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12/11/2012

lutte des classes

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« Le jour où la merde vaudra de l’or, le cul des prolétaires ne leur appartiendra plus » (Henry Miller).

"La crise ? Quelle crise ? La grande crise financière de 2008 a seulement montré aux banques et aux grandes sociétés qu’en cas de difficultés, les fonds publics seront toujours là pour les dépanner. Pour les plus riches, à qui l’Etat a sauvé la mise, les profits n’ont jamais cessé. Aux Etats-Unis, aucun responsable de la faillite des crédits immobiliers (les fameux subprimes) n’a été sanctionné. Les rares qui ont été poursuivis ont été acquittés et, grâce à leurs réseaux, les « barons » de Wall Street sont déjà retombés sur leurs pieds. Aujourd’hui comme hier, les profits des sociétés d’assurance et des établissements bancaires qui n’ont dû leur survie qu’à l’intervention massive des pouvoirs publics, continuent à s’envoler.

En avril dernier, on apprenait ainsi que les gérants des fonds spéculatifs (hedge funds) ont touché des sommes records en 2009, les cinq premiers ayant gagné chacun plus d’un milliard de dollars. Le leader du classement était l’Américain David Tepper, du fonds de placement Appaloosa Management, qui a perçu quatre milliards de dollars – du jamais vu dans ce secteur –, le second de la liste étant le financier américain d’origine hongroise George Soros, qui a gagné 3,3 milliards de dollars. Au total, les vingt-cinq dirigeants de fonds spéculatifs les plus payés au monde ont perçu 25,3 milliards de dollars, soit le double de ce qu’ils avaient gagné en 2008. Ce qui signifie que, « sur les fonds publics prêtés au cours de l’année 2009, soit à très bas taux, soit à taux zéro, pour sauver le système économique mondial de la déconfiture totale, les gérants et propriétaires des hedge funds les plus importants ont réalisé, pendant une crise qui dure toujours, des bénéfices sans précédent. Ils ont tout simplement pris les bénéfices des intérêts et des services produits par l’argent public »"

Eléments 03/2011-Alain de Benoist/source et suite

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"Le 25 mai 2005, Mr Warren Buffett déclara sur la chaîne de télévision CNN : “ Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner.”" source/wiki

21/09/2012

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« Quand Fillmore revint avec sa négresse, elle avait les yeux de braise. Je compris à la façon dont Fillmore la regardait qu'elle avait dû en mettre un sacré coup, et je commençais à me sentir en appétit moi aussi. Fillmore dût se rendre compte de mes sentiments, et quelle épreuve ce devait être pour un homme de rester la, rien qu'à regarder tout le temps, car brusquement il tira un billet de cent francs de sa poche et, le faisant claquer sur la table, il dit :

« Ecoute, vieux, tu as probablement plus besoin de tirer un coup que nous tous. Prends ça et choisis celle que tu veux ! »

Je ne sais pourquoi ce geste me le rendit plus cher que tout ce qu'il avait jamais pu faire pour moi, et il avait fait beaucoup ! J'acceptais l'argent dans l'esprit ou il m'était donné, et je fis promptement signe à la négresse de se préparer pour une autre passe. Cela mit la princesse encore plus en rage que n'importe quoi, sembla-t-il. Elle voulait savoir s'il n'y avait personne dans ce bordel d'assez bon pour nous, hormis la négresse ! Je lui répondis brutalement : « Non » Et c'était vrai -la négresse était la reine du harem. Il suffisait de la regarder pour se mettre à bander. Ses yeux semblaient nager dans le sperme. Elle était saoule de toutes les demandes qu'on lui faisait. Elle ne pouvait plus se tenir droite, du moins me le semblait-il. En montant l'étroit petit escalier tournant derrière elle, je ne pus résister à la tentation de lui glisser ma main entre les jambes : et ainsi, nous continuâmes à monter, elle se retournant pour me regarder avec un sourire joyeux, et tortillant un peu le cul lorsque cela la chatouillait trop fort. »

H Miller, Tropique du cancer, 1934.


podcast

10/07/2010

old south

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(...) Dans le Mississipi, prés des rives du grand fleuve, j'ai vu les ruines de Windsor. Il ne reste plus rien maintenant de cette grande demeure que les hautes colonnes grecques couvertes de vigne vierge. On voit tant de ruines élégantes et mystérieuses dans le Sud, tant d'images de mort et de désolation, tant de spectacles fantomatiques. Et toujours dans les coins les plus beaux, comme si l'envahisseur, visant les centres vitaux, avait voulu frapper aussi l'orgueil et l'espoir de sa victime. On ne peut s'empêcher de rêver à ce qu'aurait pu être cette terre bénie si les ravages de la guerre lui avaient été épargnés, car dans nos Etats du Sud, ce qu'on appelle la « culture esclavagiste » n'avait donné encore que ses toutes premières fleurs. Nous savons ce que les cultures esclavagistes de l'Inde, de Rome, de l'Egypte et de la Grèce ont légué au monde. Nous leurs sommes reconnaissants de cet héritage ; nous ne le repoussons pas sous prétexte qu'il a été bâti sur l'injustice. Qui donc a le courage devant ces merveilles du passé, de s'écrier : « Il aurait mieux valu que rien de tout cela n'eut été si pour créer ces chefs-d'œuvre il a fallu priver un seul être humain de sa liberté ! » Qui sait quelles splendeurs auraient pu s'épanouir dans des foyers de culture comme Charleston, Savannah, New Orléans !

(...) Il est des milliers de lieux de rêve dans le vieux Sud. On peut s'asseoir sur un banc dans un minuscule jardin confédéré, ou s'allonger sur les rives d'un canal ou se poster sur un remblai dominant une réserve Indienne : l'air est doux, lourd encore de parfums, le monde semble endormi, mais l'atmosphère est chargée de noms magiques, d'événements historiques, d'inventions, d'explorations, de découvertes. Riz, tabac, coton : à partir de ces trois éléments, seul le Sud a composé une grande symphonie d'activité humaine. Tout cela est fini maintenant. Un nouveau Sud est né. On a retourné le sol du vieux Sud. Mais les cendres en sont encore tièdes. »

Henry Miller, Le cauchemar climatisé, 1945.


podcast

02/05/2010

civilisations

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(...) Dans le Mississipi, prés des rives du grand fleuve, j'ai vu les ruines de Windsor. Il ne reste plus rien maintenant de cette grande demeure que les hautes colonnes grecques couvertes de vigne vierge. On voit tant de ruines élégantes et mystérieuses dans le Sud, tant d'images de mort et de désolation, tant de spectacles fantomatiques. Et toujours dans les coins les plus beaux, comme si l'envahisseur, visant les centres vitaux, avait voulu frapper aussi l'orgueil et l'espoir de sa victime. On ne peut s'empêcher de rêver à ce qu'aurait pu être cette terre bénie si les ravages de la guerre lui avaient été épargnés, car dans nos Etats du Sud, ce qu'on appelle la « culture esclavagiste » n'avait donné encore que ses toutes premières fleurs. Nous savons ce que les cultures esclavagistes de l'Inde, de Rome, de l'Egypte et de la Grèce ont légué au monde. Nous leurs sommes reconnaissants de cet héritage ; nous ne le repoussons pas sous prétexte qu'il a été bâti sur l'injustice. Qui donc a le courage devant ces merveilles du passé, de s'écrier : « Il aurait mieux valu que rien de tout cela n'eut été si pour créer ces chefs-d'œuvre il a fallu priver un seul être humain de sa liberté ! » Qui sait quelles splendeurs auraient pu s'épanouir dans des foyers de culture comme Charleston, Savannah, New Orléans !

(...) Il est des milliers de lieux de rêve dans le vieux Sud. On peut s'asseoir sur un banc dans un minuscule jardin confédéré, ou s'allonger sur les rives d'un canal ou se poster sur un remblai dominant une réserve Indienne : l'air est doux, lourd encore de parfums, le monde semble endormi, mais l'atmosphère est chargée de noms magiques, d'événements historiques, d'inventions, d'explorations, de découvertes. Riz, tabac, coton : à partir de ces trois éléments, seul le Sud a composé une grande symphonie d'activité humaine. Tout cela est fini maintenant. Un nouveau Sud est né. On a retourné le sol du vieux Sud. Mais les cendres en sont encore tièdes. »

Henry Miller, Le cauchemar climatisé, 1945.

« Parce que Kipling s'identifie à la classe des officiels, il possède une chose qui fait presque toujours défaut aux esprits « éclairés »- et c'est le sens de la responsabilité. Les bourgeois de gauche le détestent presque autant pour cela que pour sa cruauté et sa vulgarité. Tous les partis de gauche dans les pays industrialisés reposent fondamentalement sur une hypocrisie, car ils affichent de combattre quelque chose dont, en profondeur, ils ne souhaitent pas la destruction. Ils ont des objectifs internationalistes, et en même temps ils sont bien décidés à maintenir un niveau de vie qui est incompatible avec ces objectifs. Nous vivons tous de l'exploitation des coolies asiatiques, et ceux d'entre nous qui sont « éclairés » soutiennent que ces coolies devraient être libérés ; mais notre niveau de vie et donc aussi notre capacité de développer des opinions « éclairées » exigent que le pillage continue. L'attitude humanitaire est donc nécessairement le fait d'un hypocrite, et c'est parce qu'il comprenait cette vérité que Kipling possédait ce pouvoir unique de créer des expressions qui frappent. Il serait difficile de river le clou au pacifisme niais des Anglais en moins de mots que dans la phrase : « Vous vous moquez des uniformes qui veillent sur votre sommeil ! » Kipling, il est vrai, ne comprenait pas les aspects économiques des relations entre l'élite intellectuelle et les vieilles culottes de peau ; il ne voyait pas que si le planisphère est peint en rose, c'est essentiellement afin de pouvoir exploiter le coolie. Au lieu de considérer le coolie, il ne voyait que le fonctionnaire du gouvernement indien, mais même sur ce plan là, il saisissait exactement le mécanisme des relations : qui protège qui. Il percevait clairement que, si certains peuvent être hautement civilisés, c'est seulement parce que d'autres, qui sont inévitablement moins civilisés, sont là pour les défendre et les nourrir. »

Georges Orwell, Œuvres complètes, p186-187, cité par Simon Leys, Orwell ou l'horreur de la politique, p.48.

17/04/2010

bordel

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« J'habite Villa Borghèse. Il n'y a pas une miette de saleté nulle part, ni une chaise déplacée. Nous y sommes tout seuls, et nous sommes morts. ... »

«  ... Il vaut mieux garder l'Amérique ainsi, toujours à l'arrière-plan, une sorte de gravure carte postale, que l'on regarde dans ses moments de faiblesse. Comme ça, on imagine qu'elle est toujours là, à vous attendre, inchangée, intacte, vaste espace patriotique avec des vaches, des moutons et des hommes au coeur tendre, prêts à enculer tout ce qui se présente, homme, femme ou bête ! Ca n'existe pas, l'Amérique ! C'est un nom qu'on donne à une idée abstraite... »

« Quand Fillmore revint avec sa négresse, elle avait les yeux de braise. Je compris à la façon dont Fillmore la regardait qu'elle avait dû en mettre un sacré coup, et je commençais à me sentir en appétit moi aussi. Fillmore dût se rendre compte de mes sentiments, et quelle épreuve ce devait être pour un homme de rester la, rien qu'à regarder tout le temps, car brusquement il tira un billet de cent francs de sa poche et, le faisant claquer sur la table, il dit : « Ecoute, vieux, tu as probablement plus besoin de tirer un coup que nous tous. Prends ça et choisis celle que tu veux ! » Je ne sais pourquoi ce geste me le rendit plus cher que tout ce qu'il avait jamais pu faire pour moi, et il avait fait beaucoup ! J'acceptais l'argent dans l'esprit ou il m'était donné, et je fis promptement signe à la négresse de se préparer pour une autre passe. Cela mit la princesse encore plus en rage que n'importe quoi, sembla-t-il. Elle voulait savoir s'il n'y avait personne dans ce bordel d'assez bon pour nous, hormis la négresse ! Je lui répondis brutalement : « Non » Et c'était vrai -la négresse était la reine du harem. Il suffisait de la regarder pour se mettre à bander. Ses yeux semblaient nager dans le sperme. Elle était saoule de toutes les demandes qu'on lui faisait. Elle ne pouvait plus se tenir droite, du moins me le semblait-il. En montant l'étroit petit escalier tournant derrière elle, je ne pus résister à la tentation de lui glisser ma main entre les jambes : et ainsi, nous continuâmes à monter, elle se retournant pour me regarder avec un sourire joyeux, et tortillant un peu le cul lorsque cela la chatouillait trop fort. »

H Miller, Tropique du cancer, 1934.

02/03/2009

Sud

traindorothealange1937bs2.jpg« Le Sud est un vaste domaine dont on pourrait parler indéfiniment. Je n’en ai pas dit grand-chose et pourtant le Sud –et le Sud-ouest qui est un monde totalement différent- sont deux régions de l’Amérique qui me touchent profondément. Le vieux Sud est plein de champ de batailles, c’est une des premières choses qui vous y frappent. Le Sud ne s’est jamais remis de sa défaite. C’était une défaite purement militaire, les plus dures à supporter. L’homme du Sud a un rythme à lui, une attitude à lui devant la vie. Rien ne le convaincra qu’il avait tort ; au fond, il a un souverain mépris pour l’homme du Nord. Il a son propre panthéon d’idoles, guerriers, hommes d’Etat, écrivains, dont nulle défaite n’a affaiblit la gloire ni la renommée. Sur tous les plans, le Sud demeure solidement hostile au Nord. Il mène un combat sans espoir, très semblable à celui que l’Irlandais mène contre l’Angleterre.

Si vous êtes du Nord, cette atmosphère vous affecte étrangement. Vous ne pourrez vivre longtemps dans le Sud sans finir par être miné. Le climat, les paysages, les mœurs, les coutumes, le doux parler dégagent un charme auquel il est difficile de résister. Ce monde du Sud est plus proche que tout le reste des Etats-Unis de la vie de rêve dont parlent les poêtes. Peu à peu ce monde de rêve est envahi et contaminé par l’esprit du Nord. Le Sud croule sous les pas du conquérant. De Rome à Savannah, au long des vieilles pistes, on peut retracer la marche de Sherman vers la mer. C’est la route du vandale, la route du soldat qui a dit que la guerre était un enfer et qui l’a démontré par le fer et par le feu. Le Sud ne pardonnera jamais à Sherman, jamais.

 

(…) Dans le Mississipi, prés des rives du grand fleuve, j’ai vu les ruines de Windsor. Il ne reste plus rien maintenant de cette grande demeure que les hautes colonnes grecques couvertes de vigne vierge. On voit tant de ruines élégantes et mystérieuses dans le Sud, tant d’images de mort et de désolation, tant de spectacles fantomatiques. Et toujours dans les coins les plus beaux, comme si l’envahisseur, visant les centres vitaux, avait voulu frapper aussi l’orgueil et l’espoir de sa victime. On ne peut s’empêcher de rêver à ce qu’aurait pu être cette terre bénie si les ravages de la guerre lui avaient été épargnés, car dans nos Etats du Sud, ce qu’on appelle la « culture esclavagiste » n’avait donné encore que ses toutes premières fleurs. Nous savons ce que les cultures esclavagistes de l’Inde, de Rome, de l’Egypte et de la Grèce ont légué au monde. Nous leurs sommes reconnaissants de cet héritage ; nous ne le repoussons pas sous prétexte qu’il a été bâti sur l’injustice. Qui donc a le courage devant ces merveilles du passé, de s’écrier : « Il aurait mieux valu que rien de tout cela n’eut été si pour créer ces chefs-d’œuvre il a fallu priver un seul être humain de sa liberté ! » Qui sait quelles splendeurs auraient pu s’épanouir dans des foyers de culture comme Charleston, Savannah, New Orléans !

 

(…) Il est des milliers de lieux de rêve dans le vieux Sud. On peut s’asseoir sur un banc dans un minuscule jardin confédéré, ou s’allonger sur les rives d’un canal ou se poster sur un remblai dominant une réserve Indienne : l’air est doux, lourd encore de parfums, le monde semble endormi, mais l’atmosphère est chargée de noms magiques, d’événements historiques, d’inventions, d’explorations, de découvertes. Riz, tabac, coton : à partir de ces trois éléments, seul le Sud a composé une grande symphonie d’activité humaine.

Tout cela est fini maintenant. Un nouveau Sud est né. On a retourné le sol du vieux Sud. Mais les cendres en sont encore tièdes. »

 

Henry Miller, Le cauchemar climatisé, 1945.

29/10/2008

Bordel, bulle idéologique et obscurantisme moderne

« Quand Fillmore revint avec sa négresse, elle avait les yeux de braise. Je compris à la Noemie Lenoir 18.jpgfaçon dont Fillmore la regardait qu’elle avait dû en mettre un sacré coup, et je commençais à me sentir en appétit moi aussi. Fillmore dût se rendre compte de mes sentiments, et quelle épreuve ce devait être pour un homme de rester la, rien qu’à regarder tout le temps, car brusquement il tira un billet de cent francs de sa poche et, le faisant claquer sur la table, il dit : « Ecoute, vieux, tu as probablement plus besoin de tirer un coup que nous tous. Prends ça et choisis celle que tu veux ! » Je ne sais pourquoi ce geste me le rendit plus cher que tout ce qu’il avait jamais pu faire pour moi, et il avait fait beaucoup ! J’acceptais l’argent dans l’esprit ou il m’était donné, et je fis promptement signe à la négresse de se préparer pour une autre passe. Cela mit la princesse encore plus en rage que n’importe quoi, sembla-t-il. Elle voulait savoir s’il n’y avait personne dans ce bordel d’assez bon pour nous, hormis la négresse ! Je lui répondis brutalement : « Non » Et c’était vrai –la négresse était la reine du harem. Il suffisait de la regarder pour se mettre à bander. Ses yeux semblaient nager dans le sperme. Elle était saoule de toutes les demandes qu’on lui faisait. Elle ne pouvait plus se tenir droite, du moins me le semblait-il. En montant l’étroit petit escalier tournant derrière elle, je ne pus résister à la tentation de lui glisser ma main entre les jambes : et ainsi, nous continuâmes à monter, elle se retournant pour me regarder avec un sourire joyeux, et tortillant un peu le cul lorsque cela la chatouillait trop fort. »

 

H Miller, Tropique du cancer, 1934.



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« Cette bulle idéologique, la religion du marché tout puissant, a de grandes ressemblances avec ce que fût l’idéologie du communisme (…). Le rouleau compresseur idéologique libéral a tout balayé sur son passage. Un grand nombre de chefs d’entreprise, d’universitaires, d’éditorialistes, de responsables politiques ne juraient plus que par le souverain marché. » Les Echos, Paris, 7 octobre 2008.

Si même l’illustre éditorialiste des Echos, le sieur Favilla, nous le dit…Amen.

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Suis souvent surpris par le grand écart idéologique que font les plus fervents promoteurs des théories pédagogistes et novatrices au sein de l’Education Nationale –nos amis du désastre scolaire que Brighelli dans son blog épingle si bien, en patient entomologiste du monde scolaire

qu’il est. Il y a peu j’avais écrit –gerbé plutôt- ce que m’inspirait cet éloge absurde du film Entre les murs de l’idéologue invertébré Bégaudeau. Camille, du gang 5YL, a écrit un post qu’il faut lire également, pour entrevoir l’étendue du désastre.

Je dis grand écart idéologique car, sur le fond, il me semble que la plupart des bonnes consciences progressistes –de gauche comme de droite- ne voient pas la contradiction fondamentale qu’il y a à vomir quotidiennement le libéralisme économique d’un côté tout en adoubant, de l’autre, des théories éducatives et des principes anthropologiques qui ressortent directement de l’individualisme le plus libéral.

Je m’explique. Le contraste entre les moyens énormes mis au service de l’institution scolaire et les résultats dramatiques de la même institution montent assez bien à quel point –et contrairement à la rhétorique pavlovienne des syndicats d’enseignants sur le manque de postes et de moyens- il s’agit plus d’une crise civilisationnelle que d’une simple histoire de budget.

Au sens ou si l’école a changé, en mal, sous les coups des Lang, Meirieu, Langevin, Wallon et autres Bourdieu, adeptes de l’élitisme pour tous et de la massification de la culture, la société aussi.

La famille moyenne qui envoyait ses gamins les yeux fermés à l’école publique du quartier dans les années 50 ou 60 pour y acquérir, non pas une éducation qui était assurée par les parents, mais une instruction, n’est plus la famille d’aujourd’hui qui se décharge largement de son rôle éducatif sur l’institution qui, parallèlement, est de moins en moins à même d’assurer son devoir d’instruction.

Quels parents envoient aujourd’hui les yeux fermés leurs gamins à l’école du quartier ? Une minorité sans doute par aveuglement ou culte du métissage social…La majorité des parents n’ont plus confiance dans l’institution. Perte de légitimité et contestation du bien fondé de principes éducatifs impersonnels qui, jusqu’alors, paraissaient évidents à presque tous. Remise en cause du contenu et des méthodes. Pourquoi apprendre ? Quels savoirs ? Pour qui ? Les mêmes pour tous ? Ne faut il pas individualiser l’enseignement, mettre l’enfant au cœur du système ? L’aider à construire lui-même son savoir ? Respecter ses droits ? Rendre le savoir attractif ? Aller vers l’enfant ? Cesser de demander aux enfants de faire l’effort d’acquérir ce savoir ?

A bien considérer les choses, ce primat de l’individu –de l’élève- par rapport à la communauté, cette survalorisation de droits individuels ( apprendre, à construire son savoir, à bénéficier d’un enseignement individualisé et attractif, récusation de l’autorité, etc.) au détriment des devoirs de l'enfant (respect de l’autorité, de la figure du professeur, du savoir, humilité et reconnaissance devant ce travail d’individuation et de civilisation nécessaire voulu et organisé par la communauté), cette auto régulation des comportements (qui rappelle l'auto-régulation des marchés, la célèbre main invisible d'Adam Smith), ne sont que les manifestations les plus évidentes de cet individualisme libéral qui est aujourd’hui le credo de nos sociétés occidentales. Pour le meilleur, comme pour le pire.

Au delà de cette contradiction –féconde pour ceux qui veulent bien s’y arrêter- entre la lecture d’Alternatives économiques et le devoir de vigilance citoyen à l’égard des droits de l’élève dans l’institution scolaire, tout cela me semble traduire une confusion générale sur la nature de l’école et sur les rapports entre l’individu –enfant- et la société en tant que communauté.

Christopher Lasch dans les années soixante dix, se posant la question de la compatibilité d’une éducation de masse et du maintien d’un enseignement de qualité, avait démystifié ce chaos moderne en montrant la convergence de vue entre conservateurs partisans d’un enseignement élitiste et jugeant préjudiciable au maintien d’une excellence scolaire l’ouverture de l’école au plus grand nombre et radicaux qui justifient l’abaissement du niveau d’enseignement au nom de l’émancipation culturelle des opprimés.

Pour autant, Lasch faisait le constat d’un abaissement du niveau éducatif dans les lieux mêmes d’excellence (Yale, Princeton, Harvard), assez réfractaires par nature, au dogmes égalitaristes. Et faisait l’hypothèse que cette évolution inquiétante était propre aux sociétés industrielles avancées, celle-ci n’ayant plus nécessairement besoin d’individus brillants autonomes et critiques, mais plutôt de sujets moyens, relativement abrutis, capables d’effectuer un travail moyennement qualifié et de se comporter en bons consommateurs…Connivence des acteurs économiques et politiques pour laisser filer l’enseignement de la littérature, de l’histoire, des sciences politiques et da philosophie, peu nécessaires à l’accomplissement consumériste et festif de l’homme moderne.

Avec pour résultat que l’éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, avait fini par abrutir les privilégiés eux mêmes. On retrouve ce type d’analyse chez Renaud Camus lorsqu’il parle de la prolétarisation des classes moyennes et du corps professoral.

Ainsi, contrairement à l’esprit de l’institution qui était de former des citoyens éclairés capables de se diriger eux-mêmes, il semble que le système ne soit plus capable –hors quelques filières d’excellence soigneusement épargnées à dessein- que de produire des générations d’abrutis incultes et pour beaucoup analphabètes, tout juste aptes à obéir servilement aux campagnes promotionnelles, à opiner aux sommations d'une expertocratie auto proclamée et omni présente, et à célébrer comme il se doit l’avènement de cette société du Spectacle de masse dont parlait Debord.

Pourquoi, en effet, dans la perspective utilitariste d’efficacité et de rendement ou de retour sur investissement de nos modernes élites, perdre du temps et de l’argent à enseigner l’histoire ou la littérature à des individus massivement destinés à des emplois peu qualifiés et peu exigeants intellectuellement ? Pourquoi former de bons citoyens éclairés et autonomes lorsque des abrutis grégaires et festifs feront tourner la machine aussi bien –sinon mieux- et ferons de bons consommateurs ?

Et à cette prolétarisation globale des sociétés industrielles, la bureaucratie éducative progressiste à front de taureau répond en produisant à jet continu de nouveaux programmes scolaires (ou cycles) revus à la baisse, peu exigeants, axés sur la socialisation des enfants, les activités transversales ou extra scolaires destinées, non plus à les instruire, mais à les occuper.

Allez, stop.

06/08/2008

le cauchemar climatisé

Je sais bien que l’essentiel a déjà été dit sur les quelques réactions proprement incroyables de nombreux dirigeants politiques nationaux et supra nationaux européens après le non Irlandais au référendum sur le « traité simplifié de Lisbonne », en fait simple version allégée du TCE que les Français rejetèrent il y a 3 ans, appellant à faire revoter ce peuple libre (Sarkosy, Jouyet, Barroso, etc.).

Métaphore très juste du menhir gaulois sur le match de coupe qu’il faut rejouer jusqu’à ce que le résultat soit bien celui escompté…

Il y a plusieurs choses significatives la dedans :

- d’abord le mépris extraordinaire de cette « nouvelle classe » (comme dit Alain de Benoist) à l’égard des peuples européens, théoriquement souverains ; c’est bien au nom de la démocratie -qu’en réalité ils abhorrent- que ces petits clercs enterrent l’expression de la volonté populaire. On croit rêver…

Et tout y passe : la complexité des textes présentés (la faute à qui ?) –sous entendu l’ignorance et la bêtise crasse des simples citoyens, la « pollution » du scrutin par des questions annexes (les citoyens incapables de faire la part des choses et de répondre à la question posée...), un vote érroné par manque de pédagogie (sous entendu si ces messieurs nous avaient mieux expliqué la chose, notre vote eut été correct...), la dé légitimation de tout scrutin direct au nom du populisme supposé de tout référendum populaire –et il faut entendre par populisme Boulanger, Poujade, Pétain, Hitler à Nuremberg ou D'Annunzio à Fiume ! On sent bien –en définitive- que à l’instar de ces bourgeois parvenus ennoblis, constituants ou conventionnels acquis aux philosophes des Lumières, qui disaient en 1789 représenter le peuple mais qui le méprisaient souverainement et pétaient de trouille devant quelques radicaux du couvent des Jacobins, cette nouvelle élite éclairée ne tolère l’irruption d’une manifestation populaire que lorsque celle-ci est conforme à ses aspirations : le peuple oui, mais s’il ferme sa gueule.

Ce projet européen, qui semble se réduire au plus petit dénominateur commun (démocratie libérale, économie de marché et droits de l'homme) serait pourtant logiquement simple à défendre: énoncer clairement la nature du projet politique et économique (cf infra), aborder clairement les limites géographiques de cet ensemble et exposer la répartition future des pouvoirs entre les états et la commission européenne. Or ces points, capitaux, ne sont jamais clairement discutés. Pourquoi?

-la fracture de plus en plus évidente entre cette élite technocratique politicienne et mondialisée (je généralise un peu) et les peuples eux-mêmes : en France comme en Irlande, la représentation nationale était majoritairement acquise à cet avenir radieux européen alors que les peuples votèrent majoritairement contre. Comment mieux illustrer le fait que ces messieurs, par ailleurs individuellement souvent respectables et cohérents, ne représentent plus en rien les peuples européens ?

Une sorte d’impasse démagogique, d’avatar démocratique, ou l'abus de références démocratiques dans les discours masque en fait le caractère de plus en plus virtuel des conduites démocratiques. Ou d’hyper démocratie, comme dit Renaud Camus.

« A Strasbourg, Nicolas Sarkozy tente de surmonter la panne de l'Europe » (Le Monde 10/07/08).  En panne, certes, mais avant tout de sens et de légitimité populaire.

-la veulerie de ces hommes et de ces femmes qui n’ont que « démocratie »,  « république », « citoyen », « ordre juste », « volonté populaire », etc., à la bouche à chacune de toutes leurs interventions médiatiques ineptes pour s’asseoir ensuite dessus avec une tartuferie stratosphérique. Un cauchemar

Qui m’en rappela un autre, le cauchemar climatisé qu’écrivit Henry Miller au lendemain de la seconde guerre mondiale, et dans lequel il dépeignait sans fard, comme à son habitude, la dérive technocratique et anomique de l’Amérique -notamment le  vieux Sud- qu’il aimait.

Je crois bien que pour un nombre croissant d’européens, l’Europe, cette belle idée, cette référence identitaire, civilisationnelle fondamentale, est en train de devenir ce cauchemar climatisé que vomissait Miller.

 

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Bien loin de cette démesure que détestaient les Anciens (Sarko en talonnettes courrant de droite à gauche, tel Xerxés faisant battre les flots), calé dans un fauteuil de jardin, les pieds sur un muret surplombant la mer végétale d'un pré aux grandes herbes, la fraîcheur qui monte du sol avec la nuit, mes amis les grillons, un bruit de tracteur au loin, le silence... Deux grands chênes centenaires, au milieu, de vieux barbelés rouillés sur lesquels je m'ouvrai la gorge un soir d'été au grand dam de la chaumière, ces collines bleuissantes aux silhouettes immuables que je parcourais à vélo, enfant. Le temps immobile, un remède contre l'hubris.

Le hoplite de Laconie ou d'Ionie avait peut-être le même genre de regard, au milieu de ses oliviers ou de sa vigne: pas de combat avant la récolte, ou alors une campagne brève qui permette de revenir à temps pour terminer le travail et retrouver les siens. Et s'il faut mourir, mourir dignement, comme un grec au combat.

E il naufragar m'e dolce in questo mare.