11/06/2011
divorce
En revenant du marché ce matin, pris le temps de feuilleter l’Huma, relique du communisme orthodoxe, désormais groupusculaire et sponsorisé par l'état, cette chose qu’il rêvait de dissoudre pour établir la dictature du prolétariat préparant le terrain à l’avènement de cette société sans classes tant espérée…Un penseur marxiste du genre Tony Négri vous expliquerait que le mieux est d’accélérer l’hubris du Capital et, ainsi, de précipiter sa chute…le gros problème est, à mon avis, que le temps joue désormais avec Mittal et Carrefour…et contre ce genre de gogo.
Toujours réjouissant d’observer in vivo comment des hommes peuvent adopter des postures aussi schizophréniques sans s’émouvoir ou tomber du train…je m'explique: dans le même journal, un article dans le style stalinien plombé, appellant à la lutte contre la délocalisation des usines Peugeot et la désindustrialisation de nos contrées puis un autre appellant à soutenir la lutte contre la réduction des soins aux sans-papiers et à la régulation massive de ces derniers…C’est quand même phénoménal que ces zeks ne se rendent pas compte que les deux phénomènes participent exactement de la même logique, celle du gosplan néo-libéral (libre circulation des hommes marchandises et capitaux) et qu’il est absolument incohérent de soutenir l’un en combattant l’autre.
On peut donc raisonnablement se demander dans quelles mesures, et à la lumière du scandale de l’UIMM (financement des quatre principales centrales syndicales françaises par les organisations patronales à hauteur de plusieurs millions d’euros depuis des décennies) si ce genre de torchon progressiste avec le personnel humain qui va avec, ne sont pas simplement rémunérés afin de garantir la cohérence du spectacle et la tranquillité des menées progressistes des missi dominici des JP Morgan et autres puissants de ce monde. Idem pour la floppée d’associations pseudo-antiracistes, de think-tanks progressistes et autres clergés métisseurs et vivrensemblesques et sponsorisés par Benneton et la Société Géniale. Et par moi, bordel!
De l’autre côté du cercle de raison, donc, vous trouverez le « journaliste de droite », genre Boissonnat ou Imbert, habitués des pages roses du figaro ou de l’Expansion ou de l’Express, apôtre du néo-libéralisme économique pour lequel l’élément essentiel est le marché : le doux commerce (Montesquieu) est le seul à même d’instaurer les conditions de la paix sociale. L’état doit être minimal et réduit aux simples tâches régaliennes, celles que l’individu, la société civile, n’est pas à même d’assurer : une sorte de veilleur de nuit. Toute intrusion de l’état dans le jeu du marché et les rapports commerciaux fondant la société sont vécus comme une agression inqualifiable, une simple aberration, en fait. Le même bonhomme est conscient que cette vision économiste de la société ne va pas sans son double culturel et politique qui commande d’abolir les derniers tabous, de « décloisonner le monde » et d’apporter aide et soutiens à la cohorte de « sans papiers », alias armée de réserve du capitalisme globalisé. Mais privilégie globalement l’approche mécanistique du marché en tant que mécanisme régulateur central de nos sociétés.
TerraNova™ discutaillait récemment sur la disparition de l’électorat populaire de gauche et sur la nécessité de renouveler l’électorat traditionnel du PS avec les jeunes, les femmes et les immigrés et dévoile la fuite massive de l’électorat populaire vers l’abstention ou le vote FN. Pas, donc, pour le regretter et corriger le tir, mais pour l’entériner et se tourner vers d’autres.
Illustration manifeste de la rupture entre l'exigence de conservation des peuples de gauche comme de droite et l'hubris transgressive (relativiste et déconstructionniste) de leurs "élites".
Orwell et Lasch rappelaient, eux, que le socialisme originel a TOUJOURS intégré un certain conservatisme (culturel, politique et économique), contrairement au catéchisme transgressif et moralisateur de nos modernes néo-libéraux « de gauche/culturels » ou « de droite/économiques ». Comme pour donner raison à Kolakovski constatant l’impossibilité de la figure du conservateur dans nos sociétés modernes.
Pour revenir à l’Huma, il fut un temps pas si lointain ou le premier secrétaire du PCF pouvait appeler à l’arrêt de toute immigration afin de protéger les salariés français, et à l’expulsion des dealers marocains. On mesure, avec ce genre de fait divers et à la lumière des combats contemporains du même parti, le chemin accompli par le camp du Progrès.
19:12 | Lien permanent | Commentaires (23)
Commentaires
Ne pas être parti en we comme ... tout le monde.
Nous rappeler que nous ne somme pas fous : il fut bien un temps où on pouvait être contre l 'immigration sans être accusé d' être néonazi !
Envisager que d'aucuns soient vendus au sens propre du terme (parfois je me dis que c 'est la seule explication possible pour comprendre les prises de positions de certains : ils sont payés, simplement payés )
Bref, sans l 'oxygène que vous et quelques autres nous fournissez, je n 'ose imaginer l 'état dans lequel nous serions.
Écrit par : dxdiag | 11/06/2011
Écrit par : Inès | 11/06/2011
Quand aux communistes, ils ont toujours été libéraux, attchés à
- la liberté d'être communiste
- la liberté de mouvements (fouteurs de m...)
- la liberté de déplacement (des populations et vers des goulags)
- la liberté du culte (de Marx)
- la liberté de manifester (votre accord avec la "ligne" du parti
- la liberté d'exprimer votre foi en l'Histoire Officielle
etc... etc... etc...
C'étaient également des conservateurs effrénés : une fois au pouvoir ils tenaient à le conserver A TOUT PRIX.
Que le pays de Voltaire et de la Révolution, de Rabelais et du camembert,Descartes et la fille ainée de l'Eglise, se soit fait entuber à ce point et en l'espace d'une génération, voilà qui devrait inquiéter voire désespérer.
Écrit par : Boutros | 11/06/2011
Après Georges Marchais , il y a trente ans, voilà à quoi rêvent (?) deux socialistes pour les trente années à venir. Bon courage , la lecture est éprouvante. Au moins , rien ne nous est caché. Sortez vos mouchoirs et l'aspirine ou ...les armes lourdes.
Bon week-end!
Écrit par : Inès | 11/06/2011
Écrit par : step | 12/06/2011
@Inés, merci pour le lien, effectivement passionnant..
@step, c'est un plaisir!
Écrit par : hoplite300 | 12/06/2011
http://www.youtube.com/watch?v=5Ujx4CZ55pQ
Écrit par : daredevil | 12/06/2011
Écrit par : hoplite300 | 12/06/2011
Taisez-vous Hoplite ! ^^
Écrit par : Martin Lothar | 13/06/2011
Pour quelques développements, notamment en ce qui concerne les aspects économiques :
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/08/22/la-tenaille.html
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/10/18/que-creve-le-systeme.html
Écrit par : Boreas | 13/06/2011
merci boréas pour les liens. c'est bien, nous sommes au moins deux à ne pas être dupes^^
Écrit par : hoplite300 | 13/06/2011
Vous remarquerez qu'il etait pour le droit d'ingernce, comme quoi la gauche sera toujours colonialiste...
(Boutade)
Écrit par : JÖ | 13/06/2011
Écrit par : JÖ | 13/06/2011
merci pour le lien, JÖ.
Écrit par : hoplite300 | 13/06/2011
Écrit par : hoplite300 | 13/06/2011
En 1932 (Ministère Henriot), l’immigration devient officiellement limitée et contingentée selon les secteurs économiques au nom de la préférence nationale, c’est la fameuse loi du 10 août 1932, déposée par Roger Salengro, dirigeant et député actif de la SFIO (ancien nom du Parti Socialiste.)
Alors bon...
Écrit par : JÖ | 14/06/2011
Écrit par : JÖ | 14/06/2011
Écrit par : hoplite | 14/06/2011
Quant à Marchais:
"Pour revenir à l’Huma, il fut un temps pas si lointain ou le premier secrétaire du PCF pouvait appeler à l’arrêt de toute immigration afin de protéger les salariés français, et à l’expulsion des dealers marocains."
En effet, les temps ont bien changé. Pourtant il ne passait pas pour la lumière du siècle.
Lors des récentes manifestations contre la réforme des retraites, j'avais parlé ici je crois de cette pancarte "France terre d'accueil et d'asile" brandie par des "marcheurs" (parce que de manifestation, je n'en ai pas vu: plutôt une promenade gentillette avec sono musicale et vuvuzela soufflée par une espèce de clochard visiblement rétribué pour faire chier et couvrir les slogans éventuels si par hasard quelqu'un avait voulu mettre le paquet sur la défense du droit à la retraite à 60 ans et avec 40 annuités, ce à quoi même plus Aubry ne fait allusion).
Bref, ces braves gens ne voient pas de contradiction entre le fait de recueillir les miséreux du monde et défendre notre mode de vie.
Comme tu le dis, les centrales syndicales et leurs personnels permanents (d'utilité publique, n'oublions pas) sont payés pour le maintien du statu quo:
"dans le même journal, un article dans le style stalinien plombé, appellant à la lutte contre la délocalisation des usines Peugeot et la désindustrialisation de nos contrées puis un autre appellant à soutenir la lutte contre la réduction des soins aux sans-papiers et à la régulation massive de ces derniers…"
Totalement d'accord. Il ne sont pas à la contradiction près. Ca se voit quand même beaucoup et c'est cela qui m'étonne. Mais tout est expliqué dans le Talon de fer, de Jack London.
Écrit par : Carine | 15/06/2011
bon, faut que je retourne chez mon libraire.. (les lois d'airain du Capital?^^)
Écrit par : hoplite | 15/06/2011
La chape de plomb, quoi.
Ca change du plafond de verre ;)
Écrit par : Carine | 15/06/2011
Écrit par : Inès | 15/06/2011
hmm, je vois que certaines suivent parfaitement..m'étonne pas, tiens! (c'est drôle, j'ai pensé à la même botte en te lisant, carine^^)
et oui, ça change bien du plafond de verre mais faut pas compter sur nos modernes "de gauche" pour évoquer la question sociale et parler d'autre chose que de minorités et de discrimination...les pauvres.
Écrit par : hoplite300 | 15/06/2011
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