26/05/2007
Judas, traîtres et transfuges : girouettes et immobiles…
« Besson, le traître étalon. » (Libération, lundi 23 avril 2007)
« Il faut rappeler que le 6 mai, Ségolène Royal, battue, avait téléphoné à Nicolas Sarkozy d'une part pour le féliciter, d'autre part pour lui glisser sa colère d'avoir vu l'UMP "récupérer" Eric Besson qu'elle surnomme en privé "Judas"» (http://www.europe1.fr)A l’automne 1815, peu après la deuxième Restauration, au lendemain des Cent-Jours et de Waterloo, parut un Dictionnaire des girouettes. On en était au douzième changement brutal de régime et de pouvoir depuis 1789. Le dictionnaire réunissait les biographies d’hommes politiques célèbres, de hauts fonctionnaires, d’académiciens, d’évêques ou de généraux en activité depuis la Révolution. Rappelant leurs discours ou leurs serments après divers retournements, chaque reniement étant figuré par une girouette. Ce dictionnaire comptait un millier de nom, dont Talleyrand ou Fouché, qui comptabilisaient chacun le chiffre record de douze girouettes ! La moyenne étant de trois…
Peu de temps plus tard, devant le succès de ce premier ouvrage, parut un Dictionnaire des immobiles , c’est-à-dire des personnages qui ne s’étaient jamais reniés ! L’auteur eut les plus grandes difficultés à trouver trente noms, dont un seul était célèbre, la marquis de La Fayette.
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« Vers 1935, on commence à s’agiter dans le rôle d’un petit jeune homme de l’Action Française. On est cagoulard en 1938, pétainiste pur et dur jusqu’à la fin de 1942, résistant l’année suivante ; Et l’on termine son parcours dans la peau d’un président socialiste de la république Française. » (Dominique Venner, Le siècle de 1914, p21)
Nombre de communistes engagés dans la lutte « anti fasciste », en 1939, serraient des boulons chez Messerschmitt en Allemagne, quelques mois plus tard…ou sabotaient l’effort de guerre Français avant qu’Hitler ne s’avise d’envahir l’URSS. Avant d’être célébrés comme des libérateurs durant l’été 1944.
Les mêmes Parisiens acclamèrent le Maréchal Pétain en avril 1944 et le Général de Gaulle quatre mois plus tard…
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En matière d’opinions, la plupart des hommes sont des caméléons pratiquant, sans état d’âme, des fidélités successives. Et l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Soumise aux modes et aux puissances qui, par chance, peuvent changer.
L’issue des deux guerres civiles qui se déroulèrent de 1914 à 1945 a décidé pour longtemps de l’avenir des Européens, de la forme de leur société et de leur s représentations. Or ces guerres auraient pu tourner autrement. Il s’en est même fallu de peu que les vainqueurs ne soient les vaincus. Si le sort des armes avait été différent, nous vivrions aujourd’hui dans un monde totalement autre, et les valeurs qui nous semblent respectables ou sacrées seraient ridiculisées ou oubliées au profit d’autres valeurs qui nous semblent haïssables et condamnables…La morale n’a rien à voir à cela, tant elle s’aligne sur les jugements et l’intérêt des vainqueurs. Et, à toutes les époques, seuls de rares esprits indépendants et téméraires, prennent le risque de penser librement contre l’opinion commune.
21:35 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : traîtres, judas, transfuges, communistes, pétain, de gaulle, antifasciste
Commentaires
Mais il n'a trahi aucune idéologie, puisque le PS n'a plus d'idéologie propre, mais n'est qu'une variante de la pensée dominante, libérale, individualiste et matérialiste. Besson le sait bien, sarko et Royal aussi.
Écrit par : Amaury | 27/05/2007
Sur le fond, la seule chose qui distingue vraiment notre gauche actuelle de la droite libérale, c'est une approche moralisante de la politique, qui constitue comme une profession de foi transcendante. Mais cette morale humaniste transcendante n'a que peu de prise sur les lourdes réalités sociales et civilisationnelles contemporaines ; y renoncer pour changer de clan n'a donc pas de lourdes implications dans la mise en oeuvre des mesures politiques, à mon avis (seule différence : la gauche accentue les redistributions = politique de commisération, pas remise en cause du système social et éco. ).
Que Hollande ait exclu Kouchner du PS, cela relève plus de l'anathème que d'une volonté de se désolidariser de ses futures initiatives politiques, qui ne seront pas bien différentes de ce qu'il aurait fait dans le cadre d'un gouvernement "socialiste". C'est aussi un moyen de ménager la fureur des ses alliés d'extrême-gauche... et d'éviter le ridicule complet !
Écrit par : Amaury | 28/05/2007
quant à ce qui distingue encore la droite de la gauche, ça mérite réflexion.
Écrit par : hoplite | 28/05/2007
Écrit par : hoplite | 28/05/2007
Écrit par : Pharamond | 29/05/2007
Écrit par : hoplite | 29/05/2007
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