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20/06/2010

De Zahia à Anelka, la boucle est bouclée ! (De la pute au « fils de pute »)

«Au train où vont les choses, on peut donc se demander si la FIFA ne finira pas, un jour, par autoriser les clubs les plus riches (le fameux G14 qui regroupe les firmes footballistiques les plus influentes) à recruter à la mi-temps d’un match clé, les meilleurs joueurs de l’équipe adverse dans le but louable de sécuriser, par un résultat encore plus prévisible, leurs investissements financiers et leur cotation en bourse.

(…) Le public qui s’estime cultivé, -disons pour fixer les idées, celui qui lit Télérama, regarde Nulle part ailleurs et prend au sérieux le festival de Cannes- ne sait-il pas, d’avance, que le football est une activité parfaitement futile (vingt-deux individus en short qui courent après un ballon) et qu’il ne doit son regrettable succès qu’à sa fonction évidente de nouvel opium du peuple ? Quant à ceux, assez rares dans de tels milieux (sauf quand la mode l’exige) qui affectent parfois d’apprécier le football, et même d’y comprendre quelque chose, c’est le plus souvent sur ce mode distancié que l’Economie impose à ceux qui consomment ses marchandises « kitsch ».

(…) On serait tenté de croire, en effet, qu’un mépris si tranquillement affiché (il est difficile de ne pas songer ici aux dessins de Cabu, miroir parfait depuis des décennies, de la bonne conscience satisfaite des nouvelles classes moyennes) s’explique avant tout par la timidité et le puritanisme qui caractérisent  si souvent la vie réelle des intellectuels.

(…) En exagérant à peine, on pourrait dire  ainsi qu’à l’heure du Marché global et de son utilitarisme triomphant, il y a dans les dribbles enchantés et gratuits d’un Ronaldo ou les contrôles extra-terrestres d’un Zidane, comme un pied de nez aux maîtres du monde et à ceux des entraîneurs modernes (devenus malheureusement l’immense majorité) qui se contentent désormais de traduire sous forme de consignes tactiques le froid « réalisme » de ces maîtres. »

(JC Michéa, Les intellectuels, le peuple et le ballon rond, 1998)

Cela dit, il fut un temps, pourtant, où je me serais damné pour avoir la figurine Pannini™ de Janvion, Bossis, Tigana, Platini, Castaneda, « l’ange vert » Rocheteau ou Curkovic…et d’autres encore, qui me faisaient rêver quelques soirs de match en famille.

On ne peut pas dire que les choses se soient arrangées depuis quelques années, comme l’écrit remarquablement Michéa. Mais je dois dire que l’ « équipe de France » du moment, cette « bande de voyous avec une morale de mafia », comme le remarque charitablement Finkielkraut, célèbre contempteur de la composition « black-black-black » de notre équipe nationale, emblématique de cette génération caillera dont les sociologues d’Etat des pages Rebonds de Libé ne finissent pas de s’interroger sur les raisons de son désamour avec le peuple français (et dont le BA-BA de la réflexion devrait être qu’il faut un minimum de valeurs civilisationnelles communes pour pouvoir s’identifier à l’Autre…). Avec, au demeurant, une réflexion intéressante sur le reflet que serait cette équipe de notre société, gangrenée par le communautarisme, la sécession, la vulgarité violente de quelques caïds de bacs à sables.

Oui donc, de la gentille Zahia et ses prestations tarifées au pieux Ribéry (dont on apprend qu’il s’est battu avec le méchant blanc –donc raciste- Gourcuff dans l’avion du retour) et à quelques autres icônes du vivre-ensemble™ métissé et anti-raciste au pitre Anelka en passant par le coup de tête de Zizou à Materazzi en finale de la coupe de monde 2006,  la boucle est bouclée. Celle de l’arrogance violente et vulgaire d’une cohorte de parvenus en short archétypaux de ce lumpen-prolétariat « de quartiers » célébré à jet continu par nos modernes…

Mieux encore, la réaction d’Escalettes, huile pontifiante de la FFF, et d’Evra, capitaine des Bleus, à l’irruption dans la presse (l’Equipe d’hier en particulier) des propos insultants –mais éclairants- du pitre Anelka à l’égard du pauvre Domenech sont symptomatiques et me rappellent assez les réactions de la presse de révérence après l’affaire du Noctilien : le fond (un jeune gars blanc tabassé gratuitement et sauvagement par quelques « pépites de la nation » maghrébines et sub-sahariennes, des jeunes™, quoi !) passe immédiatement au second plan, l’essentiel étant de châtier celui ou ceux qui ont diffusé la vidéo et permis au plus grand nombre d’en prendre connaissance –éventuellement d’ouvrir un œil sur les prémisses d’une sécession ethnique et religieuse qui ne dit pas son nom) ; de la même façon concernant l’affaire Anelka, ce n’est pas le comportement du joueur et le fait qu’il ait pu s’entraîner le lendemain du match comme si de rien n’était qui fait scandale, mais le fait que la vérité éclate en première page de l’Equipe ("Va te faire enculer, sale fils de pute!") et qu’il y ait un traître au sein du « collectif » (traître dont il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu’il s’agit d’une jeune joueur prometteur d’origine bretonne évoluant aux Girondins…, un jambon, quoi !)

Un festival, je vous dis!

Vidéo, une autre époque...d'autres joueurs (qui jouaient au foot)

Commentaires

"coucou, me voilà!" fait le réel. Vivement la suite!

Écrit par : Inès | 20/06/2010

@Inès, tout à fait! et tout ce qui peut contribuer à déchirer le rideau spectaculaire festif et vivrensemblesque est bienvenu!

Écrit par : hoplite | 20/06/2010

"passe immédiatement au second plan, l’essentiel étant de châtier celui ou ceux qui ont diffusé la vidéo et permis au plus grand nombre d’en prendre connaissance"

Le schéma est en passe de devenir un classique. C'est d'ailleurs très exactement ce qu'il s'est passé dans "l'affaire" du "saucisson-pinard".

Cependant, il n'y a là rien de très nouveau et c'est probablement une des plus grosses ficelle qu'utilise le psychisme humain pour ne pas avoir à bousculer des habitudes reconnues comme particulièrement délétères mais offrant néanmoins certains bénéfices secondaires immédiats difficilement négociables (une fois encore, la comparaison avec la toxicomanie n'est pas totalement farfelue).

Petite digression : la réaction de Caroline Fourest dans le Monde a été cas d'école de cette malhonnêteté intellectuelle que développent "ceux qui savaient mais qui n'ont rien fait" : pour ne pas se retrouver totalement en porte-à-faux par rapport à son crédo, elle reconnait clairement, une fois les faits démontrés, la réalité de ceux-ci mais se voit dans l'obligation d'insulter gravement et toute honte bue ceux qui ont eu le courage de faire le travail qu'elle-même aurait DÛ faire si elle ne tenait pas à sa position sociale et professionnelle davantage qu'à sa probité morale et intellectuelle (alors que tout son discours est articulé autour d'une posture juridico-morale d'égalité et de pseudo objectivité intellectuelle ; bien entendu, elle se fout du monde).

Écrit par : snake | 20/06/2010

"bien entendu, elle se fout du monde"

oui, disons qu'elle connait la dévastation de la mort sociale qui accompagne une trop grande honnêteté intellectuelle...
bénéfices secondaires", oui.

cela dit, comme je le disais à Inès, j'ai l'impression que le décor a une fâcheuse tendance à se fissurer un peu plus tous les jours. et c'est une bonne nouvelle.
j'en viendrais presque à souhaiter l'Algérie en finale..ha ha! et une mise à sac réglée de quelques quartiers festifs de nos contrées...la botte souveraine de la réalité!

« La botte souveraine de la réalité, disait le vieux Léon. Les censeurs, les idéologues, les inquisiteurs de la pensée libre travestissent la réalité, la badigeonnent de leurs mensonges, traînent en justice ceux qui osent égratigner les façades peinturlurées. Et puis un jour, on entend un bruit de plus en plus proche, un fracas puissant qu'on ne parvient plus à étouffer, géante, irrésistible, « la botte souveraine de la réalité » vient, s'impose. Le contreplaqué de mensonges s'écroule, le glapissement des folliculaires stipendiés s'étrangle, les mots prostitués retrouvent leur sens. La réalité se dresse devant nous, irréfutable. Bien vu, camarade Trotski ! »

(Andrei Makine, Cette France qu'on oublie d'aimer, 2006)

Écrit par : hoplite | 20/06/2010

"Les faits sont têtus", autrement dit.
L'implosion de cette Equipe de clowns préfigure l'effondrement de cette France "diverse".
Bel avertissement!
Tu as vu comme la Goutte d'or a été investie par la fête de la musique? par des groupes de musique arabe, fêtant le vivrensemble. J'ai vu à la télé un groupe multiracial prônant l'union de tous, mais sur de la musique et des chansons en langue arabe.
Tous ensemble, ouais, mais sur LEUR musique et LEUR langue.
C'est plus simple et ce n'est pas interdit par la préfecture ni par le maire de Paris.

Écrit par : Carine | 21/06/2010

Le coup de boule est devenu une manière de s'exprimer pour le footballers :)
Cela fait au moins un peu de spectacle car les buts sont rares.

Écrit par : sonnerie portable gratuit | 27/02/2011

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