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08/06/2008

Régénération

Gageons que le Candide de Voltaire ou le Rica de Montesquieu découvrant notre société moderne ne manqueraient pas d’objets d’étonnement.

Un de ceux-ci pourrait être ce culte que semblent vouer nos contemporains, tout au moins ceux qui comptent en nos sociétés, au métissage.

Après avoir voué un culte authentique et naturel au Dieu des chrétiens pendant plus de mille cinq cent ans, puis honoré, de façon sans doute moins spontanée l’Être suprême ou la déesse Raison, puis un étrange objet venu de fort loin dans l’antiquité, la république, après deux empereurs puis deux souverains presque légitimes, voici que les Français décident de vouer un culte au nouvel être suprême, le Métis.

Nos deux visiteurs informés de la nature révolutionnaire et droitdelomesque de tout habitant de ce pays pourraient sans doute entrevoir là quelques contradictions, voire quelques éléments de schizophrénie.

 -en effet que pourrait désigner ce vocable lorsqu’il fait référence à des hommes alors même que chacun sait que, à l’inverse du règne végétal, les races humaines n’existent pas. Serait-il alors fait allusion à la couleur de la peau de nos contemporains ? Sans doute, admettons le.

Il faudrait donc y voir un encouragement au mélange des couleurs de peau, sans doute dans l’intention louable d’abolir toute distinction visible à l’œil, une sorte d’indifférenciation des couleurs, ce qui aboutit naturellement à l’uniformisation des hommes et à la réduction de la diversité des populations de ce beau pays.

Mais peut-être ce vocable fait-il plutôt référence aux différentes traditions, issues d’ethnies différentes, fondues depuis bien longtemps dans la culture française, et pas seulement à la couleur de la peau ?

-alors, se diraient-ils, pourquoi appeler en même temps les habitants de ce pays, et de façon apparemment contradictoire, au respect de la différence, au respect des autres cultures (ce que les indigènes en ces latitudes nomment multiculturalisme) et au métissage ? Pourquoi en même temps déployer tant d’efforts pour promouvoir la diversité alors que les mêmes hommes sont appelés joyeusement par leur prince et ses clercs à l’indifférenciation ? La contradiction saute évidemment aux yeux mais, curieusement, ne semble pas retenir l’attention de nos contemporains. Pourquoi ?

-peut-être en voyageant dans nos provinces, en lisant les quelques dépêches chargées de propager ce nouvel évangile du métissage, ils se diraient que, ces encouragements étant contradictoires, c’est qu’ils ne s’appliquent sans doute pas aux mêmes personnes, aux mêmes populations. Aux uns le respect de la diversité et des cultures d’origine, aux autres le devoir de métissage, de tolérance et d’accueil ? Sans doute. Mais alors, pourquoi établir pareille distinction entre habitants du même royaume, sachant qu’ils sont tous fils de la glorieuse Révolution™ et de l’Egalité entre les hommes™ ? Probablement ces deux voyageurs finiraient par rencontrer une belle âme qui leur expliqueraient que les populations autochtones les plus anciennes, par nature un peu frustes et peu enclines à l’Amour de l’Autre™, ont plus besoin d’être rappelées au devoir de partage et de métissage que les nouveaux venus, par nature chaleureux et généreux. Peut-être leur serait-il rappelé le vieux contentieux qui opposa les ancêtres de ces populations autochtones égoïstes à ceux des nouveaux venus lorsque les premiers tentèrent de s’emparer de leurs richesses et de leurs épouses sous le fallacieux prétexte de les émanciper ! Et par là même la dette imprescriptible des premiers à l’égard des seconds.

 

Nul doute que nos voyageurs ainsi édifiés ne verraient plus de contradictions dans cette situation en apparence irrationnelle et injuste vis-à-vis des plus vieux autochtones qui jusque là ne se doutaient pas qu’il puisse exister pareille culpabilité héréditaire et imprescriptible.

Mais alors dit l’un deux, ces nouveaux venus, si désireux de faire partager leur culture et leur couleur de peau, auraient aussi cette dette imprescriptible à l’égard de peuples martyrisés par certains de leurs ancêtres lorsqu’ils colonisèrent le tombeau du fils de Dieu, la Barbarie, la belle Sicile, l’Ibérie et la très belle province Lusitanienne ? Ou par d’autres qui vendirent nombre de leurs frères à la peau couleur de charbon et portant coton sur la tête à d’autres royaumes du même continent ou aux premiers qui durent rebrousser chemin après avoir rencontré l’armée des Hommes d’Europe sur la route de Tours ? Peut-être même une âme, particulièrement noire, pourrait-elle glisser à nos voyageurs que les ancêtres des habitants grincheux et crispés débarquèrent-ils précisément sur le continent noir pour mettre fin à ces barbaresques atroces qui mettaient en péril l’ensemble des populations littorales de Notre Mer, et qui permettaient aux fils du prophète et de son gendre d’alimenter en esclaves blanches et en petits garçons castrés les populations de cet Orient magnifique, dont l’éclat reste inégalable au regard de ces âges sombres que connut l’Occident chrétien, par nature intolérant et arriéré. Non leur répondit un gentil clerc de passage, il n’est de dette que pour ces peuples autochtones crispés et rétifs, c’est ainsi.

 

robes01.jpgSoit, dirait l’autre voyageur. Mais alors, cet évangile, si beau, si louable et désirable, pourquoi faut-il sans cesse le rappeler aux habitants de ce royaume, pourquoi est-il nécessaire de le clamer si haut, de l’écrire sur toutes les gazettes, de l’apprendre dés leur plus jeune âge aux petits de ce royaume ? N’est il pas souhaitable, connaissant sa grande vertu, que ce soient les parents eux-mêmes qui l’enseignent à leur progéniture. Bien sûr, lui répondit le gentil clerc, cela est fortement recommandé, mais il est nécessaire que l’Etat s’assure que chacun de ces petits, en plus d’une solide instruction enfin débarrassée de l’influence délétère de la cléricature et de certains milieux prompts à la réaction, ait bien assimilé ce nouveau bréviaire et puisse, au besoin, désigner un petit camarade qui n’aurait pas saisi toute l’ampleur de cet enseignement. Ainsi l’Etat sera-t-il assuré de pouvoir compter sur de jolies cohortes de citoyens, non pas de citoyens soldats comme dans la Sparte de Lycurgue ou l'Athène de Thémistocle, mais de nouveaux citoyens du monde, sorte d’humanité nouvelle, prêts à réciter ce nouveau bréviaire, et à en appliquer ses commandements à toute occasion et en tous lieux.

Bien, dit le premier voyageur, mais que faire alors de ceux qui n’auraient pas bien saisi l’ampleur de cet évangile ou l’impérieuse nécessité de ce projet de régénération sociale joyeuse ? Peut-être même certains, forcément mal intentionnés, serait-ils même prèts à ourdir quelques complots non citoyens visant à faire échouer l’érection de cet Homo métis, à l’encontre de l’Intérêt Général™ ? Oui hélas répondit encore le clerc, certains individus, notamment parmi les plus anciens et les plus crispés, émettent encore des réserves sur le bien fondé de cette entreprise collective et citoyenne de construction d’une société métissée et joyeuse. Et c’est l’Etat, dans sa grande magnanimité, qui encourage alors ces ennemis du Progrés™ à entreprendre librement une cure de réadaptation à la beauté de cette entreprise dans quelques communautés citoyennes pour réfractaires, soigneusement protégées des nuisances de la vie urbaine par quelques hautes murailles transparentes.

Alors, se dirent-ils, tout est bien dans le meilleur des mondes.

 

La vérité sur les JO!


06/06/2008

A l'Ouest, rien de nouveau

« Un premier ministre socialiste a dit, au début des années quatre-vingt, se faisant le porte-voix civilisé de Le Pen : « Les immigrés sont un problème.» Nous devons renverser ce jugement et dire : « Les étrangers sont une chance ! » La masse des ouvriers étrangers et de leurs enfants témoigne, dans nos vieux pays fatigués, de la jeunesse du monde, de son étendue, de son infinie variété. C’est avec eux que s’invente la politique à venir. Sans eux, nous sombrerons dans la consommation nihiliste et l’ordre policier.

Que les étrangers nous apprennent au moins à devenir étranger à nous-mêmes, à nous projeter hors de nous-mêmes, assez pour ne plus être captifs de cette longue histoire occidentale et blanche qui s’achève, et dont nous n’avons plus rien à attendre que la stérilité et la guerre. Contre cette attente catastrophique, sécuritaire et nihiliste, saluons l’étrangeté du matin.(…)

 

Le monde du capitalisme déchaîné et des démocraties riches est un faux monde. Ne reconnaissant l’unité que des produits et des signes monétaires, il rejette la majorité de l’humanité dans un autre monde dévalué, dont il se sépare par des murailles et par la guerre. En ce sens aujourd’hui, il n’y a pas de monde. (…)

 

En ce qui concerne l’existence dans notre pays de milliers d’étrangers, il y a trois objectifs : s’opposer à l’intégration persécutoire, limiter la fermeture communautaire et les tendances nihilistes qu’elle véhicule, développer les virtualités universelles des identités. (…)

 

Il y a une tradition nationale du pétainisme qui est bien antérieure à Pétain. Le pétainisme commence en réalité en France avec la Restauration de 1815. Un gouvernement post-révolutionnaire se réinstalle dans les fourgons de l’étranger, avec l’appui vigoureux des émigrés, des classes renversées, des traîtres et opportunistes de tout acabit, et le consentement d’un peuple fatigué. Il déclare qu’il restaure l’ordre et la moralité publics, contre l’anarchie sanglante des révolutions. Cette matrice, typiquement française, insiste dans notre histoire. En 1940, on retrouve la figure catastrophique de la défaite militaire, comme prétexte pour une désorientation majeure : comme, par exemple, un gouvernement qui n’a à la bouche que la nation, mais qui est installé par l’étranger ; des oligarques corrompus jusqu’à l’os qui se présentent comme ceux qui vont sortir le pays d’une grande crise morale ; un aventurier, roi cacochyme, vieux militaire ou politicien retors, toujours homme de main des grandes fortunes, qui se présente comme le vrai détenteur de l’énergie nationale.

N’avons-nous pas aujourd’hui, comme une répétition misérable de ces graves dépressions historique que la France s’inflige à elle-même, de nombreux traits de ce genre ? (…)

 

Depuis la révolution Française et son écho progressivement universel, depuis les développements les plus radicalement égalitaires de cette révolution, nous savons que le communisme est la bonne hypothèse. En vérité il n’y en a pas d’autres, en tous cas, je n’en connais pas d’autres. Quiconque abandonne cette hypothèse se résigne à la minute même à l’économie de marché, à la démocratie parlementaire (qui est la forme d’Etat appropriée au capitalisme), et au caractère inévitable, « naturel » des inégalités les plus monstrueuses. (…)

S’il est toujours vrai, comme l’a dit Sartre, que « tout anticommuniste est un chien », c’est que toute séquence politique qui, dans ses principes ou son absence de tout principe, apparaît formellement contradictoire avec l’hypothèse communiste en son sens générique, doit être jugée comme s’opposant à l’émancipation de l’humanité toute entière, et donc au destin proprement humain de l’humanité.(...)

L'hypothèse communiste est qu'une autre organisation collective est praticable, qui éliminera l'inégalité des richesses et même la division du travail: tout un chacun sera un travailleur polyvalent, et, en particulier, les gens circuleront entre le travail manuel et le travail intellectuel, comme du reste netre la ville et la campagne. L'apropriation privée de richesses monstrueuses et leur transmission familiale par héritage disparaitra. L'existence d'un appareil d'Etat coercitif, militaire et policier, séparé de la société civile, n'apparaitra plus comme une nécessité évidente. Il y aura, nous dit Marx, tenant ce point pour son apport majeur, après une brève séquence de dictature du prolétariat chargée de détruire les restes du vieux monde, une longue séquence de réorganisation, sur la base d'une libre association des productuers et créateurs, laquelle supportera un dépérissement de l'Etat." 

 

Alain Badiou, De quoi Sarkosy est-il le nom ? Lignes, 2007.

6 juin

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05/06/2008

Johnny got his gun

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Septembre 2007, au retour d’une mission de 7 mois en Irak en tant que médecin à la Compagnie C de la 203e Brigade du « Support Battalion », la capitaine Terri Gurola étreint Gabrielle sa fille âgée de 3 ans à l’aéroport international Hartsfield-Jackson à Atlanta.

 

 

 

 

 

 

 

Trés belle photo découverte sur ce très beau site : http://laiusolibrius.free.fr/

 Curieusement, elle me fit penser instantanément au héros du livre Johnny s’en va-t-en guerre -Johnny got his gun- écrit par Donald Trumbo et publié en septembre 1939 au début de la seconde guerre mondiale et qui me traumatisa quand je le lu pour la première fois, enfant. Histoire terrible d’un combattant volontaire américain, Joe Bonham, grièvement blessé sur le front durant la première guerre mondiale, ayant perdu ses quatre membres, la vue, l’ouïe et l’odorat et ne communiquant plus avec son entourage que grâce à la sensibilité de son torse, son intelligence et son âme étant sauves.

Ce livre eut un retentissement énorme par son engagement anti-militariste, à un moment clef de l’histoire de la seconde guerre mondiale ou les Etats-Unis hésitaient à s’impliquer dans le conflit. L’œuvre de Donald Trumbo, brillant réquisitoire contre l’absurdité et l’horreur de la guerre, eut une seconde vie politique lorsque il en réalisa  l’adaptation cinématographique en 1970, en pleine guerre du Viet nam.

Quel rapport entre cette jeune femme et Joe Bonham? Peut-être, inconsciemment, une femme combattante reste-t-elle pour moi une aberration comme l'était ce jeune soldat supplicié par la guerre.

 

04/06/2008

Virgin?

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20:47 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : humm