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04/01/2012

anatomie du chaos (9): moralisme létal et oubli du politique

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« (…) Une élite qui n'est pas prête à rejoindre la bataille pour défendre sa position est en pleine décadence, et tout ce qui lui reste est de faire place à une autre élite ayant les qualités viriles dont elle manque. C'est une pure rêverie d'imaginer que les principes humanitaires qu'elle a pu proclamer lui seront appliqués: ses vainqueurs l'accableront avec le cri implacable Vae Victis [malheur aux vaincus]. Le couteau de la guillotine était aiguisé dans l'ombre quand, à la fin du dix-huitième siècle, les classes dirigeantes en France étaient occupées à développer leur «sensibilité». Cette société désoeuvrée et frivole, vivant comme un parasite sur le pays, discourait lors de ses élégants dîners de délivrer le monde de la superstition et d'écraser l'infâme, sans aucunement suspecter que c'était elle-même qui allait être écrasée.

(…) Un signe qui annonce presque invariablement la décadence d'une aristocratie est l'intrusion de sentiments humanitaires et de sentimentalisme affecté qui rend l'aristocratie incapable de défendre sa position. La violence, nous devons le noter, ne doit pas être confondue avec la force. Assez souvent on observe des cas où des individus et des classes qui ont perdu la force de se maintenir au pouvoir se font de plus en plus haïr à cause de leurs accès de violence au hasard. L'homme fort frappe seulement quand c'est absolument nécessaire, et alors rien ne l'arrête. Trajan était fort, pas violent. Caligula était violent, pas fort.

Lorsqu'une créature vivante perd les sentiments qui, dans des circonstances données, lui sont nécessaires pour maintenir la lutte pour la vie, c'est un signe certain de dégénérescence, car l'absence de ces sentiments entraînera tôt ou tard l'extinction de l'espèce. La créature vivante qui répugne à rendre coup pour coup et à verser le sang de son adversaire se place ainsi à la merci de son adversaire. Le mouton a toujours trouvé un loup pour le dévorer; s'il échappe aujourd'hui à ce péril, c'est seulement parce que l'homme se le réserve pour lui-même.

Tout peuple qui a horreur du sang au point de ne pas savoir comment se défendre deviendra tôt ou tard la proie d'un peuple belliqueux ou d'un autre. Il n'y a peut-être pas un seul pouce de terre sur ce globe qui n'ait pas été conquis par l'épée à un moment ou à un autre, et où ses occupants ne se sont pas maintenus par la force. Si les Nègres étaient plus forts que les Européens, l'Europe serait partitionnée par les Nègres et non l'Afrique par les Européens. Le «droit» proclamé par des peuples qui s'accordent le titre de «civilisés» à conquérir d'autres peuples, qu'il leur plaît d'appeler «non-civilisés», est complètement ridicule, ou plutôt ce droit n'est rien d'autre que la force. Car tant que les Européens seront plus forts que les Chinois, ils leur imposeront leur volonté; mais si les Chinois devaient devenir plus forts que les Européens, alors les rôles seraient inversés, et il est hautement probable que les sentiments humanitaires n'ont jamais pu être opposés avec une efficacité quelconque à une armée. »

Vilfredo Pareto, 1848-1923.

La pensée de Pareto fait écho en moi avec les travaux de Julien Freund notamment sur l'oubli chez nos modernes libéraux du Politique, obnubilés qu'ils sont par le droit et l'économie. Or tenter de résoudre des questions politiques avec des outils non politiques tels que le droit, l'économie, la religion ou la morale, c'est se condamner à l'impuissance dans le meilleur des cas, au chaos dans le pire des cas, chaque domaine des activités humaines disposant d'une rationalité propre et irréductible.

Pareto était un homme libre dont la pensée épouse plusieurs courants idéologiques qui se distinguent par leur critique de l'égalitarisme libéral et marxiste. Il y a certes du libéral en lui (notamment du point de vue économique) mais aussi du conservateur et une fibre aristocratique et libertaire...un homme imprégné de l'esprit des Lumières mais porteur d'une critique féroce de cette même philosophie. Sans parler de la considération qu'avait cet esprit libre pour Mussolini...

Michéa ne manquerait pas de pointer la contradiction qu'il y aurait à être libéral/progressiste (c'est idem) d'un point de vue économique et -dans le même temps- conservateur sur le plan culturel/politique, les deux aspects culturel et économique relevant de la même matrice idéologique (sorte de ruban de Moebius (Michéa)). Or la quasi-totalité du personnel politique, médiatique, culturel contemporain) communie aujourdhui dans une vision d'unification juridico-marchande du monde (sous l'égide de nains dangereux comme sarko, bhl, attali, minc et cie) excluant toute dimension civilisationnelle, considérant les hommes comme de simples monades économiques sans passé, sans histoire, sans attachement, sans affiliation. Certains ne sont pas dupes de cette vision irénique du monde mais la célèbrent sans y croire dans leur seul meilleur intérêt et ce sont sans doute les pires car c'est consciemment qu'ils sapent, jours aprés jours, les conditions de la paix civile et de leur propre survie.

Quelques faits divers récents comme cette condamnation d'Airbus pour "discrimination à l'embauche" sur les bons conseils de la Halde ou cette recension d'une aprés-midi dans un tribunal correctionnel par Riposte Laïque montre assez la décadence totale de cette pseudo-élite de happy fews obsédés par ces sentiments humanitaires et ce sentimentalisme affecté (cette pseudo-aristocratie parasitaire et frivole hurlant aprés Monsanto -à raison- mais défilant dans le même temps contre l'expulsion légitime de clandestins, délinquants ou pas), bien-pensants et totalement inconscients du caractère tragique de l'Histoire.

Entre une immigration de masse organisée par quelques firmes globalisées et leurs supplétifs appointés (politiciens corrompus, gauchistes/idiots utiles, ligues anti-racistes, mafias, journalopes des Inrocks, etc), une colonisation festive et marchande des esprits, un matraquage idéologique contritionnel permanent et incapacitant ("droits de l'homme", shoah, colonialisme, esclavage, collaboration, racisme, etc.) et l'hiver démographique autochtone européen, le sonderweg est étroit et les risques grands...mais les européens en ont vu d'autres et ont su, à intervalles réguliers, régler ce genre de problème (éventuellement dans un bain de sang) et reprendre le contrôle de leur destinée. En ce sens, les réveils identitaires multiples que nous pouvons observer sur ce continent et les appels de plus en plus pressants à un protectionnisme national sinon continental versus une mondialisation désormais reconnue comme une menace (et non comme cette "opportunité de paix et de prospérité" que célèbrent à jet continu nos progressistes utiles à Bouygues) sont un espoir de réveil et de salut.

Et sinon, comme l'écrit Pareto, "Tout peuple qui a horreur du sang au point de ne pas savoir comment se défendre deviendra tôt ou tard la proie d'un peuple belliqueux ou d'un autre"...voilà, les européens de souche disparaitront et toute la rive occidentale de la méditerranée ressemblera peu ou prou à sa rive orientale, sorte de chaos ethnique (le côté "mutliculturel" en plus, au moins dans un premier temps) violent et deshumanisé (non pas festif et apaisé comme le croient ou affectent de le croire les pitres) balkanoïde.

Commentaires

Putain de photo ! J'ai ri !

Écrit par : robespierre | 07/09/2010

Cher Hoplite, le lien entre l'illustration et le texte m'échappe.
Une explication ?

Écrit par : Pascal | 08/09/2010

Whaha l'image qui te nique ta race!

Écrit par : snake | 08/09/2010

aucun...(une élite? ha ha)
la gueule du mec derrière Hitler et la légende m'ont bien fait marrer. et je suis partageux!

Écrit par : hoplite | 08/09/2010

Il aurait pu être content qu'Hitler lui ait piqué sa place si c'était le jour du fameux attentat!

Écrit par : Carine | 08/09/2010

" C'est une pure rêverie d'imaginer que les principes humanitaires qu'elle a pu proclamer lui seront appliqués: ses vainqueurs l'accableront avec le cri implacable Vae Victis [malheur aux vaincus]"
Cette rigueur ne s'appliquera pas qu'à l'élite complice, hélas. Si cette vindicte ne s'appliquait qu'à ceux qui cajolent les futurs vainqueurs, ce ne serait pas trop grave. Ca serait pure justice.
Mais nous trinquerons (si j'ose dire, parce qu'avec un thé à la menthe...) aussi.

Écrit par : Carine | 08/09/2010

Cher Hoplite,

Je n'ose vous rappeler que Pareto était un...économiste libéral.

Écrit par : Rico Green | 08/09/2010

@carine, tu as raison, nos élites (qui ne circulent plus du tout -contrairement à ce que préconisait Pareto) sauront se mettre soigneusement à l'abri du chaos qu'elles auront amené...
@rico green,

je ne suis pas sûr! je me suis posé la même question. Pareto était un homme libre dont la pensée épouse plusieurs courants idéologiques qui se distinguent par leur critique de l'égalitarisme libéral et marxiste. Il y a du libéral en lui (notamment du point de vue économique) mais aussi du conservateur et une fibre aristocratique et libertaire...un homme imprégné de l'esprit des Lumières mais porteur d'une critique féroce de cette même philosophie.
Se put-il qu'il fût "socialiste-libéral-conservateur" comme disait Kolakowski?

et je ne parle même pas de la considération qu'avait cet esprit libre pour Mussolini...

Écrit par : hoplite | 08/09/2010

autant dans le contexte actuel je trouve ce post d'un a propos plus qu'eclairé et visionnaire, autant il faut rapeller que le chretien comme le ghandiste se sont imposés par force de conviction pacifiste absolue et irrevocable. De plus Tamerlan et clovis se sont converti à la religion des vaincus, Alexandre epousa femmes et modes de vie perses et barberouse etait un renegat grecque (pas janissaire obeissant juste a sa propre volonté de pute de renegat.) Quelles seront les premiers politiques à se convertir a l'islam; l'homme qui se dit l'heritier de l'homme qui a dit: la religion c'est l'opium du peuple propose des candidates voilées!?

Écrit par : syd | 09/09/2010

La morale est presque toujours utilisée par ceux qui n'ont pas le pouvoir ou ignorent graduellement le principe de réalité...

Écrit par : JÖ | 09/09/2010

Bravo pour ce texte, Hoplite !

Un détail: J'émets un bémol concernant ces mots de Pareto: «écraser l'infâme», qui font sans doute référence à Voltaire. Ce dernier me semble bien plus avoir devancé Pareto, que d'avoir réellement appartenu à cette «société frivole» - qu'il a certes pénétrée, mais bien pour atteindre ses buts.

Il y a dans la biographie de Voltaire par Max Gallo des passages éclairants à ce sujet, y compris un chapitre entier démarrant par une citation de Voltaire, dégoûté du peuple français, qu'il décrit comme:

«Un peuple vain et emporté par son plaisir.»

D'autre part, bien qu'ayant fait fortune via cette «société frivole», Voltaire s'est comporté sur ses terres en gentilhomme, se préoccupant matériellement de ses gens.

Écrit par : Gas | 04/01/2012

Laissons tomber ce Pareto ...je vote pour les bains de sang ...

Écrit par : chris | 04/01/2012

"De plus Tamerlan et clovis se sont converti à la religion des vaincus, Alexandre epousa femmes et modes de vie perses et barberouse etait un renegat grecque (pas janissaire obeissant juste a sa propre volonté de pute de renegat.) Quelles seront les premiers politiques à se convertir a l'islam; l'homme qui se dit l'heritier de l'homme qui a dit: la religion c'est l'opium du peuple propose des candidates voilées!?"

La religion compte moins que le pouvoir...

Elle est un element culturel lié au pouvoir, mais pas intresequement le pouvoir.

Écrit par : JÖ | 04/01/2012

C`est de moi - des gens qui ont peur de sang...

Écrit par : essay | 04/01/2012

C`est de moi - des gens qui ont peur de sang...

Écrit par : essay | 04/01/2012

Certes, les modernes libéraux ont oublié le Politique au profit du droit et de l'économie... Mais vous (pas vous personnellement^^) avaient souvent oublié le droit et l'économie au profit du seul Politique, résultats :

- les deux "camps" ne se rencontrent jamais, pas que pour des raisons idéologiques, donc ;
- la mouvance, ne pesant rien, ne compte pour rien.

Cela me semble élémentaire.

Écrit par : Calliclès | 07/01/2012

@Calliclès,

"Mais vous (pas vous personnellement^^) avaient souvent oublié le droit et l'économie au profit du seul Politique"

vous pensez à qui? je crois au contraire que les libéraux (comme les marxistes) sont singuliers par la primauté qu'ils accordent à l'économie, à rebours des sociétés traditionnelles. cela les conduit donc à penser pouvoir régler des problèmes politiques ou idéologiques avec des concepts techniciens/économiques, bien sûr inopérants car étrangers à la rationalité du champ politique.

Écrit par : hoplite | 07/01/2012

@ Hoplite

Par "vous", j'entendais ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui les "réacs", les FDS, ceux qui voudraient voir les choses changer. Les gens normaux quoi, vous (en fait si, vous aussi), vos camarades blogueurs, vos lecteurs, également les personnalités plus connues, moi aussi sûrement...

Tous attendent un changement dont la manifestation sera justement le retour du Politique au premier plan, mais ce changement ne peut par définition pas arriver, dès lors que le pouvoir n'est plus dans le Politique, mais dans le droit, la finance, l'économie. Dans l'argent.

Les réacs attendent le Politique comme le Messie. Ils attendent. Ils se contentent d'attendre.

Alors qu'il y a tant à faire, à l'aide de moyens simples, je pense, pour que justement le Politique revienne au premier plan, mais à l'aide des moyens énoncés plus haut (droit, finance, économie).

Le combat culturel ne suffit pas.

Vous-rendez compte à quel point le camp progressiste, tel qu'il aime à se définir, défend tout autant, sinon plus, des subventions, des places, des fonds de commerce (anti-racisme et racisme, solidarité institutionnalisée, associations et fondations), son bout de gras, qu'un simple discours ? Derrière la morale qu'ils défendent, il faut toujours chercher l'intérêt matériel.

Conclusion :

1) le problème de la mouvance, pour faire court, c'est argent
2) nous (car je suis un des vôtres) ne sommes pas organisés

Et pourtant...

Écrit par : Calliclès | 07/01/2012

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