ce que l’on entend généralement par ce terme- est une fonction parmi d’autres de la culture. » (1)
« (…) Nulle inconséquence, pourtant, ne saurait être reprochée à Lévi-Strauss. On ne voit pas par quel enchantement des hommes enfoncés chacun dans sa culture seraient saisis d’une passion spontanée pour les genres de vie ou les formes de pensées éloignées de leur tradition. Si, d’autre part, la richesse de l’humanité réside exclusivement dans la multiplicité de ses modes d’existence, si l’honneur d’avoir crée les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie, ainsi que l’écrit Lévi-Strauss et comme le disent en d’autres termes les grandes professions de foi de l’UNESCO, alors la mutuelle hostilité des cultures est non seulement normale mais indispensable. Elle représente le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leurs propres fonds, les ressources nécessaires à leur renouvellement. (2) » (3)
(1) Lévi-Strauss, Race et culture, 1983.
(2) Idem.
(3) La défaite de la pensée, A Finkielkraut, 1987.
10:31 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lévi-strauss, finkielkraut, unesco, races, cultures