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21/06/2009

Kumkale

w02pha1l.jpgC’est rare que je me souvienne d’un rêve, que je m’éveille avec un visage, une voix, une situation précise. J’avais raconté celui de la barmaid de Drumheller tantôt…

Ce matin je me suis levé avec le visage d’un homme mort depuis plus de 15 ans : celui d’un vieux paysan, salopette en drap bleu, casquette, sabots, chemise à carreau et lunettes le soir pour les nouvelles, chez qui j’allais chercher le lait les soirs d’hiver. Et parfois traire dans l’étable avec son fils, au cul des vaches, dans l’odeur de foin qu’on faisait tomber de l’étage et de bouse fraîche…Un brave homme, simple, une force de la nature, avec lequel j’échangeais quelques banalités, manière de causer (le propre du citadin à la campagne: le silence des paysans est inconfortable, dérangeant). Il était marié à la femme-debout: une femme que je n'ai jamais vue assise avec les hommes. Toujours debout pour servir les hommes à table; pour l'apéro (ratafia et biscuits secs) ou pour le repas des vendanges.

J’imaginais assez bien que cet homme n’avait jamais dépassé les limites du canton et ne connaissait du monde que ce qu’il en lisait dans les journaux ou regardait à la télé. Un soir d’hiver, il y a plus de 15 ans, peu avant qu’il ne meure à l’hospice local, et alors que je partais à l’armée, cet homme m’avait raconté qu’il avait fait la guerre de 14 dans le corps expéditionnaire des Dardanelles, qu’il avait débarqué à Kumkale puis combattu à Gallipoli, avant d’être évacué devant le désastre de la campagne. Ce paysan Corrézien avait vu et vécu des choses incroyables : des centaines d'hommes mourir devant lui, atrocement mutilés, des cuirassiers coulés par les mines, des hommes mourir de dysenterie et mangés par les rats, l’horreur de la guerre, la misère de l’homme qui meurt loin des siens. Puis il avait passé quelques mois prés d’Arras, dans les tranchées, avant d’être blessé et réformé. Retour à la ferme et aux travaux des champs. Une parenthèse extraordinaire et terrifiante. Ce paysan à casquette derrière ses bestiaux s’était métamorphosé définitivement dans mon esprit en soldat de Marmara. Désormais assis prés de la fenêtre, dans son fauteuil contre le radiateur et prés du feu (été comme hiver), charentaises aux pieds, la Dépèche dans les mains, se levant et enlevant sa casquette pour saluer le gamin que j’étais.

20/06/2009

upon your silver shield

Arrrrhhhhhh bordel, impossible d'écouter autre chose! la  faute au trader...

Conquistador your stallion stands
in need of company
and like some angel's haloed brow
you reek of purity
I see your armour-plated breast
has long since lost its sheen
and in your death mask face
there are no signs which can be seen
And though I hoped for something
to find
I could see no maze to unwind
Conquistador a vulture sits
upon your silver shield
and in your rusty scabbard now
the sand has taken seed
and though your jewel-encrusted blade
has not been plundered still
the sea has washed across your face
and taken of its fill
And though I hoped for something
to find
I could see no maze to unwind
Conquistador there is no time
I must pay my respect
and though I came to jeer at you
I leave now with regret
and as the gloom begins to fall
I see there is no, only all
and though you came with sword held high
you did not conquer, only die
And though I hoped for something
to find
I could see no maze to unwind

burqa mon amour

Untitled-1.jpgDiscussion « surréaliste » l’autre soir avec une de mes amies, jeune bourgeoise catho tradi, après moult flacons vidés et tabac cubain au bec (on ne se refait pas), au sujet du remboursement par la sécu de la réfection de l’hymen de jeunes femmes françaises d’origine maghrébine souhaitant se refaire une virginité avant d’aller trouver un mec au bled…

Surréaliste au sens hallucinant, pas au sens Bretonien du terme qui sous entend l’absence de tout contrôle de la raison, l’absence de surmoi moral (au contraire le surmoi ne manquait pas)…

Cette jeune cruche défendait bec et ongles cette pratique au motif que, en se soumettant à cette recommandation culturelle traditionnelle (arriver « vierge » au mariage), cela leur permettait de mieux s’intégrer dans nos sociétés émancipées. (en étant en phase avec leur culture…)

Et rien à faire, bordel ! J’ai eu beau batailler, lui mettre l’évidence devant les yeux, à savoir qu’il s’agissait au contraire d’un enfermement identitaire étranger à la culture européenne, que cela faisait le jeu des fondamentalistes par nature hostiles à toute acculturation, que c’était la négation de toute émancipation, que c’était le type même de l’accommodement raisonnable qui conduira nos filles ou petites filles à devoir choisir entre niqab ou burqa, etc.

Nada. Que pourquoi pas aussi l’excision, le meurtre d’honneur et toutim?

A un moment donné, j’ai compris que RIEN au monde ne pourrait la faire changer d’avis. RIEN. Et au lieu de m’égosiller, j’ai eu cette réflexion, calme, distanciée (on devient sage en vieillissant...): avec des amis pareils, je n’ai pas besoin d’ennemis. C’est avant tout un combat idéologique, philosophique. Qui me parait bien mal engagé. Mais qu’il faut mener. Comme dit Spengler, ci-dessous…

Lire aussi: Personne n’est obligé de vivre en Occident. Mais en Occident, on accepte le regard des autres. (merci Hank)

(illustration: la trés belle adriana Lima. y avait longtemps...à coup sûr une forte personnalité. hm)

faire face

"Nous sommes nés à ce temps et devons poursuivre avec vaillance, jusqu'au terme fatal, le chemin qui nous est tracé. Il n'y a pas d'alternative. Notre devoir est de nous incruster dans cette position intenable, sans espoir, sans possibilité de renfort. Tenir, tenir à l'exemple de ce soldat romain dont le squelette a été retrouvé devant une porte de Pompéi et qui, durant l'éruption du Vésuve, mourut à son poste parce qu'on avait omis de venir le relever. Voilà qui est noble. Voilà qui est grand. Une fin honorable est la seule chose dont on ne puisse PAS frustrer un homme."


Dernier paragraphe de l'essai L'homme et la technique. Oswald Spengler. Munich, 1931

(merci inuk)

16/06/2009

The hours, they bring me pain

Measuring a summer's day,
I only finds it slips away to grey,
The hours, they bring me pain.

*Tangerine, Tangerine,
Living reflection from a dream;
I was her love, she was my queen,
And now a thousand years between.

Thinking how it used to be,
Does she still remember times like these?
To think of us again?
And I do.