13/01/2009
Jünger
Manifestement nombreux sont ceux que la vue d’Ernst Jünger en uniforme de l’armée Allemande défrise. Peut-être plus nombreux encore sont ceux qui ne l’ont pas reconnu et qui dans un élan d’ « antifascisme » citoyen, bien que tardif, continue à croire que la peste brune ravage encore nos contrées et qu’il est urgent de se mobiliser contre une menace totalitaire disparue en 1945…
Les commentaires ou appréciations sur Jünger me rappellent un peu ceux que l’on rencontre concernant Huntington, Freund ou Nolte ; les plus virulents émanent en général de personnes n’en ayant lu aucun, se contentant de vagues recensions indigentes parues dans leur journal de révérence habituel et vespéral…
Je n’aurai pas le ridicule de faire l’apologie de l’œuvre d’Ernst Jünger, fait-on celle de Spengler ou de Chateaubriand ? Il faut lire Jünger, ce témoin irremplaçable du siècle écoulé, dont les vies successives, le guerrier d'Orages d'acier ou de Jardins et routes, le théoricien de la révolution conservatrice du Travailleur, l’entomologiste des Chasses subtiles, le romancier des Falaises de marbre, l’Anarque d’Eumeswill, l'explorateur d'ivresses illustrent toute la complexité d’un homme hors du commun à bien des égards.
Innombrables sont, malgré tout, les Fouquier-Tinville en peau de lapin qui, en France et en Allemagne principalement, croient savoir que Jünger fut un fasciste, horresco referens ! Jünger fut nationaliste, révolutionnaire au sortir de la guerre, comme beaucoup de ces hommes qui avaient vécu l’horreur de la guerre totale et qui furent incapables de s’adapter à une vie civile et à des régimes politiques bourgeois corrompus…
Qu’il fut authentiquement fasciste ou pas peu importe en fait. Il fut par contre un adversaire déclaré des nazis et ne dut son salut en 1939 à la sortie des Falaises de marbre qu’à son passé de héros de la première guerre mondiale. S’il fallait se priver de la lecture des Deux étendards ou de L’homme à cheval sous prétexte que leurs auteurs furent fascistes ou irait-on ? Autant ne plus lire le Journal de Bolivie de Guevara, le Que faire ? de Lénine ou le petit livre rouge de Mao sous prétexte que leurs auteurs firent l’apologie du totalitarisme communiste et furent d’exemplaires meurtriers longtemps encensés par l’intelligentsia germanopratine…
Voila. J’admire l’homme, le soldat, l’écrivain, le philosophe, l’esthète, l’anarque…et j’eus aimé avoir ce destin hors du commun.
Et j’emmerde les cloportes vigilants de l’antifascisme en carton. Qu’on se le dise.
19:29 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : ernst junger, mao, che guevara, rebatet, drieu la rochelle
Commentaires
Décidément, Jünger vous fascine.
Mais il n'est pas le seul à vous fasciner. On pourrait en effet dire de votre site qu'il est une sorte de fan-club très particulier, le fan-club d'Ernst Jünger et d'Adriana Lima.
Il fallait le trouver...
Écrit par : Jean-Pierre | 13/01/2009
Eh bien, voilà une mise au point ou je ne m'y connais pas !
(J'en profite pour confesser ma quasi ignorance de l'oeuvre de Jünger, mais c'est promis, M'sieur, je vais réparer !)
Écrit par : Didier Goux | 13/01/2009
@jp, c'est vrai, il y a une sorte de fascination. mais éclairée par la lecture -critique- de son oeuvre..la même fascination pour adriana mais pour des raisons un peu différentes..
@didier, je me rends compte que le lien pourrait vous inclure dans les destinataires de ma diatribe. il n'en est rien.
lisez Orages d'aciers et Eumeswill en priorité ou bien l'extraordinaire Jardins et routes...
Écrit par : hoplite | 13/01/2009
Je respecte ta mise au point. Dans le cas de Jünger, effectivement, il faudrait peut-être aller au-delà de l'étiquette nazie pour aller au coeur de l'homme.
Je n'ai lu qu'une partie de son Journal (son séjour parisien), aussi, je suis aussi bien en peine d'en dire plus.
Cher hoplite, il faudrait qu'un jour tu fasses une liste de ton panthéon personnel et que tu essaies d'y trouver les traits essentiels des personnes d'élite que tu as choisies. Peut-être est-ce un filon pour chercher à comprendre ta fascination de ces personnes.
En tout cas, ce serait un exercice intéressant.
Ça me fait penser que je pourrais moi-même écrire un billet là-dessus, sans pour autant révéler les traits qui m'attirent chez eux (un exercice somme toute personnel).
Écrit par : Inuk | 13/01/2009
oui tu as raison, ce serait un exercice intéressanr, une sorte d'introspection
vais y réfléchir
Écrit par : hoplite | 14/01/2009
Cette réplique au vitriol, en forme de mise aux poings, contre les commentateurs ignorants et indélicats de l'oeuvre de Jünger me semble fort opportune, spécialement par les temps qui courent.
Pour Didier Goux, dont je fréquente régulièrement l'antre hédoniste, Jardins et routes me semble parfait pour pénétrer dans l'univers du maître.
Toujours un vrai plaisir de se retrouver chez vous hoplite, vos goûts se rapprochent beaucoup des miens... je vous laisse la drôle et belle Adriana trop courtisée, trop convoitée à mes yeux.
En parcourant la blogosphère j'ai découvert celui du genevois René Claude, pas conservateur pour un sou, mais souvent très passionnant et riche en liens de qualité, intitulé POUR 15 MINUTES D'AMOUR sous-titré Journal digressif un peu couture sur la pop et rock culture... mais vous connaissez peut-être.
Écrit par : Ns | 14/01/2009
Je vais donc suivre vos conseils, et celui de NS, que je salue au passage, tout en ne sachant de qui il s'agit – mais c'est le charme des blogs, aussi.
Écrit par : Didier Goux | 14/01/2009
merci NS
oui didier, jardins et routes est un mélange stupéfiant de considérations guerrieres, entomologiques, philosophiques, littéraires...cela ne peut que vous plaire!
Écrit par : hoplite | 14/01/2009
"Orages d'acier" est effectivement le livre qu'il faut lire pour comprendre la Première Guerre mondiale de l'intérieur. Sa vision chevaleresque du combat montre un monde qui s'effondre alors que le roman quasi pacifiste de Remarque ne fait que nous en donner une vision avec des yeux d'aujourd'hui (ou presque). La puissance de Junger, c'est sa noblesse, son élévation qui ne confine jamais au sentimentalisme béat.
Écrit par : Paul Debedeux | 14/01/2009
Sur la guerre de 14, mais côté français, je recommande le magnifique "Clavel soldat", de Léon Werth (ainsi que le journal du même, écrit pendant l'Occupation)
Écrit par : Didier Goux | 15/01/2009
paul: trés vrai.
didier: merci pour la référnence. connaissais pas cet homme.
Écrit par : hoplite | 15/01/2009
Il y a aussi "La peur", qui vient d'être réédité, de l'immense Gabriel Chevallier, qui est aussi l'auteur de la série des Clochemerle.
Écrit par : Paul Debedeux | 15/01/2009
Fantastique Google, je tape Jünger et me revoici chez toi au détour d'un lien haha :-)
Écrit par : Melle H | 18/04/2012
normal, la concentration de tags "Junger" sur ce site doit être un peu au_dessus de la norme..
Écrit par : hoplite | 18/04/2012
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