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05/12/2008

Tous les matins du monde

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" Le libéral est mécontent de tout régime; l'anarque en traverse la série, si possible sans jamais se cogner, comme il ferait d'une colonnade. C'est la  bonne recette pour qui s'intéresse à l'essence du monde plutôt qu'à ses apparences - le philosophe, l'artiste, le croyant. E Jünger, Eumeswill."

Pas facile la posture de l’anarque. Au passage, la métaphore de l’homme libre traversant la colonnade est lumineuse…

Mon dernier post au sujet de certains matins de merde en est le reflet. Je ne suis pas progressiste, pas décliniste non plus donc, c’est important de le préciser. Ca n’était pas mieux avant, et demain ne sera pas radieux, pas forcément tout au moins…

Et il n’y a pas un matin où je ne sois pas saisi –le mot est faible, plutôt pétrifié, meurtri, écoeuré- par le Spectacle de ce monde moderne haïssable par bien des aspects.

C’est dire à quel point il me reste du chemin pour atteindre ce détachement, cette vision supérieure du monde, cette weltanschauung du philosophe de l’artiste ou du croyant, au delà des apparences. Toucher à l’essence, tourner le dos à l’homo laborans et à l’homo faber, à l'hubris démocratique

" L'anarque [...] a le temps d'attendre. Il a son èthos propre, mais pas de morale. Il reconnaît le droit et non la loi; méprise les règlements. Dès que l'èthos descend au niveau des règlements et des commandements, c'est qu'il est déjà corrompu."

Comment vivre au milieu des autres, et au milieu de ruines pour qui regarde la longue durée, en n’étant pas affecté par la veulerie et la médiocrité de ce monde ?

Comment ne pas se sentir concerné? Comment passer au travers de la colonnade ? Faut-il s’en battre les couilles ? Faut-il être nostalgique ?

L’anarque est pleinement conscient du monde qui l’entoure et réagit au besoin favorablement ou pas. Il n’est pas indifférent à son milieu, il est d’une autre nature, d’une autre essence. Intouchable, à la fois proche et lointain, parce qu’il en a décidé ainsi…

L’anarque a son èthos (état d'âme) propre, indifférent à la loi commune. Comme Antigone affrontant Créon pour donner une sépulture à son frère, arguant de l’existence de lois supérieures à celles des hommes. Et finir emmurée. Je mesure ma corruption…

« La vie est trop courte et trop belle pour qu'on la sacrifie à des idées, bien qu'on puisse toujours éviter d'en être contaminé

Sûrement.

Commentaires

"Intouchable, à la fois proche et lointain, parce qu’il l’a décidé ainsi…"
Oui mais c'est plus facile dans les forêts de Wildflingen de se déclarer intouchable que là, ce soir, après que ma fille m'eut appris qu'elle apprenait une chanson de Yannick Noah à l'école pour la fête de Noël. Je veux dire que si on peut faire son deuil de ce qui est mort, il est bien difficile de ne pas chercher à construire "autre chose" puisqu'il va bien falloir continuer à mettre un pied devant l'autre...

Écrit par : Ivane | 05/12/2008

ben oui, c'est la difficulté...

mais "continuer à mettre un pied devant l'autre" n'est sans doute pas synonyme de "construire autre chose" que peut revendiquer tout anarchiste qui se respecte..conrairement à l'anarque qui passe entre les colonnes

Noah! tu es verni. oh oh, une bonne occasion de leçon sur l'évolution différenciée des races humaines, non?

Écrit par : hoplite | 05/12/2008

Tiens ! je viens de mettre ce billet en lien chez moi... avant de m'apercevoir que j'y étais moi-même en lien ! C'est l'anarque qui se mord la queue, si je puis dire...

Écrit par : Didier Goux | 05/12/2008

hé, hé

Écrit par : hoplite | 05/12/2008

hoplite,

Je te sens trop près de Jünger. Il faudra que tu t'en détaches un peu pour trouver ta propre voie. Quelque chose qui retiendra l'héritage de Jünger tout en y mettant de ta propre expérience.

Jünger appartient au XXe siècle, bien qu'il ait une pensée éternelle.

Méfie-toi des grandes idoles qui, un temps, nous font grandir et qui, plus tard, risquent de nous étouffer si on ne réussit pas à s'en détacher pour aller de l'avant.

Écrit par : Inukshuk | 05/12/2008

inuk, tu as raison. c'est pourtant une vieille connaissance mais je suis constamment retourné par la profondeur de sa pensée..;et par l'étrangeté du personnage.il y a peu d'auteurs qui me fassent cet effet.

ne t'inquiète pas je suis le produit de mes lectures et j'ai, dans ma grande inculture, (sans fausse modestie, je n'ai pas de culture littéraire structurée) trop de lectures en retard pour rester longtemps chez le même auteur. cela dit Junger est unique.

Écrit par : hoplite | 05/12/2008

J'ai longtemps été littéralement en admiration de Henry Miller. Presque un esclave de sa pensée. Je me suis même rendu à Big Sur et Pacific Palissades, juste pour respirer l'air qu'il y respirait de son vivant...

T'es pas tout seul, t'en fais pas!

Écrit par : Inukshuk | 05/12/2008

je partage ton admiration pour miller, un mec extraordinaire à bien des égards..
tu as même fait un pelerinage! gosh! (comme tu dis)
tcho vieux

Écrit par : hoplite | 06/12/2008

je parcours la réacosphère et je tombe sur votre blog, cet article est en somme le premier que je découvre et qui se tourne vers autre chose qu'un dégout pour ce qu'est notre monde, et j'ai grâce à la citation pu mettre un mot sur l'attitude que j'ai fait mienne depuis quelques années, je vous en remercie.

Écrit par : Maxime | 22/12/2008

de rien maxime
j'ai moi même mis du temps à découvrir la posture de l'anarque de Junger, à laquelle il m'arrive désormais de me référer..
bienvenue en tous cas.

Écrit par : hoplite | 22/12/2008

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