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10/07/2010

old south

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(...) Dans le Mississipi, prés des rives du grand fleuve, j'ai vu les ruines de Windsor. Il ne reste plus rien maintenant de cette grande demeure que les hautes colonnes grecques couvertes de vigne vierge. On voit tant de ruines élégantes et mystérieuses dans le Sud, tant d'images de mort et de désolation, tant de spectacles fantomatiques. Et toujours dans les coins les plus beaux, comme si l'envahisseur, visant les centres vitaux, avait voulu frapper aussi l'orgueil et l'espoir de sa victime. On ne peut s'empêcher de rêver à ce qu'aurait pu être cette terre bénie si les ravages de la guerre lui avaient été épargnés, car dans nos Etats du Sud, ce qu'on appelle la « culture esclavagiste » n'avait donné encore que ses toutes premières fleurs. Nous savons ce que les cultures esclavagistes de l'Inde, de Rome, de l'Egypte et de la Grèce ont légué au monde. Nous leurs sommes reconnaissants de cet héritage ; nous ne le repoussons pas sous prétexte qu'il a été bâti sur l'injustice. Qui donc a le courage devant ces merveilles du passé, de s'écrier : « Il aurait mieux valu que rien de tout cela n'eut été si pour créer ces chefs-d'œuvre il a fallu priver un seul être humain de sa liberté ! » Qui sait quelles splendeurs auraient pu s'épanouir dans des foyers de culture comme Charleston, Savannah, New Orléans !

(...) Il est des milliers de lieux de rêve dans le vieux Sud. On peut s'asseoir sur un banc dans un minuscule jardin confédéré, ou s'allonger sur les rives d'un canal ou se poster sur un remblai dominant une réserve Indienne : l'air est doux, lourd encore de parfums, le monde semble endormi, mais l'atmosphère est chargée de noms magiques, d'événements historiques, d'inventions, d'explorations, de découvertes. Riz, tabac, coton : à partir de ces trois éléments, seul le Sud a composé une grande symphonie d'activité humaine. Tout cela est fini maintenant. Un nouveau Sud est né. On a retourné le sol du vieux Sud. Mais les cendres en sont encore tièdes. »

Henry Miller, Le cauchemar climatisé, 1945.


podcast

Commentaires

C'est un très beau texte qui a le mérite de rappeler que la grandeur d'une civilisation ne se mesure pas à l'aune des principes moraux humanistes qui régissent nos sociétés modernes mais au regard de ce qu'elles ont accompli de supérieur, quel qu'en fut le prix humain. C'est peut-être l'excessive sacralisation de la figure de l'individu à notre époque qui nous a fait oublier que c'est sur de grandes injustices humaines que les plus colossales civilisations se sont érigées pour prospérer et générer des savoirs mirifiques. Lorsqu'une discussion s'oriente par exemple sur le thème des européens qui ont apporté la mort et la destruction au sein des peuples d'Amérique qui vivaient en harmonie avec la nature, il est toujours bon de rappeler en premier chef que les européens ont accompli de grandes choses parallèlement aux atrocités commises et d'évoquer en second lieu l'existence de comportements civilisationnels atroces de la part des sociétés amérindiennes les plus brillantes, telles que celles des aztèques ou des mayas qui se livraient à de gigantesques sacrifices rituels pour honorer leurs divinités sanguinaires. Les peuples qui ne rentrent pas dans la logique de rapport de force entre civilisations antagonistes qui fonde la marche de l'histoire sont les premiers à être balayés lorsqu'ils sont confrontés à des sociétés qui assument la part de mal qui imprègne le fonctionnement d'une organisation collective qui se donne les moyens de conquérir non seulement la géographie mais aussi la connaissance dans tous les domaines possibles. L'admiration de jeunes contemporains pour les peuples "stagnants" semble faire écho à la propension de nos sociétés à vouloir sortir de l'histoire quitte à en payer le prix par leur propre disparition, il n'est pas tellement rare d'entendre un jeune humaniste clamer qu'il préfère mourir que de devoir commettre un acte de violence pour se défendre devant un ennemi qui veut l'éliminer. La violence semble de plus en plus considérée comme avilissante elle-même et en faire usage constituerait un déshonneur plus insoutenable que la mort en soi; c'est à travers cette analyse que me semble s'expliquer l'extrême répulsion que suscitent les hooligans chez les bonnes âmes: là où l'on absout les "jeunes" de leurs crimes lorsqu'ils agressent, pillent ou violent on ne tarit pas d'injures à l'égard des castagneurs des stades dont la violence est pourtant régie par un chapelet de règles élémentaires (pas de lynchage, pas de surnombre, pas d'armes, seuls des hooligans doivent être affrontés) qui confinent la portée de leur violence à leur microcosme quand les "jeunes" font subir leur barbarie à l'ensemble des habitants des quartiers sur lesquels ils imposent leur domination. Le fait est que les "jeunes" sont souvent des allogènes tandis que les hooligans sont presque exclusivement des blancs qu'il est fréquent d'assimiler systématiquement à des néo-nazis. On retrouve de fait cette distinction entre la violence des allochtones qui est mécaniquement perçue comme légitime puisque liée à des vexations de la part des hôtes tandis que les hooligans, de par leur appartenance et parfois la revendication de cette appartenance à la société hôte, est systématiquement condamnée sans le moindre ménagement. Les adorateurs des sociétés "stagnantes" sentent peut-êtr confusément qu'il s'établit un rapport de force aujourd'hui entre l'Occident déclinant et les allogènes qui se montrent de plus en plus ardents dans la velléité de conquête mais par leur refus d'assumer un conflit qui les pousserait à assumer le mal comme moyen de survivre, ils se laissent disparaitre avec la satisfaction ou la consoltaion (?) que ce renoncement au mal est une absolution des crimes commis par leurs ancêtres et qu'il tient à eux de laver par leur capitulation sans combattre. Ce renoncement constituerait peut-être une sorte de rédemption qu'on pourrait mettre en parallèle avec lea vision chértienne du péché originel dont la rémission n'est possible qu'avec la mort.

Écrit par : ClockworkBlack | 10/07/2010

"Ouch"! (...) J'allais "renoncer" mais merci pour ce commentaire "halogène!" C'est mon "papa" qui va être "content(!)"

Écrit par : "écho" | 10/07/2010

En gros:

Blancs = néo-nazi,

Noirs = bisousnours.

Ces derniers temps, certains spécialistes ont évoqués dans les médias l'hypothèse de créer deux états indépendants entre israéliens et palestiniens pour en finir avec le conflit israelo-palestinien, un apartheid en gros...

C'est drôle parce que c'est exactement ce qu'on voulu faire les blancs et les noirs en Afrique du Sud sauf qu'eux, ils ont eu les droits de l'hommistes au cul condamnant l'apartheid comme etant contraire aux droit de l'homme et autre baratin, préférant d'installer le fameux "melting pot" qui, on le sait tous, fait des merveilles aux USA et qui commence à porter ces fruits en Europe.

Écrit par : Windir | 10/07/2010

@clockworkblack, suis d'accord avec vous. c'était l'essence d'un post récent sur la "pathologie du moi européen": les européens autochtones sont dépossédés à la fois de leur identité propre (et de la possibilité d'en revendiquer une) et de celle de pouvoir user de violence (légitime). A contrario, les allochtones, considérés comme des victimes par essence (cf Sartre et Fanon) ont toutes possibilités de revendiquer identité et violence à l'encontre des premiers.

Je faisais ce constat et pensait que l'histoire moderne des européens (guerres, totalitarismes, massacres démesurés, génocide juif, histoire coloniale) sont devenus (nolens volens) des "mythes incapacitants" (Lugan) intériorisés par le plus grand nombre et brandis à toutes occasions par une petite caste de "vigilants" bien décidés (le genre Badiou) à contempler la fin de l'histoire occidentale.

Il est possible que cette contrition volontaire, ce consentement à disparaitre puisse correspondre à la sécularisation dévoyée de l'eschatologie chrétienne de nos pères.
Pourquoi les occidentaux sont ils les seuls à décentrer leur jugement jusqu'à l'ethnomasochisme et la volonté de voir expier les leurs pour des crimes qu'ils n'ont pas commis?

@windir,

"Ces derniers temps, certains spécialistes ont évoqués dans les médias l'hypothèse de créer deux états indépendants entre israéliens et palestiniens pour en finir avec le conflit israelo-palestinien, un apartheid en gros...
C'est drôle parce que c'est exactement ce qu'on voulu faire les blancs et les noirs en Afrique du Sud sauf qu'eux, ils ont eu les droits de l'hommistes au cul condamnant l'apartheid comme etant contraire aux droit de l'homme et autre baratin, préférant d'installer le fameux "melting pot" qui, on le sait tous, fait des merveilles aux USA et qui commence à porter ces fruits en Europe."

tout à fait! c'est d'ailleurs un de mes favoris quand je discute avec des bobos: les mettre devant leurs contradictions est toujours un plaisir! ha ha!

Écrit par : hoplite | 10/07/2010

@ ClockworkBlack
Vous connaissez mal la religion chrétienne. Vous confondez rémission et rédemption. La théologie chrétienne et n'importe quel catéchisme disent que le péché originel a été lavé par la mort et la résurrection du Christ, seul rédempteur. Irénée de Lyon écrit : "La gloire de Dieu, c'est l'homme VIVANT." Le Christ libère de la mort et c'est cela qu'annonce le christianisme, contrairement à ce que vous écrivez.
Vous manquez d'ailleurs de rigueur dans l'ensemble de votre raisonnement.
Qu'appelez-vous "l'excessive sacralisation de la figure de l'individu " ? La figure de l'individu, cela ne veut absolument rien dire. Vous voulez peut-être parler de la "personne" ? En effet, c'est aussi la religion juive et chrétienne qui ont répandu cette idée que toute personne humaine est sacrée, à l'image de Dieu. Au nom de quoi dites-vous "excessive" ? Dites plutôt alors contestable, car ce n'est pas une question de degré, c'est une question de principe. Mais il est vrai que vous vous situez dans le degré et non dans le principe.
Qu'appelez-vous d'autre part "des principes moraux humanistes" ? Il n'y a de morale qu'humaine. Dès lors qu'appelez-vous "grandeur d'une civilisation" et "ce qu'elles ont accompli de supérieur" ? Que signifie "supérieur" pour vous ? C'est encore très relatif et non absolu. Pourquoi pas GRAND, simplement ?
Et qu'est-ce qui pour vous est "Grand", "supérieur", "colossal", "mirifique" (!), est-ce uniquement ce que vous appelez "se donner les moyens de conquérir" ? mais conquérir quoi ? Vous parlez de "connaissance dans tous les domaines possibles", considérez-vous sérieusement que ce n'est pas cet Occident que vous prétendez réveiller de son pacifisme délétère qui a poussé et qui pousse aujourd'hui encore le plus loin les connaissances dans tous les domaines ?
En tout cas la conquête géographique à la Jules César ou à la Gengis Khan n'est pas une preuve de la supériorité d'une civilisation, la supériorité d'une civilisation s'illustre par la manière dont elle impose ses valeurs, et les valeurs qui s'imposent aujourd'hui en France et dans le monde, en Occident et en Orient, et jusque dans les banlieues, ce sont les valeurs américaines, donc occidentales, donc chrétiennes, bien que dévoyées, de la liberté individuelle, de la dignité humaine, mais aussi du foot, du coca et de la quotation en bourse.
Allez donc méthodiquement au bout de votre raisonnement avant de décréter où sont les faibles et les forts.
Quant à la comparaison entre "hooligans" et "jeunes", comme vous dites, elle ne tient pas la route. Les uns comme les autres sont également réprouvés et la capitulation individuelle ou collective qu'on a pu parfois observer tient plus à la lâcheté ou à l'instinct de survie devant un rapport de force immédiat, à la peur de mourir justement, qu'à ce que vous appelez "la recherche d"une absolution".
Vous tentez de rationaliser une impression que vous ressentez, et qui est sans doute juste, une révolte saine et instinctive devant l'apparente acceptation publique d'injustices et de violences "allogènes', comme vous dites, mais vous n'allez pas jusqu'au bout de votre raisonnement.
Celui qui refuse de céder à la provocation est celui qui est sûr de sa force et tout le monde est conscient, de part et d'autre, que si par malheur un affrontement de grande ampleur devait se produire, et plaise à Dieu que les jeunes coqs qui trépignent à l'idée de répondre à la provocation ne nous y attirent pas, tout le monde sait qui est le plus fort, matériellement, techniquement, intellectuellement et, ne vous en déplaise, moralement, or c'est le droit qui fait, en dernier lieu, gagner une guerre, revoyez votre Histoire, mais c'est toujours au prix de bien des souffrances individuelles et collectives, d'un côté comme de l'autre...
Quant à l'argument démographique rétorquerez-vous ? D'où l'importance de séduire par la supériorité morale le maximum des leurs, et en particulier les femmes, les plus instruits, les plus pieux, tous ceux qui ont des raisons de choisir ouvertement le modèle occidental.
@ Hoplite
Les occidentaux ne décentrent pas leurs valeurs, ils les universalisent. Et si j'admets la mauvaise foi et le caractère pernicieux des batteurs de coulpes politico-médiatico-psycho-socio-gaucho-maso et autres, ils ne restent qu'une infime minorité, le bon sens reste dans la rue et vous savez bien qu'une pub pro-gay fait proportionnellement augmenter les insultes anti-pédé et qu'une apologie de l'anti-racisme fait proportionnellement augmenter le vote FN.
Ils ont beau être des veaux, on leur fera pas prendre des vessies pour des lanternes.

Écrit par : ChristineB | 12/07/2010

Le Sud nous aura apporté le blues, le rock, le jazz. Ce n'est pas rien.

Écrit par : brindamour | 13/07/2010

Magnifique photo! Impressionnant, tout ce qu'on peut faire avec photoshop. Sans ironie. Je suis scotchée, bouche bée, admirative. Des arguments complémentaires qui font mouche.
Bravo ChristineB pour cette inclinaison complexe et subtile vers le peuple...
Le bon sens en action !

Écrit par : Dieter Nett | 14/07/2010

Rencontres Trash sur Arte:

"Si vous avez aimé « The trip » parce qu’il est le reflet d’une époque et pour son casting, retrouvez par exemple Susan Strasberg et Bruce Dern dans « Psych-out » (3) de Richard Rush, tourné un an après sur une nouvelle proposition de Jack Nicholson –qui ne signe finalement pas le scénario mais joue dans le film. Si c’est le sérieux avec lequel Peter Fonda s’aventure dans son expérience hallucinatoire et les visions kaléidoscopiques qui en résultent qui vous ont plu, tentez le documentaire chamanique « D’autres mondes » (4) de Jan Kounen. Et puis si c’est le côté méga trip en roue libre qui vous a scotché, vous y aurez probablement pensé par vous même, mais au cas où : ne faite évidemment pas l’impasse sur « Las Vegas parano » (5) de Terry Gilliam."
Jenny Ulrich ( http://www.arte.tv/fr/Cinema-TRASH/1881666,CmC=2271030.html )

Voir aussi la rencontre Trash: "Pour moi, le trash c’est ça, c’est quelque chose de désintéressé. Certainement pas un truc pour dire merde aux parents. C’est un truc viscéral." (Tu vois...)
http://www.arte.tv/fr/mouvement-de-cinema/Cinema-TRASH/Rencontres-TRASH-_21-/2950260.html

Et oui, faut savoir lire entre les lignes...Ca, c'est "cool!!!" J'adoooore aussi le trip de la bande annonce de cette émission avec cette femme qui s'avance nue vers l'objectif, jetant sa poupée sur le sol et criant d'un air menaçant: "I WANT A BABY!!!!" THE TRIP pur délire "politico-médiatico-psycho-socio-gaucho maso" qu'on condamne, nous...en fait.
Et je coupe le son....et je remets le son... Trop fort!
Lire aussi Technickart.
Off.

Écrit par : CB | 14/07/2010

"nous ne le repoussons pas sous prétexte qu'il a été bâti sur l'injustice".

Faux pour les historiens marxistes et contrairement à ce que suppose Miller, l'esclavage est une mesure de justice visant la réparation et la prévention des crimes. Au moyen-age les sièges se finissaient par le massacre de "tout ce qui peut pisser sur la muraille", l'esclavage des chrétiens abolit par l'église.

Recommandons les témoignages de négriers et de propriétaires d'esclaves comme incontournables pour se donner une idée précise de cette pratique universelle que fut l'esclavage, primairement instrument de justice seulement discuté dans l'antiquité dans le cas de sa transmition par filiation.

Écrit par : galafron | 14/07/2010

Le point de vue de Miller sur le Sud américain m'a toujours laissé perplexe. Non pas que je n'y donne pas de crédit, sauf que j'ai de la difficulté à y adhérer pleinement.

Du reste, sa manière d'exprimer sa fascination du Sud a quelque chose de presque convaincant.

Écrit par : Trader | 20/07/2010

tu veux dire que tu es presque convaincu? moi aussi, c'est troublant. sans la victoire du Nord aurait pu naître une civilisation old south magnifique. ou rien. mystère.

Écrit par : hoplite | 20/07/2010

Miller souligne lui-même le défaut du Sud, celui de l'esclavagisme, et fait un parallèle avec d'autres cultures, celles-là manifestement achevées, la Grèce et Rome, de sorte qu'on est tentés de croire que ce parallèle tient.

D'abord on ne le saura jamais. Ensuite, s'il y a eu un art de vire pour l'élite confédérale, je me demande encore s'il y a eu une créativité distinctive de cette société.

Et si cette distinction culturelle en valait-elle la peine aux dépens des esclaves?

Écrit par : Trader | 21/07/2010

c'est toute la question.
mais se la pose-t-on pour les civilisations antiques qui reposaient toutes sur l'esclavage et dont nous sommes les héritiers?

Écrit par : hoplite | 21/07/2010

Je parirais que les civlisations antiques en étaient fières, mais la perception moderne de l'Homme intrinsèquement liée à l'individualité (notion à peine connue avant la Chrétienté) donne une perspective nettement différente.

Écrit par : Trader | 25/07/2010

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