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26/03/2008

Un âge d'or en islam?

Il y a quelques jours j’écrivais un court post, à chaud, sur les rapports entre Islam et Raison. A la relecture je m’aperçois que cette notion d’âge d’or de l’Islam est sans doute trompeuse et qu’il est sans doute utile de revenir sur cette brillante civilisation arabe.

L’Islam original est arabe car né en Arabie après la révélation faite au prophète Mahomet, simple bédouin chassé de la Mecque par ses pairs pour la ville de Yathrib- qui deviendra Médine. Ce premier islam, arabe par les hommes et la langue, va déferler sur toute la péninsule arabique puis l’ensemble du pourtour méditerranéen -non arabe- en moins d’un siècle, et jusqu’en Asie centrale, sur les bords de l’Indus qu’Alexandre avait atteint également.

Or bon nombre d’auteurs prompts à célébrer le miracle arabe, l’âge d’or islamique font la confusion -volontaire ou non- entre la langue, arabe qui s’est imposée à tous les peuples colonisés, et la civilisation arabo-musulmane : or la très grande majorité des auteurs musulmans qui ont fait cet « age d’or » par leurs écrits, leurs recherches, leurs traductions, n’étaient pas arabes, mais persans ou byzantins, chrétiens ou juifs…

Le mythe de la civilisation arabo-musulmane consiste à croire que ce sont les Arabes qui ont inventé les sciences et que c’est grâce à l’Islam qu’une brillante civilisation a pu voir le jour. Or ce mythe ne résiste pas à la réalité.

Depuis la sortie des Arabes hors de l’Arabie, apparaît en effet une civilisation flamboyante…mais qui flamboie de ses composantes étrangères : byzantine d’abord, puis persane. L’âge d’or de l’islam, c’est Byzance, dans un premier temps, et l’or de la Perse ensuite. L’islam civilisation désigne en réalité l’ensemble des emprunts faits aux convertis étrangers, voire aux dhimmis, c’est-à-dire aux juifs et aux chrétiens refusant la conversion à l’islam et  "protégés"/ rançonnés par les musulmans. La grande habileté des califes, Omeyyades, Abbassides et Sassanides puis enfin des thuriféraires de cet âge d’or de l’Islam –notamment en Occident,  fut d’avoir attribué ces emprunts à l’islam.

Mais si l’on a la curiosité de s’enquérir de l’origine des savants à qui l’on doit cette civilisation, on constate que la plupart d’entre eux ne sont pas arabes ni mêmemusulmans, même s’ils écrivent en arabe…Tous les lettrés de l’empire arabo-musulman écrivent alors en effet en arabe, quelle que soit leur confession et leur origine.

En fait cet humanisme arabe, cet âge d’or arabo-musulman n’a rien à voir avec l’ethnie concentrée dans la péninsule Arabique, pas plus d’ailleurs qu’avec le strict message de l’islam. Le mot arabe se réfère uniquement à la langue. Pour être honnête, il aurait fallu parler d’« humanisme en langue arabe », pour ne pas engendrer d’équivoque.

Durant cette brillante parenthèse, du IVème au Xème siècle, de Bagdad à Cordoue, en passant par Ispahan, Damas, le Caire et Fès, tous les intellectuels, les écrivains, les hommes de science utilisent la langue arabe pour parler de savoirs qui sont considérés comme étrangers, intrus, comme la philosophie Grecque, la médecine. Tout savoir écrit est d’expression arabe, qu’il émane de chrétiens, de juifs ou de musulmans.

Avicenne, effigie, à son corps défendant de cet âge d’or arabe mythique, en arabe Ibn Sinâ, né prés de Boukhara, serait aujourd’hui Ouzbek. Il fut toute sa vie persécuté par le pouvoir Turc sunnite car c’était un chiite, et traité en hérétique dans le monde musulman. C’est parce que ses œuvres furent traduites en latin à Tolède au XIIème siècle que l’Occident chrétien connut celui qui fut appelé Avicenna en français. La traduction latine des œuvres d’Avicenne a exercé une influence sur la pensée médiévale de l’Occident qui découvrait Aristote à travers les commentaires Avicenniens. Mais sans l’Occident, Avicenne serait resté un hérétique musulman sans gloire posthume, car considéré comme un « diable » par les juristes traditionnels de l’islam…

Parmi ces sciences dont la création est attribuée par beaucoup à l’islam, les mathématiques sont emblématiques. Elles furent en fait héritées de traditions antiques, principalement grecques et indiennes. « Au départ la branche des mathématiques, constituée par l’arithmétique, la science du calcul ou ‘ilm al hisab, fut tirée des textes grecs qui avaient été conservés par des chrétiens nestoriens irakiens ; Puis cela fut transformé considérablement par l’adoption de méthode de calcul et de notation numérique indiennes- y compris l’usage du zéro et de la numération décimale de position- qui furent combinées à des habitudes d’origine babyloniennes. » (1) La géométrie, autre branche des mathématiques se fonda sur la traduction, dés le IXème siècle, d’ouvrages grecs parmi  lesquels les Eléments d’Euclide. Le terme arabe al-jabr pour désigner l’algèbre laisse croire que les arabes auraient inventé l’algèbre alors que les procédés algébriques proviennent de sources plus anciennes babyloniennes et d’ouvrages grecs, hébreux et indiens. L’algèbre atteint son apogée grâce aux travaux réalisés en Iran, entre la fin du XIème et le début du XIIème siècle, par le fameux Omar Khayyam.

La médecine est également une science largement héritée de l’antiquité, pratiquée par des savants non musulmans ou récemment convertis, la plupart du temps extérieurs à la société islamique traditionnelle. Sachant que la plupart des écrits de grecs furent traduits en arabe par des  chrétiens orientaux, syriaques en particulier (le syriaque constituant la langue intermédiaire par excellence entre le grec et l’arabe). C’est grâce aux traductions d’Hippocrate et Gallien que les médecins en terre d’islam purent devenir les dignes successeurs des grecs. Et à cet héritage hellénique il faut ajouter l’héritage de l’Inde et de la Perse.

De façon générale, beaucoup d’intellectuels musulmans rédigèrent leurs œuvres en arabe mais ils n’étaient pas arabes, mais perses ou byzantins…Dans leurs écrits, on retrouve les idées de Platon, d’Aristote, de Gallien, de Porphyre, mais aussi la sagesse iranienne ancienne, la sagesse de l’inde, l’éthique arabe d’avant l’islam.

C’est effectivement l’émergence d’une civilisation prestigieuse -par ses avancées propres, son génie propre mais aussi par sa capacité à transmettre une partie de l’héritage culturel antique- mais qui a peu à voir avec les arabes et rien à voir avec l’islam ! Parce qu’elle est le fait, pour l’essentiel, de non arabes, qui étaient devenus la majorité au sein de l'empire arabo-musulman. L’ennui , c’est que cette civilisation brillante, née à l’ombre de l’islam mais d’origine étrangère comme on vient de le voir, fut toujours en concurrence avec l’islam religion, l’islam arabe des origines, car elle n’avait rien de musulman ni d’arabe.

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« Par un curieux acharnement à travestir le vrai, nos livres pour l’enseignement, des petites classes au lycées, s’appliquent à faire croire que les auteurs de l’antiquité ont tous sombré dans un noir oubli dés la chute de Rome et ne furent à nouveau connus en Occident que par les Arabes qui, eux, prenaient soin de les traduire. Ce n’est qu’au temps de la Renaissance, au réveil d’un sommeil de plus de mille années, que les humanistes, en Italie puis en France puis en Angleterre auraient pris le relais et étudié les textes grecs et romains. Vérité sans appel que toute sorte de romanciers, de polygraphes et de journalistes pour revues d’histoire ou de culture acceptent encore sans chercher à y voir d’un peu p^lus prés. Pourtant, tout est à revoir. On nous dit : « Sans les arabes, vous n’auriez pas connu Aristote!» C’est inexact, archi faux. Les leçons et les principaux ouvrages des savants, philosophes, poètes, dramaturges de l’Antiquité ne furent jamais, à aucun moment, ignorés des lettrés en Occident. Parler d’ « arabes » n’est pas seulement une facilité de langage mais une grave impropriété qui cache sans doute une mauvaise action, à savoir la volonté de taire la véritable identité des auteurs musulmans les plus féconds et les mieux connus, ceux qui ont le plus écrit en toutes sortes de domaines. C’étaient pour la plupart des Syriens, des Egyptiens ou des Espagnols qui, soumis par la conquête, avaient adopté la langue et l’écriture des maîtres. Les Perses, eux, avaient gardé leur langue.

En tout état de cause, les clercs d’Occident n’ont pas attendu les musulmans. Aristote était connu et étudié à Ravenne au temps du roi des Goths Théodoric et du philosophe Boèce, dans les années 510-520, soit plus d’un siècle avant l’Hégire. Cet enseignement, celui de la logique notamment, n’a jamais cessé dans les écoles cathédrales puis dans les toutes premières universités et l’on se servait alors de traductions latines des textes grecs d’origine que les érudits, les philosophes et les hommes d’Eglise de Constantinople avaient pieusement gardés et largement diffusés. Les traductions du grec en langue arabe et de l’arabe en latin, que l’on attribue généralement à Avicenne, Averroès et à Avicébron, sont apparues relativement tard, pas avant les années 1200, alors que tous les enseignement étaient déjà en place en Occident et que cela faisait plus d’un siècle que la logique, directement inspirée d’Aristote, était reconnue comme l’un des sept arts libéraux du cursus universitaire. (…) Ces traducteurs auxquels nous devrions tant, n’étaient certainement pas des Arabes et, pour la plupart, pas même des musulmans. Les conquérants d’après l’hégire ne portèrent que peu d’intérêt à la philosophie des grecs de l’antiquité dont les populations soumises, en Mésopotamie, en Syrie ou en Chaldée, gardaient pieusement les textes et les enseignements. (…) Pendant plusieurs centaines d’années, les grands centres intellectuels de l’Orient, Ninive, Damas et Edesse, sont restés ceux d’avant la conquête musulmane. La transmission du savoir y était assurée de génération en génération et les nouveaux maîtres n’y pouvaient apporter quoi que ce soit de leur propre. En Espagne, la ville de Tolède et plusieurs autres cités épiscopales ainsi que les grands monastères étaient des centres intellectuels très actifs, tout particulièrement pour les traductions de l’antique, bien avant l’invasion musulmane et la chute des rois Wisigoths. L’école des traducteurs arabes de Tolède est une légende, rien de plus.

En réalité, ces travaux des Chrétiens sous occupation musulmane n’étaient, en aucune façon, l’essentiel. Ils ne présentaient que peu d’intérêt. Les Chrétiens d’Occident allaient aux sources mêmes, là ou ils étaient assurés de trouver des textes authentiques beaucoup plus variés, plus sincères et en bien plus grand nombre. Chacun savait que l’empire Romain vivait toujours, intact, vigoureux sur le plan intellectuel, en Orient. Métropole religieuse, siège du patriarche, Constantinople est demeurée jusqu’à sa chute et sa mort sous les coups des Ottomans de Mehmet II, en 1453, un centre de savoir inégalé partout ailleurs. On n’avait nul besoin d’aller chercher l’héritage grec et latin à Bagdad ou à Cordoue : il survivait, impérieux et impérissable dans cette ville chrétienne, dans ses écoles, ses académies et ses communautés monastiques. Les peintures murales et les sculptures des palais impériaux contaient les exploits d’Achille et d’Alexandre. Les hommes d’église et de pouvoir, les marchands même, fréquentaient régulièrement Constantinople et avaient tout à y apprendre. Nos livres de classe disent qu’ils ont attendu les années 1450 et la chute de Constantinople pour découvrir les savants et les lettrés grecs ! Mais c’est là encore pécher par ignorance ou par volonté de tromper. C’est écrire comme si l’on pouvait tout ignorer des innombrables séjours dans l’Orient, mais dans un Orient chrétien de ces Latins curieux d’un héritage qu’ils ne pouvaient oublier. En comparaison, les pays d’islam n’apportaient rien d’équivalent. » (2)

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(1)Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l’islam, p. 551.

(2)Jacques Heers, L’histoire assassinée, p. 170, 171. Ed de Paris 2006.

Et aussi, pour ceux que cela intéresse, deux livres passionnants : Islam de Bernard Lewis et La schizophrénie de l’Islam de Delcambre.

 

Illustrations: en haut, Avicenne; en bas, siège de Constantinople.

Commentaires

quand bien même il y aurait eu un âge d'or il a été bref et suivi de 8 siècles au moins de stagnation voire de regression

Écrit par : Paul-Emic | 27/03/2008

l'âge d'or du colonisateur qui eut le génie d'adopter ses cultures brillantes soumises et de les unifier par la langue.
mais paradoxalement l'islam lui-même est sans doute responsable de l'arriération intéllectuelle et philosophique de toutes les sociétés musulmanes
à suivre

Écrit par : hoplite | 28/03/2008

Il ne faut pas non plus sous estimer l'interet que pouvait porter les arabes conquerants aux nouvelles technologies qui pouvaient leur donnees la superiorité guèrrière. ils ont meme dans le coran invité le croyant a s'interreser au chose de dieu (physique etc), certainement aussi dans l'idée d'une supperiorité de savoir et de prestence.
Aussi pour moi le coran est un espèce de code justinnien (an 537) à la mode judeo chretienne (confession de la première femme de mahomet, plus vieille que lui et donc influente). L'admiration pour la culture byzantine et leur religion, l'amour de ses tribus arabes trop belliqueuses à son epoque se serait confondu dans son incontient et dans des acces narcissiques lui aurait dicté le coran (phenomène delirant bien connu en psyciatrie moderne). Ce qui n'entache en rien l'etat de prophete et la qualités general du texte. Pour ce qui est des erreur semantique en voila une: Je trouve le therme kamikaze bien galvaudé pour qualifier nombres d'attentas terroristes perpetrés par les islamistes. En effet le kamikaze etait à la base un combattant japonais qui chargeait son avion d'explosifs pour aller s'ecraser sur les navires de guerres americains. En pleine bataille, dans une guerre declarée, au prix de multiples manoeuvres aeriénnes, evitant les charges anti aériennes ennemies; le kamikaze, dans la plus pure tradition guerrière japonnaise, finissait sa vie heroiquement en detruisant le maximum de forces militaires ennemis. Les kamikazes de maintenant detournent des avions civils se font sauter aux check points, dans des metro et des bus et tuent un maximum de non combattants (parfois meme leur frère de religion). Quel courage guerrier! Comment peut-on qualifié ses terroristes de kamikazes? Ces gens, dont l'institualisation des principes cohercitifs de la religion a entrainé l'interdiction de profiter des bienfait de notre société occidentale, plutot que de constater l'etat d'inferiorite d'aissance au quotidien dans lequel elle a amenée leur semblable et eux mémes, préfèrent garder les principes de leur ancètres (fierté des origines) et se suicider en faisant le plus de mal possible a une société qu'ils tiennent pour responsable de leur inferiorité de bonheur au quotidien (narcissisme exacerbé suivi d'une depreciassion sociales et ceux ci preferant normalement l'au delà au plaisir terrestre!). "Avec notre philosophie de merde nous serons jamais aussi attirant que vous mais par la force et la peur et la conviction de nos soldats vous rejoindrez notre niveau" pourraient se dire ces terroristes. En plus il ne peuvent quitter leur religion que par la mort; et en mourrant en martyr, ils accédent au paradis, qui soit dit en passant, decrit comme il l'est dans leur livre, sur certain point, ressemble beaucoup à certaines vies d'occidentaux normaux. De quel droit un cretin des montagnes d'afganistan devrait nous dicter ses lois islamiques.quand en méme temps des milliers de musulmans quittent leur pays pour nos democratie occidental, l'inverse n'existant presque pas. serait ce l'incapacité genetique de ces hommes a devellopper leur pays pour y trouver le bonheur?, ou la phylosophie ambiente qui les astreindraient?. Ces terroristes ne sont ni des musulmans (il tuent leur frère de religion) ni des kamikaze et les thermes derivé de la culture pré islamiques de razzieur et d'assassin suicidaire leur conviendrait mieux. Le coran est un texte complet et souvent semer de point de vue trés interressant ( nietzche en faisait l'eloge) ceux qui en prennent seulement les principes guerrier et narcissiques les sortant de leur contexte sont souvent les garrant de cette religion dont la branche dure serait ces fameux islamistes. Pour les pires connard qui voudraient nous convertir pour qu'on soit aussi malhereux qu'eux pas pas besoin de bombes humaines on en a deja ( karen mulder) en europe on prefere les referundum
Enfin pour conclure je dirais que la philosophie occidental est aux chiottes a l'occidental ce que la philosophie coranique est au chiotte a la turc c'est à dire plus confortable (quand meme!!)

Écrit par : syd | 28/03/2008

belle métaphore sur les chiottes, syd

Écrit par : hoplite | 28/03/2008

C'est vrai que le point commun entre l'islamisme et le communisme c'est qu'ils sont un nivellement par le bas.

Écrit par : Cadichon | 30/03/2008

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