Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/02/2014

la révolution n'est pas terminée..

Peillon rime avec....jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

via Boréas

**************************************************************************

"Pour régénérer l’homme, il convient donc d’agir sur la société, et tout spécialement sur l’organisation politique. La République, investie d’une mission éducative, exclura de son sein les réfractaires à l’ordre nouveau. La République a pour but de changer l’homme. C’est le but avoué des révolutionnaires : « Le peuple Français, écrit Fouché, ne veut pas plus d’une demi-instruction que d’une demi-liberté ; il veut être régénéré tout entier, comme un nouvel être sorti des mains de la nature ». (11)

Le conventionnel Rabaut Saint-Etienne est tout aussi explicite : « il faut faire des Français un peuple nouveau, lui donner des mœurs en harmonie avec ses lois ». (12)Il faut comprendre ici que pour ces hommes, imprégnés de l’esprit des Lumières, l’état n’a plus pour but d’assurer le bien commun, mais d’éduquer les Français à la République !

Ainsi crée-t-on en 1794 l’École Normale qui, comme son nom l’indique, est destinée à dicter la norme. Selon les propres termes des créateurs de cette école, son but est de former « un très grand nombre d’instituteurs capables d’être les exécuteurs d’un plan qui a pour but de régénérer l’entendement humain dans une république de 25 millions d’hommes que la démocratie rend tous égaux. » (13)

Restructurer l’intelligence à des fins exprimées d’uniformisation et de conditionnement…De multiples fêtes laïques sont ainsi crées pour déshabituer les Français aux fêtes religieuses. La culture devient aussi l’enjeu de la conquête de l’esprit public :un arrêté du Directoire précise ainsi que « tous les directeurs et propriétaires de spectacles seront tenus sous leur responsabilité individuelle de faire jouer chaque jour, par leur orchestre, avant la levée de la toile et dans l’intervalle entre deux pièces, les airs chéris des républicains ou quelque autre chant patriotique. » (13)

Or cette « éducation » républicaine n’est pas facultative ; Elle doit pénétrer jusqu’au plus profond de l’être. Aucune intériorité individuelle ne doit résister à l’empreinte des idées nouvelles, comme le dit JJ Rousseau : « S’il est bon de savoir employer les hommes tels qu’ils sont, il vaut mieux encore les rendre tels qu’on a besoin qu’ils soient, l’autorité la plus absolue est celle qui pénêtre  jusqu’à l’intérieur de l’homme, et ne s’exerce pas moins sur la volonté que sur les actions. » (14) Plus encore, afin de ne pas gêner cette endoctrinement citoyen la famille doit être écartée ; L’abbé Grégoire expose ainsi à la veille de la révolution , que  « les enfants si l’on sait les soustraire à l’éducation parentale recueilleront, même sans le vouloir, des idées saines qui seront le contrepoison des absurdités dont on voudrait les repaître au sein de leur famille. » (15)

Si la république peut façonner à sa guise les jeunes générations, que faire des adultes marqués par les habitudes de l’ancien régime, c’est à dire corrompus ? Rabaut Saint Etienne à la solution : « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière. » (15) Seuls les véritables républicains ont droit à la protection des lois et bénéficie des droits de l’homme et du citoyen. Les Vendéens, cet « ennemi intérieur » dont le caractère populaire de la révolte mettait à mal la légitimité « populaire » du nouveau régime est une bonne illustration de cette distinction. L’animalisation du Vendéen, sa déshumanisation, (« race abominable », « monstres fanatiques affamés de sang », « tigres affamés du sang des Français », « horde d’esclaves », etc..) vise à faire perdre à ces hommes refusant la citoyenneté républicaine, leur dignité d’hommes, et partant légitime leur éradication. Ce qui fut fait et bien fait.

« Le gouvernement révolutionnaire doit aux bons citoyens toute la protection nationale ; il ne doit aux ennemis du peuple que la mort » dit Robespierre. (16) Cette phrase est symptomatique : les ennemis du peuple, c’est à dire de la révolution, ne sont pas des citoyens (Guevara, Kieu sanpan, Pol Pot, Mao, Lénine ou Trotski auraient pu prononcer cette phrase, mot pour mot).

Ou l’on comprend que la qualité de citoyen ne découle plus de l’appartenance à une cité, mais de l’acceptation des principes philosophiques et moraux défendus par la République ; La république est par conséquent religieuse car elle veut conquérir l’intériorité humaine, par l’intermédiaire de fêtes païennes imposées aux Français, de l’enseignement public obligatoire,  et de la pratique des institutions républicaines qui créeront des habitudes de vie façonnant l’être nouveau (ce constat n’est il pas toujours d’actualité ?). « Si donc lors du contrat social il s’y trouve des opposants, leur opposition n’invalide pas le contrat, elle empêche seulement qu’ils y soient compris ; ce sont des étrangers parmi les citoyens.» dit JJ Rousseau ; (17) Le régime démocratique, tels que l’entendent les républicains n’a plus rien de commun avec l’acception classique c’est à dire antique ou chrétienne. Il s’agit d’un système coercitif destiné à façonner l’homme nouveau, contre son gré si nécessaire (et pour son bien, à son insu)."

hoplite/Lumières et totalitarisme, 2007.

09/11/2009

mur rouge (rediff)

1961.jpgPar hasard, j’ai écouté ce jour la fin d’une émission de France Culture, « Du grain à moudre », souvent intéressante d’ailleurs, et consacrée à JF Revel récemment disparu, à travers le livre hommage qu’ a écrit Pierre Boncenne (Pour JF Revel, 2006).

J’ai suivi avec plaisir la discussion entre Besançon, Sirinelli et Boncenne, malheureusement parasitée par les péroraisons de Julliard. Revel, présenté à tort par la clique progressiste médiatico politique comme anticommuniste primaire (parlerait-on d'"anti fascisme primaire"?), était un érudit et un intellectuel de premier plan dont la constance de l’engagement antitotalitaire, dans la lignée de Raymond Aron, mérite le respect.

J’ai repensé à ce petit livre indispensable retraçant la correspondance entre Furet et Nolte (Fascisme et communisme, 1997) au sujet de la proximité idéologique des deux phénomènes totalitaires. Cette proximité, défendue par Revel dans nombre de ses ouvrages, mais aussi par Alain Besançon (Le malheur du siècle) constitue toujours un tabou en France et explique sans doute en partie la haine tenace et l’ostracisme dont il fut l’objet, sa vie durant et même après sa mort.

Sans doute parce qu’il existe un négationnisme procommuniste beaucoup plus hypocrite, plus efficace et plus diffus que le négationnisme pronazi, sommaire et groupusculaire, mais dont le comité de vigilance citoyen anti fasciste nous rebat les oreilles à longueur de journée, la danger étant bien sur majeur.

L’organisation de la non repentance à l’égard du communisme aura été la principale activité politique de l’ultime décennie du siècle, comme l’organisation de sa non connaissance aura été celle des sept décennies antérieures.

Le succès périodique du négationnisme procommuniste donne à tout nouveau livre rétablissant certaines vérités, et en particulier esquissant le parallèle sacrilège entre communisme et nazisme, l’apparence de la découverte (Qu’on se rappelle le tollé de la gauche, y compris la gauche non communiste, après la sortie du « Livre noir du Communisme » et la sortie grotesque de Jospin à l’Assemblée...). Or on n’en finirait pas d’aligner les citations dés 1918 pour l’appréciation exacte du bolchevisme, et dés 1933 pour la comparaison entre les totalitarismes, ou figurent déjà des constats et des arguments sans appels, mais aussi sans grands résultats sur la reconnaissance des crimes communistes.

Dans son « Passé d’une illusion » (Robert Laffon, 1995), François Furet (ancien communiste lui même) consacre un long passage à l’historien Allemand Ernst Nolte, qui avait fait l’objet avant lui d’une condamnation sommaire en Allemagne et en Occident pour avoir théorisé cette comparaison interdite.

On se rappelle pourtant d’André Gide, écrivant dans son retentissant « Retour de l’URSS » : « Je doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fut-ce l’Allemagne de Hitler, l’esprit sois moins libre, plus courbé, plus craintif, terrorisé qu ‘en URSS». Et le doyen respecté des historiens du fascisme, Renzo de Felice (plutôt de sensibilité socialiste d’ailleurs), déclarant en 1988 comparant Hitlérisme et communisme : « La vérité en conclusion est qu’il s’agit de phénomènes identiques ; Le totalitarisme caractérise et définit le Nazisme comme le communisme, sans aucune différence réelle ; peut-être l’ais-je dis avec brutalité, mais j’estime que le moment est venu de s’en tenir aux faits et de briser les mythes faux et inutiles. » (Actes du colloque « Le stalinisme dans la gauche Italienne », mars 1988)

Furet et Nolte évoquaient à la fin de leur correspondance la thèse de « l’inutilité du vrai », dont s’était déjà emparé Revel dans « La connaissance inutile » (Grasset, 1988). Alain Besançon dans son « Malheur du siècle », en s’interrogeant à son tour sur les raisons de « l’amnésie du communisme et de l’hypermnésie du nazisme », et s’il reconnaissait le caractère unique et incomparable de la Shoah, concluait que les différences entre les deux totalitarismes sont dans la nature des motivations et non dans le degré du mal.

Pour Revel, « Ce qui distingue le communisme du Nazisme, ce n’est pas le système du pouvoir, il est identique dans les deux cas. C’est que le premier est une utopie et non le second ; Lorsqu’ Hitler supprime la démocratie et crée des camps d’extermination, il réalise ses idées et tient ses promesses. Lorsque c’est Lénine qui le fait, il réalise le contraire de ses idées et trahit ses promesses. Mais il le nie au nom de l’avenir qu’il prétend radieux. L’utopie rend légitime la déconnexion entre les intentions et les actes » (Fin du siècle des ombres, Fayard)

C’est la le paradoxe de l’après communisme : pourquoi y a-t-il encore tant de « compagnons de route », alors qu’il n’y a plus de route ?

09/03/2008

Le totalitarisme du XXIème siècle.

Geert Wilders : «L'idéologie islamique est fasciste»

Menacé d'assassinat depuis 2004, Geert Wilders, le chef de file du Parti de la liberté vit reclus, protégé par des gardes du corps, changeant d'adresse chaque nuit. La lutte contre l'immigration musulmane et l'islamisme est son obsession.

LE FIGARO. Avez-vous mesuré les conséquences de votre film, pour vous et pour votre pays ?
Geert WILDERS. Personne n'est autant que moi conscient de la menace. Mais si j'avais dû m'arrêter, je l'aurais fait il y a trois ans. J'ai vécu dans des prisons, dans des baraquements militaires, et la pression a encore grandi ces derniers mois. Mais je suis un élu et je mène mon combat sous la bannière de la loi. Si je devais renoncer à dire ce que je pense, les adversaires de la démocratie auraient alors gagné.

Votre pays est inquiet des retombées diplomatiques et économiques que pourrait causer votre film.
GW: Mon film n'est pas encore sorti, personne ne l'a vu, mais déjà des muftis l'ont condamné, prédit que le sang sera versé, des pays arabes menacent les Pays-Bas d'embargo ! Et mon pays, plutôt que de demander à quelques imams de se taire, plutôt que de rappeler nos principes démocratiques et celui de la liberté d'expression, par un ridicule et indigne aveu de faiblesse, cède à la menace et prépare nos ambassades au pire !

Selon vous les valeurs islamiques et les valeurs démocratiques sont inconciliables, irrémédiablement. Comment les Pays-Bas peuvent-ils intégrer leur population d'origine musulmane ?
GW: Je ne veux plus de nouveaux immigrés. Je n'ai rien contre les individus, mais nous avons un problème avec l'idéologie islamique. Je ne veux pas renvoyer ceux qui sont ici et veulent s'assimiler, mais je leur dis de se débarrasser de cette idéologie, que je qualifie de fasciste.

Quel est le choix que vous offrez à un musulman hollandais ?
GW: C'est vrai que selon le Coran, ce livre terrible, vous ne pouvez pas renoncer à être musulman. À moins de risquer la mort. S'ils veulent s'appeler musulmans, nouveaux musulmans ou comme ils veulent, cela ne me dérange pas. Ce qui m'importe c'est qu'ils se séparent de cette part de violence et d'intolérance qui est dans le Coran.

Pensez-vous que la provocation et les slogans à l'emporte-pièce font avancer les choses ?
GW: À la différence des autres, nous, au Parti de la liberté, nous ne mâchons pas nos mots. Un million de musulmans pour 16 millions de Hollandais, c'est trop. Nous sommes les seuls à nous élever contre l'immigration musulmane, les projets de mosquées, d'écoles coraniques. Certains disent également vouloir refuser le relativisme culturel. Mais moi je le dis de manière plus claire : ma culture est meilleure que la culture islamique. Nous ne traitons pas les femmes, les homosexuels, les relations politiques au sein de la société, comme cette culture retardée. Les individus sont égaux. Mais toutes les cultures ne se valent pas.

Avez-vous vraiment peur pour votre identité et l'identité des Pays-Bas ?
GW: Je crois vraiment que notre liberté est menacée par ce que j'appelle le tsunami islamique. Si dans le futur, les musulmans approchent ou arrivent à la majorité aux Pays-Bas, nous perdrons tout ce pourquoi nous nous sommes battus : notre démocratie, notre liberté, nos lois. Le chauvinisme n'est pas un vilain mot.

Source : http://www.lefigaro.fr/international/2008/03/07/01003-200...

Cet homme courageux a raison sur plusieurs points et tort sur d'autres...réflexion un peu rapide, adaptée au format journalistique, mais bon point de départ pour une discussion..

1- L'islam est travaillé aujourd’hui par un fondamentalisme révolutionnaire qui est un totalitarisme. La différence entre le fondamentalisme Wahhabite et ce nouveau totalitarisme est la violence, plus exactement la disponibilité à user de la violence. Ce qui les sépare n’est pas la doctrine ni l’objectif final (une oumma planétaire), mais la méthode. Le fondamentalisme révolutionnaire, en l’occurrence musulman, est un système ou la religion investit l’ensemble du champ politique. A l’instar du communisme ou du fascisme naguère, il fonctionne comme une idéologie totalitaire.

2- Il existe donc une internationale fondamentaliste révolutionnaire qui a déclaré la guerre à l’occident, athée ou non, mais également à tous les états musulmans alliés à l’occident et jugés impies ou étrangers aux "vraies valeurs" de l’islam.

3- Pourquoi tant de haine ? Il est politiquement correct de répondre « humiliation du monde musulman », « légitime ressentiment de nations qui furent colonisées par l’occident », « conflit israélo-palestinien », etc. Je crois que ce ressentiment à l’égard de l’occident, ce complexe d’infériorité, est bien plus ancien, plus profond. Braudel datait l’âge d’or de l’islam entre le VIIIème et le XIIème siècle après JC. Et de fait, l’Islam fut une civilisation brillante sur le plan intellectuel, scientifique, philosophique, héritière à bien des égards de la civilisation Hellénique, mais aussi recueil de brillantes civilisations colonisées (Perse, Byzantine, Romaine, Maghrébine, Ibérique,etc..). Mais très tôt, durant le moyen âge, cet âge d’or s’éteint, l’islam se fige dans le dogme, pour différentes raisons : absence de curiosité pour le monde non musulman, extinction des courants réformateurs et rationalistes, primauté constante de la doctrine religieuse, empêchant toute émancipation intellectuelle, toute critique rationaliste de la société et du dogme musulman, toute sécularisation des sociétés musulmanes. Pas de Réforme dans l’Islam, ni de Lumières, ni de révolution industrielle

Ce sentiment de déclassement, d’arriération par rapport au monde occidental est forcément douloureux pour les héritiers de cette brillante civilisation, qui par ailleurs méprisent souverainement le matérialisme occidental.

Or l’avant-garde islamiste, connaissant et entretenant l’analphabétisme et l’illettrisme des masses musulmanes, instrumentalise ce ressentiment en rendant l’occident responsable de l’échec du monde musulman, alors que l’explication principale est dans la nature de la civilisation musulmane, dans l’esprit musulman, non pas dans la confrontation avec la modernité occidentale, bien que celle-ci ne soit pas exempte de reproches.

islam-nazi1.jpg

 

 

4- Tous les textes religieux, musulmans, chrétiens, juifs ou autres, sont des auberges espagnoles; on y trouve le meilleur comme le pire, en fait ce que l’on y cherche... Il existe aussi dans le Coran nombre de sourates appellant à la concorde avec les non musulmans... Et le fondamentalisme révolutionnaire n’est pas une spécificité musulmane, même si c’est surtout le cas de nos jours, et a pu se manifester avec plus ou moins de vigueur dans toutes les religions révélées...

 

5- Le problème n'est donc pas seulement dans la nature des textes sacrés, en l'occurence le Coran, ni seulement dans le caractère universaliste de l'Islam.

Il est dans la prise de pouvoir de cet islam fondamentaliste révolutionnaire sur le monde musulman et sur le fait que l'islam n'est pas qu'une religion (comme affectent de le croire nos petits clercs progressistes en Europe), mais une doctrine totale régissant tous les aspects de la vie d'un musulman, sachant qu'il n'y a pas de distinction entre la vie religieuse et la vie civile pour un musulman; le concept de sécularisation –de laïcité, propre à l’occident Judéo-chrétien (distinction Dieu/ César) est totalement étranger à la mentalité musulmane. La plupart des états musulmans, conscient de la puissance de cette propagande révolutionnaire islamiste sur la rue "arabe", sont obligés, pour garder le pouvoir, de composer avec cette composante totalitaire de l’islam, de leur donner des gages, voire de leur laisser le champ libre dans la société civile. "Si le bonheur de l'Occident a été la laïcité, c'est-à-dire la distinction entre le spirituel et le temporel, le malheur de l'Islam en fut leur irrémédiable confusion. Ici,pas de partages entre deux royaumes, entre Dieu et César, entre la cité de Dieu et celle des hommes. D'emblée, Mahomet est prophète et chef de guerre, fondateur de religion et législateur, dirigeant d'une communauté de croyant qui est en même temps le premier état musulman. D'emblée, religion et empire ne font qu'un." (1)

 

6- La grande majorité des musulmans qui viennent vivre en Europe restent donc des musulmans, même s'ils peuvent adopter quelques traits de la modernité occidentale. Une petite minorité, plus libre et éclairée peut sans doute s'occidentaliser, culturellement. Mais cette acculturation est impossible au plus grand nombre, tant la distance civilisationnelle est importante et tant le carcan identitaire musulman est rigide. Ainsi, la plupart des pays européens soumis, souvent malgré eux, à une immigration importante à l'échelle d'une génération et en provenance pour l'essentiel de la sphère islamique (Maghreb, Turquie, pays arabes, pays asiatiques), la question clef devient le nombre. C’est le nombre qui fait l'histoire, a fortiori dans nos pays démocratiques soumis à la loi du plus grand nombre.

Il y a donc bien un problème spécifique d'intégration des musulmans, du au fait que les deux grands modèles d'intégration européens, le modèle républicain Français et le modèle communautaire Anglo-saxon, ne marchent plus et ne fabriquent quasiment plus que des ghettos. Mais peut-être est-ce une vision par trop péssimiste de la réalité..

 

7- Notre culture occidentale n'est pas "meilleure" que la culture islamique (non fondamentaliste), elle est simplement différente, à biens des égards, également respectable, contrairement à ce que dit Wilders. Mais nos dirigeants feraient bien de comprendre que l’occident démocratique est en guerre contre une idéologie globale qui entend user du terrorisme à une échelle inédite afin de le mettre à mort.

Une civilisation qui perd confiance en elle-même jusqu'à perdre le goût de se défendre, entame sa décadence. Le combat doit d'abord être gagné sur le plan moral. Ce n'est pas de "dialogue des civilisations" dont l'Occident a besoin, mais de réafirmer son identité, ses valeurs constitutives intangibles, son histoire unique et singulière qui ne commence pas en 1789. Et sans doute de réapprendre à faire la guerre...

 

 

8- Enfin, la veulerie, le manque de courage de nos dirigeants occidentaux, face à cette menace totalitaire est consternant. Des pans entiers de notre culture, dont l'héritage des Lumieres, tout au moins ce qu'il en reste, est battu en brèche par une propagande irénique multiculturelle incapacitante et couarde. Citons la raison, l'humanisme, l'éloignement de Dieu, la liberté de penser, de culte, de parole, l'habeas corpus, les droit de l'homme et de la femme, le droit de critiquer les religions, etc.; tout cela est l'objet d'une entreprise coordonnée et progressive sans précédent de subversion, avant tout parce que nous ne les défendons plus...au nom de la "tolérance", du "multiculturalisme", du "dialogue des religions", du "vivre ensemble", etc, qui ne sont que les chevaux de Troie de ces nouveaux barbares.

 

(1) Les religions meurtrières; Elie Barnavi. Champs actuel, 2006.

994345134.jpg

 

 

29/05/2007

La guerre civile européenne.

Dans un post précédent je faisais référence à la notion de « guerre civile Européenne » pour qualifier les deux guerres mondiales. C’est une référence qui peut effectivement paraître surprenante au premier abord ; Mais il y a un moment déjà, qu’après avoir lu Ernst Nolte et Dominique Venner, j’ai fait mien ce concept, tant il me paraît juste. Et je vais essayer de le clarifier.

« Il y avait déjà longtemps, écrit Voltaire en 1751, que l’on pouvait regarder l’Europe comme une espèce de Grande République, partagée en plusieurs états, les uns monarchiques les autres mixtes, mais tous ayant un même fond de religion, tous ayant les mêmes principes de droit public et de politique inconnus dans les autres parties du monde. Ces par ces principes que les nations Européennes ne font point esclaves les prisonniers, qu’elles respectent les ambassadeurs de leurs ennemis et qu’elles s’accordent surtout dans la sage politique de tenir entre elles une balance égale de pouvoir. » (cité par Dominique Venner, Le siècle de 1914, p ;9)

Au lendemain des deux guerres, il ne restait plus en Europe que les ruines de son ancienne civilisation, tandis que s’imposait la domination sans partage de puissances étrangères, le démocratisme libéral Anglo-saxon et le communisme Soviétique (l’Europe gouvernée ici par des sénateurs américains, là par des commissaires soviétiques, selon le mot célèbre de Raymond Aron) ; La première guerre mondiale ayant sonné le glas des trois empires (Allemand, Austro-Hongrois, Russe) et des aristocraties qui charpentaient l’Europe, la seconde celui des mouvements révolutionnaires fasciste et national-socialiste.

Voltaire lorsqu’il évoque cette « Grande République » illustre bien la conscience que des hommes éclairés avaient déjà à cette époque d’une appartenance européenne, très antérieure au concept moderne d’Europe, d’une identité commune, d’une communauté de culture grecque, celte, romaine, franque et chrétienne.

Mais c’est Ernst Nolte (La guerre civile Européenne, 1917-1945) qui développe le premier ce concept de « guerre civile Européenne », en partant du constat que la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917 en créant une situation totalement inédite (un parti/ état minoritaire animé d’une puissante idéologie prenant seul le pouvoir dans un grand pays et prêchant une guerre civile à l’échelle nationale et internationale), en exprimant l’intention, crédible, de bouleverser radicalement le monde entier, a provoqué une réaction en chaîne dont est, en partie, sorti le nazisme. Pour Nolte, c’est cette peur de la révolution communiste- perçue comme révolution antinationale- qui a provoqué l’émergence d’un vaste mouvement contre-révolutionnaire et antibolchevique, dont les nationaux-socialistes étaient un des groupes les plus radicaux. Nolte, qui fut diabolisé et ostracisé en Allemagne par une certaine gauche et extrême gauche pour cette théorie dite du « nœud causal », mais aussi parce qu’il osa comparer communisme et fascisme (normal  Italien ou radical Allemand, selon sa distinction) en arguant de leur nature totalitaire commune, fut rejoint secondairement par François Furet : « ce type d’interprétation comporte une part de vérité, dans la mesure ou la peur du communisme a nourri les partis fascistes, mais à mon sens seulement une part : car elle a l’inconvénient de masquer ce que chacun des régimes fascistes a d’endogène et de particulier au bénéfice de ce qu’ils combattent en commun. » (Fascisme et communisme, commentaire/Plon, P.45)

En déclarant la guerre civile mondiale, Lénine a inauguré un processus incontrôlable, lui même induit en partie par la première guerre mondiale et le gigantesque traumatisme -ensauvagement- qu’elle a provoqué au cœur de cette société Européenne.

C’est cet enchaînement funeste –première guerre mondiale, naissance de ce parti/ état bolchevique de la guerre civile, émergence des mouvements contre révolutionnaires fascistes devenant à leur tour des partis/ états de guerre civile et internationale- qui constitue cette guerre civile Européenne qui prend fin en 1943 et 1945 avec l’écrasement du fascisme Italien et du fascisme Allemand. Cette guerre civile européenne, décrite et analysée par Nolte, est devenue après 1945, une guerre civile mondiale qui n’a pris fin qu’en 1991 avec l’implosion du système soviétique.

 

10/02/2007

Islam et totalitarisme.

"C'est une affaire de caricatures qui incitent au racisme", a dit Dalil Boubakeur lors d'une conférence de presse. "Ce ne sera ni le procès de la liberté d'expression, ni celui de la laïcité", a ajouté Maître Francis Szpiner, son avocat. (Nouvel Obs du 06/02/2007)

Le subtil rhéteur adepte de la taqia qu’est Dalil Boubakeur est sans doute à l’origine de ce post.

Et il ne fait aucun doute que, sous couvert de « lutte contre le racisme », c’est précisément le procès de la liberté d’expression qui est fait à Charlie Hebdo. Pleinement conscient du credo politiquement correct et progressiste qui fait de l’Islam « une religion de paix » et des musulmans « une communauté tolérante respectueuse des valeurs occidentales », j’ai donc tenté de saisir le caractère totalitaire de cette religion d’amour..

L’ Islam est une doctrine à deux versants , l’un religieux, l’autre politique. Certains pensent que l’application des dispositions politiques pourrait conduire à un système de même nature que les totalitarismes qui dévastent la planète depuis 5000 ans, et qui ont culminé lors du XX éme siècle. L’intolérance et les limitations de libertés évidentes dans les pays régis par une majorité islamique, peuvent-elles conduire à un système totalitaire ? Les régimes totalitaires partagent certaines caractéristiques principales : quid de l’Islam politique?

1-la régression de l’individu et le primat du collectif.

Les machines politiques totalitaires ont toutes pour effet de faire régresser le Moi (au sens Freudien de conscience de soi) des personnes qu’elles asservissent. Ce Moi permet l’autonomie psychologique notamment dans ses relations avec autrui, mais aussi le contrôle des pulsions. Plus ce Moi est faible, moins il est capable de lutter contre ses propres pulsions et contre les pressions sociales et de définir ses buts propres. Un système totalitaire ne peut se maintenir durablement que si une majorité de personnes est incapable de définir ses buts et de résister aux pressions de l’état. C’est pourquoi les systèmes totalitaires organisent systématiquement la régression psychique des personnes asservies ; La destruction du Moi par noyade dans le collectif est à l’origine du terme « collectivisme », sachant que c’est l’ensemble de la vie sociale et non pas seulement l’économie qui fut collectivisée. Or l’Islam place le collectif au dessus de la personne ; L’ umma, la collectivité des musulmans, dérive du mot um, mère : le musulman doit être soumis au collectif comme un enfant à sa mère. Le projet de détruire le Moi par régression infantile est directement exprimé ; La noyade de ce Moi atrophié dans le collectif est un moyen commun à l’Islam et aux appareils totalitaires.

2- la soumission.

La soumission est la règle morale essentielle de tout totalitarisme. Or c’est aussi précisément la règle morale principale de l’Islam : le mot islam signifie soumission, et musulman signifie soumis, théoriquement à Allah, mais en fait à ceux qui prétendent le représenter, c’est à dire son prophète Mahomet à l’origine, les mollahs et les autorités civiles aujourd’hui. « Obéissez à Allah, obéissez au prophète et à ceux qui ont autorité sur vous. » (sourate 4, verset 62) La soumission totale à l’autorité politique est un trait commun à l’Islam et au totalitarismes.

3- corollaire de la soumission obligée, la mort pour les réfractaires.

Nul besoin de préciser le sort réservé aux contestataires en URSS, sous le troisième Reich, dans la Chine Maoiste ou dans le Cambodge de l’Angkar … Mahomet est pour le musulman le « beau modèle » qu’il faut imiter en tout. Or la vie de cet homme, chef de guerre, est jalonnée de meurtres innombrables d’opposants politiques ou religieux. L’apostasie (c’est-à-dire le reniement de la foi musulmane) est punie de mort dans la plupart sinon la totalité des pays musulmans en 2007. « S’ils retournaient à l’infidélité, saisissez les et mettez les à mort partout ou vous les trouverez » (sourate 4, verset 91) C’est exactement ainsi que l’Islam s’est imposé aux peuples envahis et colonisés. Plus encore, la manifestation d’une croyance non musulmane en terre musulmane est également sévèrement réprimée, parfois punie de mort. Un trait commun supplémentaire.

4- le progrès impossible.

Tout progrès suppose un changement. Sachant que seule l’initiative individuelle est créatrice, quel que soit le domaine, et que la répression de toute initiative individuelle (non collective) est consubstantielle des régimes totalitaires, les sociétés totalitaires sont incapables de s’adapter ou d’évoluer. Ces pourquoi ces machines totalitaires finissent par mourir faute d’innovation. Les personnes asservies, stérilisées sont en effet incapables de toute initiative créatrice, nécessaire au changement, et donc à leur survie. (Je rejoins JF Revel qui martelait à qui voulait l’entendre l’impossibilité de réformer une société totalitaire, notamment communiste, et qu’en outre subventionner une société figée est complètement inutile et ruineux pour les contribuables occidentaux…) Pour l’Islam, le changement est un bida ; ce terme signifie à la fois changement et condamnation du changement, assimilé à une faute morale grave. Le code islamique (le coran, les hadiths et le consensus) qui régit la vie de 99.99% des musulmans rejette toute possibilité d’évolution, d’usage de la raison, ou de réflexion personnelle. Tout ce qui s’écarte de la norme étroite fixée par Mahomet et ses disciples depuis le VII éme siècle est un bida, intrinsèquement répréhensible. Autre point commun. Il est sans doute intéressant de constater que les siècles d’or de l’Islam, les trois premiers, se sont terminés quand les populations dhimmis (non musulmanes, soumises), ont été détruites. Le même phénomène s’est produit dans l’empire socialiste durant le XX éme siècle, quand les générations formées avant l’avènement du socialisme se sont éteintes. Dans les deux cas, lorsque les étrangers au système ont disparu, les sociétés ont dégénéré.

5- la pauvreté.

La chute du socialisme Soviétique, l’ouverture de la Chine, l’histoire du Cambodge ou de l’Ethiopie, la comparaison entre les deux Allemagnes ou les deux Corées montrent que l’effet uniforme de ces régimes totalitaires est une pauvreté effrayante, une misère sans nom, dont les causes sont délibérément mises en place par les autorités parce qu’un peuple appauvri est plus facile à asservir. Les 57 états de l’OCI (Organisation de la Conférence Islamique) comprennent 1.2 milliards d’hommes. La richesse par personne y est seulement un vingtième de celle des pays occidentaux (sachant qu’un tiers vient du pétrole, qui ne doit rien aux hommes, et qui enrichit une nomenklatura) ; Si l’on exclut les principaux états pétroliers, un musulman est 25 à 30 fois moins riche qu’un occidental. (1) Certains pays non européens ni descendants d’européens appartiennent au camp occidental car ils ont adoptés des méthodes occidentales (Japon, Corée du Sud, Taiwan, Singapour). Or on ne peut attribuer de telles différences ni à des conditions locales, ni à des circonstances historiques. L’Islam est sans doute la meilleure explication de la misère du l’homme musulman. On peut remarquer également que seule la partie de l’Empire Romain (qui s’étendait de l’Espagne à la Syrie et de l’Angleterre aux déserts Africains) qui n’a jamais connue l’Islam (Italie, France, Allemagne, Belgique, Angleterre, Hollande) a connu un développement économique significatif. Et sans doute existe-il un gradient nord-sud et ouest–est de développement en fonction de la durée de la colonisation musulmane. Les peuples restés musulmans étant les plus pauvres. Autre point commun.

6- l’avance masquée.

En Europe de l’Est en 1945, au moment de s’emparer du pouvoir, les socialo communistes déclarèrent qu’ils mettaient en place un « socialisme à visage humain ». En quelques années, ce socialisme devint total, construisit un goulag et devint génocidaire. Avec l’aide directe ( la collaboration) et indirecte des socialistes occidentaux. Ceux-ci dissimulèrent ou minimisèrent les faits (les crimes) longtemps (et encore aujourd’hui, cf. l’opposition unanime des partis de gauche européens à la reconnaissance des crimes communistes) de façon à obtenir le plus d’aides économique de l’Occident. Sous ce masque du « socialisme à visage humain », ce sont des machines totalitaires qui ont été mises en place. L’avance masquée est ainsi une caractéristique des régimes totalitaires. Or l  « ’Islam modéré » est comme le « visage humain » que s’attribuait les dictatures socialistes, un masque habituel aux systèmes totalitaires en marche vers le pouvoir. Il en est de ces « musulmans modérés » comme de ces « socialistes à visage humain ». Ils sont parfois sincères, comme le furent bien des socialistes d’Occident ou même de l’Est. Les effets de l’Islam se sont manifestés dans 57 pays sur une durée de 14 siècles, parmi plus d’un milliard d’hommes, et quand l’Islam ne voyait pas son pouvoir menacé, il n’a jamais été modéré. Il ne faut pas confondre le masque et le visage et devenir ce que Lénine nommait « un idiot utile ».

7- la destruction culturelle.

Tous les systèmes totalitaires détruisent les langues, les cultures, les traditions historiques, les identités nationales des peuples envahis. Par exemple le socialisme Maoïste versus les peuples Tibétains, Mongols, Mandchous, etc. Les Russes, les Allemands firent de même. En ce domaine, l’Islam a agit de la même manière que les autres totalitarismes, et avec la même brutalité. Chez les peuples envahis par les armées musulmanes, la langue, la culture, la religion, l’identité nationale, la connaissance de leur propre histoire ont disparu. En Afrique du Nord et au Proche Orient, notamment, ne restent que des fragments des peuples originaux ; Au Pakistan, en Indonésie les cultures initiales sont en voie d’extinction. Seul subsiste un résidu folklorique, l’Islam constituant les fondations  de la culture et du système politique, et l’arabe dans bien des pays la seule langue utilisée (par la coercition).

Quelques réflexions.

-l’objet de ce post est de montrer que les fondements politiques de l’Islam sont communs avec ceux des systèmes totalitaires. Et de même qu’il a existé des socialistes de bonne foi, qui n’ont pas voulu ce à quoi ils ont collaboré, de même, il existe des musulmans qui s’imaginent de bonne foi que l’Islam peut être modéré, et que les résultats qu’il produit depuis toujours en terre d’Islam ne sont pas significatifs. Mais la bonne foi trompée de quelques uns ne change rien aux faits.

-il s’agit ici d’Islam politique, non de la foi musulmane, évidemment respectable, mais qui doit rester l’affaire de chacun, dans la sphère privée. Il n’est pas dans mon propos de stigmatiser une croyance religieuse ou une communauté, mais d’établir la nature totalitaire du versant politique de l’Islam. Le problème est que l’Islam ne reconnaît pas de séparation entre le profane et le sacré. « Religion et politique sont très liés en Islam(…) Mahomet fut chef d’état à Médine et commanda des armées, donnait ainsi le modèle du chef politique parfait pour les croyants. Le calife était d’ailleurs autant chef religieux que politique. L’ayatollah Khomeiny confirma ce point de vue en disant : « l’Islam est politique ou il n’est rien. » » (2)

-les conséquences désastreuses de cette idéologie ne sont encore bien visibles qu’au Proche Orient, en Irak, au Soudan, au Nigeria, dans les graves limitations de la liberté des non musulmans en terre d’Islam ou dans les mouvances terroristes en Occident. Nous y sommes peu sensibles car finalement en apparence peu concernés . Or les désordres liés au totalitarisme Islamique ne sont pas la conséquence d’un choc de civilisations, mais la forme actuelle d’une lutte pluri millénaire entre deux lignées évolutives incompatibles  (totalitarismes et démocraties) qui traversent des civilisations successives en adaptant leur structures aux conditions présentes. Les personnes qui aujourd’hui voudraient faire des concessions à l’Islam pour l’amadouer ou l’occidentaliser sont souvent les mêmes qui jadis faisaient des concessions au socialisme total dans le même but. Le totalitarisme socialiste est mort parce qu’il ne pouvait coexister avec les démocraties. L’Islam est aussi incapable de coexister avec les démocraties et pourrait mourir de cette incapacité.

-contrairement aux totalitarismes qui ont dévasté le XX éme siècle, l’Islam ne possède qu’une nuisance limitée en terme économique, industriel, scientifique ou militaire.

-les ravages de l’Islam dans les années à venir pourraient toutefois être considérables, notamment en Occident, si nous continuons à croire (ou faire accroire) qu’il s’agit d’une simple religion, que celle ci est essentiellement pacifique et tolérante, marginalement défigurée par un petit nombre d’extrémistes (« islamistes ») non représentatifs. Ce d’autant plus que la seule réponse des nations démocratiques Occidentales reste la nécessaire répression policière du terrorisme qui laisse le champ libre à son idéologie.

-une erreur (de plus) commune de l’Occident est de ne pas porter secours et assistance à un certain nombre d’intellectuels musulmans (mais aussi occidentaux, cf les professeurs Redecker et Chagnon), dont beaucoup vivent en Occident mais pas tous, qui tentent de réinterpréter le coran pour en tirer des règles plus compatibles avec nos démocraties libérales. On se souvient de l’accueil glacé reçu en Occident par Salman Rushdie, auteur des « Versets Sataniques » (le « dégoût » du président Chirac entre autres), ou encore l’ostracisme subi par Ayaan Hirsi Ali aus Pays-bas et son exil aux USA.

-la question de la ré formabilité de l’Islam est posée. A l’instar des régimes socialistes qui se sont effondrés parce que l’absence de liberté produit non seulement la servitude mais aussi la pauvreté et la décadence. Le totalitarisme socialiste est mort de sa tentative de réforme (glasnost Gorbatchevienne) parce qu’ incompatible avec la liberté. Il est possible d’imaginer qu ‘en voulant réformer l’Islam, c’est à dire en voulant injecter une dose de liberté dans cette idéologie totalitaire, certains intellectuels musulmans « progressistes » hâtent la fin même de l’Islam.

(1) JJ Walter, Crépuscule de l’Islam, Ed de Paris 2005, p.53.

(2) B Lewis ; Islam, p. 254.

05/01/2007

Lumières et totalitarisme.

Récemment , à l'occasion d'un post sur l'état culturel, titre du livre de Marc Fumaroli et prétexte de ma part à une digression sur la politique culturelle Française, un lecteur érudit de ce blog réfuta l'opposition entre les idéaux des lumières et la geste totalitaire, arguant au contraire d'une filiation entre l'esprit des Lumières et les différentes formes de totalitarisme.

Ma première réaction fut, tout en admettant l'idée d'une filiation entre ces idéaux et le radicalisme jacobin durant la Révolution Française par exemple, de refuser pareille proximité idéologique, arguant à mon tour que le mouvement totalitaire, par essence négation de l'individu, était contraire à l'idéal individualiste des Lumières.

Mais le ver était dans le fruit et le simple fait d'admettre sans peine la parenté entre la radicalité jacobine (de 1793) et cette philosophie du XVIIIeme siècle, m'amena à reconsidérer la possibilité d'une telle filiation, en apparence iconoclaste.

Les Lumières furent un mouvement de renouveau intellectuel, culturel construit sur des idées de liberté (de penser, d'agir, de croire), d'égalité, de rationalisme scientifique, d'individualisme, de scepticisme, de tolérance et porté par des hommes d'horizons très divers comme Voltaire, Diderot, Rousseau, Condorcet, David Hume, Spinoza ou Montesquieu. Tous les secteurs de la société ont alors tendance à se débarrasser des anciennes tutelles. Pour autant elles ne forment pas une école de pensée unique; sur le plan politique, de fortes différences distinguent Montesquieu et son libéralisme démocratique, Voltaire et son despotisme éclairé ou Rousseau et son contrat démocratique. Les philosophes vantent la capacité de l'individu à se servir de sa raison. Au moment ou règne Louis XV, la pensée des philosophes aboutit à remettre en cause tous les principes religieux et politiques qui constituaient les fondements de la société: contre la croyance, le doute; contre l'autorité, le libre arbitre; contre la communauté, l'individu. Les Lumières imposent l'idée que la religion ne constitue qu'une opinion, dissociant ainsi société et foi.

Cet esprit dit "des Lumières" exerce aujourd’hui et depuis cette époque une influence déterminante au moins en occident et se veut universel. Or c'est bien au nom de cet esprit que des hommes ont commis les pires atrocités. Pourquoi?

1- Philosophie des Lumières et dignité de l'homme.

Contrairement à l'historiquement correct, il semble que les philosophes des Lumières ne croient pas en l'existence d'une nature humaine. Dénué de tout caractère spirituel, l'homme n'est que pure matière, totalement déterminé par les corps extérieurs. Ainsi, selon le baron d'Holbach, l'homme "est dans chaque instant de sa vie un instrument passif entre les mains de la nécessité".(1) Pour l'ensemble des philosophes, l'homme n'est qu'une "machine", une "horloge", un "clavecin sensible et animé" (2), subissant les mouvements imposés de l'extérieur.

L'homme étant déterminé, il s'ensuit que le libre arbitre n'existe pas. Ainsi dit Spinoza, les hommes "se trompent en ce qu'ils pensent être libres; et cette opinion consiste uniquement pour eux à être conscient de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés" (3). "La liberté, telle que plusieurs scolastiques l'entendent, écrit Voltaire, est en effet une chimère absolue" (4).

Les rares êtres éclairés, c'est à dire les philosophes, se voient chargés d'établir les meilleures règles sociales et politiques pour l'ensemble du genre humain, qui lui, doit rester dans l'ignorance. "Le vulgaire ne mérite pas qu'on songe à s'éclairer" écrit Voltaire (5). "La vérité, dit-il encore, n'est pas faite pour tout le monde. Le gros du genre humain en est indigne" (6). Les historiens se montrent d'une étonnate discrétion quant à l'immense mépris des classes populaires exprimé par certaines figures du XVIIème siècle: dans ses "Vues patriotiques sur l'éducation du peuple", Philipon de la Madeleine, autre philosophe, exprime le voeu que l'usage de l'écriture soit interdit aux enfants du peuple...(19) Le peuple des Lumières, le peuple idéal, c'est le peuple sans le peuple.

Plus encore, la diversité des individus que les philosophes et les naturalistes observent les conduit à douter de l'unité du genre humain. "Il n'est permis qu'à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Américains ne soient des races entièrement différentes", écrit Voltaire (7).

Racisme et antisémitisme abondent dans la prose de nos philosophes éclairés. "Comment se peut-il, écrit Voltaire, qu' Adam qui était roux et qui avait des cheveux, soit le père des nègres qui sont noirs comme de l'encreet qui ont de la laine noire sur la tête ? " (8). Voltaire poursuit: "leur yeux ronds, leur nez épaté, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence mettent entre eux et les autres espèces d'hommes des différences prodigieuses. " (7) Les juifs ne sont pas mieux lotis, toujours chez Voltaire : "Vous ne trouverez en eux qu'un peuple ignorant, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent". (7)

L'abbé Grégoire, illustre révolutionnaire, dresse lui aussi en portrait peu flatteur du peuple juif: "La plupart des physionomies juives sont rarement ornées des coloris de la santé et des traits de la beauté (...). Ils ont le visage blafard, le nez crochu, les yeux enfoncés, le menton proéminent; Ils sont cacochymes, et très sujets aux maladies, et exhalent constamment une mauvaise odeur". (9) Pour Léon Poliakov, le rationalisme scientifique des Lumières constitue une des sources du racisme nazi (20).

En tout état de cause, cette détermination de l’homme se fait toujours, au plus profond de lui même, à son insu. Nos pensées, écrit le baron d’Holbach, «  se sont à notre insu et malgré nous, arrangées dans notre cerveau, lequel n’est que l’esclave de causes qui malgré lui et à son insu agissent continuellement sur lui. » (1)

L’homme n’étant que pure matière, une machine que l’on peut régler, sans que son consentement intervienne, l’intention des « Lumières », réalisée par la révolution de 1789, est de former des citoyens nouveaux qu’il s’agit d’éduquer conformément aux souhaits des philosophes ; Pour G ; Gusdorf (10), «  ce remodelage procédant du dehors au dedans suscitera l’homme nouveau selon les voies et les moyens d’une pédagogie totalitaire, dont on retrouve les linéaments dans les traités de Condorcet, d’Holbach, et dans l’œuvre réformatrice des législateurs révolutionnaires ».

Il s’agit donc bien pour l’état de régénérer l’homme, et partant, la société, en formant en série des citoyens coulés dans le même moule.

2- La réalisation politique de cette philosophie sous la Révolution.

Pour régénérer l’homme, il convient donc d’agir sur la société, et tout spécialement sur l’organisation politique. La République, investie d’une mission éducative, exclura de son sein les réfractaires à l’ordre nouveau. La République a pour but de changer l’homme. C’est le but avoué des révolutionnaires : « Le peuple Français, écrit Fouché, ne veut pas plus d’une demi-instruction que d’une demi-liberté ; il veut être régénéré tout entier, comme un nouvel être sorti des mains de la nature ». (11)

Le conventionnel Rabaut Saint-Etienne est tout aussi explicite : « il faut faire des Français un peuple nouveau, lui donner des mœurs en harmonie avec ses lois ». (12)

Il faut comprendre ici que pour ces hommes, imprégnés de l’esprit des Lumières, l’état n’a plus pour but d’assurer le bien commun, mais d’éduquer les Français à la République !

Ainsi crée-t-on en 1794 l’Ecole Normale qui, comme son nom l’indique, est destinée à dicter la norme. Selon les propres termes des créateurs de cette école, son but est de former « un très grand nombre d’instituteurs capables d’être les exécuteurs d’un plan qui a pour but de régénérer l’entendement humain dans une république de 25 millions d’hommes que la démocratie rend tous égaux. » (13) Restructurer l’intelligence à des fins exprimées d’uniformisation et de conditionnement…

De multiples fêtes laïques sont ainsi crées pour déshabituer les Français aux fêtes religieuses. La culture devient aussi l’enjeu de la conquête de l’esprit public :un arrêté du Directoire précise ainsi que « tous les directeurs et propriétaires de spectacles seront tenus sous leur responsabilité individuelle de faire jouer chaque jour, par leur orchestre, avant la levée de la toile et dans l’intervalle entre deux pièces, les airs chéris des républicains ou quelque autre chant patriotique. » (13)

Or cette « éducation » républicaine n’est pas facultative ; Elle doit pénétrer jusqu’au plus profond de l’être. Aucune intériorité individuelle ne doit résister à l’empreinte des idées nouvelles, comme le dit JJ Rousseau : « S’il est bon de savoir employer les hommes tels qu’ils sont, il vaut mieux encore les rendre tels qu’on a besoin qu’ils soient, l’autorité la plus absolue est celle qui pénêtre  jusqu’à l’intérieur de l’homme, et ne s’exerce pas moins sur la volonté que sur les actions. » (14)

Plus encore, afin de ne pas gêner cette endoctrinement citoyen la famille doit être écartée ; L’abbé Grégoire expose ainsi à la veille de la révolution , que  « les enfants si l’on sait les soustraire à l’éducation parentale recueilleront, même sans le vouloir, des idées saines qui seront le contrepoison des absurdités dont on voudrait les repaître au sein de leur famille. » (15)

 

3- Tous égaux ?

 

Si la république peut façonner à sa guise les jeunes générations, que faire des adultes marqués par les habitudes de l’ancien régime, c’est çà dire corrompus ? Rabaut Saint Etienne à la solution : « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière. » (15) Seuls les véritables républicains ont droit à la protection des lois et bénéficie des droits de l’homme et du citoyen. Les Vendéens, cet « ennemi intérieur » dont le caractère populaire de la révolte mettait à mal la légitimité « populaire » du nouveau régime est une bonne illustration de cette distinction. L’animalisation du Vendéen, sa déshumanisation, (« race abominable », « monstres fanatiques affamés de sang », « tigres affamés du sang des Français », « horde d’esclaves », etc..) vise à faire perdre à ces hommes refusant la citoyenneté républicaine, leur dignité d’hommes, et partant légitime leur éradication. Ce qui fut fait et bien fait. (cf un de mes posts précédents).

« Le gouvernement révolutionnaire doit aux bons citoyens toute la protection nationale ; il ne doit aux ennemis du peuple que la mort » dit Robespierre. (16) Cette phrase est symptomatique : les ennemis du peuple, c’est à dire de la révolution, ne sont pas des citoyens (Guevara, Kieu sanpan, Pol Pot, Mao, Lénine ou Trotski auraient pu prononcer cette phrase, mot pour mot).

Ou l’on comprend que la qualité de citoyen ne découle plus de l’appartenance à une cité, mais de l’acceptation des principes philosophiques et moraux défendus par la République ; La république est par conséquent religieuse car elle veut conquérir l’intériorité humaine, par l’intermédiaire de fêtes païennes imposées aux Français, de l’enseignement public obligatoire,  et de la pratique des institutions républicaines qui créeront des habitudes de vie façonnant l’être nouveau (ce constat n’est il pas toujours d’actualité ?).

« Si donc lors du contrat social il s’y trouve des opposants, leur opposition n’invalide pas le contrat, elle empêche seulement qu’ils y soient compris ; ce sont des étrangers parmi les citoyens.» dit JJ Rousseau ; (17)

Le régime démocratique, tels que l’entendent les républicains n’a plus rien de commun avec l’acception classique c’est à dire antique ou chrétienne. Il s’agit d’un système coercitif destiné à façonner l’homme nouveau, contre son gré si nécessaire (et pour son bien, à son insu).

4- Alors ?

Le contrôle de l’activité et de la pensée des hommes, la coercition physique et psychique, le mythe de l'"homme nouveau" et de la "régénération" de la société, l’endoctrinement systématique et à grande échelle, la destruction des structures sociales existantes, la négation de l’homme en tant qu’individu, la valorisation des masses ou du groupe, l’animalisation de l’ennemi, le meurtre de masse sont les caractéristiques habituelles d’un régime totalitaire.

Force est de reconnaître qu’ils sont constitutifs, consubstantiels, non seulement d' une partie de la geste révolutionnaire (et non pas seulement d' un certain Jacobinisme), mais aussi de la pensée d’un grand nombre de ces « philosophes des  Lumières » et donc de l’esprit des Lumières.

Est-ce à dire que la philosophie des Lumières se réduit à cette "tentation totalitaire"? Non , bien sûr, c'était un parti pris de ma part d'explorer ce coté obscur de cette période de notre histoire révolutionnaire. Parce qu'il existe et qu'il est systématiquement occulté pour ne pas faire d'ombre à la légende dorée des manuels d'histoire..

"Les idées et les valeurs des Lumières interviennent comme référence permanente dans les conflits idéologiques et politiques de la période révolutionnaire. Mais sur les chemins, combien sinueux, de la révolution s'opère aussi leur transmutation: le cosmopolitisme se transmue en nationalisme conquérant, le pacifisme en militarisme, la tolérance en fanatisme, la liberté en Terreur. Les idées héritées, la révolution les soumet à ses propres contraintes, les amalgame avec ses propres mythes, les moule sur ses propres formes." (18)

(1) Nature humaine et Révolution Française, Xavier Martin, Editions DMM, p. 16.

(2) idem, p. 17

(3) idem, p. 18

(4) Correspondance, tome 1, p. 251.

(5) Correspondance, tome 3, p. 710.

(6) Correspondance tome 7, P. 877.

(7) Essai sur les moeurs ed 1878, p. 5, cité par Jean de Viguerie dans un article intitulé "Les lumières et les peuples"; Revue historique, juillet-septembre 1993.

(8) Dictionnaire philosophique, article Adam, cité par Jean de Viguerie, op cit.

(9) Cité par Jean de Viguerie, dans "Essai sur la régénération physique morale et politique des juifs", op cit.

(10) G Gusdorf, « L’homme romantique », Les sciences humaines et la pensée occidentale , tome 11, p.27, 1984 Paris.

(11) Réflexions sur l’instruction publique » mai 1793, cité par X Martin, p. 117.

(12) Archives parlementaires, 1/55/346/2 cité par X Martin, p112.

(13) Arrêtés des 18 et 27 nivôse an IV, cité par X Martin.

(14) Discours sur l’économie politique, Œuvres complètes, tome 3, p. 251.

(15) Archives parlementaires, 1/55/346/2, cité par X Martin, p.110-111.

(16) Discours de Robespierre du 25 décembre 1793.

(17) Contrat social, livre 4, chapitre 2, p. 440, Pléiade, tome 11

(18) Bronislaw Brackzo, chapitre "Lumières", dictionnaire critique de la révolution Française. Furet Ozouf, Flammarion, p. 290.

(19) cité par J Sévillia dans "Historiquement correct", Perrin, p. 162.

(20) Le mythe aryen, Complexe, 1987.

02/01/2007

Communisme et lassitude.

Par hasard, j’ai écouté ce jour la fin d’une émission de France Culture, « Du grain à moudre », souvent intéressante d’ailleurs, et consacrée –oh miracle- à JF Revel récemment disparu, à travers le livre hommage qu’ a écrit Pierre Boncenne (Pour JF Revel, Plon. 2006).

J’ai suivi avec plaisir la discussion entre Besançon, Sirinelli et Boncenne, malheureusement parasitée par les péroraisons de Julliard. Revel, présenté à tort par la clique gauchiste médiatico-intellectuelle comme anticommuniste primaire, était un érudit et un intellectuel de premier plan dont la constance de l’engagement antitotalitaire, dans la lignée de Raymond Aron, mérite le respect.

J’ai repensé à ce petit livre indispensable retraçant la correspondance entre Furet et Nolte (Fascisme et communisme, Plon. 1997) au sujet de la proximité idéologique des deux phénomènes totalitaires. Cette proximité, défendue par Revel dans nombre de ses ouvrages, mais aussi par Alain Besançon (Le malheur du siècle, Fayard) constitue toujours un tabou en France et explique sans doute en partie la haine tenace et l’ostracisme dont il fut l’objet, sa vie durant et même après sa mort.

Et c’est sans doute parce qu’il existe un négationnisme procommuniste beaucoup plus hypocrite, plus efficace et plus diffus que le négationnisme pronazi, sommaire et groupusculaire, mais dont le comité de vigilance citoyen anti fasciste nous rebat les oreilles à longueur de journée, la danger étant bien sur majeur.

L’organisation de la non repentance à l’égard du communisme aura été la principale activité politique de l’ultime décennie du siècle, comme l’organisation de sa non connaissance aura été celle des sept décennies antérieures.

Le succès périodique du négationnisme procommuniste donne à tout nouveau livre rétablissant certaines vérités, et en particulier esquissant le parallèle sacrilège entre communisme et nazisme, l’apparence de la découverte (Qu’on se rappelle le tollé de la gauche, y compris la gauche non communiste, après la sortie du « Livre noir du Communisme » et la sortie grotesque de Jospin à l’Assemblée...). Or on n’en finirait pas d’aligner les citations dés 1918 pour l’appréciation exacte du bolchevisme, et dés 1933 pour la comparaison entre les totalitarismes, ou figurent déjà des constats et des arguments sans appels, mais aussi sans grands résultats sur la reconnaissance des crimes communistes.

Dans son « Passé d’une illusion » (Robert Laffon, 1995), François Furet (ancien communiste lui même) consacre un long passage à l’historien Allemand Ernst Nolte, qui avait fait l’objet avant lui d’une condamnation sommaire en Allemagne et en Occident pour avoir théorisé cette comparaison interdite.

On se rappelle pourtant d’André Gide, écrivant dans son retentissant « Retour de l’URSS » : « Je doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fut-ce l’Allemagne de Hitler, l’esprit sois moins libre, plus courbé, plus craintif, terrorisé qu ‘en URSS». Et le doyen respecté des historiens du fascisme, Renzo de Felice (plutôt de sensibilité socialiste d’ailleurs), déclarant en 1988 comparant Hitlérisme et communisme : « La vérité en conclusion est qu’il s’agit de phénomènes identiques ; Le totalitarisme caractérise et définit le Nazisme comme le communisme, sans aucune différence réelle ; peut-être l’ais-je dis avec brutalité, mais j’estime que le moment est venu de s’en tenir aux faits et de briser les mythes faux et inutiles. » (Actes du colloque « Le stalinisme dans la gauche Italienne », mars 1988)

Furet et Nolte évoquaient à la fin de leur correspondance la thèse de « l’inutilité du vrai », dont s’était déjà emparé Revel dans « La connaissance inutile » (Grasset, 1988). Alain Besançon dans son « Malheur du siècle », en s’interrogeant à son tour sur les raisons de « l’amnésie du communisme et de l’hypermnésie du nazisme », et s’il reconnaissait le caractère unique et incomparable de la Shoah, concluait que les différences entre les deux totalitarismes sont dans la nature des motivations et non dans le degré du mal.

Pour Revel, « Ce qui distingue le communisme du Nazisme, ce n’est pas le système du pouvoir, il est identique dans les deux cas. C’est que le premier est une utopie et non le second ; Lorsqu’ Hitler supprime la démocratie et crée des camps d’extermination, il réalise ses idées et tient ses promesses. Lorsque c’est Lénine qui le fait, il réalise le contraire de ses idées et trahit ses promesses. Mais il le nie au nom de l’avenir qu’il prétend radieux. L’utopie rend légitime la déconnexion entre les intentions et les actes » (Fin du siècle des ombres, Fayard)

C’est la le paradoxe de l’après communisme : pourquoi y a-t-il encore tant de « compagnons de route », alors qu’il n’y a plus de route ?

19/11/2006

fasciste!

Y a t il un danger fasciste en France ?

Cette question, instrumentalisée avec ferveur par la gauche dans son ensemble, en digne héritière du Komintern a certains égards, est récurrente dans ce pays.

Chacun court le risque, à un moment ou un autre, de se faire qualifier de tel, et à propos de n’importe quoi : immigration, patriotisme, valeurs, éducation, régime parlementaire...

 

- Mais qu’est ce que , ou plutôt, qu’était le fascisme ?

Emilio Gentile, universitaire italien considéré comme un des meilleurs spécialiste de la question répond ainsi : « Le fascisme est un phénomène politique moderne, nationaliste et révolutionnaire,antilibéral et antimarxiste,organisé en un parti milice, avec une conception totalitaire de la politique et de l’Etat, avec une idéologie à fondement mythique, viril et anti-hédoniste, sacralisée comme religion laïque, qui affirme la primauté absolue de la nation, entendue comme communauté organique, ethniquement homogène, hiérarchiquement organisée dans un état corporatif, avec une vocation belliqueuse, une politique de grandeur, de puissance et de conquête, visant à la création d’un ordre nouveau et d’une nouvelle civilisation. » (E Gentile, Fascisme, histoire et interprétation. Gallimard 2002)

E. Gentile définit ensuite l’idéologie fasciste comme une « idéologie anti idéologique » , en raison de son activisme et de son aversion pour les élaborations intellectuelles et idéologiques.

Le mouvement fasciste est propre à l’Italie des années 20 comme le mouvement national-socialiste à l’Allemagne des années 30 ou le mouvement phalangiste espagnol à la même époque. Pourquoi dater ainsi ce mouvement intellectuel ? Parce qu’il est né au point de rencontre d’événements sans précédents et qui ne se retrouverons plus : en effet, le fascisme est né des traumatismes de la première guerre mondiale au sein de la jeune génération du front, qui connut l’horreur, mais aussi la camaraderie et la solidarité dans l’action. Il est né de la situation de détresse subie par des nations comme l’Italie ou l’Allemagne. Il est né aussi d’une réaction contre la menace bolchevique en Europe (bien réelle, il est de bon ton de l’oublier ou de la sous-estimer). Pourtant, comme le regretté F. Furet l’avait noté, « le fascisme n’est pas né seulement pour vaincre le bolchevisme, mais pour briser à jamais la division du monde bourgeois » (Furet, Le passé d’une illusion, Laffont, 1996).

Cette société libérale bourgeoise en crise au sortir des années 20 semble si obsolète face aux défis multiples de la modernité et des crises économiques, que les régimes autoritaires se répandent comme une épidémie en Europe : la Hongrie bascule des 1919, l’Espagne une première fois en 1923, la Pologne en 1926, , la Yougoslavie en 1929, le Portugal en 1932, l’Allemagne en 33, la Grèce et l’Espagne-une nouvelle fois- en 36, la Roumanie en 38, la France en 1940.

Tous sont établis sur le modèle classique des dictatures militaires conservatrices, mais sont distincts du fascisme Italien.

Le fascisme, alors n’est il qu’Italien ? Non répond encore E. Gentile (La voie Italienne du Totalitarisme, Le Rocher .2004), bien qu’il soit hostile à l’usage générique et aveugle du concept de fascisme en dehors de tout contexte temporel ou géographique. Le fascisme Italien a un fondement idéologique plus clair que le national-socialisme Allemand, reposant sur le mythe de la race supérieure. Il aurait-toujours d'après E. Gentile-une  structure idéologique plus complexe: celle de l'état totalitaire, solution unique pour toutes les nations civilisées d'Occident, contrairement au mythe de la race qui ne s'adresse qu'aux Allemands. Il est par ailleurs possible de considerer le fascisme, le nazisme et le bolchevisme comme trois arbres differents ayant des similitudes et non pas comme trois branches d'un même arbre.

Plus largement, le fascisme peut sans doute s’intégrer dans l’idéologie totalitaire, entendue au sens de mouvement révolutionnaire extrémiste aspirant au monopole du pouvoir. Le qualificatif "totalitaire" est original et apparait en Italie dans les années 1923-1925 pour désigner l'imposition du monopole du pouvoir politique par le parti fasciste qui se mettait alors en place. Le concept et le mot "totalitaire" s'appliquent donc historiquement seulement au fascisme Italien, alors qu'il recouvre actuellement des réalités differentes: fasisme, bolchevisme ou nazisme, faisant disparaitre les spécificités de chacun de ces phénomènes et pouvant par extension représenter tout ce qui s'oppose à la démocratie libérale (théocraties musulmanes, tyrannies exotiques, etc.); Le point commun entre les trois phénomènes étant peut-être la négation de l'individu, avec des distinctions: pour le marxisme, héritier de la table rase des Lumières, l'individu est sans racines autres que sociales (homo oeconomicus, semblable à celui du libéralisme), pour le fascisme, l'individu est porteur d'un héritage complexe qui se confond avec celui de la nation; Deux conceptions antagonistes donc, qui fondent des projets politiques et sociaux radicalements differents.

On voit donc qu’il est bien difficile de cerner une définition précise du mot « fasciste ». Et qu’aujourd’hui cela recouvre à peu prés tout et n’importe quoi .

 

- Quid en France, alors?

Y a-t-il une mouvance fasciste comme semblent le craindre nos amis progressistes? Le front national, Poujadiste, nationaliste et antisémite de Le Pen peut il être assimilé à un parti fasciste ? Au regard de l’acception d’E Gentile, on peut répondre facilement non, compte tenu de l’absence de caractère révolutionnaire ou totalitaire de son programme, somme toute légaliste et républicain, des valeurs de patriotisme, d’autorité, d'ordre, de préférence nationale n’étant certainement pas suffisantes pour définir une idéologie fasciste.

Mais il est intéressant de constater aussi que la gauche radicale actuelle (front anti libéral, PC, trotskystes, etc.) emprunte à l’idéologie fasciste certaine de ses caractéristiques, comme la haine du libéralisme ou de l’ordre bourgeois, l’athéisme militant, l’intolérance la plus sectaire, sous des postures naturellement généreuses dites "progressistes".

Contrairement à BH Levy et Zeev Sternhell qui soutiennent la thèse d’un fascisme idéologiquement élaboré sous une forme accomplie, en France notamment, et qui aurait existé avant même la naissance du fascisme italien, Renzo de Felice et Emilio Gentile constatent que la France n’a jamais vu l’émergence d’une mouvance fasciste organisée, sans pouvoir l’expliquer de façon évidente (rôle d’une tradition démocratique et républicaine plus ancienne et mieux ancrée, conditions économiques distinctes notamment au lendemain de la 1ere guerre mondiale, ou bien que ruinée, la France appartenait au camp des vainqueurs et pu se reconstruire plus rapidement grâce au traité de Versailles et à l’aide alliée).

 

medium_islamnazi12mj.jpg