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28/04/2008

Christianisme

« C’est le christianisme qui a créé la civilisation occidentale. Si ceux qui suivaient Jésus étaient demeurés une obscure secte juive, la plupart d’entre vous n’auriez pas appris à lire et les autres liraient des rouleaux copiés à la main. Sans une théologie engagée en faveur de la raison, du progrès et de l’égalité morale, le monde entier en serait aujourd’hui là ou en étaient les sociétés non occidentales aux environs de 1800 ce serait un monde plein d’astrologues et d’alchimistes mais sans scientifiques. Un monde de despotes manquant d’universités, de banques, d’usines, de paires de lunettes, de cheminées et de pianos. Un monde ou la plupart des bébés n’atteindraient pas l’âge de 5 ans et où de nombreuses femmes mourraient en couches, un monde vivant véritablement à « un âge des ténèbres ».

Le monde moderne a pris son essor seulement dans les sociétés chrétiennes. Pas en terre d’Islam. Pas en Asie. Pas dans une société « sécularisée », il n’y en avait pas. Et toute la modernisation qui a depuis gagné l’extérieur de la chrétienté a été importée d’Occident, souvent amenée par les colonisateurs et les missionnaires. Malgré tout, de nombreux apôtres de la modernisation présument qu’étant donné l’exemple que donne l’Occident, des progrès similaires peuvent aujourd’hui être obtenus non seulement sans christianisme mais même sans liberté ni capitalisme, que la mondialisation va pleinement répandre les connaissances scientifiques, techniques et commerciales sans qu’il y ait le moindre besoin de recréer les conditions sociales ou culturelles qui leur ont donné le jour. (…)

Il parait douteux qu’une économie moderne efficace puisse être crée sans adopter le capitalisme, comme cela a été démontré par l’échec des économies dirigées de l’Union soviétique et de la Chine. Les soviets ont pu placer des fusées sur orbite mais ils ne pouvaient pas assurer de façon fiable l’approvisionnement en oignons de Moscou. Quant à la Chine, il a fallut que meurent des millions de gens pour prouver que l’agriculture collectiviste est improductive.  Aujourd’hui que le capitalisme prospère dans nombre de nations récemment libérées de l’oppression communistes, il reste à voir si ces nations peuvent offrir la liberté sans laquelle un capitalisme efficace est impossible.

A dire vrai, faute à la fois de liberté et de capitalisme, les nations musulmanes restent à l’état de semi féodalité, incapables de produire la plupart des objets qu’elles utilisent dans la vie quotidienne. Leur niveau de vie exige des importations massives réglées avec l’argent du pétrole, exactement comme l’Espagne a joui des fruits de l’industrie d’autres pays tant que l’or et l’argent du Nouveau monde l’ont maintenue à flots. Sans droits de propriété assurés ni liberté individuelle substantielle, il ne peut pas pleinement émerger de sociétés modernes.

Mais si la modernisation a encore besoin du capitalisme et de la liberté, qu’en est-il du christianisme ? D’un côté, on peut solidement arguer que bien que le christianisme ait été nécessaire pour l’émergence de la science, la science est à présent si bien institutionnalisée qu’elle peut se passer du parrainage du christianisme. Il en va de même de la foi dans le progrès. (…) D’un autre côté, si le christianisme n’a désormais plus de rapports avec la modernisation, pourquoi continue-t-il de se répandre si rapidement ? Le fait est que le christianisme est bien plus rapidement en passe de mondialisation que la démocratie, le capitalisme ou la modernité. (…) L’Afrique est en train de devenir chrétienne si rapidement qu’il y a bien plus d’Anglicans au sud du Sahara qu’en Grande-Bretagne ou en Amérique du Nord.

Il existe de nombreuses raisons pour que les gens adoptent le christianisme, y compris sa capacité à nourrir une foi profondément émotionnelle et existentiellement satisfaisante. Mais un autre facteur significatif est le fait qu’il fasse appel à la raison et qu’il soit si indissolublement lié à l’essor de la civilisation occidentale. Pour beaucoup de non européens, devenir chrétien revient intrinsèquement à devenir moderne. Il est ainsi tout à fait plausible que le christianisme reste un élément essentiel dans la mondialisation de la modernité. » (1)

 
                                                          *

 « L’une des choses qu’on nous demandait d’examiner était ce qui expliquait le succès, et à vrai dire la position dominante, de l’Occident dans le monde. Nous avons étudié tout ce que nous avons pu d’un point de vue historique, politique, économique et culturel. Au début nous pensions que c’était parce que vous aviez de meilleurs canons que nous. Puis nous avons pensé que c’était parce que vous aviez le meilleur système politique. Ensuite nous nous sommes focalisés sur votre système économique. Mais au cours des vingt dernières années, nous nous sommes rendu compte que le cœur de votre culture est votre religion : le christianisme. C’est pour cela que l’Occident est si puissant. Le fondement moral chrétien de la vie sociale et culturelle a été ce qui a rendu possibles l’émergence du capitalisme et ensuite la transition réussie vers une vie politique démocratique. Nous n’avons aucun doute la dessus. » (2)

                                                            * 

Contrairement aux idées reçues, l’Europe a dominé le monde dés l’époque dite « obscure » du Moyen âge. Pour expliquer cette domination, nous avons pris l’habitude de souligner ses avantages géographiques et démographiques (cf l'opus de Jared Diamond, De l'inégalité des sociétés). Pourtant, l’explication première pourrait résider dans la foi des Européens en la raison, dans l’engagement manifeste de l’Eglise dans la voie d’une théologie rationnelle qui a rendu possible les progrès.

Rodney Starck avance une idée révolutionnaire lorsqu’il affirme que le christianisme est directement responsable des percées intellectuelles, politiques, scientifiques et économiques les plus significatives du dernier millénaire. Lorsqu’il montre que la théologie chrétienne en est la source même. Les autres grandes religions ont mis l’accent sur le mystère, l’obéissance et l’introspection ; Seul le christianisme s’est ouvert à la logique et à la pensée déductive comme moyens d’accès aux lumières, à la liberté et au progrès. Au Vième siècle déjà, Saint Augustin célébrait le progrès théologique et « l’invention exubérante ».

Sans doute quelques unes des valeurs qui nous sont les plus chères aujourd’hui en Occident -le progrés scientifique, la démocratie, la liberté des échanges et la circulation des hommes et des idées- doivent largement leur universalité au christianisme vu comme tradition dont nous sommes tous les héritiers.

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(1) Rodney Starck, Le triomphe de la raison, p326, presses de la Renaissance 2007

 (2) Aikman david, Jesus in Beijing, how Christianity is transforming China and changing the global balance of power, Washington 2003, cité par R. Starck/ op cité.

 

 

 

Le retour à la raison, Man Ray. 

Commentaires

pour un hoplite je vous trouve assez dure envers vos compatriotes, en attribuant tout les bienfaits de l'occidents au christianisme. Rappellons, quand meme, Que les debuts des grands progres en occident sont arrivés avec les byzantins et les textes et travaux de leur ancetres. Rappellons aussi que jesus est né dans une prinvince grec fraichement romanisée, donc baignée de culture grec. rappelons qu'athenes a son appogées n'etait pas mal non plus.
illustation du post
En l’absence de toute autorité religieuse reconnue, chargée de valider les fatwas, chaque ouléma autoproclamé peut prétendre justifier ses décrets et les légitimer par ses propres interprétations du Coran ou de la Tradition.

C’est exactement ce dont souffrent de larges catégories de la population musulmane à travers le monde, et plus précisément en Occident. Pourtant, ces populations se sont réfugiées en Europe pour vivre la modernité et la liberté, fuyant l’autoritarisme religieux qui fait ravage dans leur pays d’origine.

La dernière polémique relatée par le site « Elaph.com » (29/12/207) en est une bien triste illustration, qui frôle le « ridicule », comme le fut la fatwa sur « l’allaitement des grands ». En effet, la dernière trouvaille concerne une fatwa qui interdit à la femme musulmane de pratiquer le vélo, car, selon les religieux qui la répandent, « enjamber la selle du vélo suscite chez la femme une excitation sexuelle, et le vélo devient, de ce point de vu, un objet prohibé ».

Les musulmanes vivant aux Pays-Bas n’ont pourtant pas le choix que d’utiliser le vélo, le moyen de transport le plus populaire en Hollande, avec plus de 30 millions d’unités dans le pays. D’autant plus que de nombreuses femmes peinent à s’offrir un permis de conduire et une voiture, et se retrouvent ainsi dans l’obligation d’apprendre à pédaler et de braver ces interdits. Les musulmanes les plus conservatrices respectent la fatwa à la lettre, et assimilent le vélo à un objet sexuel. Elles sont confortées dans leur approche par l’interprétation du cheïkh Kamal Al-Faïdy, qui estime que « la fatwa interdisant le vélo est exécutoire et doit être appliquée par toutes les femmes ». Pour lui, « la femme, bien qu’elle soit correctement voilée, risque de laisser apparaître certaines parties de son corps quand elle enjambe une selle de vélo, ce qui est en soi prohibé ». De plus, le religieux estime tout simplement que « le fait d’écarter les jambes d’une femme, pour pratiquer le vélo, est excitant sexuellement, et la femme doit s’abstenir… »

« Elaph.com » a interrogé plusieurs femmes musulmanes, d’origine somalienne, irakienne, algérienne ou marocaine... Elles sont partagées entre l’utilité du vélo, un outil de transport indispensable, la fatwa le prohibant, et les difficultés de l’apprendre et de le pratiquer. Ainsi, Hassiba, une marocaine, s’est retrouvée à l’hôpital après une chute due à sa robe, qui a coincé la chaîne du vélo... Malheureusement pour Hassiba et ses semblables, son accident peut conforter les religieux dans leur refus du vélo, à moins qu’ils imposent le vélo en short ou en bermuda !

Notons que plusieurs dizaines d’internautes ont réagi à cet article, sur « Elaph.com ». Les plus radicaux approuvent l’interdiction du vélo pour la femme, mais de nombreux intervenants rappellent que les femmes, durant les conquêtes musulmanes des premiers siècles, contribuaient au jihad à dos de chameaux dont la pratique est bien plus excitante sexuellement que le vélo. Et de ce fait, ils dénoncent l’auteur de la fatwa interdisant le vélo estimant qu’il contredit les pratiques des premiers compagnons du Prophète.

Traduction et synthèse de Randa Al-Fayçal

Écrit par : syd | 30/04/2008

Encore plus drole taper sur google une fatwa sur le football

Écrit par : syd | 30/04/2008

@syd, j'ai simplement trouvé cette vision de l'histoire de l'occident intéressante à considérer. et je partage l'avis de Starck sur l'importance du christianisme dans l'évolution unique-singulière- du monde occidental. même si le christianisme n'est pas seul en cause.
à rebours, donc, du mainstream culturel prompt à dénier au christianisme toute influence positive dans l'histoire, la culture des occidentaux.

Écrit par : hoplite | 01/05/2008

Le texte que vous citez est vrai dans les grandes lignes. Il faut cependant y apporter quelques précisions:

-lorsqu'on parle du christianisme comme la source de notre modernité, il ne faut pas oublier que c'est du christianisme OCCIDENTAL (catholicisme et protestantisme) dont il est question. Les pays orthodoxes n'ont jamais vécu une révolution culturelle, scientifique et technique comparable à la nôtre, ou du moins bien plus tard que nous. Probablement que le christianisme oriental, profondément mystique et liturgique, ne s'est que peu intéressé aux doctrines sociales que le christianisme occidental a fait siennes très tôt. L'invasion du champ laïque par l'"esprit chrétien" n'a pas vraiment eu lieu en Orient, où la religion est restée sagement enfermée dans sa sphère d'influence.

-plusieurs pays non occidentaux et non chrétiens, comme le Japon ou Taïwan sont bien plus développés que des pays chrétiens comme ceux d'Amérique Latine ou d'Afrique sub-saharienne. Le facteur religieux est donc très important mais peut être secondaire par rapport au fait ethnique.

Écrit par : Sampieru | 01/05/2008

@sampieru, cela me rappelle une remarque de Braudel, dans sa grammaire des civilisations, qui comparait l'évolution des anciennes provinces de l'empire romain en fonction de l'évolution religieuse. schématiquement il y avait un gradient de développement ds moins développés (islam) aux plus dévelopées (europe occidentale) en passant par des stades de développement intermédiaire dans les provinces d'europe centrale et orientales soumises à la doctrine orthodoxe.
et concernant l'amérique latine, il est intéressant de constater que son sous developpement relatif est sans doute lié à l'influence déterminante du catholicisme ibérique, beaucoup moins ouvert à la modernité-et aux lois du marché- que les pays chrétiens du nord qui colonisèrent l'amérique du nord avec le résultat que l'on sait.

Écrit par : hoplite | 01/05/2008

"et concernant l'amérique latine, il est intéressant de constater que son sous developpement relatif est sans doute lié à l'influence déterminante du catholicisme ibérique, beaucoup moins ouvert à la modernité-et aux lois du marché- que les pays chrétiens du nord"

Effectivement, c'est un facteur à ne pas négliger puisque les pays ibériques furent les derniers d'Europe occidentale à accéder à la modernité. Napoléon dut d'ailleurs faire démanteler l'Inquisition espagnole qui existait toujours au début du XIXe siècle...

Écrit par : Sampieru | 01/05/2008

"Etre puissant", est-ce une fin en soi? Me revient en mémoire la page de Montherlant tirée du Maître de Santiago où est jugé ce goût du toujours plus - croissez et multipliez, soumettez toute la terre - ce prosélytisme, maladie native du totalitarisme monothéiste... Oui, le christianisme est bien l'une des sources - je dis l'une - de notre monde tel qu'il roule aujourd'hui. Et à l'heure où cette soif de l'extension se retourne contre ce qui reste de notre identité, il est possible, sans doute, de comprendre qu'entre la "puissance" et l'identité, il faut faire un choix...

Écrit par : Ivane | 02/05/2008

en lisant le nouveau testament on peut remarquer beaucoup de similitude avec certains travaux grecs en matiere de philosophie et de poesie (heureux les..). les evangiles memes ont été majoritairement ecrites en langue grecque. Le nom meme de christianisme est grec. Si le christianisme etait une secte juive, jesus etait un juif instruit de la pensé grecs (son père, charpentier notable de l'epoque car devant connaitre les mathematiques, devait lui aussi s'interresser aux travaux des grecs).
Si nous devons considerer le christianisme comme un des bienfait de l'occident, c'est l'aspect reflechi rebelle et progressiste (opposition au obscurentiste pharisien), qui s'englobe dans l'hellenisme, (je pense!).
En ce qui concerne l'espagne, le faite d'etre les premiers adversaire des arabes, a renforcé et exalté chez eux les pensés les plus conservatrices, cohersitives. Renforcer les valeurs salutaires à la guerre, l'unité (donc reference unique au texte et aux theologiens: les inquisiteur), la ferveur religieuse, la crainte de dieu, la lutte pour le bien, la lutte contre trop de richesses et de luxure (attitude spartiates et finalement chretienne), leurs ont permis de bouter les musulmans hors d'espagne. Maintenant hors de danger les espagnols se relachent et ont une economie bien plus dynamique que la notre, et l'amerique du sud a un taux de croissance élevé et possede beaucoup d'entrprises equitables (descendantes direct de la chretienté). enfin et surtout les valeurs concervatrices de l'epoque les ont preservés du peril vert de maintenant. Nos courbes de croissances vont bientot se croiser.
pour Ivane
je ne me souviens pas qu'il soient dit dans le nouveau testament de croitre
puissance et identité, petite parabole, a l'heure de la mondialisation
si mes ancetre faisait du feux avec des silex, d'autres leurs ont appris des techniques superieurs, j' allume ma cigarette avec un briquet.
sans puissance l'identité sera trop fluctuante voir decadente.

Écrit par : syd | 02/05/2008

@ivane; le "toujours plus", la volonté de puissance et la course à la croissance seul indicateur de bonne santé de nos sociétés sécularisées et sans âme me semblent aussi dérisoires.
Faut-il, comme le fait A de Benoist pôner la décroissance, un changement de paradigme économique, sociétal? En ce qui me concerne je reste convaincu, comme nos ancètres grecs que l'important est que notre vie ait un sens et non qu'elle soit "heureuse".
Si la doctrine chrétienne est universaliste, comme l'islam, je crois que ce serait une erreur de lui attribuer l'entière responsabilité de ce mouvement globalisateur consumériste araseur des identités culturelles et profondément matérialiste au moment ou la tendance en europe est à la sécularisation. La mondialisation un avatar du christianisme?
Peut-être, mais cela n'était certainement pas l'esprit de la doctrine chrétienne qui a su intégrer trés tôt, bien avant Luther et les élucubrations de max weber, le capitalisme dans une perspective chrétienne. Cela étant, si c'est bien cette foi en la raison et le progrés des chrétiens qui ont permis l'extraordinaire essor de l'Occident, c'est aussi au nom de la raison et du progrés que les philosophes des Lumiéres ont chassé Dieu de nos sociétés avec, peut-être le résultat que l'on sait.
à suivre

Écrit par : HOPLITE | 02/05/2008

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