17/01/2010
lâcheté
"Grandes écoles : rêveuse bourgeoisie ! (La chronique d'Alain-Gérard Slama)
C'est, sauf erreur, l'historien Raoul Girardet qui, dans un cours sur le fascisme professé à Sciences Po vers le milieu des années 1950, a le premier évoqué - avant François Furet - la «haine de soi» de la bourgeoisie comme une des sources des totalitarismes du XXe siècle. Cette haine de soi renvoie, depuis la Révolution française, au sentiment de culpabilité éprouvé par les nouvelles classes ascendantes devant le décalage entre les valeurs qu'elles professent et la réalité de leur confort matériel. Drieu la Rochelle a esquissé le thème dès 1937 dans un roman intitulé avec grâce Rêveuse bourgeoisie. (...source)"
Haine de soi, haine de soi...peut-être.
"Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l'ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c'était la révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie. Dans une mesure inquiétante, les classes privilégiées -les 20% les plus riches de la population, pour prendre une définition large- ont su se rendre indépendantes non seulement des grandes villes industrielles en pleine déconfiture mais des services publics en général. Elles envoient leurs enfants dans des écoles privées, elles s'assurent contre les problèmes de santé en adhérant à des plans financés par les entreprises où elles travaillent et elles embauchent des vigiles privés pour se protéger contre la violence croissante qui s'en prend à elles.
Elles se sont effectivement sorties de la vie commune." (Cristopher Lasch, La révolte des élites, 1996)
1-ces élites, si bien décrites par Lasch, imposent la norme, sont le pouvoir, le centre, non la marge.
2-ces élites se figurent en marge de la société, en rebelle à un ordre dominant fantasmé, conservateur voire réactionnaire et moralisateur.
3-la posture libérale-libertaire, pseudo-émancipée, pseudo-rebelle ou transgressive de ces élites cache, en fait, une soumission totale à la mondialisation et l'aliénation marchande, une approbation sans réserves de la vision anthropologique de Lasch : l'homme psychologique, dernier avatar de l'individualisme bourgeois (cyber-citoyen nomade de l'hyperconsommation).
4-l'élitisme républicain, autrefois célébré à juste titre comme une victoire, est aujourd'hui donc attaqué par ceux qui se présentent comme les héritiers du camp républicain (non les « héritiers » au sens Bourdivin...) alors même qu'ils en sont les fossoyeurs.
5-la méritocratie, acquis républicain s'il en est, et assise des classes moyennes occidentales et de leurs élites, est aujourd'hui contestée au nom d'une conception dévoyée de l'égalité et de la sacro-sainte "lutte contre toutes les formes de discrimination" vendue, à chaque instants, par le spectacle moderne de la publicité, du show-biz et l'"information".
6-il y a certainement comme le dit Slama, de la mauvaise conscience de la part de nos amis du désastre : ils savent qu'en 50 ans de réformes scolaires inspirées par Bourdieu ou Meirieu, ils ont détruit l'école et toute possibilité d'ascension sociale, ils savent, comme le dit Slama, que le problème se situe en amont dans le cursus primaire et secondaire mais ils ne feront rien pour y remédier. Pourquoi ? Bonne question...parce que, entre nos libéraux de droite (tendance Valeurs actuelles) obsédés par la logique entrepreneuriale et la formation de consommateurs incultes et aliénés et nos libéraux de gauche (tendance Joffrin ou Eyzines) obsédés par leur désir de liquider la culture bourgeoise et la pseudo-reproduction des élites (Bourdieu), les grandes écoles, dernier bastion de l'élitisme et de l'excellence ont du souci à se faire.
7-les Descoings et Cie, savent tout cela mais feront TOUT pour arriver à leurs fins. Il y a beaucoup de veulerie dans cette attitude suicidaire. Ces élites se savent à l'abri du désastre, savent leurs enfants, ceux de leurs amis à l'abri du sort commun, savent que leur génération n'aura pas à en pâtir. Et après ? Ils s'en foutent : l'égoïsme hédoniste le dispute à l'aveuglement car ces enfants de la méritocratie sont en train de détruire sciemment une partie de l'ordre social, un pan de la tradition culturelle occidentale avec la meilleure bonne foi, la caution du Bien.
8-toute remise en cause, tout questionnement de ce processus, au nom du maintien d'une civilité démocratique minimale, est ipso-facto assimilé au "populisme" dont on sait comment, depuis des années, les médias officiels travaillent méthodiquement à en effacer le sens originel à seule fin de pouvoir l'assimiler au fascisme.
9-dernier point et non des moindres, ces 30% de boursiers obligatoires ne seront évidement pas de jeunes caucasiens Aveyronnais ou Savoyards méritants, ce seront de jeunes africains, maghrébins ou noirs, sélectionnés non pas sur leur mérite ou leur travail ou encore leur situation sociale, mais sur leur couleur de peau ou leur patronyme. Ou comment institutionnaliser la discrimination raciale (positive pour les uns, négative pour les autres) au lieu de reconstruire un système éducatif émancipateur et méritocratique.
De l'aveuglement, de la mauvaise conscience, de la bêtise, de la soumission au politiquement correct, sans doute.
Surtout de la lâcheté, finalement : pourquoi ne pas organiser -ou laisser s'organiser- le chaos dés lors que l'on sait pouvoir y échapper ?
17:46 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élitisme, descoings, grandes écoles
14/01/2010
Y'a un barème!
00:25 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : c'est arrivé prés de chez vous, benoit poolvoerde
13/01/2010
merci qui?
3/01/10 - 19h05
WASHINGTON(NOVOpress) - Le prix Nobel de la paix Barack Obama va demander au Congrès de lui accorder une enveloppe supplémentaire de 33 milliards de dollars pour soutenir l'effort de guerre en Irak et en Afghanistan.
Cette somme s'ajoute aux 708 milliards de dollars que l'exécutif américain devrait consacrer au budget de la Défense l'an prochain selon des sources militaires restées anonymes, le projet de budget 2011 ne devant être soumis aux parlementaires que le 11 février.
Ces 33 milliards de dollars supplémentaires seront consacrés principalement à l'Afghanistan, où, face aux difficultés grandissantes,
les Etats-Unis ont l'intention d'augmenter encore leur effort de guerre.
23:24 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : obama, saint métis, pitre planétaire et esclave de la fed
un peuple nauséabond
J'écoutais tantôt Vincent Peillon sur Radio-France, ci-devant leader du groupuscule progressiste et post-socialiste « L'espoir à gauche » faire assaut de langue de bois sous les questions convenues du pitre Demorand, amuseur public stipendié et rodé au Spectacle politique. Je me suis dit à un moment, après mon troisième café, que personne de sensé ne pouvait se reconnaître dans la novlangue impeccable de cet homme, au demeurant agrégé de philosophie et érudit. Qui se gars-là peut-il représenter hormis quelques fidèles du PS ou du Modem ? J'ajoute que le raisonnement me parait valable pour la totalité des hommes politiques contemporains et pose le problème de la représentativité.
Le politiquement correct veut que la démocratie soit par nature représentative ou que la représentation politique du peuple soit l'aboutissement d'un processus historique, sorte de sens de l'histoire, de parousie profane. Or il n'en est bien sûr rien. La représentation est un phénomène récent et qui ne va nullement de soi. Dans l'antiquité, la démocratie directe était la règle et paraissait naturelle à chacun. L'idée même de se faire représenter par un tiers eut parue saugrenue à tous. Ca n'est que tardivement, en Occident, au Moyen-Âge, et plus tard dans le courant du XVIIIème siècle qu'est apparue, notamment sous l'influence de Montesquieu, ce concept étrange : le peuple, peu apte à décider par lui-même est en revanche capable de se choisir des représentants. Thèse révolutionnaire combattue par Rousseau qui arguait que le peuple perd sa souveraineté au moment même où il s'en désaisit au profit de représentants...la démocratie ne pouvant ainsi n'être, par esssence, que directe. Point de vue évidement balayé par nos jacobins et la geste révolutionnaire qui gravèrent dans le marbre la nature ontologiquement représentative de la démocratie, par ailleurs constitutionnelle, parlementaire et libérale. Mais également une défiance certaine à l'égard du Peuple, jugé immature politiquement et incapable de prendre en main son destin. Ainsi peut-on considérer, d'une part, qu'une démocratie est d'autant moins démocratique qu'elle fait une plus grande part à la représentation et, d'autre part, que ce concept de représentation a surtout été un moyen d'empêcher le peuple de s'exprimer librement...donnant mandat politique et pouvoirs à une petite oligarchie, soi-disant représentative, prompte à défendre ces exorbitantes prérogatives et privilèges (lex privata).
Oligarchie dont les membres cooptés se recrutent parmi ceux dont on est sûr qu'ils ne mettront pas en danger l'édifice et défendront, avant tout les intérêts du groupe dominant. Pareto avait théorisé cette forme de confiscation du pouvoir et expliqué que derrière tout pouvoir, quelles que soient les justifications qu'il se donne, il y a une minorité qui en tient les rênes, une minorité dominante, une oligarchie. Tant que cette oligarchie donne une image du monde compatible à la réalité visible et tant que cette élite est prête à la défendre, le pouvoir connaît une période de stabilité. Dés l'instant où ces conditions font défaut, on est en situation prérévolutionnaire. La représentation pourrait ainsi se concevoir comme un système oligarchique aboutissant à la formation d'un groupe dominant et endogamique, hostile, au moins méfiante à l'égard du Peuple, tolérant celui-ci lorsque il reste dans les limites permises (ce « cercle de raison » du servile Minc) mais prompte à l'excommunier lorsqu'il dévie de la pensée unique (cf. la réaction du progressiste Cohn-Bendit après le référendum Suisse).
Ce divorce entre élites et citoyens est de plus en plus criant : abstention massive, vote protestataire, nomadisme électoral, défiance généralisée à l'égard de la classe politique perçue comme déconnectée du réel, en décalage permanent avec les aspirations populaires (vote TCE) et massivement gangrenée par la langue de bois et un discours politiquement correct que tous ou à peu prés sont capables aujourd'hui de décrypter instantanément, tels des soviétiques moyens...Ce fossé béant illustre une crise majeure de la représentation et du discours politique.
Au-delà de l'autisme stratosphérique de nos élites politiques, une explication réside certainement dans la disparition quasi-complète de tout clivage politique réel : la modernité se caractérise par le triomphe de la globalisation marchande et le recentrage du discours politique, détruisant tout pouvoir politique réel à l'échelle nationale au profit de structures supra-étatiques (UE) peuplées de technocrates cooptés, sans la moindre légitimité démocratique, et non étatiques (firmes globalisées, lobbys, Bildeberg, Trilatérale, etc.). La critique de ce système planétaire est quasiment inexistante, confinée à quelques idiots utiles, genre NPA, médiatisés par TF1 (sans que cela fasse question..). A une droite libérale hégémonique (pages saumon du Figaro), répondent des partis de gauche ayant rallié économie de marché et réformisme libéral, matinées d'une culture hédoniste libertaire (pages rebonds de Libé) mondaine et transgressive (lutte contre toutes les « discriminations », clandestins, homoparentalité, vote des étrangers,etc..) en rupture avec la common decency d'une large partie de l'électorat de "gauche" (et de "droite"), encore traditionnel et hostile à toutes ces formidables avancées, ces droits nouveaux (des victoires sur l'archaïsme de la réaction patriarcale, cléricale et militaire) que nos modernes produisent à jet continu
Cette rupture avec le peuple s'accompagne d'un mépris sans fond à on égard ou de tout ce qui peut en émaner, ipso facto étiqueté « populisme » (renvoyant bien évidemment à quelques régime autoritaire, voire fasciste, voire Vichyste, voire pro-apartheid, voire les « heures sombres de notre histoire, voire Hitlerien »). Le hold-up est parfait : déjà dépossédé de tout pouvoir réel au profit d'une représentation qui ne l'est nullement, le peuple est, de surcroît, mis à l'écart par principe car ontologiquement irrationnel et dangereux. « Il faut en finir avec cette histoire de majorité ! » dit le cuistre Cohn-Bendit...
On peut donc légitimement se demander si l'abstention croissante des électeurs n'est pas vue avec faveur par nos modernes libéraux-libertaires, pressés d'organiser une gouvernance du peuple sans le peuple.
Charge au Spectacle d'organiser une propagande suffisamment efficace pour convaincre le vulgaire du bonheur qu'il a à vivre en démocratie libérale représentative, le « moins mauvais des régimes », aidée d'un tittytainment prompt à satisfaire les besoins ludiques, festifs et sucrés les plus primaires et d'une police de la pensée omniprésente, prompte à sanctionner tout crim'pensée de mort sociale et médiatique.
Dans notre monde post-moderne et post-démocratique, il est donc permis de considérer que la démocratie véritable, c'est-à-dire directe, puisse être une idée neuve et révolutionnaire.
En passant.
Sans doute Cioran pensait-il aux ancètres et clones de Peillon lorsqu'il écrivait:
"Quelle malédiction a frappé l'Occident pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ? Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes. " (Cioran, Histoire et utopie)
bonne nuit
22:56 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : progressisme, élites, peillon, divorce, démocratie
12/01/2010
KGB mon amour
"Hourra, Hourra ! For the Union Sovietic of America !
J'en ai quelquefois, marre d'avoir raison (en toute modestie). Après la nationalisation (honteuse car vérolée) de la totalité du secteur privée, Obama s'attaque à une autre confiscation, celle des 401 K et des comptes individuels de retraite.
Ces fonds seront OBLIGATOIREMENT placés en bons du trésor à taux ridicule.
Une nouvelle sans doute liée à la décision de PIMCO de se débarrasser des bons britanniques et américains.
Pour comprendre le côté savoureux de l'affaire, il faut savoir que les pensions de base, dites de sécurité sociale, sont aussi placés en bons du trésor.
Pour les autres fonds de retraite, les fonds de pensions, ils sont quasiment tous morts en début de décennie 2000.
Là aussi, un fond fédéral de garantie (le PBGC) verse une compensation ridicule pour ceux qui ont tout perdu.
L'autre alternative, c'est que le placement favori des 401 K (les actions) est à la veille de se ramasser une pelle historique et que la fosse des Mariannes à côté, ne paraîtra pas si profonde. La malhonnêteté est la règle chez les puissants. On respecte un gouvernement puissant et juste, on méprise un gouvernement faible et injuste. Et en fin de compte, on se révolte.
Le président de Landsbanki, banque islandaise en faillite, vit tranquillement à Londres avec le fruit de son non-travail (un milliard de £), en laissant une dette de 30 000 $ par habitant aux islandais.
Pourquoi les britanniques ne l'ont ils pas mis au gnouf et dépouillé ?
Pour répondre à un internaute, il dit que je prêche la nationalisation à tout va. La nationalisation, je la constate, et c'est un mouvement analogue qui a suivi l'effondrement économique russe de 1916. Lénine ne savait absolument pas ce qu'il allait faire pendant ses longues années de clandestinité et d'exil. Mais les systèmes se rejoignent finalement, c'est bien sous la présidence Obama qu'on veut foutre tout le monde à poil dans les aéroports et lire dans leurs pensées. KGB un jour, KGB toujours."
00:33 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : patrick reymond