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18/11/2009

bourreau, fais ton office! (II)

navet.jpg«  (…) Une écrivaine de cette envergure doit être au moins l’égale de Mme de Sévigné ou de Mme de Lafayette ou même la meuf à Dieu soi-même pour s’autoriser des jugements aussi péremptoires. Lisons ceci : «Et celui qui l'accueillit ou qui parut comme fortuitement sur le seuil de sa grande maison de béton, dans une intensité de lumière soudain si forte que son corps vêtu de clair paraissait la produire et la répandre lui-même, cet homme qui se tenait là, petit, alourdi, diffusant un éclat blanc comme une ampoule au néon, cet homme surgi au seuil de sa maison démesurée n'avait plus rien, se dit aussitôt Norah, de sa superbe, de sa stature, de sa jeunesse auparavant si mystérieusement constante qu'elle semblait impérissable». C’est la première phrase des trois nouvelles réunies en un «roman». La conjonction de coordination «et», placée au début du roman, est censée coordonner, elle ne coordonne rien. Elle est retournée ou subvertie, mise cul par-dessus tête. Cela a dû paraître aux grands vieillards et vieillardes de chez Drouant du dernier chic ou comme le comble de l’audace grammaticale. C’était moderne ou audacieux chez Flaubert ou chez Joyce ou chez Faulkner, il y a un siècle ou un siècle et demi. Aujourd’hui, répété par des centaines d’écrivains et d’écrivaines, d’auteurs et d’auteures, de scripteurs et de scripteuses, de goncoureurs et de goncoureuses, c’est du psittacisme. Le premier qui a comparé la femme à une rose ou l’amour à une flamme était un poète; le millième ou le dix-millième est un imbécile. La modernité de ces Trois Femmes puissantes, bien terne, pâle, palichonne, faiblarde, sent le moisi, le renfermé, le rance. Ce n’est pas, comme chez Balzac, de l’odeur de pension, mais du remugle de pensionnat de jeunes filles. Le vocabulaire est de la même eau stagnante. Lisons ceci (début du troisième paragraphe) : «Il était là, nimbé de brillance froide, tombé sans doute sur le seuil de sa maison arrogante depuis la branche de quelque flamboyant dont le jardin était planté». «Il», c’est le père polygame et assassin. Laissons de côté l’inévitable nimbé qui fait joli, l’hypallage convenue (maison arrogante), la métaphore par synesthésie (brillance froide) recensée comme procédé de style depuis deux siècles, l’impossibilité physique de tomber de la branche d’un arbre sur le seuil de la maison (à quelques mètres devant la maison sans doute) et attardons-nous sur brillance. Voilà un mot qui en jette, surtout dans les salons de coiffure pour dames et dans les usines de fabrication de ces saloperies chimiques que sont les laques. (…) » suite

Commentaires

J'aime bien ce genre de critique qui semble honnête, qui plus est. Mais je devine les ressorts qui t'ont poussé, cher hoplite, à publier celle-ci en particulier.

Quel vilain que tu es! ;)

Écrit par : Trader | 19/11/2009

oui, oh! rien que de trés habituel. il se trouve que ce livre m'est -par hasard- passé entre les mains dans ma librairie préférée, avant qu'il ne soit distingué et que la prose indigente de cette pauvre fille m'a affligé. même s'il y a longtemps que j'ai saisi la logique strictement mercantile et spectaculaire de ces prix littéraires, je trouve que leur soumission au politiquement correct (i e l'apologie -inconditionnelle- du métissage, de la négritude, de l'afriquitude, bref de tout ce qui n'est européen), est de plus en plus difficile à supporter. Ce qui ne signifie nullement qu'il n'y ait pas d'auteurs conséquents hors du Limes. C'est juste le côté inconditionnel qui m'insupporte. en passant, ami inuk)

Écrit par : hoplite | 19/11/2009

Je ne pouvais pas m'empêcher de te frotter amicalement les oreilles avec mon commentaire... ;)

Écrit par : Trader | 19/11/2009

Très très bon article de Stalker.Cela ne vaut pas une botte de navets le bouquin de la gongourée 2009.
Quelle médiocrité,vraiment.

Écrit par : Aubin | 23/11/2009

oui, mais bankable!

Écrit par : hoplite | 23/11/2009

Les commentaires sont fermés.