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09/11/2009

mur rouge (rediff)

1961.jpgPar hasard, j’ai écouté ce jour la fin d’une émission de France Culture, « Du grain à moudre », souvent intéressante d’ailleurs, et consacrée à JF Revel récemment disparu, à travers le livre hommage qu’ a écrit Pierre Boncenne (Pour JF Revel, 2006).

J’ai suivi avec plaisir la discussion entre Besançon, Sirinelli et Boncenne, malheureusement parasitée par les péroraisons de Julliard. Revel, présenté à tort par la clique progressiste médiatico politique comme anticommuniste primaire (parlerait-on d'"anti fascisme primaire"?), était un érudit et un intellectuel de premier plan dont la constance de l’engagement antitotalitaire, dans la lignée de Raymond Aron, mérite le respect.

J’ai repensé à ce petit livre indispensable retraçant la correspondance entre Furet et Nolte (Fascisme et communisme, 1997) au sujet de la proximité idéologique des deux phénomènes totalitaires. Cette proximité, défendue par Revel dans nombre de ses ouvrages, mais aussi par Alain Besançon (Le malheur du siècle) constitue toujours un tabou en France et explique sans doute en partie la haine tenace et l’ostracisme dont il fut l’objet, sa vie durant et même après sa mort.

Sans doute parce qu’il existe un négationnisme procommuniste beaucoup plus hypocrite, plus efficace et plus diffus que le négationnisme pronazi, sommaire et groupusculaire, mais dont le comité de vigilance citoyen anti fasciste nous rebat les oreilles à longueur de journée, la danger étant bien sur majeur.

L’organisation de la non repentance à l’égard du communisme aura été la principale activité politique de l’ultime décennie du siècle, comme l’organisation de sa non connaissance aura été celle des sept décennies antérieures.

Le succès périodique du négationnisme procommuniste donne à tout nouveau livre rétablissant certaines vérités, et en particulier esquissant le parallèle sacrilège entre communisme et nazisme, l’apparence de la découverte (Qu’on se rappelle le tollé de la gauche, y compris la gauche non communiste, après la sortie du « Livre noir du Communisme » et la sortie grotesque de Jospin à l’Assemblée...). Or on n’en finirait pas d’aligner les citations dés 1918 pour l’appréciation exacte du bolchevisme, et dés 1933 pour la comparaison entre les totalitarismes, ou figurent déjà des constats et des arguments sans appels, mais aussi sans grands résultats sur la reconnaissance des crimes communistes.

Dans son « Passé d’une illusion » (Robert Laffon, 1995), François Furet (ancien communiste lui même) consacre un long passage à l’historien Allemand Ernst Nolte, qui avait fait l’objet avant lui d’une condamnation sommaire en Allemagne et en Occident pour avoir théorisé cette comparaison interdite.

On se rappelle pourtant d’André Gide, écrivant dans son retentissant « Retour de l’URSS » : « Je doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fut-ce l’Allemagne de Hitler, l’esprit sois moins libre, plus courbé, plus craintif, terrorisé qu ‘en URSS». Et le doyen respecté des historiens du fascisme, Renzo de Felice (plutôt de sensibilité socialiste d’ailleurs), déclarant en 1988 comparant Hitlérisme et communisme : « La vérité en conclusion est qu’il s’agit de phénomènes identiques ; Le totalitarisme caractérise et définit le Nazisme comme le communisme, sans aucune différence réelle ; peut-être l’ais-je dis avec brutalité, mais j’estime que le moment est venu de s’en tenir aux faits et de briser les mythes faux et inutiles. » (Actes du colloque « Le stalinisme dans la gauche Italienne », mars 1988)

Furet et Nolte évoquaient à la fin de leur correspondance la thèse de « l’inutilité du vrai », dont s’était déjà emparé Revel dans « La connaissance inutile » (Grasset, 1988). Alain Besançon dans son « Malheur du siècle », en s’interrogeant à son tour sur les raisons de « l’amnésie du communisme et de l’hypermnésie du nazisme », et s’il reconnaissait le caractère unique et incomparable de la Shoah, concluait que les différences entre les deux totalitarismes sont dans la nature des motivations et non dans le degré du mal.

Pour Revel, « Ce qui distingue le communisme du Nazisme, ce n’est pas le système du pouvoir, il est identique dans les deux cas. C’est que le premier est une utopie et non le second ; Lorsqu’ Hitler supprime la démocratie et crée des camps d’extermination, il réalise ses idées et tient ses promesses. Lorsque c’est Lénine qui le fait, il réalise le contraire de ses idées et trahit ses promesses. Mais il le nie au nom de l’avenir qu’il prétend radieux. L’utopie rend légitime la déconnexion entre les intentions et les actes » (Fin du siècle des ombres, Fayard)

C’est la le paradoxe de l’après communisme : pourquoi y a-t-il encore tant de « compagnons de route », alors qu’il n’y a plus de route ?

Commentaires

@ Hoplite,bonsoir

Puissance de la pensée de J.F. Revel et crétinisme aggravé des amis du désastre...

"... ,alors qu'il n'y a plus de route ? "

Mais elle est toute tracée:le communisme du XXI ième siècle (R. Camus) où idiots utiles,extrêmes-gauchistes,"subversifs ET grande élite mondialisée marchent main dans la main vers le nouvel avenir radieux tropicalisé qui nous est présenté et martelé médiatiquement 24h sur 24.
Et particulièrement aujourd'hui:on essaye de cristalliser le grand projet ad eternam, jusqu'à la fin des temps.

Ce qui ne tardera pas à arriver vue la démesure...Et le manque de retenue et d'humilité...Et finalement de pensée claire et juste.

Écrit par : Aubin | 09/11/2009

Oui, pourquoi? 100 millions de mort en moins de 100 ans et toujours des dénégations du style: "...Et puis je me suis posé pas mal de questions et surtout, j'ai découvert tout au long de mon adolescence des idéaux de Marx qui n'avaient pas été mis en pratique dans les pays de l'Est ». En effet, le communisme, ce n'est pas ce qui s'est pratiqué dans les pays du pacte de Varsovie. « Le communisme, 20 ans après, a toujours un sens. Ce n'est pas une pratique du pouvoir, mais un mouvement libérateur, une société de mise en commun, où chacun est reconnu à sa valeur »" (Hugo Vandamme, conseiller municipal PCF de Lille dans http://www.nordeclair.fr/Actualite/2009/11/08/mes-jolies-colonies-de-vacances-en-rda.shtml). J'avoue être inquiet quand j'entends ce genre de discours.

Pour ma part, je m'en tiendrai aux écrits de Frédéric Bastiat qui déclarait, dès 1850, dans ses Pamphlets (éditions les Belles Letrres): « Vous avez beau combattre le communisme, tant qu’on vous verra le ménager, le choyer, le caresser dans cette partie de la législation qu’il a envahie, vos efforts seront vains. C’est un serpent qui, avec votre approbation, part vos soins, a glissé sa tête dans nos lois et dans nos mœurs, , et maintenant vous vous indignez de ce que la queue s’y montre à son tour.» Il avait tout compris et il avait malheureusement raison.

Écrit par : H. | 09/11/2009

@ H.,

H. Vandamme est donc communiste, de ceux qui appliquent un christianisme sécularisé et donc dégénéré.

Instaurer le paradis sur terre ? Mais où allons-nous avec des théories aussi fumeuses,faisant table rase de millénaires de civilisation et croyant ,enfin,appliquer le bon raisonnement tiré d'une soit-disant rationalité elle-même pleine de croyance et de "foi"en un avenir meilleur.

A la trappe... le tragique de l'existence humaine,son imperfection,son aveuglement souvent.Reformatons l'Homme:on a vu ce que cela a donné:100 M de morts passés en pertes et profits.

Et cela continue,sur d'autres modalités.Bref,l'on n'est pas sortis de notre condition mais nous ne sommes pas dupes et ces gens là on tort...Définitivement !

Écrit par : Aubin | 09/11/2009

@aubin: oui, sans doute renaud camus a-t-il théorisé le totalitarisme post moderne "anti raciste" et égalitaire prospérant sur les ruines des États nations souverains rebaptisés "démocraties libérales"... J'avoue que les similitudes sont inquiétantes: novlangue, propagande planétaire, crime de la pensée, double pensée, mort sociale promise à tous les mal pensants, parti unique du Bien, embrigadement des enfants dés le plus jeune âge, tyrannie intellectuelle, etc.

@H, je crois que Revel a démytifié la survie du "charme universel de la révolution d'octobre", comme disait Furet: c'est la deconnection entre l'idéologie et la praxis. Trés logiquement la praxis totalitaire communiste et ses millions de morts aurait du depuis longtemps renvoyer cette utopie dans les poubelles de l'histoire, SAUF que le bolchévisme et sa société sans classe n'en finit pas d'attirer les crédules. alors même que la terreur rouge est minutieusement décrite dans les premiers écrits de Lénine, dont Staline fut le fidèle continuateur. Ce spectacle communiste ne résiste pas une seconde à la lecture des théoriciens du communisme. Ce qui n'enlève rien à l'intérêt de la critique marxiste de l'univers bourgeois marchand: le même horizon matérialiste sans âme et sec.

le christianisme, ce "bolchevisme de l'antiquité"...

Écrit par : hoplite | 09/11/2009

@ Hoplite,

"le christianisme,ce "bolchevisme de l'antiquité"..."

Pas d'anachronisme,s.v.p:le communisme:un christianisme sécularisé;oui et donc dans l'erreur Totale et par conséquent non chrétien, puis dans son déroulement évolutif et définitif anti-chrétien.

Là,pour le christianisme ,il s'agit d'une vision de la nature humaine et non d'une économie politique à appliquer ici et maintenant.

Si bolchevisme "religieux" il y a avec retour en force,c'est l'Islam,et par dessus le marché dans nôtre propre Europe,avec des alliés plus ou moins conscients de la mésalliance (voir la thèse Eurabia de Bat'Yeor).Du moins,tel est la façon dont je vois les choses.
A ce propos,ne pas désigner l'ennemi (ou se tromper d'ennemi;c'est la même chose) correspond bien à l'analyse de J.Freund et où tout cela nous mène.

Bien à vous.

Écrit par : Aubin | 09/11/2009

aubin, il est tard (journée exténuante puis 2 bonnes heures de noble art pour me finir) mais tout cela est passionnant. vous avez raison, la formule est volontairement provocante et l'on ne saurait réduire la doctrine chrétienne à la tyrannie bolchevique...ni la quête delà parousie au progressisme. nulle transcendance dans cet horizon matérialiste, marxiste ou bourgeois, la misère..

nos modernes spectaculaires, vous le savez, n'ont pas d'ennemis et ne peuvent pas imaginer une seconde qu'ils puissent être ha¨s pour ce qu'ils sont (hait-on le Bien?)
bonne nuit
françois

Écrit par : hoplite | 10/11/2009

Tout à fait en marge, limite hors sujet : dans sa jeunesse, Revel a écrit un petit "Sur Proust", qui est très revigorant (disponible chez Grasset en "Cahiers rouges").

Écrit par : Didier Goux | 10/11/2009

tiens? je croyais avoir lu tout revel?? rohhh
merci didier

Écrit par : hoplite | 10/11/2009

Du PC faisons table rase. Sinon, ils reviendrons, réinventant la tchéka, le goulag, la stasi....... C'est plus facile que la démocratie. Le troupeau, plus con que le chien de Pavlov, est prêt à leur faire un triomphe!!!!!!!

Écrit par : jak | 13/11/2009

Le « négationnisme pronazi, sommaire et groupusculaire », écrivez-vous. Je ne discuterai pas le deuxième qualificatif, pour ce qu’il n’induit rien à charge ou à décharge envers une école. D’être minoritaire ne donne scientifiquement ni tort, ni raison. Le « négationnisme » - c’est-à-dire le révisionnisme, appelons donc un mouvement du nom qu’il se donne - serait-il « pronazi » ? Voilà une affirmation contestable. Il est des révisionnistes admirateurs d’Hitler (Vincent Raynouard), et d’autres, plus nombreux, qui ne le sont pas (P. Gillaume, S. Thion, R. Faurisson, feu P. Rassinier, résistant déporté). Mais l’adjectif « sommaire » est certainement le plus impropre dans la proposition. Pour l’énoncer, il faut ne rien avoir lu d’aucun des auteurs cités, et d’autres anglo-saxons (A. Butz) ou germaniques (G. Rudolf), ou encore italiens (C. Mattogno). Un Serge Klarsfeld, lui, l’a fait, qui déclarait en 1986 au magazine VSD (29 mai, p. 37) que « face à des gens aussi pointilleux que les révisionnistes, il fut des documents si imparables ».

Écrit par : L. Chéron | 14/11/2009

@L.Chéron, par "négationnisme pronazi, sommaire et groupusculaire", j'entendais toute la mouvance apologétique/révisionniste du totalitarisme brun, dont le crédit -au moins en occident- et l'importance (numérique et en terme d'exposition médiatique), me semblent proche de zéro sinon ultra minoritaire.

Par ailleurs, une fois établie la similitude des deux totalitarismes rouge et brun, l'asymétrie saute aux yeux, pour peu que l'on soit de bonne foi...nulle décommunisation des anciens pays communistes, nulle chasse aux anciens dirigeants/ criminels communistes à l'instar de la -nécessaire- chasse aux anciens nazis.

Pourquoi cette complaisance à l'égard de thèse et d'hommes condamnés par l'histoire? Pourquoi les partis communistes ne sont ils pas interdits en europe? et ailleurs?

Par ailleurs, quelle est l'audience médiatique de Butz, Mattogno ou Rudolf??? mineure ou nulle?
Quelle est celle des partis communistes en Europe, ou de Badiou (par exemple) en France?

vous dites: "Un Serge Klarsfeld, lui, l’a fait, qui déclarait en 1986 au magazine VSD (29 mai, p. 37) que « face à des gens aussi pointilleux que les révisionnistes, il fut des documents si imparables"

suis d'accord, mais il semble que le débat historique soit clôt par la loi pour certains sujets. i e la rhétorique "révisionniste" (quelle historien n'est-il pas un révisionniste...?), niant par exemple la réalité ou l'importance des camps nazis pourrait facilement être combattue, voire éteinte, par quelques historiens aidés de documents irréfutables. En ce sens, l'interdiction de discuter de certains sujets me semble contre productive.

Qu'en pensez-vous?

Écrit par : hoplite | 14/11/2009

Qui ne vous donnerait raison quand vous constatez la nullité d’influence des « apologistes » du nazisme depuis 1945, et donc l’étonnant acharnement - si la malhonnêteté intellectuelle ne l’explique - de ceux qui ne peuvent s’empêcher d’en agiter l’épouvantail à tout propos, quand ils ne se défoulent pas dans la chasse au vieillard ? « Une fois établie la similitude des deux totalitarismes rouge et brun, l'asymétrie saute aux yeux [...] Pourquoi cette complaisance à l'égard de thèses et d'hommes condamnés par l'histoire? Pourquoi les partis communistes ne sont ils pas interdits en Europe ? et ailleurs ? » écrivez-vous. La réponse tient pour l’essentiel en deux mots : Vae victis. Si en mai en 1945, la Wehrmacht avait pris ses quartiers dans Moscou dévasté peu après le suicide de Staline, on nous chanterait depuis lors une autre chanson. J’ajouterai que, contrairement à vous qui jugez « nécessaire la chasse aux anciens nazis », et déplorez sans doute que le gibier soviétoïde reste une espèce protégée, je n’espère ni n’appelle aucun « Nuremberg du communisme ». Les procès d’exception faits par les vainqueurs aux vaincus, et leur cortège d’iniquités, ne m’attirent pas spécialement. Les révolutions de velours sont les seules que j’agrée.
Poursuivant, je persiste à ne pas vous suivre quand vous posez l’amalgame « apologétique/révisionis[me] du totalitarisme brun », même si celui-ci peut servir celle-là : prétendre dédouaner le nazisme d’une partie des crimes qu’on lui a imputés peut évidemment contribuer à sa réhabilitation. Mais, insistons, instruire un procès en révision ne suppose ni n’induit l’admiration, la complaisance ou la complicité avec la partie concernée. Si Maurice Bardèche (Nuremberg ou la Terre promise, 1948), qui passe pour le fondateur du révisionnisme, était un authentique fasciste, on trouve parmi ses représentants actuels un Pierre Guillaume et un Serge Thion, sectateurs de l’extrême gauche anticolonialiste.
On vous suivra en revanche évidemment pour constater que l’argumentaire révisionniste est jusqu’à présent resté confidentiel. On ne s’en étonnera pas, puisque « le débat historique [est] clos par la loi pour certains sujets », ainsi que vous le constatez. Vous regrettez aussi cette disposition « contre-productive », avançant que la querelle révisionniste « pourrait facilement être combattue, voire éteinte, par quelques historiens aidés d’arguments irréfutables ». That is the question, all the question, depuis qu’a éclaté la bombe Faurisson en 1979.
P.S. : Dans le commentaire précédent, une regrettable étourderie m’a fait orthographier faussement le patronyme de Vincent Reynouard, le curieux démythisateur de l’affaire d’Oradour, qui bizarrement se réclame à la fois du national-socialisme et du catholicisme traditionaliste.

Écrit par : L. Chéron | 14/11/2009

"Vae victis. Si en mai en 1945, la Wehrmacht avait pris ses quartiers dans Moscou dévasté peu après le suicide de Staline, on nous chanterait depuis lors une autre chanson"

vous avez raison, vae victis.

"instruire un procès en révision ne suppose ni n’induit l’admiration, la complaisance ou la complicité avec la partie concernée"

entièrement d'accord, aussi.

Écrit par : hoplite | 14/11/2009

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