16/08/2009
c'était génial!
« Nous autres, enfants du quatorzième arrondissement, on peut dire qu’on a été libéré avant tous les autres de la capitale, cela en raison d’une position géographique privilégiée. On n’a même pas de mérite. Les Ricains sont arrivés par la porte d’Orléans, on est allé au-devant d’eux sur la route de la Croix-de-Berny, à côté de chez nous. On était bien content qu’ils arrivent, oui, oui, mais pas tant, remarquez bien, pour que décanillent les ultimes fridolins, que pour mettre fin à l’enthousiasme des « résistants » qui commençaient à avoir le coup de tondeuse un peu facile, lequel pouvait – à mon avis – préfigurer le coup de flingue.
Cette équipe de coiffeurs exaltés me faisait, en vérité, assez peur. La mode avait démarré d’un coup. Plusieurs dames du quartier avaient été tondues le matin même, des personnes plutôt gentilles qu’on connaissait bien, avec qui on bavardait souvent sur le pas de la porte les soirs d’été, et voilà qu’on apprenait – dites-donc – qu’elles avaient couché avec des soldats allemands ! Rien que ça ! On a peine à croire des choses pareilles ! Des mères de famille, des épouses de prisonnier, qui forniquaient avec des boches pour une tablette de chocolat ou un litre de lait. En somme pour de la nourriture, même pas pour le plaisir. Faut vraiment être salopes !Alors comme ça, pour rire, les patriotes leur peinturlurait des croix gammées sur les seins et leurs rasaient les tifs. Si vous n’étiez pas de leur avis vous aviez intérêt à ne pas trop le faire savoir, sous peine de vous retrouver devant un tribunal populaire comme il en siégeait sous les préaux d’école, qui vous envoyait devant un peloton également populaire. C’est alors qu’il présidait un tribunal de ce genre que l’on a arrêté l’illustre docteur Petiot – en uniforme de capitaine – qui avait, comme l’on sait, passé une soixantaine de personnes à la casserole. Entre parenthèses, puisqu’on parle toubib, je ne connais que deux médecins ayant à proprement parler du génie, mais ni l’un ni l’autre dans la pratique de la médecine : Petiot et Céline. Le premier appartient au panthéon de la criminologie, le second trône sur la plus haute marche de la littérature.
Mais revenons z’au jour de gloire !Je conserve un souvenir assez particulier de la libération de mon quartier, souvenir lié à une image enténébrante : celle d’une fillette martyrisée le jour même de l’entrée de l’armée Patton dans Paris. Depuis l’aube les blindés s’engouffraient dans la ville. Terrorisé par ce serpent d’acier lui passant au ras des pattes, le lion de Denfert-Rochereau tremblait sur son socle. Édentée, disloquée, le corps bleu, éclaté par endroits, le regard vitrifié dans une expression de cheval fou, la fillette avait été abandonnée en travers d’un tas de cailloux au carrefour du boulevard Edgard-Quinet et de la rue de la Gaïté, tout près d’où j’habitais alors. Il n’y avait déjà plus personne autour d’elle, comme sur les places de village quand le cirque est parti. Ce n’est qu’un peu plus tard que nous avons appris, par les commerçants du coin, comment s’était passée la fiesta : un escadron de farouches résistants, frais du jour, à la coque, descendus des maquis de Barbès, avaient surpris un feldwebel caché chez la jeune personne. Ils avaient – naturlicht ! – flingué le chleu. Rien à redire. Après quoi ils avaient férocement tatané la gamine avant de la tirer par les cheveux jusqu’à la petite place où ils l’avaient attachée au tronc d’un acacia. C’est là qu’ils l’avaient tuée. Oh ! Pas méchant. Plutôt voyez-vous à la rigolade, comme on dégringole des boîtes de conserve à la foire, à ceci près : au lieu des boules de son, ils balançaient des pavés. Quand ils l’ont détachée, elle était morte depuis longtemps déjà aux dires des gens. Après l’avoir balancée sur le tas de cailloux, ils avaient pissé dessus puis s’en étaient allés par les rues pavoisées, sous les ampoules multicolores festonnant les terrasses où s’agitaient des petits drapeaux et où les accordéons apprivoisaient les airs nouveaux de Glen Miller. C’était le début de la fête. Je l’avais imaginée un peu autrement.
Après ça je suis rentré chez moi, pour suivre à la T.S.F la suite du feuilleton. Ainsi, devais-je apprendre, entre autres choses gaies, que les forces françaises de l’intérieur avaient à elles seules mis l’armée allemande en déroute. Le Général De Gaulle devait, par la suite, accréditer ce fait d’armes. On ne l’en remerciera jamais assez. La France venait de passer de la défaite à la victoire, sans passer par la guerre. C’était génial. »
Michel Audiard Le Figaro-Magazine, 21 juillet 1984. Rivarol 08/09.
12:55 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : audiard, libération
15/08/2009
Rory my ass
Incroyable partition qui renvoie le reste du monde de la guitare dans les cordes...
Dire que portishead dans son -excellent-dernier album donne sa propre version de "Machine Gun" sans qu'aucun critique d'aucune revue que j'ai pu lire ne mentionne qu'Hendrix fut le premeier à porter en musique les bombes et le tak-a-tak des fusils d'assaut.
Dans quel monde vivons-nous, je vous le demande?
Allez, va, Rory, c'est pas grave...
Jo
02:43 | Lien permanent | Commentaires (12)
13/08/2009
vivrensemble à Royan
A Royan, retour de bâton pour les petites frappes de l'Essonne
FAITS DIVERS - Chez eux, dans leur cité d’Epinay-sous-Sénart ce sont «des petits gars bien connus» des services pour des incivilités, selon un policier de l'Essonne mais sûrement pas des «grands délinquants» . En vacances à Royan, ce groupe d'une douzaine de jeunes âgés de 18 à 26 ans a pourri la vie des résidents et des commerçants de cette station balnéaire paisible pendant une quinzaine de jours.
Fraîchement débarqués de région parisienne, ils se sont d’abord installés chez « un de nos délinquants locaux » selon l’expression du commissaire en chef de la circonscription de Royan. Puis ayant repéré une maison vide à proximité, ils y ont élu domicile. C’est là que les riverains ont commencé à se plaindre. Le bruit, les jets d’objets et la fête toute la nuit, ce n’est pas vraiment le style du quartier qui héberge plutôt des retraités. Mais une incivilité n’est pas un délit et une récrimination n’égale pas un dépôt de plainte. Et lorsqu’un habitant du troisième étage d’une résidence toute proche vient se plaindre d’avoir «trouvé un noir de plus de 100 kilos sur son paillasson» (sic), la police ne peut pas faire grand-chose pour lui. Finalement à force d’appels au 17 de la part des voisins, les policiers ont pris les choses en main le week-end du premier août pour faire évacuer le squat. «Une intervention musclée pour faire sortir les jeunes» selon le commissaire avant que les portes de la maison ne soient clouées à la demande du propriétaire.
Les jeunes ont également sévi chez les commerçants. Selon une technique d’extorsion de fonds apparemment bien rôdée. L’un d’entre eux crée un incident et demande réparation pour le préjudice qu’il aurait subi. Ils ont ainsi réussi à se faire remettre 50 euros par un patron de bar pour un t-shirt déchiré. Chez un opticien, ils se sont contentés de dérober trois paires de lunettes mais il a fallu que le maire en personne insiste auprès du propriétaire de la boutique pour que celui-ci accepte de porter plainte. L’affaire a commencé à franchement mal tourner à l'entrée d’une discothèque. Les portiers ayant refusé l'accès au groupe, le ton est monté. Après une bagarre, les jeunes se plaignent de s'être fait casser une paire de lunettes de marque. Le leader exige 200 euros de remboursement, ce qui lui vaudra finalement d’être interpellé pour tentative d’extorsion de fonds. Ce garçon de 21 ans présentant plusieurs condamnations à son casier judiciaire a été condamné mardi, en comparution immédiate à Saintes, à quatre mois de prison ferme.
Dimanche, même scénario, deux jeunes provoquent une rixe dans un café du bord de mer et affirment avoir perdu une liasse de billets. En dédommagement, ils réclament 1000 euros au patron en le menaçant d’un couteau. Celui-ci refuse de payer et se fait tabasser. Cette dernière agression va mettre le feu aux poudres. Les forains qui tiennent les manèges sur le front de mer, victimes eux aussi de la petite bande de racketteurs décident de passer à l’action. «Ils ont fait rappliquer les cousins et les amis et ils se sont rendus à trente au logement des jeunes» révèle un policier. Pour leur descente, les forains se sont équipés d’objets divers. Comme une clé en acier trempé pesant deux kilos et confisquée par la police un peu plus tard. «Ils leur ont fichu une sacrée trouille» assure le patron du commissariat. «Ils ont essayé de défoncer les portes, ont balancé des poubelles dans les fenêtres» et n’ont été arrêtés dans leur élan que par l’arrivée des fourgons de CRS. Des investigations ont été diligentées sur cette expédition punitive mais c'est silence-radio à Royan.« Les jeunes de la maison s’étaient réfugiés dans les toilettes à cinq dans une pièce de trois m2», raconte le commissaire.
Après avoir calmé le jeu, les policiers ont embarqué toute la bande. Jean-Michel Lacourte, le cafetier attaqué a reconnu ses agresseurs. Ils ont été condamnés à deux mois fermes et 40 heures de travail d’intérêt général. Les autres jeunes ont été conduits en fourgon à la gare de Saintes pour y prendre le premier train à destination de Paris. La commissaire Da Silva du commissariat de Brunoy qui a compétence à Epinay-sous-Sénart ne connaît pas les jeunes pour ce genre d’infractions. Ils avaient sûrement besoin, explique-t-elle de «financer leurs vacances». (source)
1-j’ai beau être blasé, la veulerie stratosphérique de nos édiles me surprend toujours :
-« Ces jeunes se sont certes montrés un peu agressifs et menaçants mais ils ne s’en sont jamais pris à une retraitée pour lui voler son sac. Nous avons été confrontés à une bande de jeunes de banlieue qui ont voulu se comporter comme chez eux. Ici, la population sédentaire est un peu âgée et leur sensibilité à l’insécurité est un peu plus exacerbée qu’en région parisienne.» Didier Besson, adjoint au maire de Royan, en charge de la sécurité. (source)
-«des petits gars bien connus» des services pour des incivilités, selon un policier de l'Essonne mais sûrement pas des «grands délinquants».
-la commissaire Da Silva du commissariat de Brunoy qui a compétence à Epinay-sous-Sénart ne connaît pas les jeunes pour ce genre d’infractions. Ils avaient sûrement besoin, explique-t-elle de «financer leurs vacances».
2-Il est vrai qu’il est aisé de se montrer magnanime et de chanter les louanges du vivrensemble black-blanc-beur lorsque l’on est à l’abri de ce genre d’apôtres du multiculturalisme…
3-je n’ose pas imaginer une seconde le quotidien des gens de la cité d’Epinay-sous-Sénart qui se tapent ce lumpen prolétariat 365j/365.
21:43 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : chances pour la france
12/08/2009
viatique
Août 1786, chateau de Combourg.
« Une lettre me rappelle à Combourg : j’arrive, je soupe avec ma famille ; monsieur mon père ne me dit pas un mot, ma mère soupire, Lucile parait consternée ; à dix heures, on se retire. J’interroge ma soeur, elle ne savait rien. Le lendemain à huit heures du matin, on m’envoie chercher. Je descends, mon père m’attendait dans son cabinet.
« Monsieur le chevalier, me dit-il, il faut renoncer à vos folies. Votre frère a obtenu pour vous un brevet de sous lieutenant au régiment de Navarre. Vous allez partir pour Rennes, et de là pour Cambrai. Voilà cent louis, ménagez-les. Je suis vieux et malade ; je n’ai pas longtemps à vivre. Conduisez vous en homme de bien et ne déshonorez jamais votre nom. » »
Mémoires d’outre tombe, Chateaubriand, 1830.
21:08 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : chateaubriand, mémoires d'outre tombe